CDM féminine : résultats et résumés des 1/4 de finale

Fini, et beaucoup de regrets pour les Bleues, battues par des USA pourtant peu convaincants une fois encore, mais terriblement réalistes (1-2). Les championnes du monde en titre affronteront en 1/2 finale l’Angleterre, qui s’est défait largement de la Norvège (3-0). Les Pays-Bas sortent l’Italie dans la canicule (2-0), et la Suède crée la surprise en renvoyant l’Allemagne à la maison (2-1).

Rennes  –  Rohazon Park  –  25 301 spectateurs 

ALLEMAGNE  1 – 2   SUEDE

Elles l’ont fait ! Les Suédoises ont enfin brisé ce que beaucoup prenaient pour une véritable malédiction : après 24 ans d’attente et de tentatives toujours ratées, elles ont battu et éliminé leur bête noire, l’Allemagne, en un grand tournoi. La dernière fois remontait à une autre coupe du monde, en… 1995 ! Depuis, combien d’échecs en d’autres éditions mondiales, Euros ou Jeux olympiques (dont la dernière finale à Rio 2016) ? On ne les comptait plus, d’autant que ces deux nations ne cessaient de se croiser. La capitaine suédoise Caroline Seger rappelait qu’à 34 ans et 197 sélections, elle n’avait jamais battu la Frauen NationalMannschafft… Et bien, maintenant si, et personne ne viendra contester cette victoire et cette qualification pour une deuxième demi-finale en huit ans, après celle de 2011 et une 3e place finale.
L’Allemagne, qui n’avait pas encaissé un seul but du tournoi, en a pris deux à Rennes, ses deux premiers. Ses deux derniers. Cette élimination est forcément un échec et une immense déception pour le pays numéro 2 FIFA. Le tournoi est sans doute venu un peu trop tôt pour une sélection en reconstruction et que Martina Voss-Tecklenburg a pu prendre en main il y a six mois seulement. Déception de ne pas aller dans le dernier carré et qui se double, en conséquence, d’une impossibilité d’aller défendre son titre olympique l’année prochaine à Tokyo…

Malgré la chaleur pesant sur les joueuses (mais moins cependant que dans le reste de la France), le match fut de belle qualité. Les Allemandes commencent bien le match, avec notamment une très belle remontée de balle collective débouchant sur l’obtention d’un corner, sur lequel Popp place sa redoutable tête, mais sa reprise finit dans les gants de Lindahl (5’). Une minute plus tard, Magull envoie un coup franc des 16m plein axe dans ces mêmes gants (6’)…. La Suède réagit avec ce qui s’avérera (sans surprise) comme son arme la plus dangereuse : le contre. La rapide Jakobsson part à la limite du hors-jeu et la gardienne de Wolfsburg Almut Schult sort une superbe parade du pied, déviant le ballon en corner, quel Eriksson reprend de la tête au-dessus (12’)… Mais c’est bien l’Allemagne qui ouvre le score. Däbritz sert magnifiquement dans la surface Lina Magull. La joueuse du Bayern se lève légèrement le ballon, avant de le frapper de volée assez acrobatiquement, le cuir file au fond (16’,  1-0). Un but somptueux !

Lina Magull : un geste de grande classe pour un but somptueux.

La Suède tente de répondre avec un bon centre d’Eriksson devant le but, mais Schult intervient bien (18’). Le match est très agréable à suivre, et après une tête de Schüller sans danger pour Lindahl, la Suède égalise : Erksson ouvre en profondeur pour la Montpelliéraine Sofia Jakobsson partie entre deux défenseurs, la Suédoise s’avance et trompe Schult (22’,  1-1) !

Sofia Jakobsson a échappé à la défense allemande, dont Simon et Doorsoun, et ne laisse aucune chance à Schult !

Voici donc le premier but encaissé par l’Allemagne dans ce mondial après près de 400 minutes de jeu. Les Suédoises jouent sans le moindre complexe, et l’ancienne paire d’attaquantes du MHSC formée de Jakobsson et Blackstenius se met particulièrement en évidence, la dernière nommée obligeant Schult à claquer sa frappe en corner (36’). Peu avant la pause, on assiste à deux énormes cafouillages devant la cage allemande.
Au repos, les deux équipes sont à égalité (1-1). L’Allemagne joue bien collectivement, mais la Suède s’avère redoutable en contres balancés dans le dos de la défense adverse.

À la reprise, apparition de Dzsenifer Marozsan qui avait commencé sur le banc, pas encore remise à 100% de sa fracture d’orteil. La stratège de Lyon n’a pas le temps de se mettre en évidence (elle ne le fera jamais dans cette partie) que la Suède prend l’avantage au tableau d’affichage : Jakobsson centre de la droite pour Rolfö au deuxième poteau. Sa reprise est joliment repoussée sur sa ligne par Schult, mais Stina Blackstenius, parfaitement placée, reprend à bout portant et conclue (47’, 1-2) !

Boum ! La reprise du gauche de Stina Blackstenius (à dr. n°11) est synomyme de qualification !

C’est la sensation, et les Allemandes ont du mal à réagir. Se jeter à l’assaut est s’exposer aux contres meurtriers adverses. Comme celui où, heureusement pour Schult et ses coéquipières, Blackstenius glisse au moment de conclure (71’). Ou encore lorsque Jakobsson mystifie Hegering, mais se heurte à la gardienne qui sort une superbe parade (78’)… Les Suédoises impressionnent par leur forme physique, tandis que les Allemandes bégaient leur football, ne parvenant pas à mettre en danger Lindahl. Laquelle souffle de soulagement lorsque la VAR conclue sur une action litigieuse (sortie au poing de la gardienne qui assomme Popp) qu’il n’y a pas lieu à siffler pénalty… Sur un coup franc tiré de la droite par Marozsan, la benjamine du match Lean Oberdorf (17 ans) est à un cheveu de placer sa tête piquée du bon côté du second poteau (87’)… Cette même Oberdorf remet en retrait pour Däbritz dont la frappe est maîtrisée par Lindahl qui se couche bien (90’)… La dernière véritable opportunité d’égaliser revient à la défenseur Hegering dont la tête sur un centre de Huth passe au-dessus (90+2’)…

C’est fini. Les Suédoises, intraitables en défense, redoutables en contre, peuvent laisser éclater leur joie et s’apprêter à défier les championnes d’Europe néerlandaises en demi-finale. Tout en rêvant à une deuxième finale mondiale, après celle perdue au but en or en 2003 contre… l’Allemagne, bien sûr ! Et elles seront bien à Tokyo l’an prochain. Pour faire mieux qu’à Rio et leur médaille d’argent ?

Résumé vidéo du match

C’est bien la tête de Popp (n°11) que le poing de Lindahl attrappe, mais la VAR en décide autrement.

Joueuse FIFA du match : Sofia Jakobsson (Suède)

Meilleure joueuse allemande : Almut Schult
Note pour l’Allemagne : 5,5
Meilleure joueuse suédoise : Sofia Jakobsson
Note pour la Suède :  7
Note du match : 7

SUÈDE qualifiée. Elle rencontrera en 1/2 F les Pays-Bas. 

————————————

Valenciennes – stade du Hainaut –  22 600 spectateurs

ITALIE  0 – 2  PAYS-BAS

 Des Pays-Bas championnes d’Europe en titre, mais novices à ce stade de la compétition, opposés à une Italie qui n’en avait plus vu la couleur depuis… 1991, et a constitué l’une des belles surprises des matchs de poules, voilà une affiche attrayante dont on ne peut que regretter qu’elle ait été jouée en plein après-midi de canicule (entre 34 et 37° à l’ombre, combien au soleil ?), conséquence néfaste de l’incompétence de la FIFA… Un coup de chapeau (de paille, comme il se doit) dont donc être tiré à toutes les actrices ayant pris part à cette rencontre…

Alors que certains imaginaient les Italiennes mieux armées contre la chaleur que leurs adversaires Bataves, ce sont celles-ci qui prennent le match en main. S’il n’y a pas d’occasions très nettes à se mettre sous la dent, les opportunités existent pourtant. Un centre au cordeau de Van Lunteren au premier poteau au sol sur lequel Giuliani, la portière italienne, se couche bien (5’)… Les Azurre répondent avec un centre devant le but de Bonansea suite à un ballon perdu par Van Dongen, et une bonne intervention de Van Veenendaal (17’), puis sur une passe en profondeur une déviation de la tête de la même Bonansea dans la surface, Bergamaschi très bien placée reprend du bout du pied, mais sans inquiéter vraiment la gardienne oranje (17’)… Galli prend aussi sa chance, mais ça s’envole hors cadre (25’)… Les Italiennes ont des situations offensives intéressantes, mais gâchées soit par imprécisions, soit par attentisme. Un long centre de Cernoia sur le but est facilement capté par Van Veenendaal dans les airs (28’), suivi d’une frappe trop croisée (de très peu) de Giacinti de l’entrée de la surface (36’)… Mais peu à peu, les Néerlandaises rééquilibrent le match et en prennent même le contrôle, mais sans plus de précision dans les tentatives. Frappe de Van de Donk contrée (27’), puis de Miedema des 18m dans l’axe, trop molle et sans danger pour Giuliani (29’), centre de Van Lunteren sur laquelle la gardienne se couche bien (38’), tir écrasé de Spitse sur un coup franc aux 16m face aux buts, Giuliani se couche et bloque facilement (42’), centre complètement raté de Van de Sanden (45’)…
À la pause, un score toujours vierge (0-0) et pas un grand match, mais comment aurait-il pu en être autrement, vu les conditions climatiques ?

Après la pause, le match va basculer. Les championnes d’Europe mettent le pied sur le ballon et ne le lâcheront plus jusqu’à la fin, multipliant les opportunités face à des Transalpines qui commencent à être rincées : frappe de  Spitse de 28m repoussée par Linari (48’), centre de Van de Sanden (son premier réussi du match) pour la tête de Miedema qui dévie hors cadre (49’), nouveau bon centre de la Lyonnaise pour Martens qui contrôle poitrine et tire de volée, bloqué par Giuliani (50’), Groenen entre dans la surface, élimine Linari d’un crochet, mais se heurte au retour in extremis de Gama (51’), centre de Van Lunteren devant le but, Miedema est un poil trop courte pour reprendre aux 5,50 m (52’)… La pression sur le but italien ne faiblit pas… Martens repique dans l’axe et tire au ras du sol, Giuliani bloque (55’), superbe frappe de Van de Donk de l’entrée de la surface suite à un corner, la balle heurte la transversale (58’) ! Reprise en première intention de Beerensteyn (qui a remplacé Van de Sanden, encore une fois très décevante), ça part loin (61’)… Missile de Spitse sur coup franc qui touche le bas du poteau et sort (63’)… Les Italiennes sont asphyxiées et vont logiquement craquer… Un coup franc tiré du bord de touche à gauche à 30m par Spitse trouve la tête de Viviane Miedema qui reprend superbement et envoie le cuir au fond (70’, 0-1) !

Viviane Miedema (à g.) reprend superbement de la tête un coup franc venu de la gauche et ouvre le score pour les Oranje.

Les Italiennes, débordées, multiplient les fautes. Van de Donk se débarrasse de plusieurs adversaires en s’enfonçant dans la surface, va jusqu’à la ligne et centre, mais un pied adverse repousse le danger (75’)… Les Pays-Bas font alors logiquement le break : un nouveau coup franc de Spitse, de la droite cette fois, et la défenseure centrale du Barça Stefanie Van der Gragt s’élève plus haut que tout le monde et catapulte le ballon au fond des filets (80’, 0-2) !

Dans la foulée de ce second but, Miedema, des 16m, oblige Giulianià une parade (81’)… Les Italiennes tentent de sauver l’honneur dans les dernières minutes, mais c’est trop tard et trop maladroit.

Les Pays-Bas l’emportent 2-0 et se qualifient pour une historique demi-finale où elles affronteront la Suède, vainqueur surprise de l’Allemagne un peu plus tard, ainsi que pour une première participation à des J.O., ceux de Tokyo 2020.
L’Italie sort avec des larmes sur les visages des joueuses, mais certainement avec la fierté d’avoir (re)placé ce grand pays de football au très haut niveau, avec la manière pendant quatre matchs, et d’avoir créé un vrai engouement pour le football féminin au pays.

Résumé vidéo du match

Toujours de belles images de réconfort des vainqueurs pour les vaincues, dans cette CdM féminine.

Joueuse FIFA du match : Viviane Miedema (Pays-Bas)

Meilleure joueuse du match : Sherida Spitse (Pays-Bas)
Meilleure joueuse italienne : Elena Linari
Note pour l’Italie : 5
Meilleure joueuse néerlandaise : Sherida Spitse
Note pour les Pays-Bas : 7
Note du match : 6

Les PAYS-BAS qualifiés. Ils rencontreront en 1/2 F la Suède.

—————————————-

Paris  – Parc des Princes  –  45 595 spectateurs

 FRANCE  1 – 2  USA

 Les rêves sont passés. Celui d’une demi-finale de Coupe du Monde à la maison. Celui d’une possible porte ouverte vers une première finale. Celui d’un double titre simultané de champions du monde garçons et filles. Celui d’une chance supplémentaire offerte pour décrocher une qualification pour les J.O. de Tokyo 2020.  Celui d’une grande fête nationale. L’équipe des États-Unis, tenantes du titre, est passée par là. Sans le moindre génie, au jeu stéréotypé mais toujours efficace, au réalisme sans pitié et – pour la deuxième fois consécutive dans ce tournoi – une bonne aide (décisive) de l’arbitrage. Mais les Bleues doivent aussi s’en prendre à elles-mêmes. Pas assez vigilantes en tout début de match, ce qui leur fit commencer leur quart de finale avec un handicap d’un but après seulement cinq minutes de jeu. Trop maladroites, avec beaucoup de pertes de balles, et des actions offensives gâchées par tant d’imprécisions. Déchets techniques. Grosse erreur défensive coûtant un deuxième but sur contre, alors que les États-Uniennes étaient acculées sur leur but depuis de longues minutes et ne voyaient plus le jour. Défections de certaines cadres le jour J, une fois de plus… Pourtant, les joueuses ont aussi montré du cœur à l’ouvrage et quelques belles choses. Pas suffisant. Et d’autant plus rageant que cette équipe des USA étaient vraiment à la portée des Bleues… Mais voilà, celles-ci se retrouvent une nouvelle fois sorties d’une grande compétition avant d’accéder au dernier carré. Comme à l’Euro 2013 en Suède (1-1, 2 tab 4 par le Danemark), à la CdM 2015 au Canada (1-1, 4 tab 5 par l’Allemagne), aux J.O. 2016 à Rio (0-1 par le Canada), à l’Euro 2017 aux Pays-Bas (0-1 par l’Angleterre)… soit pour la 5e fois consécutive ! Elles confirment du même coup la « malédiction » des pays hôtes du mondial féminin (six éliminations sur huit en quart, dont les quatre dernières, celle-ci comprise, les deux exceptions étant… les USA (1999 et 2003).

Scénario catastrophe

Qui ne sait que les joueuses US adorent commencer leurs matchs pied au plancher et vite marquer ? Les Bleues le savaient, mais elles se sont quand même laissées surprendre. Après une frappe de Hertz des 20m dès l’entame sur laquelle Bouhaddi se couche bien (1’), Griedge M’Bock commet une faute sur Morgan et récolte un jaune (4’). Le coup franc qui suit, situé à gauche de la surface est botté par Megan Rapinoe devant le but. Hertz fait diversion au premier poteau, le ballon passe entre les jambes de Henry et trompe Bouhaddi complètement masquée (5’, 0-1)… Ce qu’on appelle communément la cata

Sur le coup franc de Rapinoe, Hertz (n°8) surgit au premier poteau, faisant diversion et gênant la vue de Bouhaddi (en rouge). Le ballon passe entre les jambes de Henry (n°6) et va au fond…

Pourtant, appliquant sans doute le principe « mieux vaut prendre un but en début de match qu’à la toute fin »¸ les Bleues ne se laissent pas abattre par ce coup du sort et tentent de réagir, malgré pas mal de déchets dans les transmissions de balle…Un centre de Majri, une tête de Le Sommer, Naeher bloque (13’). Les USA jouent leurs contres à fond, en passant en général par la gauche, où Rapinoe met Torrent en grande difficulté. Après une frappe de Morgan des 16m pas assez appuyée pour inquiéter Bouhaddi (13’), la gardienne française doit sortir – fort bien – hors de sa surface pour tacler Rapinoe qui avait encore échappé à sa garde du corps montpelliéraine (16’)… La première véritable alerte sur le but US vient avec Diani qui élimine Dunn d’un crochet et centre. Le ballon est repoussé, repris par Bussaglia dont le tir est contré, le cuir revient sur Henry qui frappe des 20m au-dessus (18’)… Le jeu se stabilise au milieu du terrain où les deux équipes éprouvent toujours autant de mal à conserver le ballon. Il faut attendre que soit passée la demi-heure de jeu pour retrouver une demi-occasion française. Un corner tiré de la droite par Thiney trouve la tête de Henry, encore au-dessus (32’)… Plusieurs coups francs de part et d’autre ne donnent rien (Majri directement sur Naeher, 40’… Tête de Mewis au-dessus, 41’)… Dunn teste Bouhaddi des 20m à gauche, la gardienne française bloque bien (43’)… Un centre de Majri trouve la tête de Diani, mais la reprise n’est pas cadrée (45+1’)… La dernière action est pour Mewis qui tire de 22 m après un départ en contre de Lavelle, mais dans les bras de Bouhaddi (45+2’).

À la pause, les championnes en titre mènent 1-0 sans avoir montré grand-chose. On se dit qu’avec un peu plus d’application, de justesse technique et de vitesse de transmission, notamment dans les relances, les Bleues auraient largement les moyens de refaire leur retard.

Le cœur contre le froid réalisme… encore une fois !

La deuxième période voit d’entrée Sarah Bouhaddi sauver son équipe avec une double intervention décisive. D’abord sur un tir de Mewis qu’elle repousse en plongeant au ras du sol, puis dans la continuité et du pied à son poteau sur la reprise à bout portant de Heath (46’) ! Les Bleues sont passées à un cheveu du KO… Mais les USA poussent et sur un corner tiré de la gauche, il faut une intervention de Torrent pour dégager in extremis au premier poteau (47’)… Ces alertes passées, les Françaises réagissent enfin et mettent une grosse pression sur le but adverse. La défense US est arcboutée sur son but. L’action se conclue par une frappe de Henry des 16 m contrée en corner, sur lequel Le Sommer reprend le service de Thiney de la tête, mais c’est encore au-dessus (52’)… Puis c’est Diani qui déborde, sert Torrent à ses côtés. La latérale centre au deuxième poteau. Gauvin est trop courte et Naeher se loupe, Le Sommer récupère et, alors que la gardienne est encore au sol, envoie son tir dans le petit filet extérieur (58’)… Majri prend à son tour sa chance des 18m, mais est contrée par la poitrine d’O’Hara juste devant elle et qui reste le souffle coupé (63’)… La domination et la pression des Bleues est de plus en plus nette, et les joueuses US donnent l’impression d’être au bord de craquer. Un centre de Le Sommer est repris de la tête par Gauvin, et Naeher doit s’employer pour aller chercher le ballon (64’)… Mais dans la minute suivante, un contre permet un une-deux Heath-Morgan qui profite du manque de repli défensif de Majri et de la passivité de Renard. Heath a tout loisir de centrer à ras de terre en retrait au deuxième poteau où Megan Rapinoe, libre de tout marquage – Torrent ayant dû glisser dans l’axe pour compenser l’absence dans la surface de Renard – reprend tranquillement et fusille Bouhaddi (65’, 0-2).

Plusieurs erreurs de défense laissent Rapinoe seule au second poteau pour son doublé…

Le coup est particulièrement rude pour les Bleues, survenant complètement contre le cours du jeu, mais conséquence de grosses erreurs défensives. Les USA ont encore frappé avec le cruel réalisme qui les caractérise. Pourtant, après trois ou quatre minutes passées à « digérér » ce deuxième coup du sort, les Françaises repartent à l’attaque, mais en gâchant toujours leurs occasions par maladresse. Ainsi un corner très mal tiré par Majri, en cloche, qui empêche Le Sommer de pouvoir mettre de la force dans sa reprise de la tête (73’)… Énorme frisson de peur lorsque Tobin Heath marque comme à la parade au bout d’un contre, mais le but est refusé pour hors-jeu (76’)… Henry, une fois de plus en bonne capitaine, montre l’exemple par son engagement, mais sa tentative de 20m est bloquée par Naeher (78’)… Puis un centre de Torrent est repris par Le Sommer, Naeher claque le ballon en corner (79’)… Les Bleues obtiennent un coup-franc à 22m sur la droite. Gaétane Thiney dépose littéralement le ballon sur la tête de Wendie Renard qui ne laisse aucune chance à la gardienne US (80’, 1-2) ! Le Parc des Princes explose, l’espoir renaît…

Wendie Renard, au milieu de 4 joueuses US reprend puissamment de la tête un caviar de Thiney et marque !

Cascarino obtient un corner que Majri tire de la droite, la tête d’Henry ne trouve pas le cadre (83’)… Quelques instants plus tard, Majri centre de la gauche, le ballon frappe très nettement le bras écarté de O’Hara dans la surface (86’), l’arbitre ukrainienne refuse le pénalty sans même intervention de la VAR (pas utilisée une seule fois dans le match, une première dans cette CdM…). C’est incontestablement le tournant du match. Les dix dernières minutes (temps additionnel inclus) ne changeront plus rien au sort de la rencontre, les joueuses US « gelant » le ballon le plus loin possible de leur surface, et les arrières françaises mettant des heures à relancer alors que la maison bleue brûle…

Les USA l’emportent donc 2-1 et accèdent pour la 8e fois consécutive (en autant d’éditions de CdM) au dernier carré. Mais il faudra qu’elles montrent beaucoup mieux si elles veulent passer l’obstacle anglais et jouer une 5e finale.
Quand aux Bleues, elles sortent donc de leur coupe du monde avec beaucoup de regrets au cœur. Privées de Jeux Olympiques l’an prochain – leur élimination fait le bonheur de l’Angleterre, assurée d’y participer au nom de la Grande-Bretagne –, elles pourront se concentrer sur l’Euro 2021 (dont les premiers matchs de qualification débuteront le 8 octobre prochain contre le Kazakhstan). Il va falloir renouveler certains postes et ne plus les réserver forcément à des « renommées », mais à des joueuses qui assureront. Avec ou sans Corinne Diacre ?

Résumé vidéo du match

Toute la tristesse de la capitaine des Bleues, Amandine Henry

Joueuse FIFA du match : Megan Rapinoe (USA)

Notes des Bleues

Bouhaddi – N’a rien à se reprocher sur les deux buts. De très belles interventions, dont au moins trois décisives. Dans la lignée de son excellent match contre le Brésil. Souvent présentée comme un maillon peu fiable, elle a réussi son tournoi et compte parmi les cadres qui ont tenu la boutique. 7,5
Torrent – Débordée dès le début du match par Rapinoe, elle a vécu une sale soirée. S’est ressaisie dans le dernier quart d’heure, mais trop tardivement pour sauver son match. 3,5
M’Bock – Ce tournoi aurait pu – devait – être celui de la grande consécration de la Bretonne surdouée. Malgré quelques éclats, ce ne fut pas le cas. Comme contre le Brésil, des ballons perdus et un manque d’assurance. Où était le Roc ? 5
Renard – Encore une fois, la grande Wendie sauve en partie son match avec son joli but, marqué d’une tête rageuse, son 4e du tournoi. Mais une fois de plus, comment ne pas constater qu’elle était loin de la Renard impériale tour de défense ? En partie responsable sur le 2e but – erreur relevée avec surprise par Hope Solo –,  et mystérieusement attentiste dans les dernières minutes quand il fallait accélérer et mettre au plus vite la pression sur le but US. 5
Majri – Elle aussi aura raté son match entre centres ou coups de pied arrêtés ratés, ballons perdus, mauvais replis défensifs. Directement concernée sur le deuxième but US où elle laisse filer Heath dans son dos. 3,5
Henry – Amandine, elle, aura toujours fait honneur à son brassard et à son statut dans ce tournoi. Et encore dans ce match. Même si on l’a vue plus étincelante, elle n’a jamais baissé les bras, a sans cesse tourné son équipe vers l’avant, s’est battue, a tenté sa chance à de multiples reprises, hélas sans cadrer. Capitaine courage. 7
Bussaglia – Une première période vraiment à côté de la plaque avec plusieurs ballons perdus, des imprécisions dans les passes. Un peu mieux après la pause. A eu le mérite de ne pas baisser les bras, même quand, une fois encore, elle n’avait plus d’essence dans le moteur. Mais pourquoi Corinne Diacre n’a-t-elle jamais utilisé Grace Geyoro ? 4
Thiney – A nouveau titulaire derrière les attaquantes, elle a connu une première période en demi-teinte, ne pesant pas vraiment dans le jeu offensif, mais présente à la perte de balle. Puis on a vu une toute autre Gaétane après la pause. Élevant nettement son niveau de jeu, elle a distillé de superbes ballons sur coups de pied arrêtés, corners ou coups francs, dont celui sur le but de Renard. Plus de bonnes orientations de jeu et quelques décalages intéressants dans les intervalles. 6
Diani –
Pendant 45 minutes, ce fut la seule attaquante bleue susceptible d’inquiéter l’arrière garde adverse, même si elle fut moins tranchante et perçante que contre le Brésil. Poursuivit à peu près de façon identique en 2e période, avec une petite baisse de niveau. 6
Gauvin – En dehors de son joli coup de tête en deuxième période, fut quasiment invisible, peu cherchée par ses partenaires dans le jeu. 3
Le Sommer – Son non-match contre le Brésil n’était donc, hélas, pas un accident. Eugénie, qui devait être l’une des reines de cette coupe du monde, en sera passée complètement à côté. Et cette ultime rencontre sera à oublier pour elle, comme la précédente. Aucune percussion (l’une de ses forces), pas d’énergie, des ballons perdus, des passes ratées parmi les plus simples, un vrai échec. Pourquoi cette joueuse, si douée, l’une des meilleures attaquantes au monde, passe-t-elle si systématiquement à côté dans les grands tournois lorsqu’arrivent les matchs couperets ? Un mystère…3,5
Cascarino –
(remplaçante de Gauvin, 76’). On espérait qu’elle mettrait le feu en 20 minutes, mais non, rien. Sembla tétanisée par l’enjeu. NN
Asseyi –
(remplaçante de Le Sommer, 82’). Une belle récupération de balle annihilée par la perte de celle-ci, et un hors-jeu. C’est tout pour son quart d’heure qui n’aura pas été warholien. NN

Meilleure joueuse du match : Rapinoe (Usa)
Meilleure joueuse française : Bouhaddi
Note pour la France : 5
Meilleure joueuse états-unienne : Rapinoe
Note pour les USA : 5
Note du match : 5,5

ÉTATS-UNIS qualifiés. Ils rencontreront en 1/2 F l’Angleterre.

———————————————-

Le Havre – Stade Océane – 21 111 spectateurs

NORVÈGE  0 – 3 ANGLETERRE

Disons-le tout de go : il n’y a pas eu photo pour ce premier quart de finale entre Norvège et Angleterre, tant les Three Lionesses ont dominé la rencontre de la tête et des épaules. Et si les Norévégiennes se sont créé quelques situations chaudes devant le but de Karen Bearsley, la messe était en réalité dite depuis longtemps… Nul doute que les 8es de finale – si différents pour les deux sélections – ont pesé très lourd dans ce match. Alors que les Anglaises s’étaient baladées face au Cameroun (3-0), nonobstant les quelques incidents qui l’avaient émaillé, les Norvégiennes avaient livré un combat titanesque de 120 minutes (plus les tirs au but) pour sortir l’Australie (1-1, 4 tab 1). Et les conséquences furent sévères : alors que l’Angleterre affichait une forme physique étincelante, la Norvège apparut vite sans la moindre essence dans le moteur. À l’image de Caroline Hansen, extraordinaire en 8e, quasi inexistante au Havre. Mais aussi Reiten ou la marathonienne Engen. Dans ces conditions, et en encaissant un but d’entrée, comment les Scandinaves auraient-elles eu la moindre chance d’empêcher Steph Houghton et ses coéquipières d’accéder pour la deuxième fois consécutive à une demi-finale de coupe du monde ?

L’Angleterre démarre le match sur les chapeaux de roue, comme souvent. Après un bon centre de Stokes repoussé en corner (non accordé par l’arbitre) par Thorisdottir (1’), le score est ouvert peu après. Bronze déborde à droite, va jusqu’à la ligne et centre ne retrait. White, au premier poteau, se déchire complètement, ratant le ballon qui poursuit sa course jusqu’à Jill Scott, laquelle ouvre bien son pied et glisse le ballon au ras du 2e poteau. À l’intérieur des filets (3’, 0-1)… Avec ce but, la longiligne milieu de terrain de Manchester City devient la première Anglaise à marquer dans trois coupes du monde différentes…
La Norvège n’arrive pas à réagir et l’Angleterre contrôle l’entame de match, plaçant des attaques tranchantes. On retrouve Scott qui sert Parris, laquelle élimine son adversaire dans la surface d’un crochet intérieur avant de frapper, mais elle dévisse alors qu’elle se trouvait en excellente position (21’)… Puis c’est White qui est trouvée à son tour dans la surface. Elle reprend superbement en demi-volée quasiment à bout portant, et son tir trouve le montant opposé (29’) ! Pourtant, un frisson parcours les échines anglaises lorsque Bardsley loupe son contrôle au pied devant Herlovsen, la défense dégage dans la précipitation (36’). C’était chaud… Mais l’Angleterre reprend vite sa domination. Un long centre de la gauche de Kirby vers le deuxième poteau trouve la tête de Parris qui pique sa reprise à bout portant, Hjelmseth ne peut contrôler et concède le corner sur lequel elle s’impose (38’)… Deux minutes plus tard, c’est le break : Bronze sert Parris qui délivre un centre en forme de caviar devant le but, Ellen White n’a quasiment plus qu’à pousser le ballon au fond pour son 5e but de la compétition (40’, 0-2) !

Parfaitement servie par Parris, Ellen White (n°18) marque le 2e but anglais, son 5e dans la compétition.

Le 3e but est tout proche quand Jill Scott reprend en extension un centre de Stokes au deuxième poteau. Sa reprise passe à quelques centimètres du cadre (45’) !
À la pause, l’Angleterre mène 2-0, et c’est – très – logique tant la domination globale et le nombre d’occasions sont de son côté.

La Norvège revient sur le terrain avec un peu de nerfs. Herlovsen remise intelligemment de la tête pour Hansen qui, presque seule devant le but, met trop de temps à réagir et se fait devancer par Houghton (47’)… La Gunner d’Arsenal Beth Meade remplace Toni Duggan (53’) et les Norvégiennes ne gagneront pas au change. Pourtant elles se créent une nouvelle occasion lorsque Hansen remet joliment pour Reiten, mais Bardsley sort parfaitement dans ses pieds (55’)… Le coup de grâce anglais est porté peu après : un coup franc sur la droite est joué latéralement et au ras du sol par Meade qui sert parfaitement Lucy Bronze. La reprise sans contrôle de la Lyonnaise envoie un missile sous la barre de Hjelmseth (57’, 0-3) ! Superbe !
Il n’y a plus de match, même si la Norvège essaie courageusement de faire face. Parris se crée encore une occasion. Servie au premier poteau sur corner, la future partenaire de Bronze à Lyon pivote et frappe, mais elle trouve l’extérieur du petit filet (60’)… De l’autre côté, Herlovsen pense réduire le score, mais Bronze, revenue défendre dans l’axe la tacle parfaitement, glissant le ballon en corner (61’)… L’entrée de Lisa-Marie Utland à la place de Saevik (transparente, à l’opposé de son match contre l’Australie) va redonner quelques couleurs au secteur offensif norvégien pendant une bonne dizaine de minutes. Il n’en faut que deux à la joueuse de Rosengard pour se mettre en évidence, dribbler Bardsley et voir Houghton sauver sur la ligne (66’) ! Puis, servie par Engen, c’est encore Utland qui oblige Bardsley à se coucher pour bloquer son tir (68’)… La grande gardienne de Manchester City dévie ensuite du bout des doigts une frappe rasante de Herlovsen (69’)… Engen prend ensuite sa chance de 25m, son tir non cadré est dévié dans la surface par une subtile talonnade de Utland, et ça passe tout près du poteau (73’)… Les chances norvégiennes de réduire la marque sont passées. À moins de dix minutes de la fin, l’Angleterre bénéficie d’un pénalty indiscutable, Houghton étant proprement balancée dans la surface par Thorisdottir à la réception d’un coup franc. Pour une fois, nul besoin de la VAR. Nikita Parris le tire à mi-hauteur sur la droite de la gardienne, mais Hjelmseth se détend parfaitement et sort le cuir (82’) ! C’est le 3e pénalty tiré par Parris dans cette coupe du monde, et son deuxième échec après celui contre l’Argentine…

La belle parade d’Ingrid Hjelmseth sur le penalty de Nikita Parris (à g. en partie cachée).

Les dernières minutes ne changeant rien, l’Angleterre l’emporte le plus logiquement du monde sur le score sans appel de 3-0. Comme rappelé plus haut ce se ra donc sa deuxième présence consécutive dans le dernier carré mondial. Mais il est bon de rappeler qu’entre les deux il y a également eu une demi-finale de l’Euro (2017). Et sur ce qu’on a vu de cette équipe complète dans toutes ses lignes, à la fois physique, technique, réaliste et au banc bien rempli, elle pourrait bien aller cette fois en finale… et remporter celle-ci ! Avant, il faudra bien sûr passer l’obstacle soit des USA, soit de la France. Mais les Anglaises ayant déjà battu les deux formations dans un passé récent, ne peuvent que s’affirmer des candidates très sérieuses au titre mondial…
La Norvège quitte la Coupe du Monde par un revers cinglant, mais avec la fierté d’avoir offert aux spectateurs le plus beau match de cette édition jusqu’ici lors de son 8e de finale contre (et avec) l’Australie. On la retrouvera avec plaisir dans deux ans pour l’Euro (si elle se qualifie) en… Angleterre !

Résumé vidéo du match

Le vibrant hommage du sélectionneur anglais Phil Neville à ses joueuses.

Joueuse FIFA du match : Lucy Bronze (Angleterre)

Meilleure joueuse du match : Lucy Bronze (Angleterre)
Meilleure joueuse norvégienne : Lisa-Marie Utland
Note pour la  Norvège : 5,5
Meilleure joueuse anglaise : Lucy Bronze
Note pour l’Angleterre : 8
Note du match : 7

ANGLETERRE qualifiée. Elle rencontrera en 1/2 F la France ou les USA.

Vous avez apprécié l'article ? Partagez-le...
avatar

A propos de Philippe Serve


Supporter de l'OM depuis sa finale victorieuse en Coupe de France en 1969. Tombé amoureux du foot féminin, un peu d'abord en 2007 et 2008, définitivement en 2011. Ai suivi pendant 4 ans au plus près l'OM féminin via mon site Olympiennes et Marseillaises. Assume complètement d'être supporter à la fois de l'OM ET de l'OGCN, club de ma ville natale ! Informe au quotidien sur tout le foot féminin, mais aussi sur l'actualité la plus diverse via mon compte perso Twitter @Olympiennes
Article lu 2066 fois, écrit le par Philippe Serve Cet article a été posté dans Compte-rendu et taggé , , , , , , , , , , , . Sauvegarder le lien.

Une Réponse pour CDM féminine : résultats et résumés des 1/4 de finale

  1. Merci pour tout , le rêve est passé mais espérons que ce ne soit que le début d’ un avenir meilleur pour les footballeuses .