gob a écrit:Un président et son gouvernement justifient, du fait de leur clairvoyance d'imposer une politique rejetée par la population. Celle-ci serait trop bête pour comprendre les enjeux, et pas assez respectable pour qu'elle en endosse la responsabilité.
Comme l’abolition de la peine mort ?
Et il existe bien d’autres exemples.
Heureusement que certaines lois sont promulguées contre l’avis de la population
Et bien entendu que la plupart de la population ( et je m’inclue dedans) est trop bête trop naïve ou trop peu compétente pour comprendre les enjeux de lois aussi vastes.
On parle bien des politiques qui retournent régulièrement leur veste ? Il n’y a pas si longtemps Macron ne voyait pas de sens économique à repousser l’âge légal de départ à la retraite tout comme il était opposé à investir dans le nucléaire… Sans parler des incompétences et non maîtrise des dossiers qui ont flingué l’Hôpital et l’Education nationale pour relancer tous les 5 ans de grands plans de sauvetage archi coûteux ne servant qu’à éviter un effondrement.
Ces gens là peuvent-ils avoir raison face à 90% des salariés du pays, à des économistes pas d’accord entre-eux sur les prévisions économiques à long terme et face à d’autres élus et syndicats centristes ? C’est très discutable.
On doit aussi la désindustrialisation du pays ou encore la privatisation des autoroutes qui fait perdre des milliards par an à l’Etat en plus de rançonner les citoyens, à des politiciens qui jouaient aussi aux experts.
Et justement, il y a déjà une différence entre des lois sociétales (l’abolition de la peine de mort, la légalisation de l’avortement, le PACS, le mariage pour tous ect.) qui n’engagent pas l’écrasante majorité des Français, et des lois économiques et sociales ayant un impact sur la vie de la plupart des gens.
D’ailleurs il n’y a pas eu des millions de manifestants dans les rues et une grève générale pour gueuler contre l’abolition de la peine de mort. Si ça avait été le cas, peut-être que Mitterrand aurait dû y renoncer.
Une nana qui ne souhaite pas avorter n’est pas forcée de le faire. Les très rares prisonniers exécutés à l’époque n’allaient pas mettre le pays à feu et à sang en restant en taule pour être libérés à 70 piges. Les homos qui se passent la bague au doigt ne vont pas empêcher une bourge réac de se toucher hypocritement à l’opéra devant des danseurs efféminés.
En revanche, demander aux gens de rester actifs 2 ans de plus dans un contexte de faiblesse des rémunérations par rapport aux pays anglo-saxons et de chômage des seniors, ça concerne directement masse de citoyens. Et c’est donc très discutable de balayer ces questions.
Ça ramène surtout le débat à la manière de faire passer cette réforme. Quand il y a un rejet de l’écrasante majorité de la population, qu’il n’y a pas de majorité pour faire passer le texte à l’Assemblée, ne doit-on pas s’y prendre autrement que par un passage en force ?
Se donner par exemple 2-3 ans pour s’occuper prioritairement du problème des rémunérations, du chômage et notamment celui des seniors, en profitant de ce temps pour discuter tranquillement d’une réforme des retraites avec l’opposition, les syndicats, de parfaitement maîtriser son texte de loi avant de le présenter au peuple ?
Comme l’a dit Cecco, la forme des institutions FR explique l’arrogance des politiques en charge. L’Allemagne a fait passer sans souci sa dernière réforme des retraite. D’abord parce que le contexte économique et social le permettait plus qu’en France. Mais aussi parce que les élections qui accouchent de majorités relatives, obligent à chercher préalablement des coalitions, à refonder un programme de gouvernance. En début de mandat le chancelier met parfois des mois à trouver ces accords et peut ensuite gouverner avec humilité (pour ne pas froisser ses alliers) et avec un maximum de légitimité démocratique.
En France on a pas ces mécanismes et même pire, on force à une pseudo stabilité des institutions par des mécanistes inverses telle que l’absence de proportionnelle, un Sénat inutile, le 49.3 et un article heureusement jamais utilisé permet même au président de s’arroger tous les pouvoirs (attention si Mélenchon est élu un jour
)
Ce système se justifiait dans le contexte de la guerre d’Algérie et de présidents acceptant de remettre en jeu leur pouvoir par des référendums et dissolution de l’Assemblée. A présent ils refusent ce risque, ce qui pose d’autant plus la question de l’inadaptation de la Constitution à notre époque.
Ça passe encore quand un parti obtient la majorité absolue bien que ce ne soit pas très sain avec un parlement affaibli aux ordres d’un président monarque. Mais quand il n’y a même pas cette majorité absolue, faire comme si elle existait et qu’un parti représentant réellement 25% de l’électorat impose sans réelles discussions sa politique aux 75% restant, ça pose un énorme souci de légitimité démocratique. Et ça génère la défiance, le bordel auquel on assiste.
En continuant sur cette voie si peu démocratique, on se retrouvera bientôt avec des extrémistes au pouvoir. Je ne crois pas que ça rassurerait les marchés sachant que l’argument phare de Macron pour voter à l’arrache cette réforme, est de… rassurer les marchés. Ces derniers n’apprécieraient sûrement pas un RN voulant revenir à 60 ans, stopper la main d’œuvre liée à l’immigration, adopter des lois protectionnistes et sortir éventuellement de l’UE.