Lo Provençau a écrit:Dans le marasme économique catastrophiste que décrit Gigi du port de Marseille, quelques points un peu positifs : le port est un des premier port mondial en atterrissage de câbles sous marins, pour internet notamment avec toutes les infrastructures et compétences que cela suppose (dans le top 10 des hubs internets mondiaux, avec une des plus forte croissance mondiale). Peut etre pas assez stratégique ceci dit.
Récemment le GPMM a mis en service les plus grands portiques de déchargement au monde.
Par ailleurs, DP world est impliqué avec la CMA CGM dans Port Synergy, qui n'est pas non plus un petit opérateur anecdotique et ils ambitionnaient de gros investissements localement, avant la crise sanitaire du moins.
D'un point de vue plus négatif, la dite crise sanitaire a sévèrement impacté le port qui régresse après des années de croissance. Parier sur la croisière, un loisir consistant à confiner des vieux au milieu de la mer, les aura bien plombé.
Quoi qu'il en soit présenter Marseille comme une ville insignifiante à l'international est très très exagéré. Je ne crois pas trop me tromper en pensant que cette image est plus répandue en France voire à Marseille même qu'à l'étranger.
Un dernier point : DP World n'aurait aucun intérêt à faire du sponsoring d'une équipe. Leur marché c'est du B2B, pas vraiment grand public.
Je rêverais que Marseille ait le poids économique et politique de Barcelone ou Milan. Mais je ne vais pas défendre que l’OM gagne une C1 quand il remporte une coupe de la ligue...
Tu confirmes mon propos sur DP Word et je te rejoins sur le mirage des croisiéristes (qui rapportent peu) comme sur la croissance récente du GPMM (en décidant de developper le trafic conteneurs pour moins vivre sur la « rente pétrolière »).
Les câbles sous-marins ce n’est pas le port. Ça place en revanche la ville sur la carte des hubs mondiaux en matière de télécommunications. C’est très bien mais ça n’a pas de gros impact économique. Sur le plan géostratégique pourquoi pas mais les centres de décision ne sont pas à Marseille...
Pour en revenir au port, les 2 points qui font la puissance d’une plateforme sont:
- L'hinterland, à savoir l’influence et la zone de chalandise d’un port. Je l’ai déjà évoqué, Marseille a un faible hinterland au regard de son glorieux passé et de son ambition légitime (ça rappelle un club...) La Belgique et la Hollande sont des petits pays mais Anvers, Rotterdam et Amsterdam approvisionnent la moitié de l’Europe continentale...
- le trafic conteneurs EVP. A savoir les « équivalents 20 pieds qu’on voit sur les bateaux, camions et trains qui font depuis les 70s la richesse des ports en comparaison des trafics vracs et pétrochimiques bien moins générateurs d’emplois et de croissance. Le GPMM a trop longtemps fait illusion grâce à la pétrochimie qui est un secteur régulièrement en crise et sans grand avenir. Heureusement un petit virage a été pris pour investir dans l’EVP qui a permis au port de ne plus trop chuter dans les classements.
Il suffit d’ailleurs d’envoyer les stats pour clore ce débat. Bien qu’il n’y ait déjà pas photo sur le classement général avec par exemple 470 000 tonnes d’échanges pour Rotterdam contre 85 000 pour Marseille, un truchement permet de masquer un peu les faiblesses. Le GPMM est souvent qualifié de 1er port FR. C’est vrai en chiffre absolu mais moins en terme d’impact économique. Le Havre est en fait le 1er port de conteneurs FR, seulement 14ème européen avec 25% du trafic d’Anvers. Marseille est 24ème en faisant à peine plus de la moitié du Havre et 10% du trafic EVP de Rotterdam
Je suis sympa d’en rester à l’Europe alors que le GPMM n’est même pas dans les 50 1er ports mondiaux ni dans les 100 du classement EVP... Le Havre est 60.
Si on veut positiver, le GPMM a au moins du potentiel vu son retard... Tu me diras « jackpot pour les émirats ! » comme les Chinois qui ont récupéré et boosté le Pirée.
Le problème c’est que les freins sont systémiques au local (faiblesse économique et politique d’une métropole divisée, syndicalisme exacerbé) et à l’État (fortes taxes, centralisme jusqu’au refus dernièrement de confier l’administration du port aux acteurs locaux, faiblesse de son investissement dans le développement du port malgré les efforts d’acteurs privés).
Avec le réchauffement climatique et l’ouverture des corridors maritimes de l’arctique, les ports nordiques ont encore de beaux jours devant eux sans jeu de mots... Sans parler des nouvelles routes de la soie que les Chinois montent pour approvisionner l’Europe par voie terrestre.
Le vrai point positif c’est la CMA-CGM, seul grand armateur FR, qui a relocalisé son siège à Marseille, est ambitieux en rachetant des concurrents (visant la 2ème place mondiale) et investit dans la construction de terminaux EVP.