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Garcia, éternel revenant
Le Suisse, initialement privé de Ligue des champions, a finalement été inscrit sur la liste des joueurs qualifiés après la blessure de Medina. Celui que personne n’attendait pourrait même démarrer la rencontre face à l’Atalanta, demain soir.
Entrer par la fenêtre, sa spécialité. L’histoire de sa vie marseillaise. Bientôt, Ulisses Garcia soufflera sa deuxième bougie en Provence. Avec le recul, son flegme naturel, le Suisse en sourira, peut-être, enfin. Lui qui, en épousant l’OM, s’imaginait multipliait les allers-retours dans son couloir et non entre le placard et le onze de départ. Passé maître en la matière, spécialiste contre son gré, il pourrait réaliser son come-back le plus mémorable demain soir, sur la piste aux étoiles. En Ligue des champions, cette compétition dont il a été un temps privé, malgré son rôle, honnête, dans la course à la qualification.
Celui que l’OM a d’abord écarté, faute de places dans sa liste UEFA, avant de le rattraper par le maillot, quand a tourné la cheville de Facundo Medina, est à ce jour le seul latéral gauche sur pieds et non sanctionné. Récemment touché à la cuisse, Timothy Weah sera, possiblement, trop court pour démarrer, Medina est, lui, toujours à l’infirmerie, tandis que l’habituel titulaire, Emerson Palmieri, va décuver son rouge de Lisbonne. Au coup d’envoi ou en cours de jeu, ce ne serait qu’une acrobatie de plus pour Ulisses Garcia, l’homme sans cesse appelé au secours, crûment, pour boucher ses trous.
Son niveau jugé d'abord insuffisant pour le projet de trois ans
Le ton fut donné avant qu’il ne soit Marseillais. Janvier 2024, l’effectif provençal est décimé par les blessures et la coupe d’Afrique des nations, sans oublier la coquette vente de Renan Lodi en Arabie saoudite. Quentin Merlin, successeur désigné du Brésilien, ne sera enrôlé qu’à la fin du mois. D’ici là, pour assurer l’intérim, et plus si affinité, sur le côté gauche de la défense, l’OM, contraint par un porte-monnaie guère épais, va jeter son dévolu sur l’international suisse (11 sélections) des Young Boys (4M). Très vite, Garcia va déchanter. Il n’aura le droit de s’amuser qu’en championnat, où l’équipe de Gattuso, puis Gasset, porte sa croix. En milieu de semaine, le natif d’Almada (Portugal) regardera sagement ses partenaires s’éclater en Ligue Europa. Son nom n'a pas été couché sur la fameuse liste.
Résultat, six premiers mois chaotiques malgré la blessure de Quentin Merlin, qui lui a permis de se dégourdir dans le sprint final. Alors qu’il venait de renouer avec la Nati, à la faveur d’une campagne réussie en C1 avec Berne, le Suisse perd sa place et voit s’envoler l’Euro-2024. Le cauchemar continue début juillet, dès son retour à La Commanderie. L’OM, désormais entraîné par Roberto De Zerbi, ne compte plus sur lui, dont le niveau est jugé insuffisant pour intégrer le fameux projet de trois ans bâti par Longoria et Benatia.
Quelques touches en France et à l’étranger, mais rien de concret. Garcia le lofteur continue de s’entraîner, sans broncher, sous les ordres de Jean-Pierre Papin, en réserve. Fin de mercato oblige, le club le réintègre aux séances de l’équipe fanion. D’une pierre deux coups, l’OM y voit l’opportunité de doubler un poste qui n’a pas pu être étoffé. Son attitude, irréprochable, a plu. Il en sera bientôt récompensé par Roberto De Zerbi. Contre toute attente, trois semaines après sa réinsertion, l’ancien joueur du Werder sera l’un des improbables héros du Groupama Stadium, l’auteur du deuxième but marseillais de cette nuit enchantée (victoire 2-3 face à Lyon). Tout au long de la saison, entre deux convocations en équipe nationale, il rendra de fiers services (22 apparitions, 2 buts, 3 passes décisives) et la finira même titulaire, devant son concurrent Quentin Merlin.
"Au fond de lui, il a senti qu'il pouvait encore renverser la situation"
Bis repetita. L’été revient et sa canicule ne lui est toujours pas favorable. L’OM estime que le meilleur a été écrit, qu'il est temps de se séparer. La consigne a été clairement passée au joueur, même s’il participe, cette fois, à la préparation sous les ordres de Roberto De Zerbi. Contrairement à l’an passé, Garcia, qui aimerait goûter le fruit de son labeur, la Ligue des champions, veut rester. En l’absence de Medina, blessé, et d’Emerson, encore à West Ham, il participe à ce mois d’août infernal (3 apparitions, dont une titularisation contre le Paris FC).
Le 1er septembre, le marché referme ses portes. Malgré un intérêt du Spartak Moscou, révélé par L’Équipe, Garcia a préféré demeurer sur le Vieux Port, pour y recevoir un énième coup de massue. Celui-ci sera donné par Ali Zarrak, hirondelle messagère de Medhi Benatia. À l’instar de la Ligue Europa, voici un an et demi, la Ligue des champions se fera sans lui.
Malgré la concurrence, Ulisses Garcia croyait en ses chances. Il est sonné, désabusé. En quête d’un joker, Nantes, qui entretient des relations très fraîches avec les dirigeants marseillais, flaire quand même le bon coup. Mais l’intéressé, qui a le Mondial-2026 en ligne de mire, est catégorique. Hors de question de baisser les bras.
"Malgré tout ce qu’il y a vécu, les déceptions, parfois le sentiment d’injustice, il a toujours tenu à être sérieux et professionnel. Il s’est aussi pris d’affection pour Marseille, glisse un proche. Il aime l’OM. Au fond de lui, il a senti qu’il pouvait encore renverser la situation."
Bingo ! Le malheur d’un, Facundo Medina, a fait son bonheur. Disparu des radars dès la fin du mercato, il a renoué avec les convocations du week-end dès le déplacement à Metz. Il a même pu prendre la lumière en fin de match au Sporting et dès les premières secondes, samedi dernier à Auxerre. Un rendez-vous qui s’est terminé en eau de boudin, avec un rouge sévère à la clef. Mais l’éternel revenant l'a déjà prouvé... il sait se relever de bien pire.
La Provence