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par **Lorenzin'** » 04 Aoû 2023, 23:11

Tocard. Il va nous assassiner la saison avant qu'elle ne commence.

par **Dragan** » 04 Oct 2023, 16:28

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«Il a pris un risque et il le savait» : Rudi Garcia marche (déjà) sur des braises à Naples

DÉCRYPTAGE – Avant de recevoir le Real Madrid mardi en Ligue des champions, l’entraîneur français de Naples, Rudi Garcia, a goûté au contexte sulfureux de Naples, champion d’Italie en titre.

La transpiration qui humidifiait sa chemise blanche n'était à incomber qu'à la chaleur, samedi dans les Pouilles, où Naples a corrigé Lecce (0-4) sous un soleil brûlant. Il y a encore une semaine, c’était la pression qui donnait de quoi suer à grosses gouttes. Le périple de Rudi Garcia, nommé entraîneur du champion d'Italie cet été, aurait pu tourner court après un nul frustrant à Bologne ( 0-0 le 24 septembre ), marqué par la sortie d'un Victor Osimhen furibond à l'égard du Français . La presse transalpine soufflait que Garcia avait quatre matches pour sauver sa tête. Il a gagné les deux premiers avec la manière ( 4-1 contre l'Udinese , 0-4 contre Lecce). Mais à l'heure de recevoir le Real Madrid au stade Diego Maradona mardi (21h) en Ligue des champions, Garcia marche encore sur des œufs.

«Garcia a pris un risque» en disant oui à Naples «et il le savait», plante Guillaume Maillard-Pacini, journaliste et spécialiste du football italien pour Eurosport. En juin dernier, le Français, 59 ans, a été choisi par un club sacré champion pour la première fois depuis 1990 et l'ère Maradona. Étonnant pour ceux qui s'en tiennent à son pénible passage à Lyon (2019-21) et sa discrète pige à Al-Nassr, en Arabie saoudite (2022-23). «Pas une énorme surprise» en Italie où «sa cote est restée plutôt bonne», souligne Guillaume Maillard-Pacini qui avait «les deux sons de cloche entre l'Italie et la France».

Naples «s’arrête de tourner le temps d’un match»

Car l'apogée de Garcia, après son titre de champion de France avec Lille en 2011, c'est d'avoir redressé l'AS Rome, entre 2013 et 2016. Bosseur, expert en entretien d'embauche, Garcia est un adepte du 4-3-3, dans la lignée de celui à qui il a succédé, Luciano Spalletti. Un argument de poids pour la continuité que souhaitait Aurelio De Laurentiis, président napolitain aussi volcanique que le Vésuve. L'opportunité, difficile à refuser, n'en était donc pas moins risquée pour Garcia, car si Spalletti a rendu son tablier , c'est parce qu'il était «fatigué» de son propre aveu, «conscient qu'il ne pouvait pas faire plus», ajoute Guillaume Maillard-Pacini.

Résultats, qualité de jeu, valeurs humaines : Spalletti a coché toutes les cases, fait rare dans «une ville qui s'arrête de tourner le temps d'un match», se souvient Anthony Réveillère, ancien défenseur passé par Naples le temps d'une saison (2013-14). Cité pauvre du sud de l'Italie, bordée par la Méditerranée, fagotée de bâtiments usés par le temps et le sel de la mer, elle est souvent comparée à Marseille, pour des raisons autant sociologiques et géographiques que sportives. Rudi Garcia a tenu trois ans à l'OM (2016-19). À Naples, il redécouvre une ville où la passion est parfois «excessive», sourit Réveillère. L'ex-international français (20 sélections) se souvient d'un repas anodin au restaurant avec deux coéquipiers, dont ils sont sortis «escortés sur 5 à 10 mètres par la police pour rejoindre le taxi, un peu comme des rockstars».

L’un des rares entraîneurs français au plus haut niveau

Si Réveillère n'a vu «que les bons côtés» là-bas, Garcia a goûté aux mauvais. La Gazzetta dello Sport lui a reproché d'avoir «normalisé Naples» après le nul à Bologne, qui suivaient une défaite face à la Lazio Rome (1-2) et un accroc au Genoa (2-2). Osimhen, attaquant entré dans le cœur des supporters, lui a fait comprendre, en vociférant, qu'il fallait finir le match contre Bologne avec deux avant-centres et non un seul. Il s'est excusé le lendemain auprès des joueurs et du coach, resté imperturbable malgré la tempête. Les deux victoires qui ont suivi, auréolées de 8 buts (dont deux d’Osimhen), ont balayé les critiques. Une vieille rengaine chez Garcia.

Son nom fait encore grincer des dents à Lyon ou Marseille, mais force est de constater que, sous sa houlette, l'OM a vibré jusqu'en finale de Ligue Europa, en 2018. Avec lui, l'OL a atteint une inespérée demi-finale de Ligue des champions , en pleine pandémie de Covid en 2020. Garcia, natif de Seine-et-Marne aux origines andalouses, est avec Franck Haise (Lens) le seul entraîneur français à jouer la Ligue des champions. Il est l'un des rares à s'être exporté avec brio sur les quinze dernières années.

Un début de saison à relativiser

Surtout, les lacunes du début de saison napolitain, sans être ignorées, sont à nuancer. «L'année dernière, Naples a touché un niveau d'excellence. C'était l'un des plus beaux champions d'Italie de la dernière décennie», relève Guillaume Maillard-Pacini, soulignant que «n'importe quel entraîneur aurait eu des difficultés» pour reprendre un tel flambeau. Malgré les tourments, Naples est 3e de Serie A après sept journées. Les Partonopei se sont imposés à Braga (1-2) pour leur entrée en lice en C1. Un limogeage ? «De ce que j'ai compris et de sources napolitaines, ce n'est pas la volonté de De Laurentiis, souffle notre confrère. Rudi Garcia c'est son choix. Ce serait aller contre ce qu'il a voulu il y a quelques mois. Il n'y a pas de frictions.»

Sauf effondrement face au Real Madrid, l'un des favoris en Ligue des champions, puis face à la Fiorentina en championnat dimanche (20h45), Rudi Garcia passera une trêve internationale sereine. Les supporters «ne sont pas invasifs, ils sont quand même assez respectueux», souligne Réveillère, qui a «fait 8 mois» à Naples mais avait «l'impression d'avoir fait 8 ans». Il en faudra un peu plus à la lessiveuse napolitaine pour essorer Garcia.

Le Figaro