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OM: Darryl Bakola, les coulisses d’un choix plein d’audace et de promesses
La titularisation de Darryl Bakola, à 17 ans, en Ligue des champions, aura été le choix fort de Roberto De Zerbi face à Newcastle. Une surprise dans l’avant-match, mais une suite logique dans la progression du joueur, considéré comme un jeune au profil complet, précieux et talentueux.
Un feeling, et une conviction. Roberto De Zerbi avait donc senti que cet OM-Newcastle était le bon moment pour lancer Darryl Bakola. Et l'entraîneur italien n’avait donc pas menti, en conférence de presse de veille de match. Interrogé, lundi, sur une possible association Kondogbia–Hojbjerg au milieu de terrain - qui apparaissait logique et naturelle, vu le retour à la compétition du milieu centrafricain et les clients annoncés dans l’entrejeu de Newcastle – RDZ avait alors contourné la question en précisant que toutes les options étaient possibles. Et qu’il n’oubliait surtout pas les jeunes Bilal Nadir et Darryl Bakola.
Plus fort potentiel de la post-formation marseillaise
Le premier avait été l’une des surprises de la compo face à l’Ajax Amsterdam. Le second attendait sa chance et son heure.
Depuis son arrivée à l’OM, en 2022 en provenance du Red Star, Bakola est considéré au sein du club marseillais comme le joueur au potentiel le plus prometteur. Même s’il n’avait pas disputé la finale victorieuse (il était convoqué pour l’Euro U17), il avait notamment marqué les esprits lors de du parcours en Coupe Gambardella, il y a deux saisons. Beaucoup d’observateurs ou de supporters suivaient de près, à cette époque, les buts et performances d’Enzo Sternal. Le club rétorquait souvent que le plus gros potentiel de la post-formation marseillaise se trouvait à un autre poste et sur un autre profil: celui de Bakola.
Les consignes de RDZ : fougue, pressing et percussion
Milieu "box to box", capable d’évoluer en numéro 6, en relayeur, mais aussi un cran plus haut comme ce fut le cas contre Newcastle mardi soir, Bakola a les atouts pour séduire De Zerbi. L’Italien voulait compter sur sa fougue pour jouer sans complexe, sur son volume pour presser les relances adverses et sur sa capacité à casser des lignes par sa percussion et ses passes dans le bon tempo. Sans avoir forcément calculé les choses longtemps à l’avance, car le coach olympien fonctionne aussi à l’instinct. Il a estimé que c’était un bon soir pour lancer le natif de Clichy devenu Minot.
Titulariser Bakola, un impact mental sur l’équipe
Le technicien de l’OM, qui a aussi pensé à tester… Bilal Nadir sur le côté droit pour laisser Mason Greenwood dans le cœur du jeu – avant de renoncer à cette option pour éviter de trop bouleverser l’équilibre de l’équipe – a vu aussi dans cette première titularisation de Darry Bakola, un impact mental. Un gamin de 17 ans lancé en LDC, idéal pour dédramatiser l’enjeu de cette rencontre décisive, et amener dans l’équipe un peu d’insouciance et de légèreté, et forcer ses coéquipiers à bien entourer un jeune joueur pour cette grande première. "Darryl a été à la hauteur",, a confié Pablo Longoria à BFM Marseille, en marge de l’inauguration du complexe sportif Félix-Weygand, dans le 13ème arrondissement de Marseille.
Longoria: "C’est le travail du club qui est récompensé"
"C’est un plaisir de voir un jeune du centre de formation jouer la Ligue des champions avec de la personnalité. C’est le travail du club qui est récompensé. Et c’est une preuve de courage de la part du coach", a ajouté le président marseillais.
Le pari s’est avéré gagnant. Et De Zerbi l’a savouré dans la foulée. "En première mi-temps, Bakola a montré de la personnalité, ça m'a plu. Un joueur ne va pas mûrir en restant sur l’arbre, comme un abricot. Il faut le cueillir et lui offrir la possibilité de jouer des matchs pour mûrir. Ce sont des risques nécessaires, parce que le Vélodrome est un stade généreux avec les jeunes et cela l'a aidé, même dans ses erreurs. Je lui ai juste demandé de jouer comme il aurait joué au parc avec ses amis, sans pression. Car la pression ne sert à rien."
Bakola, 17 ans, mais déjà beaucoup de caractère et de personnalité
Dans ce registre, il n’y avait pas tellement d’inquiétudes. Bakola est connu pour avoir confiance en lui. Son fort caractère et ses allures nonchalantes lui jouent parfois des tours, mais l’OM sait comment gommer et travailler cet aspect de son jeu et de sa personnalité, sans le dénaturer. Cela passe par le jeu, et par une acclimatation aux matchs de haut niveau et à forte intensité, qui forcent à se faire violence. Son positionnement, son acclimatation au football "d’adultes", et cette capacité à prendre un peu de bouteille étaient d'ailleurs au cœur des discussions voire des crispations entre la direction du football, avec en tête Medhi Benatia - qui a tout de suite cru en Bakola - et Jean-Pierre Papin ou Marco Otero, respectivement entraîneur de la réserve et directeur du centre de formation la saison passée (Otero avait d’ailleurs été mis à pied il y a un an jour pour jour, NDLR).
Parfois aligné attaquant en réserve, ou ailier droit chez les jeunes, Bakola n’était pas souvent utilisé au poste de milieu de terrain dans lequel la direction de l’OM lui voyait un avenir radieux. Benatia et les dirigeants voulaient que Bakola ait du temps de jeu et s’aguerrisse. Cette sensation de ne pas jouer à son poste aurait même failli le décourager à prolonger son aventure avec l’OM. Bref, le dossier Bakola a fortement contribué aux dissensions et tensions entre les dirigeants marseillais et Papin ou Otero.
"Quelques prises de bec" avec Papin
JPP, consultant RMC Sport et joint ce mercredi, reconnaît que tout n’a pas été simple: "On s'était un peu pris le bec avec Darryl mais très courtoisement. En fait, il n'aimait pas défendre. Maintenant, il faut défendre, surtout dans le football moderne. Et il a corrigé très vite, encore plus avec les pros, parce qu'il est allé s'entraîner régulièrement avec eux. Et quand il est revenu jouer, c'était plus le même joueur. Mais il faut des fois les piquer. Et derrière, quand on a 17 ans, on corrige très vite. C’est quelqu'un qui est très intelligent et il a des qualités incroyables."
L’OM attend sa majorité pour évoquer sa prolongation de contrat
La titularisation de Bakola, mardi, est en tout cas un nouveau signe fort et une preuve que l'OM compte sur ses jeunes. Dans le sillage de Robinio Vaz, Bakola a vécu un moment intense mardi soir, en Ligue des champions, et sa participation aux festivités, sur le terrain et dans le vestiaire, sont celles d’un jeune heureux et soulagé d’avoir réussi son baptême du feu, avec de l’audace, du volume et une passe décisive à la clé. Bakola est sous contrat avec l’OM jusqu’en juin 2027. Selon les informations de RMC Sport, les discussions pour une prolongation commenceront véritablement quand le joueur sera majeur… Ce sera le cas le 30 novembre, soit ce dimanche. L'OM pourra alors se poser prochainement avec ses représentants et envisager l'avenir.
Créer de la valeur chez les jeunes, de la parole aux actes
Le club ne se met pas la pression sur ce dossier et a la sensation de ne pas avoir attendu ce match contre Newcastle pour lui démontrer sa confiance, même si Bakola avait en lui cette impatience de prouver et débuter dans un gros match. Son épanouissement, les mots forts de Pierre-Emerick Aubameyang (qui l’a comparé à Ozil), une certaine complicité avec des joueurs majeurs du vestiaire comme Mason Greenwood, tout est de bon augure pour envisager la suite avec sérénité.
Créer de la valeur chez les jeunes joueurs est à l’OM un objectif et le duo De Zerbi-Benatia n’a pas froid aux yeux quand il faut lancer certains talents. Un seul match de Ligue des champions, scruté par les recruteurs européens quand un si jeune joueur est titularisé, peut faire grimper en flèche la côte d'un joueur. L’OM ne se pose pas ce genre de questions et compte sur Bakola pour l’avenir. En espérant que le joueur garde les pieds sur terre et comprenne son intérêt de rester à Marseille pour valider sa progression.