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Nicolas Jover, le meilleur coup-franc d’Arteta
La dernière heure
L’adjoint français de Mikel Arteta est l’une des raisons du formidable début de saison des Gunners. Portrait.
De l’aveu même de Vincent Kompany, “ils sont la meilleure équipe d’Europe sur phases arrêtées” . Pour preuve, Arsenal a déjà marqué dix fois cette saison rien que sur des coups de coin. Et le Bayern en a fait les frais pas plus tard que mercredi, sur l’ouverture du score de Timber.
Ce n’est néanmoins pas un phénomène neuf chez les Gunners qui en ont fait une redoutable arme depuis l’arrivée d’un homme qui possède aujourd’hui une fresque à son effigie devant l’Emirates stadium : Nicolas Jover. “D’autres personnes ont consacré beaucoup d’efforts aux phases arrêtées, mais il est indéniablement quelqu’un de très important pour l’équipe” , admet volontiers Mikel Arteta qu’il est allé “voler” en 2021 à Manchester City, là où ils se sont rencontrés.
“Je l’ai contacté (en 2019, quand Jover occupait ce poste à Brentford) et j’ai suggéré à Pep qu’il vienne nous prêter main-forte , a raconté celui qui était l’adjoint de Guardiola avant de devenir l’homme fort d’Arsenal. Je me suis battu pour lui car j’étais convaincu qu’il y avait une grande marge de progression dans ce secteur. Depuis, nous sommes extrêmement proches.”
Avant de devenir le spécialiste des phases arrêtées que toute l’Europe envie, Nicolas Jover a vécu une trajectoire étonnante. Né à Berlin d’un papa allemand, le Français a grandi du côté d’Agde où il a joué en amateur avant de suivre des études en STAPS (Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives) à Montpellier. Mais c’est grâce à un programme d’échange avec l’université de Sheebrooke, au Québec, que le déclic est venu, à 23 ans.
Du Québec à la Premier League
Là-bas, ce dingue des analyses est devenu directeur technique du club amateur de Sherbrooke en y trouvant un créneau à exploiter. “Je voyais la vidéo et les stats être utilisées dans les sports universitaires, y compris à l’entraînement. Ce serait bientôt le cas chez nous, j’en étais convaincu. Alors j’ai bossé le sujet à fond ” , a-t-il raconté dans Vestiaires Magazine .
Visionnaire, Nicolas Jover rentre en France deux ans plus tard pour passer ses diplômes et postuler dans différents clubs. Mais quasiment toutes ses candidatures restent sans réponse, le football français n’ayant pas encore vraiment créé la fonction d’analyste vidéo. Il se fait donc la main au FC Sète, en National, avant de séduire Pascal Baills, l’adjoint de Montpellier qui en fait le premier analyste vidéo de l’histoire du club.
Sa carrière est lancée. Et sa réputation se crée grâce au titre de 2011-2012, même s’il reste à ce moment-là un simple “geek” du football qui descend très peu sur le terrain. En parallèle, il collabore avec un logiciel d’analyse qui se répand dans les pays de l’Est, jusqu’à taper dans l’oeil de Niko Kovac – alors sélectionneur de la Croatie – qui décide de l’emmener à la Coupe du monde 2014. De quoi ensuite lui ouvrir les portes de l’Angleterre, via Brentford, alors en D2. Et dans un rôle de vrai entraîneur technique.
“C’était l’opportunité de sortir de mon bureau d’analyste pour retrouver les terrains et mettre en pratique plusieurs années de recherche” , a expliqué celui qui a embarqué sa petite famille dans cette aventure très risquée : il échangeait un CDI contre un contrat de six mois et des conditions de vie précaires à Londres. “Nous vivions dans un taudis.”
Finalement, son expérience dure trois ans, jusqu’à sa rencontre avec Mikel Arteta qui a convaincu la direction de Manchester City et Pep Guardiola de l’intégrer au staff. La suite, on la connaît. Depuis 2021, Nicolas Jover fait le bonheur des Gunners et d’Arteta. “Nous travaillons d’une manière qui se rapproche le plus possible des conditions de match , a confié le coach espagnol. Nous partageons une vision claire de la manière dont nous voulons tout organiser, dont tout est lié, aligné et peut fonctionner efficacement au sein de notre équipe.”
Ses analyses pointues, ses entraînements spécifiques et ses conseils sont évidemment aussi mis en valeur par une somme de talents individuels. Que ça soit à la passe, avec Declan Rice, Martin Odegaard, Bukayo Saka ou Leandro Trossard. Ou à la finition avec Gabriel, Jurrien Timber, William Saliba, Viktor Gyokeres ou Mikel Merino.
Reste à voir comment Arsenal, après avoir terrassé Tottenham (4-1) et infligé au Bayern sa première défaite (3-1), gérera son déplacement à Chelsea, qui vient de s’offrir le Barça (3-0) et pourrait recoller à trois points des Gunners en cas de victoire.