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À Marseille, ambiance morose et peur du vide
La déroute de Bergame, hier en demi-finales de Ligue Europa, assombrit les perspectives de Marseille, neuvième de L1, dont les ressources inquiètent aussi en interne.
Torturés par l'Atalanta Bergame, les Marseillais ont trouvé le temps très long sur le terrain, où ils n'ont jamais fait illusion jeudi en demi-finales retour de Ligue Europa (3-0). Convaincants à l'aller (1-1), ils ont explosé en Italie et leur soirée a été pénible jusqu'au bout. Dépités à côté du car de l'équipe, l'entraîneur Jean-Louis Gasset et son adjoint Ghislain Printant, fâché contre l'arbitre à la fin du match, affichaient la mine sombre de ceux qui viennent de voir leur rêve s'évanouir. Ils auraient aimé quitter tout de suite le stade mais ils ont été retenus par l'interminable contrôle antidopage subi par Jonathan Clauss et Ismaïla Sarr, dont les performances ne pouvaient pourtant pas attirer les soupçons.
Après avoir décollé tardivement de Bergame, la délégation marseillaise est rentrée à trois heures du matin passées, et les joueurs sont restés dormir à la Commanderie. La méthode avait déjà été éprouvée en revenant du quart de finale aller contre Benfica (1-2, le 11 avril), pour favoriser le sommeil et la récupération. La séance du jour a d'ailleurs été légère, car l'OM va devoir à nouveau enchaîner tous les trois jours pour finir la saison. Ce n'est pas forcément rassurant puisque des joueurs comme le milieu Geoffrey Kondogbia n'y parviennent pas, et ce n'est pas le seul souci de Gasset qui n'a pas effectué de grand discours dans le vestiaire après l'élimination.
Face à un groupe qui n'a pas l'habitude des éclats de voix, il sentait que le moment n'était pas idéal et que la déception était trop forte pour entendre un quelconque message. Il a en revanche eu quelques mots hier, rappelant l'importance pour l'OM de disputer une coupe d'Europe, la saison prochaine, et la nécessité de bien terminer histoire de se dépêtrer de l'actuelle neuvième place en L1.
La crainte de la réaction des supporters pousserait les joueurs à se surpasser au Vélodrome
En interne, on craint un accueil houleux du Vélodrome demain contre Lorient, probablement davantage à l'encontre de la direction, visée depuis plusieurs mois par des groupes ultras qui ont continué, malgré le beau parcours européen, de bâcher à l'envers pour montrer leur amertume devant cette saison infernale. Même si un jet de fumigène sur la pelouse avait laissé craindre que la colère déborde dans le temps additionnel, le parcage est resté calme à Bergame et a même applaudi les joueurs venus le saluer. On était toutefois très loin de l'euphorie du Vélodrome à l'aller, et ce double visage est une constante de la saison.
Au club, on pense que la peur est le moteur de ce groupe et que c'est la raison qui le pousse à se transcender à domicile, où il craint les réactions virulentes des virages. Dans cet effectif où les leaders sont aussi rares que les joueurs de caractère, Gigot et ses coéquipiers ne sont plus guidés par cette crainte hors du Vélodrome, où ils subissent sans réaction. Le constat est récurrent et le bilan à l'extérieur est éloquent : avec un match en retard, l'OM y est la pire équipe de L1 (11 points pris en 15 matches) et il faut voyager à Reims mercredi, avant de finir au Havre dimanche. Comme Gennaro Gattuso avant lui, Gasset n'a pas réussi à trouver la clé et le manque de personnalité est un problème de fond identifié par les dirigeants, considérablement déçus par l'apathie de jeudi. Ils ne s'attendaient pas à ça, pas à un moment aussi crucial de la saison, et il faut pourtant se remobiliser.
Disputer une coupe d'Europe la saison prochaine est indispensable à leurs yeux, pour des raisons à la fois sportives et économiques. S'il veut se simplifier la vie, l'OM doit gagner ses trois derniers matches afin de garantir la septième place, en priant pour qu'elle soit européenne grâce à une victoire du Paris-SG en Coupe de France. Voilà pour les enjeux collectifs avant le nouveau remue-ménage de l'été, et le staff espère aussi que les enjeux individuels, notamment une participation à l'Euro avec la Suisse pour Ulisses Garcia, inciteront certains éléments à se ressaisir pour sauver ce qui peut l'être.