par Rob77 » 05 Oct 2010, 19:55
Le rap a été institutionnalisé.
Autrefois parole donnée à ceux qui jusque là n'avait pas les moyens de raconter leurs souffrances, le rap est devenu progressivement un outil au service de la société qu'il combattait initialement.
En mettant les jeunes rappeurs devant un choix décisif, à savoir faire de la thune et vendre de la merde, ou ne pas en faire mais rapporter un message, la société via les maisons de productions, les relais de distribution et surtout, le système de consommation, a enfermé des rappeurs comme booba ou rohff dans l'image du gangsta rappeur qui collectionne les femmes, les bagnoles de sport, les armes, et les condamnations.
Aujourd'hui, pour passer sur des radios de grande écoute, et avoir ainsi une chance de vivre de son art, le rappeur doit conformer son message aux attentes de la société.
Le pire dans tout ça, c'est que la société est parvenue à renverser l'utilité mais aussi et surtout la finalité du rap. D'un art vu comme subversif dès l'origine, on est passé désormais à une vulgaire parodis de la réalité du jeune de banlieue, qui malheureusement, se transforme progressivement en réalité, dans l'inconscient collectif mais aussi dans les faits.
Ces jeunes qui adorent booba, rohff et consorts, sont désormais victimes de leurs héros (eux même victimes moralement de la société) car ils renvoient une image d'eux proche de celle véhiculée par les rappeurs gangstas dans leur clip.
Nombreux aujourd'hui sont ceux qui imaginent le jeune de banlieu comme un macho violent et matérialiste, et malheureusement, cette image a tendance à trouver un relais de plus en plus effectif via les informations et les "faits divers" qu'ils relatent mais aussi dans la réalité.
Le rap plus qu'il n'a servi ceux qui souffraient et s'en servaient comme moyen d'expression, comme preuve de leur existance au sein de la société, les a maintenu dans une souffrance plus accrue, en leur imposant avec de plus en plus d'efficacité l'image que la société souhaitait leur renvoyer.
Pour toutes ces raisons, je chie sur tout ces cons de rappeurs gangstas qui se prostituent au service de la société et au détriment des leurs.
Le nom de booba, celui de rohff, et ceux de biens d'autres n'évoqueront que mépris et dégoût à mon esprit dès lors qu'ils seront évoqués.
Aux jeunes aussi de sortir de cette image, en stoppant leur adoration pour des gars bidons au profit des vrais rappeurs, les méconnus, ceux qui rappent leur réalité, leur vie, leur souffrance et leur aspiration, car ils existent, mais eux, à l'inverse de rohff et de booba "n'ont pas enterré leurs coffres dans deux ou trois îles", puisqu'ils n'en n'ont pas.