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Valentin Rongier, par-delà les obstacles
Stade Rennais. La recrue phare de l’été est aussi la plus controversée, mais l’ancien Nantais, qui devrait retrouver l’OM vendredi, en a vu d’autres au cours d’une carrière parsemée d’embûches.
Portrait
Vendredi, tout devrait se culbuter pour Valentin Rongier. La première officielle avec le Stade Rennais, face à l’OM où il sort tout juste d’un quasi septennat. « Il fallait que ça tombe sur le premier match ! », a souri hier l’intéressé. La première aussi au Roazhon Park crampons aux pieds, puisqu’il était forfait samedi dernier face au Genoa, en raison d’un coup reçu la veille à l’entraînement…
Quel accueil recevra-t-il de la part du public Rouge et Noir, lui l’ancien Nantais qui n’a pas reçu que des messages de bienvenue au moment de l’un des transferts les plus inattendus de l’été ? « Je n’en ai aucune idée, et je ne vais pas m’éterniser sur le sujet… Le public fera ce qu’il voudra, cela ne changera rien pour moi. Quand Rennes m’a appelé la première fois, forcément au début c’était peut-être un frein, mais c’est vite devenu une évidence. C’est le sportif qui prime. Je peux comprendre que certaines personnes ne s’y retrouvent pas ou ne comprennent pas. Mais c’est ma carrière, je la gère comme je l’entends, et j’assume entièrement ce choix. »
Rongier, du haut de ses 30 ans, en a vu d’autres. C’est comme si le Maçonnais, issu d’une famille de supporters de… Lyon, perpétuait son destin enchevêtré d’obstacles. Des vents contraires, de la tempête, des critiques, des doutes, un combat pour exister et se faire reconnaître, adopter… Rongier connaît mieux que la plupart la signification du mot résilience.
C’est par la difficulté qu’il a construit toute sa vie, dès l’âge de 9 ans, quand on lui avait annoncé qu’il devrait probablement arrêter le foot après une fracture d’une vertèbre.
On n’a jamais rien donné au gamin devenu capitaine de Nantes, arrivé à la Jonelière à ses 6 ans. Il a toujours tout arraché avec les dents, par-delà les blessures et un physique longtemps jugé trop frêle. Cela a été pareil à Marseille, où il était arrivé à l’arrache encore, en 2019, où il aurait pu maintes fois se faire ensevelir sous le volcan olympien.
« Rongier, c’est comme un robot… »
Chaque saison, sa place fut remise en cause. Chaque saison, il s’est imposé, quel que soit le coach. Développée au centre de formation du FC Nantes, sa polyvalence fut un don béni par Jorge Sampaoli, Igor Tudor (sous le mandat duquel il fut aux portes de l’équipe de France) ou Roberto De Zerbi.
Rennes a fait un gros effort financier sur Rongier pour beaucoup de raisons. Notamment pour sa science tactique : peu de joueurs de L1 analysent le jeu et s’y adaptent comme lui. « Il apporte une grande continuité dans le jeu, la relance, le positionnement, disait Sampaoli, qui l’avait fait rayonner en 2021-2022 dans un rôle hybride de latéral droit/milieu relayeur. Valentin a un deuxième contrôle de balle de qualité mondiale, il nous aide à arriver rapidement dans le camp adverse. »
Igor Tudor, qui en avait fait son capitaine, fut encore plus laudatif. « Pour être honnête, avant de venir, je ne le connaissais pas beaucoup, mais pour moi, c’est un joueur de l’équipe nationale, déclarait le coach croate en 2023. Rongier est incroyable. C’est un mélange de Suisse et d’Allemand qu’on a mis en France ! Il anticipe, il est fantastique. C’est comme un robot… »
La saison passée, De Zerbi avait lui aussi fini par l’installer, au sortir d’un match à Lens le 23 novembre. Rongier aurait aimé l’hiver dernier une prolongation de contrat à la hauteur des louanges qu’il recevait en interne, mais qui n’est pas venue.
C’est à Rennes qu’il a fini par atterrir, alors que Sunderland avait tenté de l’y détourner au dernier moment. « Je n’ai aucun regret par rapport à mon départ de l’OM, cela a été mûrement réfléchi, pendant des semaines, dit-il. J’arrivais en fin de cycle, j’avais besoin d’un nouveau challenge. On a beaucoup échangé avec Loïc (Désiré), le coach, le président… J’avais besoin de comprendre l’ambition et le projet du club. »
« T’es un De Zerbi sur le terrain ! »
Le SRFC l’a recruté aussi pour son expérience, sa connaissance des contextes sportifs à pression, le club voulant retrouver l’Europe dès l’été 2026. À l’OM, il a traversé les âges parmi les tauliers du vestiaire, capable par exemple d’intervenir directement auprès de la direction pour apaiser un conflit avec Jonathan Clauss à l’hiver 2023.
Le club Rouge et Noir est prêt à lui confier d’importantes responsabilités, « et j’en suis très content, c’est aussi pour ça que je suis venu ! Ces six années à OM m’ont amené beaucoup. La saison passée, le coach m’avait dit : “T’es un De Zerbi, mais sur le terrain !” » Une grande saison du Stade Rennais passera forcément par l’impact que devra insuffler Valentin Rongier, sur le terrain comme en dehors.
Valentin Rongier a distillé ses premiers mots aux médias hier dans l’enceinte du Roazhon Park. Vincent Michel, Ouest-France
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