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« Le fruit de plusieurs années de travail » : pourquoi Liverpool dépense-t-il autant lors de ce mercato d'été ?
Alors qu'ils sortaient de trois fenêtres de mercato particulièrement calmes, les Reds ont dépensé plus de 300 millions d'euros cet été. Un record historique pour Liverpool, mais qui s'inscrit dans la stratégie à long terme du club, d'après ses dirigeants.
« Ça ne s'est pas fait du jour au lendemain, c'est le fruit de plusieurs années de travail. » Interrogé par The Athletic fin juillet, Billy Hogan l'assure : les Reds ne sont pas transformés en flambeurs. Au contraire, selon le PDG de Liverpool, les 308,68 millions d'euros dépensés cet été s'inscrivent dans la stratégie à long terme du champion d'Angleterre. Pourtant, le LFC n'avait jamais déboursé autant lors d'une même fenêtre de mercato. Il n'avait pas bougé lors des deux derniers mercatos d'hiver, entrecoupés d'un été où seuls l'ailier italien Federico Chiesa et le gardien géorgien Giorgi Mamardashvili - 42 € à eux deux - avaient été recrutés.
Un an plus tard, les Scousers ont signé les deux chèques les plus lourds de leur histoire. Quelque 125 M€ (hors bonus) pour Florian Wirtz, 90 M€ pour Hugo Ekitike, agrémentés d'une enveloppe de près de 90 M€ pour redessiner leurs ailes, avec Milos Kerkez et Jeremie Frimpong.
Les emplettes ne sont peut-être pas finies puisque Liverpool est à la recherche d'un élément offensif et a ciblé l'ailier du PSG Bradley Barcola si la piste Alexander Isak (Newcastle) n'aboutissait pas. Des renforts en charnière et au milieu ne seraient pas de trop. Cette fièvre acheteuse est d'autant plus surprenante que les Reds ont remporté la Premier League sans retoucher leur onze la saison dernière. Avant d'être remplacé par Arne Slot l'été dernier, Jürgen Klopp avait, lui, passé près d'une décennie (2015-2024) à répéter que son club ne luttait pas avec les mêmes moyens que ses rivaux.
Si cela n'avait pas empêché la formation du Merseyside de lâcher plus de 80 M€ pour Virgil van Dijk (2017) ou Darwin Nunez (2022), elle reste la moins dépensière du Big 6 anglais au cours des dix dernières saisons. Sur la période, Chelsea a aligné deux fois plus : 2,67 milliards € contre 1,3 milliard € pour les Reds. La balance revenus/dépenses de Liverpool ressemble d'ailleurs davantage à celles de West Ham et de Newcastle qu'à celles d'Arsenal, Manchester City and co.
Des revenus record sur les deux dernières saisons
En tout cas, jusqu'ici, le mercato XXL des Reds est cohérent puisque ces derniers ont déjà vendu pour 143,3 M€, en attendant le potentiel départ de Darwin Nunez (26 ans, sous contrat jusqu'en 2028), priorité d'Al-Hilal. Ces rentrées d'argent apparaîtront directement dans les comptes du club, alors que les coûts des recrues seront, eux, amortis sur l'ensemble de la durée de leur contrat respectif.
Ce montage classique permet à Liverpool de ne pas enfreindre le PSR (pour « Profit and Sustainability Rules »). Ce fair-play financier à l'anglaise contraint les clubs à ne pas dépasser 122 M€ de pertes sur trois ans. Sur la saison 2023-2024, les Reds ont enregistré plus de 60 M€ de pertes, pire résultat de leur histoire. Une exception, d'après The Athletic, qui indique que les Scousers ont depuis bénéficié de revenus record. Le retour en Ligue des champions en 2024-2025 (après en avoir été absent la saison d'avant) et le 20e titre de champions d'Angleterre des Reds ont rapporté à ces derniers 100 et 200 M€.
Au-delà du terrain, la gestion à long terme du club va particulièrement payer. Achevé l'an passé, l'agrandissement d'Anfield, désormais doté de 61 000 places, est profitable. La hausse du montant des droits TV et l'entrée en vigueur du lucratif contrat signé avec Adidas (60 M€ par an sur cinq ans) complètent le panorama.
Opportuniste pour Wirtz
Enfin, sportivement, l'hyperactivité estivale des Reds a ses raisons. Les dirigeants de Liverpool ont voulu apporter des profils complémentaires aux vieillissants Mohamed Salah (33 ans) et van Dijk (34) et remplacé Trent Alexander-Arnold, parti au Real Madrid, en misant sur des profils prometteurs avec Ekitike (23), Kerkez (21) et Frimpong (24). Le cas Wirtz est différent. L'Allemand de 22 ans est identifié comme un crak générationnel depuis des années et ne correspond pas de par son profil de « star » au profil type de la recrue liverpuldienne. « À Liverpool, si on voit une opportunité sur le marché, on n'hésite jamais à recruter », précisait ainsi Slot cet été.
L'une des forces du club, c'est aussi la capacité du directeur du football, Michael Edwards, revenu l'an dernier, à ignorer le bruit extérieur. L'an passé, les suiveurs réclamaient des transferts mais Liverpool n'a pas cédé. « Depuis que FSG (Fenway Sports Group) gère le club (en 2010), l'histoire a montré que nous investissons quand ça nous semble raisonnable. La stratégie n'a pas changé », persistait Hogan. Une arrivée d'Isak ou de Barcola pour une somme à trois chiffres accentuerait encore ce décalage, mais les décideurs des Reds ont déjà sûrement affûté des arguments pour la justifier.