Travaux du Vel’ : une rénovation qui fait de la casse ?

On en rêvait en 1998, Marseille l’a (mal) sous-traité près de 15 ans plus tard : si l’amélioration du Stade Vélodrome ne peut que réjouir tout amoureux de l’OM, elle soulève toutefois pas mal de questions. Certes moins que la coiffure de Mario Lemina, mais un certain nombre tout de même. On fait le point.

Une addition salée pour le contribuable

Jean-Claude Gaudin l’assure : la rénovation du Vélodrome ne met pas en péril les finances de la Ville

268 millions d’euros. Les Marseillais ont beau être fous de leur club de foot, pas sûr que la pilule soit facile à avaler dans un contexte de crise. Un récent rapport de la Chambre Régionale de la Cour des Comptes épingle ce coût, le mettant par exemple en parallèle avec le manque de places en crèches dans certains secteurs de la ville. Compte tenu de l’inutilité chronique du centre de formation olympien en matière footballistique, les mauvais esprits auront vite fait de proposer la transformation du Centre Robert Louis Dreyfus en structure d’accueil pour nourrissons. D’autant qu’il n’échappera probablement pas à José Anigo que ces derniers présentent l’avantage indéniable d’être chauves, la plupart du temps.

Les milieux populaires, auxquels l’ensemble de la classe politique locale se dit si attachée, vont ainsi devoir raquer pour un stade demeurant dans le giron public pour des raisons officiellement sociales ! Et Contrairement à une idée reçue, ce débat n’oppose pas forcément supporters et allergiques au football, à l’heure où le PSG et l’OL, deux des principaux concurrents des phocéens, vont eux devenir propriétaires de leur stade. Voilà qui ressemble fort à un deal perdant-perdant.

Des retombées limitées pour l’OM

Ni propriétaire de son stade ni propriété d’un investisseur réellement ambitieux, l’OM entend lutter avec ses propres armes face à une concurrence féroce.

Parfois accusé de récolter les fruits d’un effort de la collectivité, l’Olympique de Marseille peut en effet rétorquer qu’il n’est pas directement impliqué dans un projet dont il est pourtant la principale vitrine. Car il ne faut pas se leurrer : le concert de Madonna, les récitals d’insultes de Laurent Spinosi, où le dernier opéra de Jean-Noël Guérini, c’est hyper-cool, mais le pain quotidien du Vel’ reste essentiellement son club résident. Accusant un manque à gagner total de 24 millions d’euros sur la billetterie, Vincent Labrune doit en outre composer avec l’épineuse question de l’augmentation à venir du loyer du stade, sans compter le quota de places réservé aux groupes de supporters, à la famille d’André-Pierre Gignac, ou encore à celle de Jean Dujardin.

Plus généralement, si l’augmentation du nombre de places VIP doit assurément engendrer des rentrées d’argent supplémentaires, l’impossibilité pour l’OM de posséder son stade est un frein considérable à son développement à long terme, que le récent rachat de la Commanderie et la mise en hypothèque du cerveau de Jérémy Morel ne peuvent suffire à compenser. Surtout face aux pétro-dollars de « Monaris ».

]Le toit qui cache la forêt ?


Malgré les travaux, Rachid Zéroual est plus mobilisé que jamais pour défendre les intérêts de son équipe

Ce déclin annoncé, aussi inévitable qu’un changement d’Elie Baup à la 88éme minute de jeu, met en relief une autre baisse de régime particulièrement préoccupante : celle du public, qui ne donne plus de la voix que par intermittence, à un rythme comparable au rendement sportif de Dimitri Payet. Longtemps incriminée, la rénovation du stade ne peut indéfiniment servir d’alibi à l’inquiétante baisse d’engouement constatée. D’autant que cette dernière est à vrai dire bien antérieure au début des travaux.

Si le public est légitimement intimidé par la crainte de pouvoir subir à tout moment un traumatisme crânien inopiné, compte tenu de la qualité de centre de Rod Fanni, il lui faudra indéniablement muscler son jeu pour que les tribunes retrouvent un standing ( ou un sitting, puisqu’ a priori il faut désormais rester assis au stade) digne de ce nom. On ne demande pas des trucs fantaisistes ou impossibles évidemment, comme éviter de faire une grève débile en quarts de finale de Ligue des Champions, mais simplement un regain de ferveur. D’autant qu’en matière d’acoustique, les premiers résultats de
la pose du toit semblent envoyer du bois. Qui ne demande qu’à s’enflammer à nouveau.

Gouffre financier, épine financière potentielle dans le pied et outil actuellement mal utilisé par des supporters démobilisés, le nouveau Stade Vélodrome a des raisons de faire jaser. Il ne faudrait cependant pas oublier qu’il suffirait de peu de choses pour relancer cette magnifique machine : au hasard, un coach non-neurasthénique, un public non-subventionné ou encore, soyons fous, un sourire de Jordan Ayew.


Le gros problème si on pose un toit, c’est que les frappes lointaines d’André-Pierre Gignac risquent de lui revenir dans la gueule.

 
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Article lu 1687 fois, écrit le par bibpanda Cet article a été posté dans Edito. Sauvegarder le lien.

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