GdB-OM : dernière itération d’un premier acte manqué ?

Neuvièmes au classement, les Marseillais vont conclure l’année civile en Gironde, au Stade René Gallice, un écrin flambant neuf. En cas de victoire, l’OM pourrait passer Noël au chaud et surtout à la cinquième place, une perspective inespérée alors que le club phocéen est incapable de remporter plus d’un tiers de ses matches depuis le début de la saison…

Le bilan de la misère

Décembre 2014, l’OM de Marcelo Bielsa, est « Champion d’automne » avec quarante et un points, treize victoires, deux matches nuls et quatre défaites. Soit une moyenne de deux buts par match et une différence de +21. L’évocation de ces chiffres est douloureuse pour les supporters et les rappelle au doux souvenir du plaisir partagé à encourager ce qui était alors une véritable équipe, performante, cohérente et attractive.

Un an plus tard, ce même OM (orphelin de Bielsa depuis le 8 août dernier), peine à revenir aux avant-postes avec un bilan infâme : vingt-quatre points, six victoires, six matches nuls et six défaites… À croire que le diable nous a jeté un sort ! De l’héritage laissé par l’entraîneur argentin, il ne reste rien : aucune cohésion dans le jeu, aucune révolte, aucune approche tactique. Son successeur n’est clairement pas à la hauteur et le club phocéen semble avoir très vite renoué avec ses vieux démons.

Si les spécialistes demeurent muets ou timides sur la question, les supporteurs identifient quant à eux très bien les raisons de cet échec patent.

Classement 2

Des joueurs timorés à domicile

Ce sont les premiers responsables et malheureusement pour eux, du fait d’un mercato estival particulièrement agité, on sent bien que le travail de préparation n’a pas été finalisé. À domicile, les Phocéens n’ont ainsi remporté que deux matches sur dix* ! Une contre-performance faisant du club le quinzième dans ce classement spécifique. Le stade vélodrome ne fait plus peur, si ce n’est à ses propres joueurs ! Comme l’a si bien résumé un Jean-Marc Ferreri enfin lucide pendant plusieurs secondes sur OM TV (attention c’est un document exceptionnel) : « le problème de tous ces matches que l’on ne gagne pas à domicile, c’est que l’on est souvent mené au score et qu’on réagit après. »

Il est vrai que les Olympiens ont tendance à réagir plutôt qu’à agir. Ils éprouvent même d’énormes difficultés à faire le jeu lorsqu’ils sont attendus, et surtout, à être régulièrement efficaces..

PNoel OMPapa Noël, offre-nous une équipe et un entraîneur ! Nous avons été bien sages…

Sauvés néanmoins par de bons résultats à l’extérieur (50 % de réussite, soit la septième entrée dans cette statistique), les bleus et blancs vont devoir trouver rapidement des solutions afin de rattraper les points perdus et remonter peu à peu à une place plus digne du standing du club.

Charge à Michel de trouver la solution, car les Marseillais échouent bien trop souvent lorsqu’ils sont face à leurs responsabilités. L’entraîneur hispanique doit par ailleurs apporter plus au club et à son équipe, mais en est-il seulement capable ?

* avec onze points pris sur trente possibles soit le plus faible bilan depuis la saison 1985-1986 !

Un entraîneur sans solution

Prendre la relève d’un technicien adulé comme l’était Bielsa n’est pas chose aisée, c’est une certitude. Cependant, ne pas être en mesure après cinq mois d’activité au club de trouver une identité de jeu, de définir une équipe solide et une tactique fiable est tout de même très surprenant. Surtout que le bel hidalgo s’est vanté d’avoir étudié minutieusement chaque joueur de l’effectif olympien en regardant tous les matches de la préparation estivale au moment de signer à l’OM…

A-t-il tout simplement sous-estimé la lourde tâche qui l’attendait ou pensé naïvement que sa seule expérience d’ancien grand joueur suffirait à obtenir des résultats ?

À Marseille, rien n’est simple, paraît-il. Cette rengaine qui sert souvent d’alibi aux journalistes marseillais et dont la presse parisienne se délecte est parfois fondée, mais en l’occurrence, elle occulte difficilement une telle erreur de diagnostic…

Pour autant, Michel a cherché un remède ; sans grand succès d’ailleurs…

  • En septembre, il n’hésite pas à critiquer la mentalité de ses joueurs en les accusant de choisir leurs matches. En vain, car son équipe ne manifeste aucun sursaut d’orgueil.
  • Il essaye de changer la position de certains joueurs, à l’instar de Cabella ou Barrada se partageant le poste de meneur de jeu ou d’ailier, ou encore Isla reconverti en milieu défensif avec une relative réussite.
  • Dans le rôle du père Fouettard — qui ne lui va pas vraiment au passage — il tente ensuite de réveiller ses troupes. On attend encore le résultat.
  • Puis il se saisit finalement de la carotte et bâton. On pouvait penser que cela fonctionnerait. Or même quand une place de cinquième est en jeu, les joueurs et les résultats ne suivent pas.

Aide-toi, le ciel t’aidera…

À l’heure du bilan et au-delà du jeu proposé, les résultats ne plaident vraiment pas en sa faveur. Michel a bien du mal à imprimer une identité à son équipe et sa communication superficielle sonne de plus en plus creux. Le départ de Bielsa et le mercato mouvementé ne peuvent tout expliquer…

En Ligue 1, après avoir dirigé seize matches, le technicien espagnol affiche une moyenne de 1,5 point, prouvant clairement que l’OM est aujourd’hui… à sa place, à savoir dans le ventre mou du classement. En ligue Europa, c’est tout aussi mitigé puisque les Marseillais sont passés tout près d’une élimination qui aurait fait jaser au vu de la faiblesse des équipes rencontrées (rappelons que le club ne s’est qualifié que lors du dernier match de la phase de poules)…

Au niveau de l’équipe, la défense centrale est toujours en chantier et le fringant entraîneur ne semble toujours pas avoir trouvé la bonne formule, continuant à jongler entre Rekik et Rolando pour épauler Nkoulou.

Le milieu de terrain dépend pour l’essentiel de Lassana Diarra et l’animation offensive repose également en partie sur lui, car les attaquants font étalage d’une maladresse, d’un égoïsme et d’un manque de jugeote proprement édifiants !

Il faut dire à la décharge de Michel qu’il paye en partie les choix aberrants du mercato estival et la politique sportive du club qui hésite, tâtonne, échoue, recule pour mieux sauter et part au bout du compte dans une nouvelle direction avant d’avoir achevé quoi que ce soit… Pour autant, en Ligue 1, PSG excepté, on voit mal quel club bénéficie réellement de plus de moyens et d’un meilleur effectif sur le papier… Évidemment, dès qu’on parle de complémentarité le constat est un peu différent, mais tout de même ! Peiner face au Gazelec, ou perdre à quelques jours d’intervalle contre Braga, le FC Slovan Liberec ou le SCO d’Angers est-ce bien sérieux pour un club comme l’OM ?

La réponse est évidemment négative.

De toute évidence, les promesses affichées à son arrivée ne sont pas tenues et si Michel a beau se cacher derrière les prestations de ses joueurs, il serait temps qu’il remettre également en cause son management au quotidien !

Le mercato hivernal pourrait permettre d’effectuer quelques retouches dans l’effectif, bien sûr, mais l’ancien Meringue devra surtout trouver les bons mots pour établir une cohérence, un certain équilibre dans ce collectif souvent perdu sur le terrain. Il devra également redonner l’envie au public de remplir le stade…

Le vélodrome déserté

Enfin pourvu d’un toit, de tribunes agrandies et de loges privatives, le nouveau Stade Vélodrome a fait espérer aux dirigeants marseillais des recettes en forte augmentation par rapport aux saisons précédentes. Avec Bielsa sur le banc et une véritable équipe sur la pelouse, cette déduction était même devenue une réalité la saison passée. Et pour cette saison ? Que nenni, puisqu’avec autant de résultats négatifs à domicile depuis août dernier, le stade n’en finit plus de se vider d’une semaine à l’autre…
Le point d’orgue fut sans doute ce match de Ligue Europa contre Groningen suivi par à peine huit mille spectateurs. Il est vrai que les virages étaient fermés suite à la sanction imposée par la LFP (conséquence des incidents lors du match contre Lyon), mais cela montre bien que le public, pourtant passionné, se désintéresse de plus en plus d’un club qui trahit son histoire et ressemble aujourd’hui à une mascarade d’institution.

L’affluence du Vélodrome pour le match face à Groningen…

Avec une affluence moyenne de 41.486 spectateurs par match (pour une capacité totale de 67 000 places), l’OM a certes le deuxième taux de remplissage de la Ligue 1, mais ce chiffre est sujet à caution puisqu’il comptabilise les abonnés, même s’ils ne viennent pas… Supercherie disiez vous ?

L’année dernière, le public avait droit à du caviar, aujourd’hui il doit se contenter d’œufs de lompe. Le changement soudain est difficilement acceptable et parfois, mieux vaut se priver que risquer une indigestion.

Le club et les joueurs savent donc ce qu’ils ont à faire s’ils souhaitent à nouveau goûter aux chaudes ambiances d’une époque révolue et pourtant pas si lointaine. Il convient néanmoins d’agir avant qu’il soit trop tard, avant que le club s’enlise dans une Ligue 1 moribonde et s’enfonce peu à peu dans l’anonymat comme tant d’autres avant lui : Cannes, Metz, Strasbourg, Reims, Auxerre, Le Havre…

Le fait est que personne n’y croit plus depuis le mois d’août, or il y a urgence, car cette dynamique pourrait rapidement devenir irréversible.

Le changement c’est maintenant.

La priorité doit être donnée au groupe actuel. Les joueurs ont suffisamment de talent et d’expérience pour comprendre l’urgence de la situation et remonter en tête de peloton. Michel affirme axer son travail sur le collectif lors des entrainements et va devoir insister sur ce point. C’est en soudant et en solidarisant l’équipe que les phocéens obtiendront de bien meilleurs résultats.

Il est évident que des renforts sont également attendus cet hiver et tout particulièrement devant puisque seul Mitchy Batshuayi évolue sur le front de l’attaque depuis le début de saison et qu’il ne pourra pas assurer seul cette tâche jusqu’au printemps. On pense également à une possible recrue en défense puisque Rekik et Rolando n’offrent pas les garanties attendues. Cela permettrait en outre de préparer le départ plus que probable de Nkoulou en fin d’année.

Hollande (FINAL)

Par ailleurs, il faudrait que le président de l’OM comprenne une bonne fois pour toutes que « ce n’est pas parce qu’on a été à la Juventus ou au Real à cirer des chaussures ou à jouer dans la deuxième équipe qu’on peut jouer à Marseille ». Merci monsieur Guy Roux, ça a le mérite d’être clair et ça aidera peut-être notre Vincent à mettre un terme salutaire à ses catastrophiques parties de Football Manager !

Les résultats ne peuvent plus souffrir du moindre retard et si Michel tient à passer une deuxième partie de saison plus calme il doit réussir dès le mois de janvier. Il doit aujourd’hui s’attacher à mettre en place une animation offensive et défensive solide, un pressing efficace, et trouver un véritable tireur de coups-francs et de corners capables faire basculer une rencontre. En bref, mette ses aptitudes de communicant au profit de son équipe et non des médias !

Essayer de faire évoluer les joueurs à différents postes, mettre en place plusieurs schémas tactiques (deux pour être précis), remettre en cause l’implication du groupe c’est bien. Gagner, c’est mieux !

Bouillie bordelaise

Trente-huit ans que Marseille n’a plus gagné en Gironde ! Une éternité qu’on mesure mieux en précisant que la dernière victoire olympienne remonte à l’époque où Valery Giscard d’Estaing était encore président de la République… Si on cherchait encore une bête noire, elle est toute trouvée (bordeaux hein, pas Giscard) !

Les choses ont cependant changé et les Bordelais ne jouent plus dans leur stade – imprenable – de Chaban-Delmas. Le bon moment est donc venu pour mettre fin à cette invraisemblable série en cours et commencer une nouvelle ère pour l’OM d’autant plus que les Girondins de Bordeaux sont, comme leurs adversaires dans une situation inconfortable, puisque classés quatorzième à l’heure actuelle.

Stade Matmut Atlantique récemment rebaptisé « Stade René Gallice »…

Les Marseillais devront toutefois se méfier d’une équipe friable à l’extérieur, mais convaincante à domicile (3e dans ce classement), et poursuivre l’actuelle dynamique de victoires pour se rapprocher enfin du podium. Cela devient impératif sachant qu’il n’y a plus de joker, et que l’écart de points peut rapidement devenir rédhibitoire (sept point pour l’instant).

Les supporteurs rempliront certainement leur rôle, mais la question est de savoir pour combien de temps…

En effet, l’OM est aujourd’hui un navire en perdition au milieu de l’océan du football français et surtout européen. Espérons que la direction du club trouvera enfin le bon cap pour éviter les récifs, une éventuelle vague scélérate et éviter un naufrage définitif qui se dessine de plus en plus précisément, hélas.

Bilan des Bordeaux — Marseille depuis 194 5

52 confrontations : 32 victoires bordelaises, 16 nuls, 4 victoires marseillaises

Ils ont dit

  • « Encore une fois, si on ne merde pas, finir la phase pas loin de la cinquième place est possible » @Boodream, l’objectif.
  • « Michel va réussir l’exploit de sa carrière » @Randalou, le rêveur.
  • « Comme d’habitude, un nul 1-1 alors qu’on a 40 occasions de gagner le match… » @Fennec, le terre à terre.
  • « On gagnera si on tombe sur pile, on perdra si on tombe sur face, le contenu des matches est toujours affligeant de nullité, c’est ça l’OM » @Herpès Léonard, le rabat-joie.
  • « Je fais un selfie en me touchant sur une photo de Lucas Silva » @Fabmars, le nouveau Rocca.
  • « Ça passe ! » @Toti, imitant le commandant du Titanic lors d’une funeste nuit d’avril 1912 afin de déjouer le sort à force de dérision…

Allez l’OM.

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A propos de jeanfred


Footeux du dimanche pour la gagne et la troisième mi-temps, mais aussi passionné de l'OM au quotidien, il trempe sa plume dans le vitriol des stats et fait saigner WordPress pratiquement sans assistance. Le plus tendre de tous et donc le plus féroce aussi ! Plutôt aboyant que mordant.
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3 Réponses pour GdB-OM : dernière itération d’un premier acte manqué ?

  1. Bonjour Hugo,

    Comme l’a si bien dit Toti, merci beaucoup pour ton commentaire qui fait vraiment plaisir à lire.
    Il est vrai que Labrune aurait pu être mentionné dans mon article mais il y a tellement à dire sur ce « drôle » de personnage qu’il mérité un édito à lui tout seul. Edito qui est en cours de rédaction et qui devrait paraitre pendant les vacances de noel. 😉

    En espérant te voir sur le forum pour échanger sur l’OM.

    Encore merci pour tes remarques.

    Bonnes fêtes.

  2. Super article !! Bilan de mi saison lucide et cohérent, cependant tu n’insiste pas assez à mon goût sur le rôle de labrune dans cette saison catastrophique, VLB est le cancer du club et le fait mourir à petit feu. Sinon à part sa entièrement d’accord avec toi jeanfred! Bravo.

    • Salut toi ! 🙂

      C’est normal, ce n’est pas trop le propos d’un avant-match et il y a un édito en préparation (pas de mon fait). 🙂

      Merci pour ton soutien, je pense que ça fera vachement plaisir à jeanfred qui mérite vraiment ces encouragements.

      Passe d’excellentes fêtes et à très bientôt. 😉

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