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OM-PSG : avant le Clasico, De Tavernost clame les ambitions de Ligue 1+ et insiste sur le rôle majeur du club olympien
Directeur général de LFP Media, Nicolas De Tavernost attend avec impatience le Clasico entre l'OM et le PSG, ce dimanche au Vélodrome, histoire de confirmer le bon départ de Ligue 1+, la chaîne de la Ligue qui retransmet ce choc.
Nicolas De Tavernost est passé à l’heure marseillaise. Le patron de Ligue 1 +, le nouveau diffuseur de la Ligue 1 (avec beIN Sports), se trouvait dans les tribunes de Santiago-Bernabeu, mardi, pour assister au retour de l’OM en Ligue des champions. Il prendra place dans les travées du Vélodrome, ce dimanche, pour assister au Clasico face au PSG. Un événement d’envergure préparé avec minutie par ses équipes qui espèrent recruter de nouveaux abonnés à cette occasion, comme l’ancien dirigeant de M6 l’a confié à La Provence.
Le cap du million d’abonnés à Ligue 1 + vient d’être atteint. Comment expliquez-vous ce succès alors que vous visiez plutôt ce chiffre pour la fin de saison ?
La première remarque, c’est que la Ligue 1 est un championnat qui intéresse les Français, poussés notamment par le PSG et l’OM, qui suscitent toujours un fort engouement. Lorsqu’on demande à nos abonnés quels sont leurs clubs de cœur, l’OM et le PSG sont en tête. Beaucoup d’abonnés viennent certainement soit de la région PACA soit autour de celle-ci et sont fans de l’OM. La deuxième remarque, c’est que la politique de prix que nous avons retenue est évidemment un élément favorable dans la mesure où on a essayé de faire des abonnements différenciés avec des engagements, sans engagement, avec des offres pour les moins de 26 ans ou uniquement sur mobile. Cela a sans doute contribué à un très bon lancement.
"Entre 2 et 2,5 millions d’abonnés à l’issue de la 4e saison"
La troisième chose, que l’on appelle hyperdistribution dans notre jargon, c’est que la chaîne est accessible par beaucoup de moyens : les télécoms, comme Free, Orange, Bouygues, SFR, Amazon, DAZN, ou par notre propre plateforme Ligue 1 + qui attire une partie significative de nos abonnés. En dernier ressort, nous menons une politique éditoriale ambitieuse avec des experts, de l’immersion, des magazines que l’on essaie de bien construire, tout en ayant une proximité avec les clubs. Les fans de foot se sont approprié cette chaîne. Celle-ci appartient à la Ligue, c’est-à-dire aux clubs, et donc nous travaillons pour eux avec deux objectifs : chercher de l’argent pour les clubs et bien valoriser le championnat de France et les clubs qui y participent.
Quel objectif en termes d’abonnés vous fixez-vous désormais ?
On n’a pas changé nos ambitions pour le moment. On cherche la satisfaction de nos abonnés. On a toujours dit que, à l’issue de la quatrième saison, nous voulions entre 2 et 2,5 millions d’abonnés. C’était l’objectif indiqué aux clubs. Évidemment, tout abonné supplémentaire profitera aux clubs. Nous sommes allés plus vite, mais chaque abonné, c’est quelque chose qui va tomber dans la poche des clubs. Ils en ont besoin. Nous n’avons jamais caché qu’il allait y avoir deux années difficiles pour les droits domestiques.
"L’OM joue vraiment le jeu"
Pourquoi ?
La montée en charge financière de la chaîne et le rendu des abonnés ne permettront pas d’atteindre le même montant des contrats précédents, comme avec DAZN. Sauf que ces contrats n’ont pas été honorés. La question de savoir si DAZN ou un autre allait être mieux que Ligue 1 + ne s’est donc pas posée. À part le match de beIN Sports, nous n’avons eu aucune offre pour acheter les droits, jusqu’à présent. Seule une possibilité restait : faire cette chaîne. Les deux premières années rapporteront donc moins d’argent que si les matches avaient été vendus à l’unité. Encore fallait-il avoir des clients… On se réjouit du bon démarrage, mais il ne faut pas s’arrêter là. J’en profite pour dire que l’OM a vraiment joué le jeu.
De quelle manière ? Car Pablo Longoria répète que la narration de la Ligue 1 est très importante à ses yeux pour la promotion du championnat…
On a eu une très bonne complicité avec l’OM, aussi bien au niveau éditorial lorsque nous avons diffusé des matches comme la réception de Lorient que pour aider au recrutement d’abonnés. Le club a envoyé des posts sur ses réseaux pour inciter ses fans à s’abonner à Ligue 1 +. Puis le club facilite notre travail, sur place, lorsque nous diffusons ses matchs, les avant-matchs ou les magazines. Un très bon travail. Je pense qu’il en sera ainsi pour le Clasico, un moment très important pour nous, même s’il y a eu aussi, si j’ose dire, un Clasico du Nord avec Lens-Lille samedi soir. Un week-end riche.
"On pensait franchir le million d’abonnés ce week-end"
Que vont découvrir vos abonnés à l’occasion de ce Clasico ?
Plusieurs choses : sur le terrain, il y aura un très gros dispositif technique avec au total 27 caméras, dont des drones, une spidercam, etc. On va prendre l’antenne relativement tôt pour l’avant-match ; pendant tout le week-end, des sujets ont été préparés et sont diffusés depuis vendredi dans les différents magazines de la chaîne. Et puis, on essaie d’avoir de l’immersion avec le club, à la fois l’entraînement, l’arrivée des joueurs, les conversations avec les joueurs… Pas mal de choses sont en préparation. Ce sera une très belle retransmission, à la hauteur du spectacle. Paris nous a également mis à disposition des joueurs. Notre challenge est clair : offrir un beau spectacle et le faire vivre intensément par nos abonnés.
Diffuser ce rendez-vous incontournable ajoute-t-il une pression supplémentaire ?
Le Clasico a une odeur particulière dans la saison. C’est une occasion de recruter des abonnés supplémentaires, de les convaincre de nous rejoindre. La J5 (journée 5) est une journée très importante pour nous. Pour être très francs, nous pensions, à l’origine, que nous franchirions la barre du million à l’occasion de la J5. Nous l’avons fait à la J4.
"L’OM est un vrai facteur d’abonnement"
Pourquoi un Clasico aussi tôt dans la saison ? Pour accélérer les abonnements ?
Oui, parce qu’on a tout intérêt à ce que les abonnés viennent le plus tôt possible. Avoir quelques gros matches en début de saison est important. De ce point de vue là, vous avez vu sans doute qu’on a fait un résumé long, assez original, de 25 minutes de Lyon-OM. On l’a diffusé également sur YouTube et cela a été apprécié par le public. Notre mission est de valoriser du mieux possible le championnat et les clubs qui l’animent.
Quel est le pourcentage d’abonnés qui viennent pour suivre l’OM ?
On n’a pas encore l’origine de tous les abonnés. Nous connaissons seulement ce qu’il y a sur notre propre plateforme qui compte près d’un quart des abonnés. Nos partenaires ne nous ont pas encore fait remonter l’origine des abonnements. Ce qu’on peut dire, c’est que lorsqu’on demande à nos abonnés de quel club ils sont les plus proches, c’est évidemment Paris et l’OM qui arrivent largement en tête. C’est comme ça que l’on sait que l’OM est un vrai facteur d’abonnement.
"On aimerait un million de téléspectateurs pour le Clasico"
Quelles audiences réalisez-vous ?
Le dimanche soir, on fait à peu près 700 000 personnes depuis le début de la saison, mais ça progresse. On se fixe des objectifs simples. Pour OM-PSG, on aimerait avoir un million d’abonnés et un million de téléspectateurs.
À partir de quand et de combien d’abonnés, cela peut-il être vraiment rentable pour les clubs ? L’OM n’attend que 14 millions d’euros cette année…
Il n’y a pas de critère de rentabilité au sens propre. La chaîne possède ses droits, on sait donc combien elle coûte à fabriquer. Ce qui est important pour nous, c’est quand les droits générés par les abonnements pourront être de même nature que les droits lorsqu’ils étaient vendus à un opérateur. Ce sera plutôt en année 4, de l’ordre de 350 millions uniquement pour les revenus de la chaîne. Une montée en charge arrivera sur la quatrième année où il nous faudra au moins 2 millions d’abonnés.
"L’exclusivité de la Ligue 1 est un élément intéressant"
Quels autres leviers pourriez-vous actionner pour augmenter les revenus ?
Essentiellement les abonnements. La question est de savoir si on récupère le match de beIN pour la saison prochaine. Nous aurons une discussion à la fin de ce trimestre. L’exclusivité de la Ligue 1 est un élément intéressant ; d’un autre côté, beIN est un partenaire. Nous allons analyser la situation avant de prendre notre décision. Il y a également un levier avec des offres groupées. Par exemple, dès lundi, L’Équipe lance une offre groupée avec Ligue 1 + et tous les abonnements à L’Équipe. DAZN fait la même chose avec Ligue 1 + en ajoutant d’autres droits sportifs. C’est avec cette combinaison d’abonnés que l’on arrivera à maximiser les abonnements.
"Je souhaitais un nouveau départ entre la LFP et Canal mais…"
Avoir autant d’abonnés sans Canal+ vous rend-il encore plus fier ? Ou vous dites-vous qu’avec C +, vous pourriez avoir atteint un seuil plus élevé ?
Les choses sont assez simples, on est surtout content d’avoir réussi dans le temps imparti, qui était extrêmement court entre la décision de lancer une chaîne et la mise en place de celle-ci. Dans l’ensemble, le public a trouvé que le produit était bon et c’est cela dont nous sommes le plus fiers. Quant à la distribution, nous aurions aimé avoir un accord avec Canal : Canal n’a pas souhaité lever le procès qu’il faisait contre la Ligue, et il est évident que c’était très difficile pour la Ligue et LFP Média d’avoir un partenaire le matin, et l’après-midi, d’être au tribunal. Lorsqu’on aura purgé cette affaire, j’espère qu’on pourra s’entendre avec Canal Plus pour redistribuer la Ligue 1, ce qui est l’intérêt de tout le monde. Ça facilite la vie des abonnés aussi, puisque c’est plus simple de s’abonner par ce moyen-là. Mais on a d’autres partenaires très importants comme Amazon, Free… et tous sont très contents de nous distribuer, ce qui nous a permis de compenser cette absence d’accord.
En l’état, vos relations avec Canal sont-elles gelées ?
Canal a activé le procès qu’il fait à la Ligue pour un peu plus de 600 millions d’euros. Il y a déjà eu six procédures qui n’ont pas été gagnées par Canal. Je souhaitais qu’un nouveau départ dans les relations entre Canal + et la Ligue soit donné. Factuellement, ça n’a pas été le cas, on fait avec.
"Convaincre encore plus de Marseillais à s’abonner"
Ce serait quoi pour vous une soirée réussie ?
Beaucoup de buts, du suspense, une très grosse ambiance mais pas de débordement. J’ai eu la chance d’aller voir le match contre Madrid, au Bernabeu, où l’OM a bien joué dans l’ensemble. Malheureusement le score est ce qu’il est (2-1). On a vu une belle équipe de l’OM. Nous sommes dans la neutralité la plus complète, c’est notre devoir. Mais on n’est pas neutre pour souhaiter un beau match, histoire de convaincre encore plus de Marseillais à s’abonner, notamment pour les matches à l’extérieur où ils ne peuvent pas se déplacer, ou pour voir les matches des autres équipes. La Ligue 1 doit devenir une belle histoire.