svinzinho, désolé, finalement j'ai fait un long texte (le plus long en plus

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Les français et l’image de l’URSS
Si au début des années 80 l’URSS est très critiqué, cela n’a pas toujours été le cas. En effet, pendant longtemps l’image de l’URSS auprès de nombreux Français est déformée par rapport à la réalité. L’URSS n’apparaît alors pas comme un système totalitariste et finalement assez éloigné du communisme.
Ainsi, l’URSS représente un idéal, un système avec des valeurs différentes, des valeurs de solidarités, d’une certaine égalité… Même si cette représentation n’est pas fidèle à ce qu’est l’URSS, elle est présente dans l’esprit de nombreux français. L’URSS par l’intermédiaire de ses dirigeants se présente comme un système basé sur la solidarité et l’égalité, où le peuple dispose librement de la production du pays, est soigné, éduqué et a accès librement à la culture et ou la répartition de la richesse est plus juste. Pour nombre de Français, la nouvelle voie qu’est le socialisme ou le communisme semble plus que jamais possible, puisqu’une grande partie du monde semble alors régit sous les valeurs communistes, une alternative « sérieuse » et « matérialisé » aux sociétés capitalistes.
Le bloc de l’URSS influence d’une certaine façon les politiques françaises. Le front populaire composé de radicaux, de socialistes et de communistes gagne les élections de 1936 ; les communistes ont 15 % des voies. L’URSS et ce qu’il représente fait partie du succès de 1936. Ca fait partie du même mouvement. Surtout, après la guerre, les communistes, de même que les américains sont considérés comme des héros. En effet, nombre de résistant étaient communiste.
Cette situation permet aux français qui souhaitent le changement de se réunir sous un même drapeau, d’être plus convainquant donc d’être plus mobilisateur. Mais les idées du socialisme et du communisme sont très liées au sort réservé à l’URSS. Celui-ci en est plus que le porte-drapeau.
Les valeurs de solidarités et d’égalités et leurs applications sont donc en partie assimilées au bloc soviétique. L’après guerre a donné naissance à la sécurité sociale, un commencement à l’émancipation des femmes, s’en est suivi des améliorations des conditions de travail… Cette période est concomitante à la montée de l’URSS.
La solidarité et l’égalité sont des valeurs en tant que tels, mais l’être humain, être complexe se perd parfois dans des groupes en oubliant les idées originelles. C’est-à-dire défendre bec et ongles une personne, un clan, un parti, un pays alors même que celui-ci n’incarne pas ou plus les valeurs qui nous y ont fait adhéré. On n’adhère plus aux idées, mais au parti, ce ne sont plus les idées et méthodes qu’on veut mettre en application, mais le parti qu’on veut mettre au pouvoir. Le groupe prend le dessus sur les idées et valeurs de l’individu, l’individu devient membre du groupe avant d’être individu.
C’est ainsi que nombre de communistes Français ont continué à défendre l’URSS. A un moment donné, défendre les idées communistes, c’était s’opposer au PCF. Du fait de l’image erroné, mais aussi de quelques esprits malveillants, les ennemis de l’URSS étaient considérés comme étant contre la solidarité, l’égalité et donc le « communisme ».
Certains communistes ont continué à défendre l’URSS jusque dans les années 80. Mais pour beaucoup de communistes, l’invasion de la Tchécoslovaquie par l’URSS a permis d’ouvrir les yeux sur ce qui se passait ; les réalités du bloc de l’URSS sont apparues aux grands jours pour le citoyen Français. Certes, tout le monde savait déjà que l’URSS était impérialiste, mais le camp d’en face (Les Etats-Unis d’Amériques) l’était aussi. Seulement, avec l’implosion de l’URSS, l’image du capitalisme a pu se déformer davantage. Au même moment qu’on découvrait les crimes odieux de l’URSS, les crimes non moins odieux des US étaient relégués au second plan.
Le problème c’est qu’aujourd’hui, nous assistons au même effet pervers, mais à l’inverse. En fait ce sont les ennemis de la solidarité et de l’égalité qui d’une certaine façon assimilent ces valeurs à l’URSS…
Nous sommes devant une situation complexe. La solidarité et l’égalité semblent être des valeurs universelles. Il suffit de regarder les films américains, lire la presse, écouter les leaders politiques… Pourtant, dès lors qu’on parle de mettre cette solidarité et égalité dans le fondement dans nos sociétés, il semble que ces valeurs soient oubliées.
En effet, tout homme politique qui aujourd’hui veut plus d’état, pour réinstaurer un système plus juste et plus solidaire se verra catalogué « petit dictateur » (ce qui est un comble si l’état est aux mains du peuple, plus d’état c’est plus de démocratie …). En fait, on dira de cet homme qu’il est communiste/socialiste. On lui citera les exemples de pays dit communistes ou socialistes…
Tout le monde sait que le système capitaliste récompense l’argent, il ne peut donc tendre vers une harmonisation des richesses. Pourtant, dès qu’on tente d’imaginer un système qui ne serait pas basé sur la récompense de l’argent, le spectre de l’URSS et des horreurs commises reviennent pour invalider ce changement.
Le drame dans cette histoire, c’est que l’URSS n’a jamais à partir de Staline était communiste, ni même socialiste, certes le système économique était différent du système capitaliste, mais la finalité restait la même. Une petite partie de la population prenait le pouvoir sur la grande majorité. La petite partie s’enrichissait, s’accordant des privilèges, tandis que l’autre travaillait. La nomenklatura est l’équivalant des actionnaires dans une société capitaliste. Si les capitalistes possèdent les appareils productifs grâce un système basé sur les richesses, les bureaucrates soviétiques possèdent eux aussi les appareils productifs par l’intermédiaire d’un état non régit par le peuple.
On entend la démocratie comme un droit de vote donné à chaque citoyen. Mais il faut comprendre que la démocratie capitaliste et la dictature soviétique ont un point commun, celui qu’on vient de voir, c’est-à-dire que l’utilisation des biens créés par l’ensemble de la population est décidée par un petit groupe seulement. Il n’y a donc pas de démocratie à proprement parler.
Dans une société capitaliste, les profits iront toujours en grande partie aux détenteurs de capitaux. Certes il existe des impôts, mais ces impôts sont justement une limitation au capitalisme. Si les citoyens choisissaient grâce au vote démocratique de s’approprier les appareils productifs, nous ne serions plus dans un système capitaliste, mais dans un autre système proche du communiste, dans le vrai sens du terme.
Une vraie société communiste, doit être démocratique. Sans cela, les moyens de production appartiendraient à un état qui n’a pas de compte à rendre aux citoyens.
Aujourd’hui comme hier, le débat politique n’est pas sur les idées.
Comment cela pouvait-il être autrement ?
Quand et l’URSS et l’occident se représentent comme les deux seules voies possibles … que le choix doit se faire entre les deux…qu’il faut choisir … Il n’est pas étonnant qu’on aboutisse à une période où le fond n’est plus de mise.
Il existe plusieurs systèmes possibles, pas deux. Des millions de gens, « communistes » et « capitalistes » ont pensé que le monde offrait que deux alternatives ! Il est donc normal aujourd’hui, alors qu’un des deux systèmes s’est écroulé, que les gens pensent qu’il n’y a qu’un monde possible. Lorsqu’une personne remet en question le système capitaliste, et opte pour un système différent basé sur des valeurs qu’il définit comme plus solidaire, il est normal qu’on lui renvoie l’image (la vraie) de l’URSS.
iamaseb a écrit:Pour qui devrais-je voter, sachant que je suis anticapitaliste, et pour un système solidaire ou on partage la richesse.
JPP REVIENS a écrit:Très honnêtement, je ne vois aucun parti correspondant concrètement à ce que tu énonces.
Ton vocabulaire est pacifié, celui de l'extrême gauche ne l'est.
Tu aspires à une redistribution des richesses, à un partage, l'extrême gauche actuelle est plus pernicieuse que ça, c'est une dictature à l'envers, on ne voit qu'un patronat, une bourgeoisie diabolisée, en oubliant la majorité de la population, les PME etc...
Honnêtement, et dans un monde idéal, je te dirais de créer ton propre parti politique, avec tes propres idées, au delà de toute considération économique, ou de temps.
Maintenant, et dans la mesure où ce n'est pas forcément accessible ni possible pour toi actuellement, je pense que les associations multiples, spécialisées, te satisferont davantage que les partis politiques traditionnels ou actuels.
La France n'évolue pas, dans un sens ou dans un autre, on est resté sur nos clivages gauche/droite, bidons, sans évolution, sans aucune remise en cause, nous allons droit dans le mur.
Un vote blanc vaut mieux qu'un vote extrêmiste, ce n'est que mon avis ; )
Je ne parlais pas forcément d'adhérer à un parti politique, mais de voter pour un candidat.
Je comprends ce que tu veux dire. Oui il y a des gens qui voient les patrons, la classe dirigeante comme des salauds, sans cœur, sans scrupule, égoïste ... mais je pense que c'est parfaitement compréhensible qu'ils aient cette position, cette réaction.
Si on ne prend pas en compte l'aspect psychologique ou sociologique qui pousse les individus à certains comportements, et qu'on ne regarde que les faits :
Quel(s) rôle(s) joue(nt) les individus ? Quel est notre système ?
Selon l'héritage que l'on reçoit à la naissance, certains seront obligé de travailler pour survivre, d'autres feront travailler les autres pour s'enrichir. C'est une réalité.
Certains devront faire face au chômage, et d'autres devront se poser la question si il n'est pas bénéfique pour eux de délocaliser ?
Bref, on n'a pas tous les mêmes problèmes. Le quotidien n'est pas le même pour tout le monde, et les décisions des patrons entraînent de lourdes conséquences pour la vie de nombreuses personnes. C'est la encore la stricte vérité.
Le système dans lequel nous vivons, récompense l'argent, c'est ce qui explique que l'écart entre les pauvres et les riches augmentent aujourd'hui.
Ce système ne peut répondre au besoin du plus grand nombre.
On le sait, nous avons assez de richesse pour que la pauvreté n'existe plus, mais pourtant, elle perdure.
Pour ceux qui ont fait ce constat, il semble logique qu'ils en veulent aux « décideurs », à ceux qui s'enrichissent et qui dans le même temps prennent des décisions qui les appauvrit. La personne qui se retrouve au chômage parce que son employeur ne fait pas assez de profit pour raison X ou Y, ne peut pas accepter le choix du dirigeant.
Maintenant, il faut comprendre l'être humain et ne pas oublier que le patron, que l'actionnaire ... est un être humain. Pour illustrer cette situation de fait, un chômeur qui serait né dans le même milieu que le patron pourrait avoir le même type de comportement.
L'argument le plus souvent cité dans les discutions que j'ai eu quand je critiquais le patronat, c'est que le patron ne licencie pas par plaisir... Ce qui est vrai, dans beaucoup de cas. Il n'empêche qu'il est dans une logique qui le pousse à prendre ce genre de décision, décision qui est, elle plus que discutable ! Au bout du compte, le patron prend bien la décision de licencier une personne. Cet acte n'est pas anodin, il n'est pas sans conséquence ! Et il serait naïf de croire que le patron n’ait pas conscience de ce qu’il fait.
Mais, tout comme il faut comprendre la logique du patron qui délocalise, il faut aussi comprendre la réaction des victimes de cette logique.
Le combat ne doit pas se fixer sur les méchants patrons, mais plutôt de combattre pour une redéfinition des rôles, et du système de répartition des richesses.
Ce qui est important, c'est que demain, il ne soit plus possible pour une personne de s'enrichir sur le travail d'autrui alors qui celui-ci reste dans la pauvreté. C'est sans doute utopique, mais par contre, il est quand même possible de remettre en cause le système capitaliste, qui est lui basé sur l'exploitation d'autrui. Là-dessus, c'est illusoire de croire qu'on ne peut rien changer.
Les personnes qui sont lésées par le système ne sont pas forcement contre la logique du système, certaines n’acceptent pas la place qu’est la leur dans la société. Elles veulent être de ceux qui profitent du système, non les victimes. Et elles vont rechercher des bouc-émissaires, qui seraient responsable de leur situation.
Au lieu de comprendre les mécanismes du système, elles vont donc rechercher des raisons simplistes. Et c’est ici que Lepen et d'autres (mais aussi des Staline) interviennent, en faisant croire par exemple que les problèmes seraient liés aux étrangers. C’est ce qui explique aujourd’hui que de nombreux ouvriers votent Lepen.
Il faut donc bien faire ici distinction entre ceux qui essayent de comprendre la situation actuelle, en recherchant le bien être de la collectivité, et ceux qui vont profiter de la misère d’individus, de l’ignorance et de la haine pour parvenir à leur dessein personnel.
Cette distinction doit être faite, car il est possible de rechercher l’intérêt des opprimés, sans pour autant être le « petit dictateur » que Staline était, ou que Lepen représente. Cela vaut pour moi, et pour vous. Et oui, cette recherche passe par une remise en cause du capitalisme et de la logique de celui-ci.
Modifié en dernier par iamaseb le 13 Nov 2006, 22:58, modifié 2 fois.