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Elle se préparait à succéder à Jean Castex à Matignon : comment Catherine Vautrin a été " débranchée "
Selon nos informations, Emmanuel Macron a appelé Catherine Vautrin lundi matin pour lui annoncer qu’il nommait finalement Élisabeth Borne au poste de Premier ministre. Depuis jeudi dernier, l'élue de Reims préparait son cabinet et planchait au gouvernement… Nos révélations.« Catherine, c’était fait… », soupire un proche de l’élue de Reims, qui l’espace d’un long week-end a bien cru qu’elle succéderait à Jean Castex à Matignon. « C’était topé avec Macron en personne en fin de semaine dernière, avant son départ samedi soir pour Abou Dhabi », admet un proche du président…
Plusieurs sources assurent à Marianne que Catherine Vautrin avait même commencé à constituer son cabinet. « Elle m’avait mis en alerte », glisse un haut fonctionnaire sollicité. « Des choses très concrètes, d’agenda et de bureaux, s’étaient mises en branle », détaille une personnalité de la droite française, très proche de l’élue rémoise. Catherine Vautrin avait discrètement rencontré le président la semaine dernière, qui l’avait sollicitée pour le poste. « Cela s’était très bien passé, et Macron avait ensuite sondé des personnalités de droite sur son choix Vautrin à Matignon », assure un poids lourd de LR.
« Une sorte d’Angela Merkel de l’est de la France »
« Macron voulait une élue de terrain, avec une expérience sociale, et il avait été convaincu par Vautrin, une sorte d’Angela Merkel de l’est de la France qui a fait de son agglomération une zone tout électrique et connaît par cœur l’Assemblée », glisse un élu. « Après Édouard Philippe, un Premier ministre conseiller d’État, puis Jean Castex, conseiller à la Cour des comptes, le président choisissait une femme avec un simple diplôme de droit, cela avait du sens », confie un proche du chef de l’État. « Catherine aurait fait une très bonne Premier ministre, affirme de son côté Jean-François Copé. Pendant la guerre, elle aurait été résistante, cela ne fait aucun doute ».
Chose rarissime à droite, l’option Vautrin mettait même Copé et Sarkozy d’accord. Selon nos sources, l’ancien président – consulté par Macron – avait lui aussi approuvé la candidature de son ancienne porte-parole pour la primaire de 2016. Au cours de plusieurs de ses rendez-vous de la semaine dernière, Nicolas Sarkozy, régulièrement sollicité par Emmanuel Macron, a laissé filtré que le prochain premier ministre « serait une femme de droite ». Et dans l’entourage direct de Sarkozy, l’hypothèse Vautrin a tenu la corde avec certitude jusqu’à dimanche.
Et puis patatras… Que s’est-il passé l’espace de ce week-end où Emmanuel Macron s’est envolé aux Émirats arabes unis, à Abou Dhabi pour rendre hommage au Cheikh Khalifa ben Zayed Al Nahyan ?
Levée de boucliers de l'aile gauche de LREM
Selon nos sources, dimanche en milieu de journée, Alexis Kohler, le secrétaire général de l’Élysée, appelle coup sur coup Richard Ferrand et François Bayrou, les deux poids lourds de la majorité LREM. Le sort de Catherine Vautrin est en train de se jouer. Est-ce que Kohler, à la lecture des réactions à l’hypothèse Vautrin, a senti le vent tourner ? Depuis que le nom de l’élue de Reims a fuité, vendredi, ses prises de position contre le mariage pour tous tournent en boucle sur les réseaux sociaux. Dans l’entourage du président, deux hommes ont jusque-là soutenu la candidature de l’élue de Reims : son conseiller politique Thierry Solère et le ministre de l’Outre-Mer, Sébastien Lecornu. Ont-ils sous estimé que ces prises de position allaient déclencher une bronca ? « Le président demande à Thierry de lui ramener des profils, et c’est ce qu’il a fait avec Catherine Vautrin, mais c’est le président qui choisit et qui décide, pas Thierry », s’agite un proche du conseiller… Quoi qu’il en soit, l'hypothèse Vautrin avait été mise sur pied dans le plus grand secret à l'Élysée.
Jusqu’au coup de fil de Köhler dimanche, « ni Bayrou ni Ferrand ne croyaient sérieusement qu'elle pouvait être désignée, confie un proche du patron du Modem. Elle n’a fait partie d’aucune des aventures électorales de ce quinquennat, n’a participé en rien au travail de notre famille politique ! Elle n'a fait aucune télé depuis dix ans et n'a pas participé à un gouvernement depuis 20 ans, François a pensé que sa nomination était inimaginable »…
« Pour les technos, Matignon ne peut pas être confié à un sans-grade »
Trois « réseaux » se mettent en route pour faire barrage à la nomination de Catherine Vautrin : « Elle a eu une levée de boucliers des technos, de l’aile gauche et des réseaux LGBT », analyse un de ses proches. Dès dimanche après-midi, Alexis Kohler, plaide auprès du président le retour du plan A et la nomination à Matignon d'Élisabeth Borne, polytechnicienne, préfète. « Il faut comprendre que les technos penseront toujours technos, ironise un ancien ministre supporter de Vautrin. Pour eux, Matignon ne peut pas être confié à un sans-grade ». La deuxième bronca vient de l’aile gauche de la majorité. Dimanche, Bayrou et Ferrand, rentrent dans la danse. « Le groupe LREM risque d’exploser en vol », prévient sèchement le patron de l’Assemblée. Bayrou parle de « pure folie politique ».
De retour des Émirats, Emmanuel Macron atterrit à Paris dimanche soir vers 20 heures. Rien n’est encore arrêté. Mais la messagerie Telegram du chef de l’État est noyée de messages. Selon nos informations, lundi matin, Emmanuel Macron appelle en personne Catherine Vautrin pour l’informer de son choix final et du retour à l’option Borne. « Catherine a été débranchée en dernier moment », écrit dans la journée de lundi un des fonctionnaires pressentis pour rejoindre avec elle Matignon. Réagissant à la nomination d’Élisabeth Borne, à 17 heures ce lundi, Catherine Vautrin tweete : « Enfin une femme à Matignon ! Bravo à @Élisabeth_Borne et plein succès à la France. » Élégant. Pas impossible que l’élue de Reims décroche un poste dans le nouveau gouvernement…
Marianne