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UN HOMME DANS LE MATCH; Vitinha, c'est pas encore ça; Sorti dès la mi-temps, le Portugais a livré une prestation guère convaincante, enfilant les maladresses comme des perles
Que retenir de la (courte) soirée de Vitor Manuel Carvalho de Oliveira, dit Vitinha ? Son culot adolescent ou sa fâcheuse tendance à paraître gauche ? Le verre à moitié plein, ou le verre à moitié vide ? Igor Tudor, son chef d'orchestre, a semblé pencher pour la seconde proposition, en lui indiquant le chemin des douches dès la mi-temps, sans doute lassé par son absolu manque d'influence à la pointe de son attaque. Et aussi, soyons honnêtes, pour tenter de dynamiser et (ré)organiser un collectif brinquebalant. Le natif de Cabeceiras de Basto (23 ans) faisant logiquement les frais de l'apathie ambiante.
De retour dans le onze de départ depuis le 30 avril et la réception d'Auxerre (2-1), l'ancien joueur de Braga a livré, quarante-cinq minutes durant, une prestation à l'image de celle fournie face aux Bourguignons. Avec forcément moins de consistance, compte tenu de sa maigre fenêtre d'expression. En résumé, un mélange d'audace et d'opportunisme pour tenter sa chance dans à peu près n'importe quelle position, et une grosse pincée de maladresse pour gâcher le tout. Hier soir, l'international espoir a allumé la mèche à trois reprises. La plus convaincante, et spontanée, a fui le cadre de quelques centimètres. Un coup de canon décroisé et un brin dévissé du pied droit. À l'image du premier de ses deux buts inscrits sous les couleurs marseillaises, face à Troyes (3-1). La recrue la plus chère de l'OM (32 M€ bonus compris) était, par ailleurs, trop courte pour placer une astucieuse talonnade (16), et a (enfin) fait parler sa finesse au plus mauvais moment... en poussant timidement le cuir dans les bras de Marco Bizot depuis l'entrée de la surface (36).
Celui que ses partenaires présentent régulièrement en conférence de presse comme un "attaquant de surface", peine encore à en devenir le renard. En attendant qu'il trouve rythme de croisière et confiance en Provence, les fidèles de l'église olympienne espéraient peut-être que leur numéro 9 se démarque dans le jeu, là où ses pieds sont sensés moins trembler. Encore raté. Pour l'instant. Incapable d'exister dos au but quand le tandem Chardonnet-Brassier lui soufflait sur la nuque, Vitinha a passé plus de temps à se rouler sur la pelouse qu'à combiner avec les siens. Là aussi, l'addition est salée. Sur ses 16 ballons touchés, le Lusitanien, libéré du marquage, n'a pu le transmettre qu'à cinq reprises pour un bilan famélique (60 % de réussite). Le pourcentage aurait pu davantage chuter si sa déviation, aussi hasardeuse que ses conduites (11, 36), n'était pas tombée dans les souliers de l'inattendu Ünder (7), le long de la ligne de touche, ou si Alexis Sanchez n'avait pas réuni tout son talent pour contrôler l'ogive expédiée à bout portant (28).
Une nuit à oublier pour le jeune avant-centre qui poursuit son difficile apprentissage sur l'une des terres les plus instables du Vieux-Continent. "Pour être sincère, je savais que c'était un championnat physique mais je ne m'imaginais pas que c'était aussi physique que je le vois maintenant. Je travaille tous les jours pour être à la hauteur du niveau des autres, j'ai d'ailleurs pris du muscle depuis mon arrivée. Je savais que c'était fort mais pas aussi fort que ça : c'est quelque chose qui m'a surpris", a-t-il d'ailleurs avoué cette semaine dans les colonnes du Dauphiné Libéré, quand il promettait quelques jours plus tôt, aux journalistes de Record, "une meilleure version de (lui)-même dès la saison prochaine". La patience est donc de mise. Mais, à l'approche du baisser de rideau, Vitinha, ce n'est pas encore ça.
La Provence