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Sans lui, Paris peut-il perdre le titre ?
Avec cinq points d’avance sur l’OM et deux rencontres face à des relégables, Troyes et Ajaccio, le PSG semble bien parti pour être champion de France. Mais l’absence de Lionel Messi sème le doute.
Christophe Bérard(avec H.M.)
Le PSG version 2022-2023 est déjà assuré de gagner quelque chose : le César (ou l’Oscar, rêvons plus grand) du meilleur scénario de l’année. Les rebondissements se succèdent à la vitesse d’une course de Mbappé. Et le coup de théâtre d’une suspension de deux semaines visant le meilleur joueur du siècle était introuvable. Mais sur cette lancée d’une saison aussi improbable en coulisses que quelconque sur les pelouses, va-t-on avoir droit à l’épisode ultime : « Et à la fin, privés de Messi, ils perdent le titre ? »
Certes, l’Argentin marche beaucoup plus qu’il ne joue depuis quelque temps. Certes, Paris possède encore cinq et six points d’avance sur l’OM et Lens à cinq matchs de la fin. Certes, il s’apprête à rencontrer deux futurs relégués, Troyes puis Ajaccio. Un effondrement semble irrationnel, mais qu’est-ce que la logique avec Paris ?
« Je veux bien qu’on se rassure en se disant que le PSG reste le mieux armé, explique Alain Giresse. Mais désormais, il y a une interrogation. Qu’on ne me dise pas que le PSG reste fort. Normalement, tu dois battre Troyes et Ajaccio, mais la normalité, ce n’était pas de perdre au Parc contre Lorient (1-3)… Messi a beau être lent, c’est lui qui donnait les bonnes cartouches à Mbappé. »
Si le champion d’Europe 1984 se pose des questions, d’autres doutent moins. « Avec Mbappé pour faire le boulot, cela devrait suffire, estime Stéphane Guivarc’h, champion du monde 1998. Les autres ne sont pas non plus des nuls. Si ces mecs perdent des points contre Troyes ou Ajaccio, c’est qu’ils n’ont rien à faire dans le foot ! » Lionel Charbonnier, son coéquipier en 1998, voit également Paris remporter le 11 e titre de son histoire. « Bien sûr que Messi donne des ballons à Mbappé dans des angles impossibles et que Paris est moins fort sans lui, note-t-il. Le PSG se procurera moins d’occasions, mais cela devrait suffire. Mais il faudra quand même une prise de conscience de tout le monde. Et je ne pense pas que l’OM ou Lens gagneront tous leurs matchs jusqu’à la fin. »
« Ce groupe va vouloir montrer des choses »
Élie Baup, l’ex-coach de l’OM, Bordeaux ou Saint-Étienne, attend de voir la réaction des joueurs parisiens lors des deux prochains matchs. « C’est un peu l’énigme, reconnaît-il. Ce groupe va vouloir montrer des choses, mais la dimension collective de cette équipe est vraiment le point faible cette année. Et je ne suis pas de ceux qui croient que l’absence de Messi est un mal pour un bien : sa connexion avec Mbappé a permis de rapporter pas mal de points ces derniers temps. L’efficacité de leur duo a quand même bien aidé. Donc sans Messi, Paris est un peu affaibli. » Jean-Marc Ferreri, l’ex-joueur d’Auxerre et de l’OM, se dit, lui, « persuadé que Paris sera champion ». « Troyes et Ajaccio, cela va rapporter six points. L’écart est quand même énorme. »
Mickaël Landreau, l’ex-gardien du PSG, aujourd’hui consultant sur Canal +, se veut rationnel : « Paris est le seul responsable du fait d’être champion ou pas et ne doit pas dépendre d’un seul joueur compte tenu de son effectif et de la différence supposée avec ses adversaires, analyse-t-il. Heureusement qu’il peut être champion sans Messi. » Mais pour Landreau, la suite peut être compliquée : « On n’a aucune idée de la manière dont va être gérée cette situation dans les semaines à venir. Soit ça continue à faire mal, soit cette position permet de renforcer l’institution. »
Jean-Luc Arribart, autre consultant de Canal +, ne voit pas pourquoi on parle de l’absence de Messi pour seulement deux matchs. « Son équipe va faire le job grâce à un calendrier de fin de saison favorable, pronostique-t-il. Mais je ne crois pas qu’on reverra Messi avec Paris. Comment pourrait-il accepter de revenir après une telle humiliation ? Paris sera champion sans lui. »
Le Parisien
