par Rob77 » 05 Oct 2010, 22:02
Ce n'est pas une question d'underground, de merde de fonds, et de formes.
Voici un extrait d'un article du sociologue Patrick Champagne, à propos de la relation entre les médias, le traitement d'une information, et ses effets sur la réalité :
"Il reste que les médias font désormais partie intégrante de la réalité ou, si l'on préfère produisent des effets de réalité en créant une vision médiatique de la réalité qui contribue à créer la réalité qu'elle prétend décrire".
La société, via ses médias, en ne diffusant qu'un rap gangsta, faisant l'apologie de la mysoginie, de la violence, de la réussite économique, de l'homophobie etc, influe sur la réalité des faits.
En martelant sans cesse des clips où l'on voit des femmes dénudés, dans des postures dégradantes, des mecs armés, adossés à de belles bagnoles, sensés représenter la jeunesse, la société impose à cette jeunesse cette étiquette là.
Probablement fausse au départ, elle tend à devenir une réalité sur le terrain.
A propos de ma mysoginie, je vous invite à voir le documentaire sidérant diffusé mercredi dernier sur arte à propos de la violence faite aux femmes dans les cités.
Non seulement le rap gangsta a conduit une grande partie de la population à concevoir les jeunes banlieusards comme des violents, des mysogines et homophobes, mais en plus, par effet de répétition de sa diffusion, il a eu tendance par un mécanisme d'intériorisation (en gros, plus on parle de moi comme étant cela, et plus je vais me concevoir comme tel) à diffuser ces réalités là.
D'où ma haine vis à vis de mecs comme Booba ou Rohff qui desservent d'avantage ceux dont ils se voulaient au départ les héros (et qui les considèrent comme tels) qu'ils ne les aident via le message contenu dans leurs chansons. Ces mecs se sont prostitués pour gagner de l'argent.
Soit tu vends mais tu dis ce que je veux que tu dises, soit tu dis ce que tu veux, mais tu ne vendras pas.
Dans les deux cas, celui qui a un bon discours est sommé de demeurer dans l'indifférence généralisée, autrement dit, dans l'anonymat.
Edit :
Gilles Pierroux a travaillé sur ce phénomène d'institutionnalisation, ou plutôt devrais je dire d'intégration au sein de la société, des mouvements dits subversifs, par la société elle même. Il en a fait un article "Art et institution : exemple du mouvement punk ". On doit pouvoir le retrouver sur la toile, et puis il exprimera bien mieux que moi ce que j'essayais d'exprimer (puisque la plupart de mes raisonnements, sont en réalité les siens ^^).