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Nasser al-Khelaïfi (président du PSG) : «On ne cessera jamais d'être ambitieux»
Nasser al-Khelaïfi, le président du PSG, dans le dernier carré européen ces deux dernières saisons, assure que le club de la capitale n'entend pas s'arrêter là. Et annonce que le Qatar est présent « pour longtemps ».
Entre deux séjours à l'étranger pour ses multiples fonctions, Nasser al-Khelaïfi était à Paris ce week-end. Le président du Paris-SG a assisté au premier sacre en Championnat de France de son équipe féminine avant de fêter l'événement au Parc des Princes, samedi après-midi. « C'est incroyable, souligne-t-il. On a battu la meilleure équipe en Europe, Lyon restait sur quatorze titres d'affilée. C'est un accomplissement fantastique, y compris pour le Championnat. Ce n'était pas facile mais les filles ont fait une superbe saison, je suis très fier d'elles. »
En marge des célébrations, le dirigeant qatarien s'est confié sur la vaste actualité du club de la capitale et pas seulement, alors que QSI en est devenu propriétaire il y a tout juste dix ans. Décontracté, tantôt souriant, tantôt l'oeil noir pour afficher ses convictions, il n'a fui aucun sujet pendant près de quarante-cinq minutes. Bilan de la saison, recrutement, prolongations de Neymar et Mbappé, départ de Thomas Tuchel, rumeurs autour de Mauricio Pochettino, Super Ligue... Un tour d'horizon dense et instructif.
Les dix ans de présence de QSI, la Ligue des champions : « Maintenant, on fait partie des grands clubs »
« Après dix ans à la tête du club, les résultats obtenus ces deux dernières années en Ligue des champions vous laissent-ils penser que vous êtes sur le bon chemin ?
Depuis notre arrivée, on a toujours été très clairs sur notre ambition de remporter cette compétition. C'est très difficile et on le sait. Atteindre coup sur coup la finale et les demies, croyez-moi, ce n'est pas simple. À vrai dire, on est traversé par un double sentiment. D'un côté la déception d'avoir été si près du but, de l'autre ça donne encore plus de motivation. La Ligue des champions se joue sur des détails. Si tu apprends de tes erreurs, tu peux espérer toucher au but.
Quel regard portez-vous sur ces dix ans ?
Franchement, je suis très fier du chemin parcouru. La marque PSG est reconnue dans le monde entier, nos produits sont distribués partout et sportivement, on y est presque. Au début, les gens doutaient de notre projet. Je n'ai pas envie de paraître arrogant mais maintenant, on fait partie des grands clubs. Je le vois quand on se déplace, on est respectés, beaucoup plus de joueurs ont envie de venir. C'est très différent des premières années.
Vous auriez gagné la C1 trois ans après votre arrivée, tout le monde aurait dit "Normal, ils ont mis beaucoup d'argent, etc." Là, les échecs, les déceptions donnent une saveur particulière aux succès, non ?
Ce n'est pas qu'une affaire d'argent. Il y a des clubs qui ont investi beaucoup d'argent et ça ne les a menés nulle part. Selon moi, cela a plus à voir avec la nature du projet, le management, la structure du club. Je vois vraiment la différence depuis deux ans dans l'équipe, sur le terrain comme en dehors. Les joueurs se battent non pour eux-mêmes mais pour leurs coéquipiers, pour l'équipe, pour le club. C'est ce qu'on essaie de mettre en place, et on a progressé dans ce domaine.
«On est arrivés à ce niveau parce qu'on a appris de nos erreurs »
La progression n'a pas été linéaire, il y a eu des hauts et des bas douloureux...
Il n'y a que si tu ne fais rien que tu ne fais pas d'erreurs. On en a fait, c'est sûr à 100 %, il n'y a aucune honte à le reconnaître. Mais on ne répète pas deux fois les mêmes erreurs. On est arrivés à ce niveau parce qu'on a appris d'elles. Mais on a accompli aussi plein de choses positives. Ce n'était pas facile d'arriver et de bâtir une telle équipe en si peu de temps. Aujourd'hui, on peut sentir la ville, les supporters, le pays derrière le PSG. Ce n'était pas le cas il y a quelques années, pour être honnête. C'est quelque chose de très important pour nous. Ça ne se fait pas avec une baguette magique, il faut du temps et beaucoup de travail.
À votre arrivée vous vous donniez cinq ans pour gagner la C1. Avez-vous été présomptueux ? Pensiez-vous que ce serait plus simple ?
Si vous regardez ma vie et ma personnalité, je suis quelqu'un de très ambitieux. Je me suis toujours fixé les objectifs les plus élevés. Demandez à n'importe quel joueur ce qu'on vise la saison prochaine, il vous répondra : gagner la C1. Tous les ans c'est notre objectif, on ne va pas le cacher. Après, est-ce que c'est facile ? Non, bien sûr. Mais on ne cessera jamais d'être ambitieux.
Il y a le fantasme récurrent d'un désengagement du PSG : pouvez-vous dire aux supporters que vous allez continuer à investir ?
Comme on l'avait dit, on est venus sur le long terme et on continue d'investir dans le club. On adore la ville, le club. Tout ce qu'on fait, c'est sur la durée. On va continuer comme ça en espérant atteindre nos objectifs. Mais une chose est sûre, on est là pour longtemps.
Les prolongations de Neymar et Mbappé : « Je vais être clair : Kylian va rester à Paris »
La prolongation longue durée de Neymar est un signal encourageant (le Brésilien est lié jusqu'en 2025 avec une année supplémentaire qui s'ajoutera automatiquement à l'été 2022). Pourquoi les tractations ont-elles duré si longtemps ? Vous êtes-vous posé des questions vu sa fragilité ? A-t-il hésité en raison des avances du Barça - ses dirigeants vous ont même contacté à son sujet, le confirmez-vous ?
Franchement, cela n'a pas été compliqué de trouver un accord avec Neymar. Je reste convaincu que c'est un des meilleurs joueurs du monde. Si cela a mis autant de temps, c'est à cause de la crise sanitaire qui a contrarié les discussions. Je n'ai jamais eu le moindre doute qu'il prolongerait. Même si le club que vous citez a essayé de recruter Neymar jusqu'au bout. Évidemment, on a décliné. Je crois que ce club a quelques problèmes économiques (la dette du Barça dépasse le milliard d'euros), mais ce ne sont pas nos affaires. Neymar croit en notre projet, il aime le club, la ville, les supporters. Il est totalement investi, il veut encore gagner beaucoup de trophées ici. Je suis fier de la relation qu'on a construite, il m'a dit qu'il voulait finir sa carrière au PSG.
Nasser al-Khelaïfi et Neymar le jour de la présentation de l'attaquant brésilien au PSG. (A. Réau/L'Équipe)
Vous aviez eu des mots durs en 2019, dans le contexte de l'époque. Sa prolongation, impensable alors, veut-elle dire qu'il a fait ce qu'il fallait pour retisser la confiance ?
Absolument. Comme je l'ai dit à l'époque, je ne veux pas que les joueurs nous fassent une faveur en signant au PSG. Je veux des joueurs fiers de défendre nos couleurs. Le club est au-dessus de n'importe quel joueur, quel qu'il soit. On veut des joueurs qui se battent, qui donnent tout ce qu'ils ont, qui veulent rester ici. Régulièrement, je lis des rumeurs du genre "tel joueur veut partir" et je me demande comment de telles fake news peuvent sortir.
En 2019, ce n'était pas une fake news pour Neymar et le Barça. Il l'a lui-même reconnu...
Le Barça a toujours voulu récupérer Neymar, ce n'est pas un secret. Mais est-ce que Neymar voulait y aller ? Non. C'est vrai que son adaptation à Paris et à la France était encore incomplète. Mais appelez-le et il vous dira combien il est heureux et épanoui aujourd'hui.
L'autre gros dossier de prolongation est Kylian Mbappé. Pourriez-vous vous résoudre à le vendre cet été si vous ne trouvez pas d'accord ?
Je vais être clair : Kylian va rester à Paris, on ne va jamais le vendre et il ne partira jamais libre.
«Si Kylian veut décider qui on recrute ou pas, ça, ce n'est pas possible »
Où en sont les discussions ?
Je ne donne jamais de détails dans les médias sur des négociations en cours. Tout ce que je peux dire est que ça avance bien. J'espère qu'on trouvera un terrain d'entente. C'est Paris, c'est son pays. Il a une mission, pas seulement être un joueur de foot mais promouvoir le Championnat de France, son pays et sa capitale. C'est un garçon fantastique, comme personne et comme athlète. Il est un des meilleurs joueurs actuels et il gagnera le Ballon d'Or pendant des années, j'en suis sûr à 100 %. Il a tout ce qu'il faut pour prolonger ici. Où peut-il aller ? Quels clubs, en termes d'ambition et de projet, peuvent aujourd'hui rivaliser avec le PSG ?
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Il pourrait avoir envie d'une autre expérience que la Ligue 1...
Je sais, certains disent que la L1 est trop facile pour le PSG... On ne les entendait pas quand on était en finale et Lyon en demies (de la C1). Avec Vincent Labrune (président de la LFP), la Ligue fait un très bon travail pour essayer de développer le foot français et augmenter son attractivité. La Coupe de la Ligue avait déjà été supprimée, on va passer à un Championnat à 18 clubs(à partir de la saison 2023-2024). De nouveaux investisseurs continuent d'arriver. Je suis sûr que la L1 peut entrer dans le top 4 européen. À part la Premier League qui a une puissance incomparable, les autres grands Championnats se reposent sur la notoriété de certains clubs, sur des "noms". On aime bien critiquer le PSG mais on n'a pas à rougir. On a une bonne équipe, une ville magnifique, des supporters super. Je ne vois pas de meilleur club. Si vous m'aviez demandé il y a cinq ou six ans, je vous aurais dit : "bon, il faut voir", mais aujourd'hui on est là.
Pourquoi ça bloque, alors ? Il a réclamé une équipe à la hauteur de ses ambitions. Le recrutement pourrait-il le faire basculer ?
S'il dit ça, c'est qu'il veut gagner. C'est un winner et, à la vérité, ce n'est pas une mauvaise chose. On est ambitieux, nous aussi. Mais s'il veut décider de qui on recrute ou pas, ça, ce n'est pas possible. Je répète, c'est un garçon super, je suis sûr qu'il dit ça car il veut une meilleure équipe pour gagner la C1.
Le mercato à venir : « Il sera plus actif que les précédents »
Vous avez réussi votre plus grand coup en matière de transferts en 2017 avec Neymar et Mbappé. Comment passer un cap supplémentaire aujourd'hui ?
Ces deux dernières années, on n'a pas beaucoup investi, entre autres du fait de la crise sanitaire. Mais on a fait une finale et une demie. Ça montre qu'on est là. Maintenant, on doit encore s'améliorer sur certains postes. On les a ciblés, on sait ce qu'on veut faire.
Mais avez-vous la possibilité de faire de gros recrutements ?
On va en faire, on va en faire (sourire). La crise sanitaire a impacté tout le monde, nous compris. Mais ce mercato sera plus actif que les précédents. On sera présents, on a des ambitions pour cet été.
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Messi est-il toujours une possibilité ? Il n'a toujours pas prolongé avec le Barça.
Vous me faites rire. Je vous l'ai dit, je ne parle pas des dossiers en cours.
Vous pouvez parler de lui, la saison est terminée et il est libre...
En effet, d'ailleurs je l'ai dit au président du Barça : Messi est en fin de contrat, tous les clubs ont le droit (depuis le 1er janvier) de discuter avec lui et de le recruter pour la saison prochaine. Ce que je peux vous dire, et vous pouvez me croire, c'est que tous les grands joueurs veulent venir au PSG. Tous - pour que les choses soient claires, je ne dis pas ça pour vous répondre sur Messi. Ce n'est pas possible de tous les faire venir, d'autant qu'on a déjà de grands joueurs nous aussi. Après, Messi est Messi, un joueur fantastique.
À propos du fair-play financier, les aménagements prévus vous donnent-ils une marge de manoeuvre ?
Tout le monde a compris que tous les clubs vont perdre de l'argent. Honnêtement, avec la crise sanitaire, les règles du fair-play financier sont intenables. Le football à travers le monde a perdu environ 8 milliards de dollars. Le fair-play financier ne doit pas empêcher d'investir. C'est ce que le président de l'UEFA, Aleksander Ceferin, a dit (dans une interview à L'Équipe le 28 mai), et ce sont des propos pleins de bon sens. Veut-on que des gens mettent de l'argent dans le foot ou dans d'autres sports ? Moi, je veux qu'ils investissent dans notre sport. C'est pourquoi, je le dis : on a besoin de modifier les règles du fair-play financier et l'UEFA doit y travailler. Sachant que nous respectons ses décisions et que nous le ferons toujours.
Pochettino, Tuchel et Leonardo : « Je ne dévoilerai pas nos histoires de famille »
On a beaucoup entendu parler de Mauricio Pochettino ces dernières semaines...
(Il coupe.) Pas la peine d'aller plus loin. Écoutez, à la fin de la saison j'ai eu deux réunions avec Pochettino, deux ou trois heures à chaque fois. Il ne m'a jamais dit qu'il voulait partir (des rumeurs faisaient état d'un retour à Tottenham il y a une dizaine de jours). Il n'a jamais eu une attitude laissant penser qu'il voulait partir. C'est tout l'inverse. Il était totalement impliqué sur les sujets : le club, la structure, l'organisation, ce dont il a besoin pour la saison prochaine... Il échange presque tous les jours avec Leonardo (directeur sportif du PSG) à propos du mercato, des joueurs, etc. Cette situation me contrarie vraiment, ce n'est pas convenable. Il est là depuis janvier, il a encore deux ans de contrat, c'est notre coach. Pour lui comme pour Mbappé, des gens essaient de nous perturber. Mais on est ensemble. Personne ne nous divisera en agissant ainsi.
Pourquoi avoir choisi Pochettino ? Qu'est-ce qui vous fait penser que c'est le coach dont vous avez besoin aujourd'hui ?
Parce qu'il est un des meilleurs entraîneurs au monde. Ce qu'il a fait pour nous en cinq mois, ce qu'il a fait dans ses clubs précédents, est formidable. N'oubliez pas qu'il a aussi joué pour notre club (janvier 2001 - 2003), il y a une histoire avec lui. C'est la bonne personne pour nous faire passer un cap supplémentaire.
La perte du titre (2e à un point de Lille) est-elle un gros échec ? Qui est le principal responsable : Tuchel, Pochettino, les joueurs, le calendrier ?
Moi, je ne parle pas d'échec. Bien sûr, on a eu l'opportunité de remporter ce titre. Mais c'était une saison très compliquée pour nous. Le Final 8 s'est terminé tard (fin août 2020), l'équipe n'a pas pu avoir de vraie préparation, on a eu une cascade de joueurs touchés par le Covid dès le début de saison, ensuite on a joué tous les trois jours... Si vous regardez le nombre de matches où on a pu aligner notre onze type, il ne doit pas y en avoir beaucoup. Ce ne sont pas des excuses, Lille mérite son titre, ils ont fait un splendide travail et je les félicite. Mais il faut prendre tout en considération et en tirer des enseignements pour la saison prochaine : réussir un bon début de Championnat, ne pas perdre de points contre des adversaires abordables, montrer plus d'engagement dans les matches de L1.
«Leonardo a apporté de la discipline, notamment pour l'équipe »
Pourquoi vous être séparé de Thomas Tuchel en cours de saison, alors que son contrat se terminait cet été ?
On était arrivés à un moment où il fallait prendre cette décision. On peut parler de fin d'un cycle, oui. Pour le reste, ce qui se passe dans la famille doit rester dans la famille. Je n'ai rien de plus à dire. J'ai beaucoup de respect pour Tuchel et son staff. Il a gagné la C1 avec Chelsea, félicitations à lui.
A-t-il payé ses divergences avec Leonardo ?
Encore une fois, je ne dévoilerai pas nos histoires de famille. Leo a fait un travail fantastique depuis deux ans, malgré un contexte qui a rendu les choses très difficiles lors des derniers mercatos. Il a apporté quelque chose qui nous manquait.
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Quoi, justement ?
De la discipline, notamment pour l'équipe. Il a une position privilégiée au quotidien auprès du staff et de l'effectif, des choses que personne ne voit, ni vous, ni moi, ni les supporters. N'oublions pas que lui aussi a joué ici (1996-1997), il aime le club et il a initié le projet avec nous. J'ai beaucoup de chance d'avoir un directeur sportif comme lui.
Nasser al-Khelaïfi discute avec Leonardo, le directeur sportif du PSG. (P. Lahalle/L'Équipe)
La formation fait partie de ses attributions. On ne voit toujours pas de politique claire, des jeunes continuent de partir faute de perspectives. En 2011, vous disiez : "Un de nos objectifs est de découvrir le nouveau Messi" Est-ce toujours d'actualité ?
Primo, si vous voulez que je vous dise qu'on ne va plus perdre de jeunes, c'est impossible. Tous les clubs en perdent. En particulier en France à cause du premier contrat limité à trois ans. À l'étranger, ils peuvent signer cinq ans. On doit changer la règle car ça nous met en position de faiblesse, regardez comment les clubs allemands en profitent. Secundo, si vous êtes au centre de formation, vous devez être fier de jouer pour le PSG, de monter vous entraîner avec les pros. Si ce n'est pas le cas, la porte est ouverte. On ne peut pas tout leur donner de suite, on doit les développer. Le nouveau centre d'entraînement (qui ouvrira à Poissy en 2022) doit nous permettre de regrouper tout le monde. Ça va créer plus de proximité entre les pros et les jeunes, qui se sentiront plus impliqués.
Quand on voit Tuchel gagner la C1 avec Chelsea et Emery la C3 avec Villarreal, le problème est-il le PSG ? Est-ce plus dur de gagner à Paris ?
Je ne sais pas. C'est Paris, il y a peut-être plus de pression dans les grands clubs. Je ne dis pas que Chelsea n'est pas un grand club, ils ont mérité leur victoire. Peut-être Thomas a-t-il appris de son expérience de l'an dernier en finale. C'est forcément un plus. Bravo à eux. Des regrets ? Pas du tout. On n'a aucun regret, il faut regarder devant soi.
La Super Ligue, sa conception du foot : « Le rêve doit rester possible pour tout le monde »
Vous vous êtes fermement positionné contre la Super Ligue, pourquoi ? On aurait pu penser que le PSG, un « nouveau riche », s'allierait aux autres grands clubs. Est-ce au nom d'une certaine conception de l'organisation du foot ?
En tant que club, on défend des valeurs claires. Le rêve doit rester possible pour tout le monde. On ne peut pas créer un Championnat fermé et le réserver aux seuls grands clubs. Ce n'est pas juste. On tue la tradition du football, on tue l'espoir des supporters, l'espoir des clubs, des joueurs, des jeunes. Imaginez que ça arrive, où serait-on dans deux ans ?
Comment interprétez-vous leur démarche ?
Ces mêmes gros clubs avaient déjà essayé de mettre la pression sur le fair-play financier, ils étaient venus se plaindre pour empêcher des clubs de se développer grâce à de nouveaux investisseurs. C'est exactement la même doctrine qui inspire la Super Ligue : ils veulent bloquer toute concurrence et rester entre eux dans une ligue fermée.
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Le président du Real Madrid, Florentino Pérez, disait que la Super Ligue était indispensable pour "sauver le foot". Selon vous, c'est tout l'inverse ?
Ça tuerait les Championnats nationaux et l'esprit du football. J'ai toujours pensé que le foot appartenait à tout le monde. Quel que soit notre pays, il faut laisser les gens jouer, espérer, rêver grâce au foot. Par ailleurs, j'ai toujours dit que si on devait changer quelque chose, on devait le faire sous l'égide de l'UEFA. Je me suis déjà prononcé en faveur de changements de la C1. Mais cela ne saurait se faire en marge des autorités officielles.
Avez-vous cette responsabilité avec vos nouvelles attributions de président à l'ECA (l'association européenne des clubs) ?
C'est mon objectif, avec d'autres clubs, de s'engager pour faire en sorte que ça évolue dans la bonne direction. Le football ne se résume pas aux gros clubs. Il y a beaucoup de parties prenantes et l'UEFA a un rôle pas facile, car il y a toujours des conflits entre les petits, les moyens et les gros clubs. C'est à nous, les clubs, de penser à tout le monde et à l'intérêt général. »
Offensif
Nasser al-Khelaïfi donne aujourd'hui très peu d'interviews. Dans celle accordée à L'Équipe, le président du PSG prolonge le ton initié il y a deux ans dans France Football. Dirigeant d'un club longtemps critiqué pour être moins grand que ses stars (Ibrahimovic, Neymar), le Qatarien a musclé son discours. Vers l'extérieur où, renforcé par sa récente réussite sportive sur la scène européenne et par sa position sur la Super Ligue, il se permet même certaines attaques, comme avec le Barça. Paris n'est plus une force émergente mais veut être une voix qui porte.
Mais « NAK » se montre offensif aussi dans les affaires internes. Moins paternaliste que dans ses premières années, il se veut plus le garant de l'institution et de l'image du PSG, qu'il protège ardemment. Quitte à s'arranger parfois avec la réalité, sur le retour avorté de Neymar à Barcelone par exemple. S'il reconnaît des erreurs, mais pas trop (sur Tuchel ou sur la formation), il défend son bilan à la tête du club mais aussi son avenir : le message ambitieux distillé au sujet de Kylian Mbappé est tout sauf anodin, alors que l'issue des négociations sur la prolongation de l'attaquant de 22 ans reste très incertaine. J. Ba.
