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En pleine bourre, l'OM est-il plus fort qu'il ne l'a jamais été sous De Zerbi ?
Vainqueur à Metz samedi (3-0) après le succès européen contre l'Ajax mardi, l'entraîneur italien Roberto De Zerbi traverse sa meilleure période à l'OM, à la tête d'un effectif qui lui permet d'innover sans cesse.
Entre les tempêtes de vestiaire et les soubresauts du mercato, l'OM ne savait pas où il allait en août et ses égarements collaient aux défauts de Roberto De Zerbi, accusé de diffuser sa nervosité et toujours confronté aux mêmes limites, qui rendaient son équipe si fragile quand elle n'avait pas le ballon. Depuis septembre, tout a changé et les lacunes se sont évanouies, pour ne laisser voir que des qualités.
Après la crise précoce, les Marseillais goûtent au bonheur du cercle vertueux, quand les bonnes nouvelles en amènent d'autres, et le succès à Metz a confirmé que rien ne résistait plus à De Zerbi, épanoui comme jamais il ne l'a été depuis son arrivée, en juillet 2024.
« C'est ma meilleure période depuis que je suis ici, n'a pas caché samedi le technicien, sans pour autant danser sur son pupitre. À Marseille, c'est justement quand tout va bien qu'il faut s'inquiéter, et je ne vis que pour les victoires. » Il vient d'en enchaîner quatre en L1, alors qu'il n'était pas allé plus loin que trois la saison dernière.
De Zerbi a perdu l'habitude de se tromper
Dans le lot, il y a son premier succès contre le Paris-SG (1-0, le 22 septembre), qui lui tenait particulièrement à coeur et qui donne forcément une autre dimension à la série. Avec 61 % de victoires, il présente le meilleur bilan d'un entraîneur de l'OM à au moins trente matches en première division, et il peut savourer le chemin parcouru : « Je suis très content car c'est le genre de match qu'on perdait l'année dernière. »
L'Italien est l'un des seuls qui peut faire la comparaison, puisqu'il est le trait d'union entre deux équipes qui n'ont plus grand-chose en commun. Mardi contre l'Ajax Amsterdam (4-0), il avait titularisé huit recrues et un espoir, Bilal Nadir (21 ans). Il a fait tourner à Metz, son mode opératoire depuis la rentrée, mais il alignait encore sept recrues et un bizuth, Robinio Vaz (18 ans), qui n'avait jamais débuté un match chez les pros.
Chacun se découvre mais on jurerait que tout le monde se connaît depuis longtemps, et De Zerbi a perdu l'habitude de se tromper. Les entrants lui donnent raison, quoi qu'il fasse, et la profondeur de son effectif ne lui offre pour l'instant que des solutions, sans frustration à apaiser.
Après une saison à un match par semaine, l'entraîneur apprécie de pouvoir partager davantage le gâteau, et il se permet même d'écarter ceux qui mériteraient de garder leur place. Brillant mardi, le milieu Arthur Vermeeren a retrouvé le banc samedi, au profit d'une valeur sûre, Pierre-Emile Höjbjerg. Il ne peut donc pas hurler au scandale, pas plus qu'Amine Gouiri, qui doit composer avec une concurrence nouvelle, incarnée par Pierre-Emerick Aubameyang et Vaz, irréprochable à chaque apparition et passeur décisif pour Igor Paixao, samedi (0-1, 51e).
Il a les joueurs pour multiplier les menaces dans les couloirs
« Les recrues se sont super bien adaptées, il y a énormément de joueurs à tous les postes, le coach gère super bien l'équipe, les temps de jeu de chacun, on est tous concernés. On sent une force collective, confie Gouiri, qui a seulement eu besoin d'une demi-heure pour chasser les doutes. C'est plus facile d'enchaîner quand on gagne comme en ce moment. Moi qui aime bien jouer au foot, je prends encore plus de plaisir. On a toujours deux ou trois solutions quand on a le ballon. »
C'est aussi une nouveauté, liée à la façon dont Paixao a mis derrière lui sa blessure estivale pour devenir un vrai recours à gauche, tandis que le jeu de l'OM avait trop longtemps penché à droite, le côté où Mason Greenwood continue de faire des ravages. Si l'Anglais n'a pas marqué à Metz, il l'aurait vraiment mérité car il a touché deux fois les montants (30e, 50e) et n'a pas cessé de vouloir tourmenter son adversaire direct.
Avec lui et Paixao, bien secondés par Timothy Weah et Emerson Palmieri qui partent de plus bas, De Zerbi a les joueurs pour multiplier les menaces dans les couloirs et sortir du ronronnement de son jeu de possession, un autre vieux défaut qui s'estompe.
« Il y a un peu de tout, résume De Zerbi quand on lui demande de préciser ce qui rend l'OM 2025-2026 plus fort que son prédécesseur. On a des éléments pour faire la différence en un-contre-un, la détermination devant le but, la patience et la capacité à ne plus perdre l'équilibre, ce qui nous faisait concéder des contres. Les matches devenaient nerveux. » La fin d'après-midi messine est restée très tranquille parce que la charnière Benjamin Pavard-Nayef Aguerd va très vite pour annihiler les contres, et les camarades des deux centraux ont d'autant plus l'esprit libre pour aller au bout de leurs mouvements.
C'est l'histoire du match de Matt O'Riley, milieu défensif qui cumule les courses et a bouclé sa journée avec un beau but (0-2, 69e) et une passe décisive (0-3, 86e), point final d'une semaine rêvée. « Le coach nous avait prévenus que le match le plus dur de la séquence serait certainement celui contre Metz, pas celui contre l'Ajax », a soufflé Aguerd, qui a fait mentir De Zerbi : les deux rencontres ont été faciles, preuve qu'entraîner l'OM n'est pas toujours une torture pour les nerfs.