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Déjà auteur de deux triplés, l'attaquant de Tours Abraham Guié Guié est la sensation du début de saison en Ligue 2. Ce soir, face au leader Evian-Thonon, le TFC aura à nouveau besoin de son buteur ivoirien de 24 ans, arrivé de Hongrie cet été. Découverte d'un véritable phénomène.
"Je vous vois venir avec Abraham Guié Guié ! Surtout ne commencez pas à dire qu'il est le nouveau Giroud... On est seulement à la 1ère journée, il y a en a 37 derrière. Il a fait un très bon match, plein de réussite, mais laissez-le tranquille". Daniel Sanchez avait prévenu après le triplé de son protégé face à Sedan (4-3). On aurait aimé l'écouter, mais Abraham Guié Guié a récidivé mardi soir face à Clermont (3-2) lors de la 3e journée. Deux triplés en deux matches. C'est assez inhabituel pour attirer l'attention, même en Ligue 2. Cette fois, même Sanchez doit céder face à l'ampleur du phénomène. "Marquer deux fois trois buts, c'est exceptionnel. Ça va lui mettre un peu de pression, car tout le monde va l'attendre. Il a un vrai potentiel de buteur. Mais j'avoue qu'il me surprend...", concède-t-il dans La Nouvelle République.
Mais l'entraîneur n'en démord pas. "Guié Guié est davantage dans le style du Marseillais Niang que dans celui de Giroud", insiste-t-il. Difficile pourtant ne pas faire le parallèle. En partant à Montpellier, Olivier Giroud devait laisser un vide énorme. Mais le meilleur buteur de Ligue 2 en titre, 22 réalisations la saison dernière, est déjà presque oublié. Lui qui n'avait inscrit qu'un but il y a un à pareille époque. Avec Guié Guié, Tours a peut-être fait une sacrée trouvaille. Une nouvelle pépite que le manager du TFC Max Marty est allé dénicher en Hongrie dans un club obscur, le Honved Budapest. "On m'a dit qu'il y avait un bon joueur à Budapest. Tout est parti d'une information que l'on m'a donnée, raconte Sanchez sur Chronofoot. Ensuite, il faut creuser. Nous l'avons observé, regardé des DVD. On a vu qu'il avait quelque chose. C'était une bonne info ! Mais c'est un pari". Un pari à 300 000 euros qui s'avère déjà rentable.
Sanchez : "Il me surprend"
Tours, c'est surtout la dernière escale d'un parcours atypique qui a débuté à 14 ans dans une académie d'Etat à Abidjan. Depuis, l'Ivoirien a pas mal voyagé. A 24 ans, il sort de Hongrie et d'Afrique du Sud. Autant dire de nulle part. "Le Honved m'avait repéré quand je jouais en sélection de jeunes pendant les Jeux de la Francophonie au Niger en 2005", raconte-t-il dans France Football. Mais il ne s'adapte pas en Hongrie. "Le premier souvenir que j'en ai, c'est la neige", se rappelle-t-il. Direction alors l'Afrique du Sud où il est prêté au Jomo Cosmos. "Au début, j'étais seul et c'était dur pour m'intégrer", se souvient-il encore. Mais il joue et sympathise avec le président du club. C'est le moment que choisit le Honved pour le rapatrier. En 2007 et 2008, il remporte deux Coupes nationales et inscrit même le but de la finale face à Györ (1-0), futur bourreau de Montpellier. Gérard Gili, sélectionneur des olympiques ivoiriens, le repère et l'emmène aux J.O. de Pékin en 2008. Tout s'accélère.
Ultra rapide et combatif, Guié Guié savoure aujourd'hui son succès. Mais, ses six buts, il en parle avec un naturel et une modestie déconcertants. "Je suis content, c'est la première fois que je marque trois buts, disait-il après son premier triplé. Cela me conforte dans l'idée d'avoir fait le bon choix en venant à Tours. Maintenant, je ne les ai pas marqués tout seul, ces trois buts. Les amis m'ont aidé..." D'ailleurs, lui-même a du mal à expliquer cette incroyable réussite. "Je vais vous surprendre, je ne suis pas toujours très adroit, sourit-il. Je devrais l'être plus souvent. Je n'ai pas de pied gauche. Ce qui est bizarre, c'est que devant le but, je suis souvent plus précis avec le gauche qu'avec le droit". Il sait en revanche une chose : s'il en est là, c'est grâce à "beaucoup de travail". "Je viens d'Afrique du Sud et de Hongrie. Ici, c'est complètement différent. C'est plus technique, plus physique, plus rapide et plus tactique surtout", explique-t-il.
Sur les traces de Giroud et Koscielny ?
Vendredi, le duel au sommet face à Evian sera une bonne occasion de s'étalonner. De son côté, Daniel Sanchez préférerait sans doute que son équipe s'applique en défense (6 buts encaissés en 3 matches). "Je reconnais qu'en football, l'essentiel est de toujours marquer un but de plus que l'adversaire. Je suis content également pour les spectateurs, je suis ravi du spectacle... Mais je me dis aussi qu'on ne gagnera pas toujours nos matchs par 4-3 ou 3-2. Et qu'il faudra parfois se contenter d'un 1-0", met en garde l'entraîneur tourangeau dans la NR. Mais il sait aussi qu'il tient peut-être entre les mains une arme redoutable avec Abraham Guié Guié. S'il frappe à nouveau face au leader, les recruteurs vont se bousculer à La Vallée. Certes, la route est encore très longue. Mais ce fan de Samuel Eto'o a des rêves plein la tête. Il se voit un jour porter le maillot de Marseille, Manchester United ou Barcelone, comme jadis son idole. Après tout, Laurent Koscielny est bien parti de Tours pour arriver à Arsenal. Alors pourquoi pas ?