par Dragan » 11 Nov 2025, 10:45
Information
« BALLAD OF A SMALL PLAYER » : COLIN FARRELL DANS L'ENFER DU JEU
DANS CE FILM NETFLIX, LE RÉALISATEUR DE « CONCLAVE » EXPLORE LA DESCENTE AUX ENFERS ET LA RÉDEMPTION D'UN JOUEUR COMPULSIF À MACAO. ÉTOURDISSANT.
Après les tranchées de la Première Guerre mondiale ( À L'Ouest, rien de nouveau ) et les couloirs et conciliabules du Vatican ( Conclave ) , le réalisateur allemand Edward Berger met le cap sur les casinos de Macao. Dans le film Ballad of a Small Player , à voir sur Netflix, le cinéaste dresse le portrait d'un joueur prêt à tout pour trouver fortune et gloire au baccara et offre à l'intense Colin Farrell ( Les Banshees d'Inisherin ) un rôle halluciné dont l'acteur irlandais fait son miel. Se faisant passer pour un aristocrate anglais, son Lord Doyle est en réalité un petit escroc de Dublin. Gestionnaire de fortune, il a volé ses clients âgés et mis en scène sa propre mort pour flamber sur les tables de jeu, sous une nouvelle identité.
Mais la chance n'est plus avec lui. Il enchaîne les défaites face à une grand-mère aux injures créatives. L'hôtel qui l'hébergeait le somme de payer sa note monstrueuse. Enfin, une détective privée excentrique (Tilda Swinton) est à ses trousses. Ce qui lui reste d'argent ? Une petite liasse de billets qu'il cache dans sa chaussette. Il faudrait un miracle pour redresser la barre. La providence a le visage de Dao-Ming (Fala Chen). Cette femme fatale, qui accorde à des taux exorbitants des prêts clandestins aux désespérés, le prend en pitié. En acceptant son aide, Lord Doyle noue-t-il un pacte avec le diable ou bifurque-t-il sur le chemin de la rédemption ?
Tiré du roman de Lawrence Osborne La Ballade d'un petit joueur de cartes , ce long-métrage, qui a fait la tournée des festivals - de Telluride à Saint-Sébastien -, démontre une nouvelle fois l'efficacité et les limites d'Edward Berger. Le réalisateur de 55 ans instaure un rythme trépidant et une atmosphère poisseuse éreintante. Entre les néons aveuglants, les costumes pétants du héros et la décoration kitsch des lieux de perdition, le spectateur est enseveli sous un déluge de stimuli visuels et sonores. Éblouissement et étourdissement garantis à parts égales. Edward Berger compose la descente aux enfers de Doyle comme un opéra pop. Il cultive une palette à la Wong Kar-wai ( In the Mood for Love ) et immerge sa caméra sous l'eau, la jette en l'air ou la retourne à l'envers. Tout est frénétique.
Cauchemar éveillé
Et que dire de Colin Farrell ? La sueur dégouline des pores de l'acteur vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Son Lord Doyle s'enfile des repas gargantuesques : homard, caviar et gâteau au chocolat et à la crème. De l'adrénaline de la victoire et de la déchéance à la gloutonnerie, il n'y a qu'un pas. Seul répit dans ce cauchemar éveillé, où la frontière entre réalité et songe s'estompe peu à peu : une halte par une maison de pêcheur sur pilotis où prend racine un début timide de rédemption.
Malheureusement, cette fièvre contamine aussi la structure du récit, qui ne choisit pas vraiment entre comédie noire, thriller psychologique et surnaturel avec son troublant détour par une histoire de fantôme. La poésie d'une confession au clair de lune côtoie une scène de danse improbable façon delirium tremens. Tout ce chaos n'empêche pas Colin Farrell de livrer, sous les traits du moustachu Lord Doyle, lucide face à ses démons et à ses nombreuses addictions, une performance possédée et touchante. C.J.
Le Figaro
Rulli/Emerson,Medina,Balerdi,Ordonez/Rabiot,Hojbjerg/Paixao,Ceballos,Greenwood/Aubameyang
De Lange/Garcia,Cornelius,Egan-Riley,Murillo,/Kondogbia,Angel Gomes/Weah, Traoré,Zhegrova/Gouiri
Ventes : Ounahi, Harit, Blanco, Maupay, Lirola