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« Un leader, un grand frère, qui avait toujours les mots pour calmer les choses » : George Weah à l'OM, une saison qui a marqué les esprits
Alors que son fils Timothy s'est engagé ce mercredi avec l'OM, George Weah, âgé de 34 ans à l'époque, a marqué les esprits du club phocéen sur le plan humain tout en oeuvrant au maintien en 2000-2001.
Un Ballon d'Or pour essayer de corriger une saison largement plombée. En cette mi-octobre 2000, George Weah, pas encore président mais déjà « King George » en référence au Roi Pelé, débarque au sein d'un club phocéen dont le classement en D1 (14e) luit bien moins que le prestigieux trophée acquis en 1995. À l'époque, son fils Timothy - qui va s'engager avec le club marseillais - a huit mois à peine, même pas l'âge de regarder le glorieux paternel sceller, à 34 ans, une carrière gonflée de titres et récompenses individuelles.
Vingt-quatre heures après son départ de Manchester City, voilà donc le héros libérien plongé dans une ferveur marseillaise jamais éloignée du tumulte. Les articles d'époque évoquent un prompt démarchage effectué par Marcel Dib, directeur sportif et, surtout, très estimé ancien coéquipier monégasque.
Weah lui-même raconte dans un numéro de France Football de janvier 2025 un appel à l'aide reçu pour secourir une équipe en difficulté. « C'est lui qui m'a contacté, relate à l'inverse Dib, licencié en novembre 2000. Il m'a dit : ''Je sais que vous cherchez un attaquant. Comme la première fois je devais signer et que ça s'est mal passé, je viens.'' Il se sentait un peu redevable. Un an plus tôt (janvier 2000), il m'avait donné sa parole pour venir de l'AC Milan, mais au dernier moment il avait rejoint Chelsea. Les résultats étaient mauvais et quelques supporters étaient montés à la Commanderie. Alors, il avait fait marche arrière. »
En cet automne 2000, en revanche, le levier de vitesse est configuré en mode marche avant, tandis que son enthousiasme donne des coups de klaxon. « C'était un mec super positif, joyeux et qui communiquait beaucoup d'envie, se souvient l'ancien gardien Stéphane Trévisan. Tu sentais qu'il avait connu des choses vraiment au-dessus mais il s'est mis dans une forme de simplicité pour amener son expérience et essayer de tirer tout le monde vers le haut. En plus, il était vraiment abordable, humble. »
Des vertus aussi relevées par Dib à l'instant de dresser sur le plan humain un état des lieux excluant tout ego surdimensionné. « Une personne très, très simple, poursuit l'ex-milieu international. Mais aussi un leader, un grand frère, qui avait toujours les mots pour calmer les choses dans le vestiaire alors qu'on était en pleine turbulence à son arrivée. » L'agitation ne se calme qu'en fin de saison, avec une quinzième place terminale très distante des standards locaux et trop proche de la ligne rouge.
À ce moment-là, Mister George sait déjà depuis un bon moment que la saison supplémentaire qu'on lui avait promise ne serait qu'un mirage avant le désert, puisqu'il ralliera Al-Jazira, aux Émirats arabes unis. Une déception qui ne l'empêchera pas de revenir célébrer son jubilé au Vélodrome, en juin 2005, malgré l'étroitesse de son passage : huit mois, quasiment au terminus d'une carrière tracée sur les chemins du très haut niveau.
Des statistiques moyennes
« C'était un grand monsieur. Il n'avait plus rien à prouver, était plus dans un rôle d'accompagnateur, raconte Stéphane Saliu, longtemps intendant. C'était no stress, il n'avait pas de pression. Parfois, avec son mélange d'anglais et d'accent africain, il me disait : ''Ce soir c'est grand, fais-moi préparer les chaussures rouges.'' Ça voulait dire : ''Je me sens bien''. Il était déterminé à faire un gros match, même s'il ne marquait pas à chaque fois. »
Ses statistiques, en effet, ne témoignent pas d'une voracité hors-norme, ni d'un festin de roi : 5 réalisations, dont un doublé face à Monaco, assortis de 2 passes décisives en 19 rencontres de Championnat. « Je me souviens d'un sacré joueur quand même, juge Trévisan. Il prenait de la place, mobilisait les adversaires, ce qui pouvait laisser de la place pour les autres et les rendre plus forts. Il avait moins la vitesse et la puissance, mais avait gardé sa qualité technique et son intelligence dans les déplacements. Et, dos au but, je le trouvais monstrueux. Il avait de la présence et, devant les cages, de la tête, je n'en parle même pas ! » Une forte tête dans laquelle les souvenirs doivent remuer, en ce moment.