D1 féminine 2019-2020 : présentation de l’OM

Samedi 24 août (15h30, C+ Sport), les joueuses de l’OM signeront leur retour dans l’élite en défiant chez elle la meilleure équipe de club au monde, l’Olympique Lyonnais. Au-delà d’une première rencontre dont il ne faut pas trop espérer, à quoi peut-on s’attendre pour le reste de la saison ?

[Présentation des 11 autres équipes de D1 ICI et ICI]

Club : (Olympique de) MARSEILLE

Entraîneur : Christophe Parra

Je concluais mon  premier article écrit le 5 juin dernier pour MassaliaLive sur les Olympiennes (ici), et alors que le recrutement d’intersaison nous était encore inconnu, par ces mots :

« Il faudra des actes concrets et forts pour nous convaincre que l’infamante leçon de la saison 2017-2018 [la descente en D2, après une 4e place l’année précédente] a été retenue et comprise… Les dernières indiscrétions font état d’une volonté du club de s’appuyer sur des joueuses locales. Cela signifie-t-il renoncer aux joueuses d’expérience et de renom nécessaires ? Si ça devait être le cas, ne nous voilons pas la face, ce serait extrêmement inquiétant… »

Trois mois et demi plus tard, nous connaissons l’effectif qui évoluera cette saison en D1, et le moins qu’on puisse dire est que l’effort espéré et demandé ne semble pas avoir été fait.

Une équipe jeune et moins expérimentée qu’à la première montée

Cinq joueuses parties, dont deux titulaires (la gardienne canadienne Geneviève Richard, et la défenseure Amandine Soulard), cinq arrivées, dont trois avec l’expérience de l’élite : Sarah Palacin, Candice Gherbi, Nadjma Ali Nadjim. Les deux autres l’ont fréquentée sans beaucoup y jouer comme on le verra plus loin : la gardienne Blandine Joly et Agathe Maetz.

Lorsque l’équipe était montée pour la première fois en D1 à l’issue de la saison 2015-2016, j’avais calculé que l’effectif olympien était, en nombre cumulé de matchs joués en D1 par chaque joueuse, le cinquième plus expérimenté. Malgré le fait d’avoir survolé son championnat de D2, terminant invaincu, Christophe Parra avait alors recruté 11 joueuses, dont plusieurs internationales. Six d’entre elles apportaient une expérience de 678 matchs joués en D1. Auxquels s’ajoutaient ceux des filles déjà en place, telles que Pizzala, Brétigny, Coton-Pélagie, etc. Au total, le nombre dépassait très largement les 1000. Cette année, les cinq nouvelles en totalisent 268, dont la moitié (139) pour la seule Palacin. 8 joueuses seulement – moins de la moitié de l’effectif –  ont à leur compteur plus de 22 participations (souvent du temps réduit) à des matchs en D1, soit l’équivalent d’une saison pleine.

L’effectif ne manque pas seulement d’expérience du plus haut niveau, mais la moyenne d’âge est aussi très jeune (22 ans), avec 14 joueuses sur 23 nées entre 2001 et 1997, et trois joueuses à 31 ans…
Par ailleurs, alors que l’OM 2016-2017 comptait 8 internationales A ou B (6 étant arrivées à l’intersaison), celui de cette rentrée n’en a plus que 3 (parmi lesquelles 2 recrues, dont l’unique sélection de 45 minutes en A pour Ali Nadjim).

Le maintien pour seul horizon ?

À l’orée de leurs débuts en D1 il y a 3 ans, je concluais ainsi ma présentation de l’équipe sur mon blog « Olympiennes et Marseillaises » : « L’OM pourrait viser bien mieux que l’objectif initial du simple maintien, et pourquoi pas une place entre la 5e et la 7e ? L’équipe en a les moyens… » Je ne m’étais pas trompé de beaucoup, puisque l’OM fit un peu mieux, terminant 4e…
Aujourd’hui, je serais bien en mal d’un tel optimisme ! À la vue des politiques de recrutement de la plupart des formations de D1 et des vraies ambitions affichées par certaines d’entre elles – de Bordeaux à Fleury – en passant par Dijon ou Soyaux, l’inquiétude ne peut qu’être présente, et je crains que cet OM ne soit destiné à jouer le maintien, et seulement le maintien, au coude à coude avec l’autre promu, Reims, mais aussi Metz et Guingamp. Les deux derniers classés, on le sait, descendront.

La direction du club – et cette remarque vaut aussi bien sûr pour la section masculine – semble totalement déconnectée de la réalité. Quand on s’appelle Olympique de Marseille, on possède une obligation de jouer dans la cour des grands, les premiers rôles. Christophe Parra a toujours insisté sur son intérêt pour le modèle proposé pendant des années par Juvisy, club 100% féminin, amateur et appuyé sur sa formation de joueuses. Mais aujourd’hui, Juvisy est devenu le Paris FC et embauche des joueuses étrangères. Car le modèle « Juvisy », aussi brillant fût-il – et il le fût –a vécu, dans un contexte de plus en plus professionnalisé.
Selon les propos de Christophe Parra, pour qui l’objectif est le maintien – saluons ici son réalisme, loin des rêves de certaines de ses joueuses affirmant sans rire qu’il sera de « faire au moins aussi bien, voire mieux que la première année en D1 (4e) » –, celui-ci doit être obtenu « en concentrant nos efforts sur la formation puisque c’est le souhait et la politique du club ». Du club. Est-ce à dire des dirigeants, et que son souhait à lui serait quelque peu différent ? Ou les dirigeants le souhaitent-ils, à la demande de l’entraîneur ? Dans tous les cas, l’OM joue petit bras, à l’inverse de tout ce qui avait été annoncé et mis en pratique entre 2011, date de la recréation de l’équipe en District, et l’été 2017 lorsque l’équipe fut sabotée de l’intérieur après sa belle 4e place pour ses débuts dans l’élite.

Je ne doute pas que les filles donneront tout à chaque match pour s’éviter un coup d’ascenseur qui serait plus que mal vécu. Peut-être nous réservent-elles une belle surprise ? Mais le football féminin n’en est guère friand et, lorsqu’il s’en produit, elles ont plutôt mauvais goût. La dernière fut offerte par… l’OM, avec son incompréhensible relégation il y a deux ans…

Les 5 dernières saisons en championnat :

– 2014-2015 : 2e (D2)
– 2015-2016 : 1er (D2, groupe B) -> champion de France D2, promu en D1
– 2016-2017 : 4e (D1)
– 2017-2018 : 12e (D1) -> relégué en D2
2018-2019 : 1er (D2, groupe B) -> promu en D1

Départs (en gras, les joueuses avec un minimum de 7 matchs la saison dernière): 5

Manon Carlier (Tarascon)
Charlotte Lozé (arrêt de carrière)
Stella Petrel  (Nancy, D2)
Geneviève Richard (Canada)
Amandine Soulard (Servette de Genève, Suisse)

 Arrivées : 5

Nadjma Ali Nadjim (Fleury)
Candice Gherbi (Saint-Etienne, D2)
Blandine Joly (Fleury)
Agathe Maetz (Dijon)
Sarah Palacin (Fleury)

Equipe type possible

Joly  – Maetz (Antoine), Pizzala, Blanc, Coudon – Sumo, Coton-Pélagie, Gherbi – Ali Nadjim (Caputo), Salomon, Palacin (Cardia).

Matchs de préparation :

Vs MHSC (1-0), Orléans (D2, 2-1), Barcelone (Espagne, 0-5), Nice (D2, 4-1).

Objectif présumé : maintien
Prono de MassaliaLive : entre 9e et 12e place. Relégation possible.

Recrue principale : Sarah Palacin

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A propos de Philippe Serve


Supporter de l'OM depuis sa finale victorieuse en Coupe de France en 1969. Tombé amoureux du foot féminin, un peu d'abord en 2007 et 2008, définitivement en 2011. Ai suivi pendant 4 ans au plus près l'OM féminin via mon site Olympiennes et Marseillaises. Assume complètement d'être supporter à la fois de l'OM ET de l'OGCN, club de ma ville natale ! Informe au quotidien sur tout le foot féminin, mais aussi sur l'actualité la plus diverse via mon compte perso Twitter @Olympiennes
Article lu 4802 fois, écrit le par Philippe Serve Cet article a été posté dans Dossier, Féminines et taggé , , , . Sauvegarder le lien.

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