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BAMO MEÏTE; "On espère ramener un titre..."; Sur le flanc depuis fin mars à cause d'une blessure à la cheville, le défenseur de l'OM a profité de ce week-end sans match pour se rendre à un tournoi de jeunes, à La Ciotat. L'occasion, aussi, de s'exprimer sur l'actualité de son club.
Sa nouvelle coupe de cheveux les a-t-elle induits en erreur ? "Oh c'est Mbemba !", s'est écriée une ribambelle d'enfants, en croisant la route de... Bamo Meïte. Orphelin de ses dreads peroxydées, le défenseur de l'OM déambulait, alors, dans les entrailles du stade Valentin-Magri. Accompagné de son conseiller Ahmed Cheraft, hier midi sous un soleil de plomb, l'Ivoirien fut, pour les minots, la cerise déposée sur la Player Academy Cup, tournoi U11 dont les rencontres ont rythmé le week-end ciotaden. Celui qui s'est définitivement engagé à Marseille lorsque le club a obtenu son maintien en Ligue 1, arborait un large sourire que l'on n'avait plus vu depuis sa blessure à la cheville, fin mars. Celle-ci, d'ailleurs, évolue mieux que prévu. À tel point que Bamo Meïte pourrait réintégrer le groupe olympien, jeudi à Bergame, pour la demi-finale retour de Ligue Europa.
En attendant, le jeune homme (22 ans), dont les projets humanitaires via son association "Soutien pour tous" ne cessent de fleurir, a donné de ses nouvelles à La Provence, tout en revenant sur le parcours européen de ses partenaires.
Comment évolue votre double entorse à la cheville ?
Je récupère bien, mieux que prévu. J'ai travaillé sérieusement avec le staff médical. Je mets tout en oeuvre pour revenir le plus rapidement possible, que ce soit les soins, l'alimentation ou le sommeil. Dernièrement, on a repris la course en individuel. On va voir si les images sont bonnes, s'il est possible de retrouver les terrains d'ici la fin de saison. On va être fixé très rapidement. Mais, une chose est sûre, ça avance dans le bon sens.
Ce pépin physique est tombé au plus mauvais moment...
Ça a été compliqué mentalement, d'autant plus que je n'ai pas l'habitude de me blesser. Ça a été un peu un choc mental. Déjà parce que ça signifiait que j'allais louper la coupe d'Europe, des grands matches contre des grandes équipes. On joue au foot pour ces moments. Et puis, ça tombe à un moment où mes partenaires avaient besoin de moi. À cause des blessures qui s'accumulaient au sein de l'effectif, il y avait beaucoup de trous à combler en défense, même sur le poste de latéral ou au milieu de terrain. Des rôles que j'ai l'habitude d'animer, soit naturellement, soit pour prêter main-forte. Ce coup d'arrêt est rageant, mais ça fait partie du jeu, d'une carrière de sportif professionnel. Je le prends comme une bonne expérience, qui me permettra de me rapprocher du plus haut niveau.
Avec le recul, je pense que j'ai bien surmonté cette épreuve. Avoir déjà repris la course, c'est une bonne nouvelle. Ça m'a fait beaucoup de bien mentalement... en espérant, prochainement, une autre bonne nouvelle (sourire).
Comment vivez-vous cette période, loin du groupe ?
J'essaie de leur transmettre beaucoup de force. Je suis un jeune joueur dans le vestiaire, j'ai une bonne relation avec tout le monde. Je veux leur communiquer toute la rage que je ne peux pas mettre sur le terrain. C'est un bon moyen d'évacuer la frustration... même si quand tu es dans le vif du sujet, tu ne la ressens pas trop. Quand tu es assis dans les tribunes du Vélodrome, que tu es emporté par cette ambiance, cette énergie, tu es transcendé, tu deviens leur premier supporter et tu ne penses plus trop à toi, à ta condition de joueur blessé et privé de ce moment.
Quels souvenirs garderez-vous de ce match aller face à l'Atalanta ?
Franchement... c'était fou ! J'ai rarement vu des ambiances comme celle-ci. Le Vélodrome, c'est vraiment incroyable. Quand tu le vis de l'intérieur, c'est différent. Même si, en signant ici, je m'attendais à une ferveur incroyable, je suis surpris de match en match, surtout en Ligue Europa. C'est complètement fou. En France, il n'y a pas mieux. Je suis content de faire partie de ce club. J'espère qu'on va gagner jeudi (à Bergame, théâtre de la manche retour), se qualifier pour cette finale. Et si c'est le cas, j'espère revenir à temps (sourire).
Comment expliquez-vous ce parcours en Europe, alors que l'équipe traverse une saison très mouvementée en championnat et en coulisses ?
Ça illustre la force de caractère de cet effectif. On a des grands noms dans le vestiaire, et ils assument leurs responsabilités dans les gros matches. Certes on a connu plusieurs moments difficiles, en début de saison, au retour de la trêve hivernale... Cette saison a été faite de hauts et de bas, mais, in fine, on est au rendez-vous dans le money-time, en coupe d'Europe. Ce qu'ont fait les gars jeudi contre l'Atalanta... On est mené, on réussit à égaliser et aurait même mérité de l'emporter. Tout cela symbolise la force mentale de ce groupe. On a su se relever après être tombé à plusieurs reprises. On s'est raccroché à nos objectifs européens, on a toujours su les tenir. Et, aujourd'hui, on est plus proche que jamais de cette finale. On espère vraiment ramener un titre à Marseille... Ce serait magnifique. La ville, ce club le méritent.
Quel est le rôle de Jean-Louis Gasset dans cette épopée européenne ?
C'est un coach d'expérience. En arrivant, il a nous a tout de suite transmis son vécu, son savoir-faire. On s'est reposé dessus, ça nous a mis en confiance. Ses résultats sont remarquables, notamment en Europe. L'ère Gasset a fait du bien au groupe. Mais je tiens aussi à souligner le travail de Gennaro Gattuso. Je veux le remercier pour tout ce qu'il nous a apporté. Ce n'était pas évident pour lui.
Gasset est aussi l'homme qui ne vous a pas sélectionné pour la CAN, avec la Côte d'Ivoire. Et quand on connaît le résultat final...
On en a parlé vaguement. Ça fait partie du jeu. Il y avait beaucoup de candidats pour intégrer la liste. Le coach m'a dit qu'au départ j'en faisais partie. Il y a eu beaucoup d'indécision. Et, au final, je n'ai pas fait partie de l'aventure. Si j'avais eu un peu plus de temps de jeu en club, j'aurais peut-être été convoqué... Mais bon, c'est la vie.
Avez-vous réussi à vibrer pour le sacre des Éléphants, ou aviez-vous une petite pointe d'amertume ?
C'est sûr que j'aurais aimé y participer. C'est le rêve de tous les Ivoiriens. Mais c'est le pays qui gagne la compétition, et on ne retiendra que ça. Je suis sincèrement très content pour la Côte d'Ivoire. Ça faisait longtemps que l'on n'avait plus gagné une coupe d'Afrique. C'est important pour la nouvelle génération qui arrive. Ça promet pour l'avenir. Avec le coach Émerse (Faé), ça donne envie d'y être. Alors pourquoi pas se retrouver à la prochaine coupe du monde...
La Provence