Football - Vendre les joueuses ou… la section entière : partout en Europe, les féminines essuient les dettes des hommesAccablé par des gestions économiques déficitaires, de nombreux clubs à travers l'Europe cherchent des solutions pour rembourser leurs dettes et éviter les sanctions des mécanismes de fair-play financier. Et cet été, une partie d'entre eux font les gros yeux à leur équipe féminine pour trouver des liquidités, que ce soit en vendant la section ou, pire, en dépouillant l'effectif.
Au FC Barcelone, si cela continue comme ça, il faudra piocher dans l'équipe réserve, voire encore plus loin, pour remplir la feuille du match de la première journée de Liga féminine le 31 août prochain. La section féminine du géant espagnol ne compte plus que 18 joueuses dans son effectif à deux semaines du début de la saison. Un grand exode, décidé par la direction, touche les récentes finalistes de la Ligue des champions depuis le début de l'été. L'objectif à peine dissimulé : faire l'économie des salaires et, si possible, empocher quelques centaines de milliers d'euros en frais de transfert pour renflouer les caisses du club.
C'est comme cela, du moins, que le journal catalan El Periodico explique le départ à venir de la jeune défenseure Jana Fernandez. Le FC Barcelone aimerait tirer pas moins d'un million d'euros de sa formation féminine cet été pour compenser les pertes issues des dépenses engagées pour son équipe masculine. Le club catalan veut éviter à tout prix une sanction du fair-play financier. Et il semble avoir peu de scrupule à sacrifier une partie de son effectif féminin, pour pouvoir continuer de dépenser pour ses garçons. Entre les contrats non-prolongés et les ventes, il a ainsi dû passer par des méthodes très rarement vues dans le football : les contrats de deux joueuses (Ellie Roebuck et Fridolina Rolfö) ont tout simplement été résiliés avant leur terme. La section féminine était pourtant autosuffisante avant cet été. Mais le Barça a choisi où il allait gratter les fonds de tiroirs.
Et ils ne sont pas les seuls cet été. Si le FC Barcelone a fait le choix de dépouiller son effectif pour en contrôler les coûts, de plus en plus de clubs optent tout simplement pour se séparer de leur équipe féminine. Dernier exemple en date : le président du Montpellier HSC Laurent Nicollin a révélé le week-end dernier que la formation féminine de son club était à vendre. "On aurait pu la garder, abaisser la voilure, mais ce n’est pas le but, parce qu’on veut que cette section continue à performer en Arkema Première Ligue, a-t-il tenté de justifier, dans une logique inverse à celle du Barça donc. Vu l’aspect financier actuel, il faut faire des choix. Le choix, c’est que cette section continue d’elle-même, mais sous d’autres cieux."
Quatre équipes à vendre en FranceCette solution n'est pas tout à fait nouvelle pour les clubs en difficulté financière. L'Olympique Lyonnais avait cédé sa formation féminine en mai 2023 à Michelle Kang, et une nouvelle entité avait été créée. Mais cela fait plus d'émule que jamais cet été dans l'Hexagone. Outre Montpellier, le Stade de Reims, Le Havre et Dijon envisageraient également de céder leur section féminine. Et ce serait, dans chacun des cas, pour économiser les 2 à 3 millions d'euros de budget de fonctionnement de ces équipes. "C’est une idiotie car, en valeur absolue, le foot féminin ne permet pas de résoudre la crise du foot masculin" a fustigé Jean-Michel Aulas, le président de la Ligue Féminine de Football Professionnel au Monde.
Ce n'est peut-être le cas en France, mais ça ne l'est pas partout. Notamment en Angleterre, où la tendance s'est étendue avec des implications différentes. Le système de fair-play financier maison, le PSR, exclut pourtant les dépenses liées aux équipes féminines des calculs du montant des dettes d'un club. En revanche, il ne précise pas que les revenus liés à la vente de la section ne peuvent pas rentrer dans le compte des bénéfices. Trois clubs de Premier League, Chelsea, Everton, et Aston Villa se sont ainsi engouffrés dans cette brèche pour vendre leur formation féminine… à eux-mêmes. Et faire rentrer, au passage, jusqu'à 230 millions d'euros pour éponger le déficit de l'équipe masculine. Pour ces trois clubs, les hommes et les femmes sont donc désormais deux entités différentes, mais appartenant aux mêmes actionnaires minoritaires. Mais eux, au moins, seront sûrs d’avoir assez de joueuses au début de la saison pour remplir la feuille de match.
Eurosport
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