Bilan du mercato : une équipe « mal en pointe »

Le marché des transferts ferme à peine ses portes que les premiers grincements de dents se font déjà entendre… Ce n’est pas la réactivité du club qui est mise en cause, mais bien la cohérence des mouvements enregistrés durant l’été.

 

Les compétences de l’Olympique de Marseille et matière de recrutement ont dépassé les frontières de l’Hexagone depuis des lustres. De nos jours, même les agents boliviens, lapons ou bosniaques connaissent l’OM… la rançon de la gloire sans doute !

Marseille, du pain béni pour les agents.

Le premier cycle du diplôme d’agent FIFA comporte même une épreuve éliminatoire intitulée : « Comment placer un joueur à l’Olympique de Marseille ? ». Elle jouit d’un taux de réussite de 100% depuis vingt  ans.

Les amateurs de sensations fortes ont dû avoir les méninges en ébullition en observant l’activité olympienne sur le front du mercato : pratiquement deux joueurs recrutés chaque jour sur le dernier week-end pour une quinzaine d’arrivées au total, le tout pour moins de vingt-cinq millions d’euros ! Ajoutez à cela, environ cinquante-cinq millions provenant des ventes et vous obtenez le mercato parfait.

Parfait ? Pas tout à fait !

Cette année à Marseille, le bonheur est dans le prêt (avec ou sans option d’achat). Cinq éléments sont donc « en transit » à l’OM : Isla, De Ceglie, Silva, Manquillo, Cabella. Ce choix peut sembler judicieux de prime abord, car ces joueurs sont globalement bons, mais dans cette perspective, seul l’ancien montpelliérain sera automatiquement acheté à la fin de la saison.

Quid du projet Dortmund ? On nous aurait menti ?

En outre, hormis Lassana Diarra qui est une valeur sûre, tous les autres joueurs recrutés sont, soit des paris sur l’avenir, soit des blagues Carambar (qui a dit Rolando ?)

Rolambar FINAL (+logo)

Pour couronner le tout, la ligne d’attaque olympienne ainsi que son distributeur de caviars se sont envolés vers d’autres latitudes. Ces trois éléments mis bout à bout prouvent que le projet Dortmund est retourné d’où il était sorti : du néant !

Il n’est nullement question de critiquer de façon acerbe les joueurs qui composent notre effectif (les supporters et le temps s’en chargeront), mais plutôt de s’interroger sur deux éléments essentiels : l’équilibre de l’équipe et la cohérence du recrutement.

Deux équipes, des postes doublés et des interrogations

Voici le onze qui semble se dégager dans l’esprit du coach en ce début de saison, avec une place à prendre au milieu en remplacement de Lemina (parti vers la Juve).


Mandanda

Mandanda

Mendy

Mendy

Rekik

Rekik

NKoulou

NKoulou

Manquillo

Manquillo

Diarra

Diarra

?

?

Cabella

Cabella

Barrada

Barrada

Alessandrini

Alessandrini

Batshuayi

Batshuayi

 

Comment ne pas se poser de questions quand on voit que notre équipe type est constituée en majorité de recrues et de remplaçants de la saison dernière. Seuls Mandanda, Mendy et N’koulou ont survécu à la saignée estivale ! Sans mettre en doute la capacité des nouveaux venus, créer une cohésion et des automatismes exige du temps ! Mais du temps, l’OM n’en a plus. Sachant qu’en football, l’animation offensive et l’efficacité sont les secteurs les plus difficiles à maîtriser, il y a un énorme chantier en perspective. Quant au milieu de terrain, la seule vraie question est de savoir qui d’Isla ou de Silva accompagnera Diarra… Pourquoi ? Parce qu’il est au-dessus de nos forces d’ envisager que Romao puisse être titulaire.

Voici maintenant l’équipe des remplaçants présumés, composée en majorité de recrues


Pelé

Pelé

De Ceglie

De Ceglie

Rolando

Rolando

Sparragna

Sparragna

Djadjeje

Djadjeje

Lucas Silva

Lucas Silva

Isla

Isla

Nkoudou

Nkoudou

Diaby

Diaby

Sarr
23

Sarr

Ocampos

Ocampos

 

Mettons Diaby à part, car seul Nostradamus sait s’il refoulera un jour une pelouse de Ligue 1 ou d’ailleurs.

Ce qui saute immédiatement aux yeux, c’est qu’à part Pelé, Djadjédjé ou Rolando, aucun autre joueur n’est spécialiste de son poste ! La direction n’ a recruté que des joueurs dit « polyvalents ». C’est bien simple, il faut être ingénieur en aéronautique pour s’y retrouver : des latéraux qui peuvent jouer au centre (comme De Ceglie), des milieux défensifs qui sont offensifs de formation (Silva), une pointe possédant toutes les caractéristiques d’un ailier (Ocampos), la palme revenant à Isla qui a débuté sa carrière avant-centre, avant de jouer milieu droit puis latéral droit. Sachant que Michel l’utilisera probablement en sentinelle au milieu, c’est rassurant…

En définitive, sur un effectif d’environ vingt-trois joueurs professionnels qui auront du temps de jeu , nous avons donc  (en tenant compte de la polyvalence présumée de certains) :

deux gardiens, cinq défenseurs centraux,  deux arrières gauche, trois arrières droit, quatre milieux défensifs, six milieux offensifs et… un seul avant-centre de métier.

C’est mathématique, nous sommes cuits !

L’équation, bien que réductrice, semble pourtant d’une logique implacable : si les remplaçants de l’an dernier deviennent titulaires et que les recrues arrivent pour étoffer le banc de touche, il est évident que l’équipe s’est affaiblie.  Ce qui semble encore plus ennuyeux, c’est que les départs de l’an dernier n’aient été compensés que d’un point de vue quantitatif, car la direction olympienne veut instaurer « de la concurrence à chaque poste ». Il est vrai que Michy peut s’inquiéter pour sa place de titulaire, Boutoba et Porsan-Clemente étant deux phénomènes mondialement reconnus…

Quant à Isla, en concurrence avec lui même pour trois postes, il risque de décompenser par le biais d’une « schizophrénie paranoïde ».

M. Labrune l’affirme, la décision de ne pas recruter d’avant-centre supplémentaire résulte d’un consensus entre toutes les composantes de la direction olympienne et c’est bien là le plus inquiétant.

Différence entre haut niveau et « classe mondiale »

« La Ligue des Champions c’est là-haut, regarde ! »

Revenons quelques semaines en arrière afin d’analyser la situation actuelle. À défaut d’être à la pointe de la recherche, l’OM est à la recherche de la pointe idéale pour suppléer le seul Batshuayi.

C’est un président aux abois qui s’est décidé à passer une annonce sur Le bon coin pour trouver la perle rare.

« Urgent, dirigeant d’un club de football au bord de la rupture recherche : avant-centre de formation, expérience et références exigées.

Qualités requises pour le poste :

– technique en mouvement impeccable
– maîtrise du contrôle orienté exigée
– qualité des enchaînements contrôles/frappes

– Puissance physique nécessaire pour jouer dos au but, résister aux impacts des défenseurs centraux et être présent dans les duels
– Expertise souhaitée dans la conservation du ballon afin de pouvoir faire remonter le bloc équipe
– Maîtrise des appels de balle indispensable (appel/contre appel, profondeur, latéralité)
– Enfin, du sang froid devant le but et ce grain de folie qui permet de faire gagner son équipe dans les grands rendez-vous. 
»

Une société du nom de Gestifute a entendu le cri du coeur de notre président. Leur meilleur commercial, un certain J.Mendès, lui a même répondu par mail :  « @voilà votre colis est prêt, ce sera  90 millions et on vous offre la livraison .»

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Abasourdie et surtout incapable de débourser une telle somme, la direction s’est donc rabattue sur les second couteaux du marché. Ben yedder (que le président de toulouse doit confondre avec Agüero vu le prix demandé !), Marcus Berg, obscur avant-centre du championnat grec au patronyme d’acteur de X ainsi qu’Eduardo Vargas – amant de Marcelo Bielsa – tous ont été sondés. Au bout compte, le Président/directeur sportif a jugé que le recrutement d’une alternative crédible à Michy pouvait attendre le mercato d’hiver… Après tout, il n’y aura qu’une trentaine de match à jouer d’ici janvier, et Mandanda a évolué en numéro 9 à l’entraînement, il pourra dépanner !

Cette décision suscite autant d’interrogations qu’elle alimente de débats et, comme toujours, lorsque le clivage s’installe, partisans et détracteurs de l’OM montrent les crocs. En tout cas ,dans l’organigramme marseillais (comme dans la tête de Thauvin), on s’aperçoit qu’il manque toujours une case. Soit il n’y a pas d’entraîneur, soit c’est le directeur sportif qui manque à l’appel. Parfois on n’a pas de stade, souvent on n’a pas de jeu… cette année on n’a pas de remplaçant à Michy !

Cinq raisons d’attendre janvier avant de recruter une doublure (10% de crédibilité)

« Nous aurons une équipe compétitive cette saison, le président l’a promis. »

• L’impatience est mauvaise conseillère. On sait par expérience que prendre un joueur à la hâte dans les dernières heures du mercato conduit souvent à la catastrophe. Les exemples Mendoza, Sougou et autres Khalifa sont là pour nous le rappeler : un attaquant, ça s’observe longuement avant de dépenser des fortunes.

• La polyvalence d’Ocampos et d’Isla peut être un véritable atout, surtout dans les matchs de coupe où il faudra faire souffler Michy.

• On reproche toujours à l’OM le manque de confiance aux jeunes du centre de formation. Boutoba et Porsan-Clemente pourraient grappiller du temps de jeu.

• Le schéma tactique de Michel peut évoluer. Ainsi on peut aisément imaginer un 4-3-3 où Cabella-Ocampos-Alessandrini permuteraient sans cesse pour se partager le rôle de buteur. Avec une animation offensive coordonnée et intelligente, ça pourrait marcher… ponctuellement.

• Si nos prédictions s’avèrent exactes, l’OM sera éliminé de toutes les coupes avant décembre. Avec dix-neuf matchs de ligue 1 à disputer en 2016, inutile de dépenser de l’argent…

 

Cinq raisons de craindre le pire (90% de crédibilité)

Un bon recrutement ?

• «Abondance de bien ne nuit pas.» Comme chacun sait, tout  grand club européen possède au moins trois alternatives au poste d’avant centre,  qui sont souvent de valeur égale malgré un profil différent, histoire de s’adapter à la configuration du match et débloquer une situation. L’intelligence tactique c’est ça ! Il est tout de même curieux que Michel n’ait pas encore fait de conférence de presse pour se plaindre. À moins qu’il ne possède pas non plus cette fameuse « intelligence », celle qui distingue Mourinho ou Guardiola de René Girard.

• Le taux d’infarctus du myocarde risque d’atteindre des hauteurs vertigineuses les soirs de match. Partant du principe que le buteur d’une équipe est peut être le joueur qui reçoit le plus de coups durant une rencontre, à chaque contact sur Michy nous allons trembler. Que se passera-t-il en cas de blessure ? On ne parle pas ici d’une entorse, mais par exemple d’une rupture des ligaments croisés. Une catastrophe qui pourrait compromettre toute sa saison et obliger le club à recruter… deux pointes ! Et en janvier en plus ? Nous leur souhaitons bien du courage. Sans oublier les résultats qui s’en ressentiraient, car on ne va pas se mentir, sans Batshuayi pour « scorer » il y a de fortes chances de se retrouver dix-huitième à la trêve.Diarra ne mettra pas des lucarnes à tous les matchs, Ocampos non plus d’ailleurs.

• Le football n’étant pas une science exacte, il existe une multitude d’autres obstacles à surmonter. Qu’arrivera-t-il si Michy prend trois ou quatre matchs de suspension sur un geste d’humeur ou pire, en cas de méforme ou d’inefficacité devant le but ? En fin communiquant – manipulateur – Vincent Labrune sous-entend qu’il veut aussi responsabiliser  son joueur et lui témoigner toute sa confiance. Avec une trentaine de matchs d’ici décembre, le pauvre Batshuayi risque d’être carbonisé avant l’heure et cloué au pilori dans la plus pure tradition marseillaise.

• Même le grand Barça en a fait l’amère expérience. En jouant avec six milieux, sans véritable « pointe », les Catalans ont perdu l’ascendant qu’ils avaient sur leurs rivaux tant espagnols qu’européens. Englués dans une possession de balle stérile, sans spécialiste du poste, leur jeu s’est délité comme les résultats. Ce n’est qu’en récupérant un vrai « 9 » la saison dernière, en la personne de Suarez, que leur animation offensive a retrouvé toute sa fluidité, avec à la clef, quatre titres majeurs.

De fait, l’alternative Ocampos ne semble pas viable, même à moyen terme. Ce joueur est un milieu offensif/ailier, que les pseudo-spécialistes arrêtent de nous le vendre comme un véritable avant-centre !

• Que faut il de plus, un tsunami ? Le bilan de l’OM en ce début de saison est catastrophique : trois défaites en quatre matchs, une pléthore d’occasions vendangées, une quinzième place et un contenu souvent indigent. Par ailleurs, le 6-0 contre Troyes est plus dû à l’inexistence de l’opposition qu’au talent de notre équipe. La direction a fait le choix d’empiler les défenseurs et les milieux, il faudra l’assumer le moment venu.

Faites vos jeux, rien ne va plus !

« Ouais, nous aussi on a les jetons… »

Soyons honnêtes, seul Diarra semble être une recrue d’envergure tandis que le retour du grand Diaby relève plutôt du fantasme voire de l’utopie.  Ce mercato donne une impression de « All-in » annonciateur d’un coup de bluff, comme si on s’en remettait au destin plutôt qu’au bon sens. Au risque d’en décevoir certains, le nombre élevé de recrues montre surtout l’incapacité olympienne – et de la L1 en général – d’attirer des joueurs confirmés. Trois footballeurs moyens ne vaudront jamais un grand joueur et le fait d’avoir perdu six titulaires est en train de se payer comptant.

Donc à la question : « L’OM a-t-il réalisé un bon mercato ? » Nous vous laissons seuls juges bien que certains aient une opinion assez arrêtée à ce propos. Au moins on vous aura prévenus !

« Le recrutement de l’OM ? »

 Allez l’OM.

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A propos de fayçaldinho


Manchot- analphabète - susceptible. Le spécialiste de l'aigreur et de la mauvaise foi. Supporter de l'OM de 1986 à 1999 et depuis je subissais, jusqu'à ce que JHE m'achève, puis soit éjecté du poste de président.
Article lu 3813 fois, écrit le par fayçaldinho Cet article a été posté dans Edito et taggé , . Sauvegarder le lien.

6 Réponses pour Bilan du mercato : une équipe « mal en pointe »

  1. avatar De selfmade footix le 9 septembre 2015 à 8h57

    Ma tranche de rire du p’tit déj’. Excellent ! Merci fayç.

  2. Bravo Fayçaldinho

  3. Merci -pour tout-boss 😉

  4. Du beau travail, comme d’hab’.