Made in Marseille (bons plans, idees, news..)

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Re: Made in Marseille (bons plans, idees, news..)

Messagepar Dragan » 24 Nov 2022, 14:32

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Marseille attire comme un aimant; Qualité de vie, climat, télétravail... Chacun a trouvé une bonne raison de s'installer au pied de la Bonne Mère

Vous ne pouvez pas savoir la chance que vous avez de vivre ici toute l'année !", souffle Olivier en regardant la Bonne Mère. Le quinquagénaire a acheté au prix fort un T3 en dernier étage dans un Pouillon à la sortie du premier confinement et s'échappe de Paris trois jours par semaine grâce au télétravail. Comme lui, ils sont nombreux à investir dans un pied à terre ou une nouvelle résidence principale au soleil. Eux, ce sont les "venants", un terme emprunté à Hadrien Bels pour décrire ces habitants venus d'ailleurs qui participent à la mutation d'un Marseille que l'auteur du roman Cinq dans tes yeux ne reconnaît plus. Des nouveaux arrivants du nord attirés par la mer, le marché de l'immobilier et la desserte TGV à trois heures de la capitale. Les touristes aussi qui atterrissent des compagnies low cost le week-end pour prendre un shot de vitamine D sur le Vieux-Port.

Du Panier à Endoume, de Noailles au cours Ju, les bars branchés, les restos végés et les concepts de déco poussent comme des champignons. Avec les fresques de street art et les petits trafics en toile de fond. Ici, les néos aiment faire le marché, chiner dans les friperies, boire l'apéro au milieu de la foule colorée et s'encanailler rue d'Aubagne, à deux pas de la "dent creuse".

Une opportunité

Incontestablement, Marseille bouge et rattrape son retard, sa cote monte et sa population se transforme. Des nostalgiques ne se reconnaissent pas toujours dans ce décor, ils pointent le manque de vie et la perte d'une âme dans les quartiers, ils s'inquiètent d'une gentrification du centre-ville et de la hausse du prix au mètre carré qui poussent les plus modestes en périphérie et empêchent les jeunes d'accéder à la propriété.

"La Provence fait rêver, tous les clichés y passent, même les pires ! À la sortie du confinement, il y a eu un phénomène de 'défrustration', les gens ont eu envie de se lâcher et trouver un cadre de vie plus apaisé et confortable. Le 'quoi qu'il en coûte' de l'État a renforcé la capacité de financement de certains. Quand les Parisiens ont un pouvoir d'achat deux à trois fois supérieur au marché et la motivation de concrétiser un projet vite, cela crée une bulle et des surenchères. On ne peut pas tout mettre sur la migration, la hausse d'aujourd'hui (7 % en 2021) s'explique aussi par un rattrapage : depuis la crise des subprimes en 2008, les prix de l'immobilier n'avaient fait que descendre pendant dix ans, nuance Olivier Chartier, responsable commission-transaction de la Fnaim 13. Le marché est reparti en 2018, le Covid a donc amplifié le courant et différencié la valeur des biens : avec ou sans extérieur et Marseille devenait la destination du télétravail. Pendant deux ans, la dynamique a été forte et si la demande reste supérieure à l'offre, ce n'est plus le vendeur qui dicte la loi. On commence à retrouver des discussions et les prix se tassent, hormis dans les 7e et 8e arrondissements. La ville cumule toujours des handicaps (transport, propreté et sécurité) mais si elle poursuit le développement de ses infrastructures, il n'y a aucune raison pour que les gens partent. Aujourd'hui, on voit même des Aixois s'installer à Marseille..."

Si la pandémie est un accélérateur de tendances, ce changement d'image auprès des Parisiens et Lyonnais prend racine en 2013 avec le label Capitale européenne de la culture. "C'est la mise en tourisme de la ville avec ses 32 km de rivage, l'ombrière, le Mucem qui a changé sa perception. Marseille est aussi la seule ville au monde qui a un parc national sur son territoire. Le Covid a exacerbé ce qui était déjà là. Le rêve de la mer ce n'est pas Nice ou Cannes, les gens viennent à Marseille pour son aspect rebelle qui repoussait autrefois. La ville a une opportunité historique et le plan Marseille en grand en est l'accélérateur.La nouvelle municipalité y participe aussi en cassant le côté clientéliste et corrompu même si elle n'arrête pas de communiquer sur le surtourisme. C'est une question qui se règle, Barcelone l'a bien fait. Marseille est une ville d'hybridation culturelle où l'on est surpris partout et tout le temps.

Les gens y viennent comme ceux qui partaient à l'époque en Amérique ! Aujourd'hui, cette nouvelle vague de migrants est aussi légitime et va porter une partie du développement de la ville. Ils viennent du nord, ils sont diplômés, ils gardent leur boulot ou entreprennent, ils ont de l'argent et des exigences, ça manquait, relève le sociologue Jean Viard. C'est là que les politiques publiques doivent protéger les plus faibles, engager des actions pour l'emploi et le logement afin que les jeunes intègrent le mouvement. Si les arrivants d'Ile-de-France font monter les prix, c'est un bon indicateur car quand une ville ne vaut plus rien, ils s'écroulent. Il ne faut pas en avoir peur, Marseille est une ville de migrants. Le 'nous' marseillais a deux ou trois générations. Tous les peuples sont passés par Marseille, c'est une ville inscrite dans la mémoire, faite de survivants. Jamais Marseille n'a eu une telle capacité d'attraction, ces transformations doivent profiter à tous."

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Re: Made in Marseille (bons plans, idees, news..)

Messagepar Lo Provençau » 24 Nov 2022, 21:20

Il y a quand même une différence entre les "migrants" qui sont venus a Marseille pour fuir la misère (la très large majorité des personnes arrivées dans cette ville entre aux 19 et 20eme siècle) et les "migrants" qui y viennent par héliotropisme avec les poches pleines.
Je trouve la comparaison un peu malvenue, au bas mot...
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Re: Made in Marseille (bons plans, idees, news..)

Messagepar superolive » 24 Nov 2022, 23:13

Lo Provençau, c'est clair :lol:
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Re: Made in Marseille (bons plans, idees, news..)

Messagepar Dragan » 27 Nov 2022, 18:45

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À Belsunce, le blues des grossistes; Installée depuis un siècle au coeur du quartier de Marseille , l'activité de vente en gros s'organise pour garder sa place

Ce matin de novembre, ils se retrouvent autour d'un café, au coeur de Belsunce, sur une table du Berti, place des Fainéants (1er). Vincent, Djoudi, Sophie et les autres sont tous grossistes, parfois de père en fils. Prêt-à-porter, accessoires, lingerie, maquillage, mini-électroménagers, jouets... ils approvisionnent forains et commerçants venus pour la plupart de la région même si certains habitués n'hésitent pas à faire le déplacement plusieurs fois par mois depuis Montpellier ou Perpignan. Ce matin, le rush de Noël ne se fait pas sentir. Malgré quelques colonnes de cartons empilées sur des chariots, qui roulent le long des vitrines, l'activité ne bouillonne pas. Et le moral se perd au fond de la tasse. "On a l'impression que nous, commerçants de Belsunce on n'est pas considérés comme des acteurs économiques du quartier. On n'est rien, on décide sans nous, notre voix ne compte pas", lance Vincent.

Car au-delà de la grogne suscitée par la fermeture soudaine du parking de La Providence, d'autres interrogations alimentent les discussions des grossistes. Forcément, privés de ces 82 places idéalement situées derrière la bibliothèque L'Alcazar et bordées par les rues de La Providence et Longue-des-Capucins, les commerçants accusent un manque à gagner (lire ci-dessous). "Ça commence par la fermeture du parking, et puis, c'est quoi la suite ? Nous voudrions savoir quel est l'avenir de Belsunce. Qu'envisagent les collectivités pour notre quartier ? Et par conséquent, le commerce a-t-il encore une place ici ?", lance Thérèse Basse, présidente de l'Association des commerçants et artisans Marseille Belsunce (Acam). Dans ce secteur dédié à la vente de gros, depuis près d'un siècle, ils sont actuellement 115 grossistes et 450 commerçants. Soit 600 emplois au total, confirme la Chambre de commerce et d'industrie de Marseille (lire ci-dessous). "Si les grossistes vont mal, tout le monde va mal", insiste Ahmed, le patron du Berti.

Le cafetier pointe les rideaux de fer qui ne se lèvent plus, rue du Tapis-Vert ou des Convalescents. Les arrêtés de péril s'affichent sur les portes, le quartier périclite "et puis les incivilités et la violence sont de plus en plus présentes. Si on remplace le parking par un jardin, très bien. Mais tout le monde ici sait que ce ne sont pas les enfants qui iront jouer là-bas et que ça finira en hôtel à ciel ouvert", fait remarquer Mahjouba du bar La Française, rue Longue-des-Capucins.

Un peu plus loin, dans sa boutique de vêtements et accessoires, Sophie Wang sert une cliente mais reconnaît que la saison va être dure à boucler et met en danger les prochaines. "On a déjà vécu les manifestations de gilets jaunes, les années de Covid... On résiste mais on n'y arrive plus. Alors, oui, quand il a fallu manifester contre la fermeture de ce parking, qui offre pour nous et surtout pour nos clients une meilleure accessibilité, on est allé rejoindre les manifestants dans la rue. Et pourtant, ce n'est pas notre culture. Nous, on veut juste travailler. Et pas faire de la politique, ni de comptes rendus à notre avocat, ni circuler de pétition...", insiste la commerçante.

Sous son tiroir-caisse, deux contraventions qu'une cliente lui a envoyées. "À 10 h 11 et 11 h 06, le même jour, le 3 novembre. Elle s'est garée près du magasin pour charger et voilà..." Comme d'autres, Sophie s'est également posé la question du Mif 68 (Marseille international fashion center) en 2018, installé dans la Zac de Saint-Antoine, en contrebas de Grand Littoral (15e). Ce village de containers financé par le groupe immobilier Résiliance devait rassembler 200 grossistes mais en compte moins de 50 à ce jour. "Les loyers sont très chers et le droit d'entrée aussi", glisse la grossiste. "Il faut penser aussi à ceux qui sont propriétaires des murs. Que fait-on ? On brade tout et on s'en va ? Et puis, on aime ce quartier, qui bouge, qui klaxonne, cette mixité. Mais peut-être que l'intention de la mairie est de transformer Belsunce en quartier Airbnb. Et on va devenir comme la rue de la République : vide de vie", relève Djoudi, grossiste en prêt-à-porter masculin de la rue des Convalescents. En 2018, Sabine Bernasconi alors maire de secteur (LR) ambitionnait de faire du quartier un "nouveau Chinatown". Avec des commerces, bien sûr, mais aussi des activités culturelles, des grandes portes délimitant le quartier... Et puis, les grossistes ne se sont pas rués vers le nord de la ville et le projet a pris l'eau. Quant à sa successeure, Sophie Camard (PM), elle ne tient pas à renoncer ni à la végétalisation de la place ni à une circulation plus apaisée. Ça va encore coincer à Belsunce.

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Re: Made in Marseille (bons plans, idees, news..)

Messagepar Lo Provençau » 27 Nov 2022, 20:13

Ça fait pas un siècle mais au moins 300 ans que ce quartier est celui des grossistes. Le nom des rues, l'architecture des immeubles en est un implacable témoignage.
Ça me désespère toujours de voir ce genre d'article écrit au lance pierre par des gens ne connaissant probablement pas plus Marseille que moi Bourg en Bresse.
Mais bon, ainsi va la vie. Les nouveaux remplacent les anciens.
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Re: Made in Marseille (bons plans, idees, news..)

Messagepar superolive » 27 Nov 2022, 22:36

Lo Provençau, quoi tu ne connais pas Bourg en Bresse ? :hein:
C'est pourtant le début de la fameuse plastique vallée, je connais bien :lol:

Bon en vrai c'est totalement moins intéressant que Marseille :wink:
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Re: Made in Marseille (bons plans, idees, news..)

Messagepar Dragan » 29 Nov 2022, 10:44

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Marseille mise sur un grand parcours d'art urbain

Le musée des Arts urbains de la ville va investir 3,5 millions pour créer une centaine de fresques dans les quartiers déshérités.

C'est une nouvelle pièce d'un ambitieux projet de parcours d'art urbain à ciel ouvert qui sera inaugurée le 8 décembre sur le mur d'enceinte d'un lycée du 3e arrondissement de Marseille : une fresque de près de 300 m2 vantant les valeurs du sport et du travail collectif. Pour cette installation dans un des quartiers les plus déshérités de la ville, le pôle de création artistique Méta 2 et l'association d'innovation sociale Marseille solutions, à l'origine de l'initiative, ont fait appel à un artiste du cru - Bobar - et ont mobilisé 16 jeunes inscrits à la première promotion de l'école du MauMa (musée des Arts urbains de Marseille) qu'ils ont créé.

« L'art urbain est notre véhicule d'insertion pour former des populations éloignées de l'emploi à des métiers connexes, comme la communication et le bâtiment », explique Camille Chapuis, présidente de Marseille solutions. Ainsi présenté, le projet a permis de mobiliser des ressources autres que culturelles auprès d'acteurs économiques - l'OM Fondation et la Fondation SNCF en tête - et de l'Etat, par le biais de Pôle emploi. Près de 35.000 euros ont ainsi pu être réunis. Il en faudra dix fois plus pour mener à son terme ce chantier qui prévoit la création d'ici à 2026 d'une centaine d'oeuvres de street art sur les pignons des bâtiments du nord de la ville. Il s'inspire largement de l'expérience Wynwood Walls, créée il y a treize ans dans un quartier malfamé de Miami, aux Etats-Unis. Le quartier s'est depuis hissé parmi les « must see » de la ville, attirant 3 millions de visiteurs chaque année ainsi que des start-up, des bars et des restaurants branchés par dizaines.

Séduire les croisiéristes

A Marseille, le MauMa a la même ambition. Son parcours pédestre propose déjà de découvrir une dizaine d'oeuvres géantes valorisant le bouillonnement culturel qui couvre de couleurs vives les murs du centre-ville depuis les années 1980. « Le MauMa parvient à encadrer cette spontanéité artistique », observe l'agence d'urbanisme de l'agglomération de Marseille.

En bordure de la cité Félix-Pyat, le groupe Orange a par exemple offert un de ses murs pour la réalisation d'une fresque XXL en hommage au peuple ouïgour martyrisé par le gouvernement chinois. Un peu plus loin, une Joconde géante constituée de 6.207 points de couleur a pris place sur le flanc d'un nouvel immeuble. Des dizaines de milliers de touristes ont déjà sillonné le parcours. Avec l'aide de l'office de tourisme, le MauMa espère maintenant séduire les compagnies de croisières, qui accostent à deux pas.

Paul Molga

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Re: Made in Marseille (bons plans, idees, news..)

Messagepar Dragan » 29 Nov 2022, 11:34

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Neutralité carbone : comment Marseille veut accélérer la transition

D'ici à 2030, la cité phocéenne ambitionne de réduire drastiquement son empreinte écologique. Un défi qui touche toutes les composantes de son organisation urbaine, transports et immobilier en tête.

Devenir un territoire modèle de la transition écologique : c'est l'ambition affirmée par Marseille. Un authentique pari pour l'une des villes les plus polluées de France, classée 26e - sur 36 - au palmarès européen de la Clean Cities Campaign. Elle a franchi ce printemps un premier jalon en intégrant le programme « 100 villes neutres en carbone d'ici 2030 » lancé par Bruxelles et saura à la fin de l'année si elle est sélectionnée parmi les 30 qui bénéficieront d'un accompagnement technique et financier privilégié, comme neuf autres villes en France, dont Bordeaux, Lyon, Dunkerque et Paris.

Pas moins de 377 candidatures avaient été déposées. « Marseille part de loin, mais elle a été retenue pour sa volonté à porter des initiatives rapides et pragmatiques pour changer les usages du territoire. Notre ambition est d'inventer un nouveau modèle d'interaction entre la ville et la nature », explique le maire, Benoît Payan.

Les micromobilités au coeur de la stratégie

Le chantier est colossal : Bruxelles estime à 10.000 euros par habitant l'objectif de neutralité carbone en huit ans, soit près de 9 milliards pour Marseille, bien plus que d'autres chantiers prioritaires de la ville comme celui de la rénovation des écoles, chiffré 1,2 milliard.

Pour se hisser en ville-pilote de la neutralité climatique, Marseille prévoit de s'appuyer sur plusieurs piliers d'actions. Le principal concerne les transports : « Le trafic automobile est aujourd'hui responsable de 45 % de la pollution au dioxyde d'azote (NO2) avec une concentration près de cinq fois supérieure aux recommandations de l'Organisation mondiale de la santé », note Pierre Dornier, coordinateur de l'étude de la Clean Cities Campaign en France. Et seulement 2 % de ses rues possèdent des pistes cyclables. Les micromobilités sont au coeur de la stratégie de transition urbaine de la ville. Son plan prévoit notamment la création de sept « autoroutes cyclables » qui desserviront l'ensemble du territoire.

Un programme de report modal de la logistique de livraison urbaine est également en chantier au marché d'intérêt national : le site investit en ce moment 25 millions d'euros avec la Banque des territoires pour concevoir la plus grande centrale photovoltaïque urbaine de France capable de recharger en énergie verte une importante flotte de véhicules électriques pour se conformer aux exigences réglementaires de la zone à faible émission (ZFE) mise en place en septembre dans l'hypercentre de Marseille. Selon l'Ademe, les concentrations de dioxyde d'azote et de particules fines pourraient alors diminuer d'au moins 12 %.

Décarboner le parc immobilier

L'autre grand chantier concerne la décarbonation du parc immobilier. Sur ce terrain, l'écoquartier Euroméditérranée, labellisé l'an passé parmi 42 opérations d'aménagement urbain accompagnées par le Programme d'investissement d'avenir (PIA), tient déjà le leadership. Ensembles résidentiels innovants, nouvelles infrastructures de transport, commerces, équipements publics… Sur cette extension de 170 hectares au nord des 310 hectares initiaux du 112e quartier de la ville, c'est un véritable puzzle de la transition écologique et sociale urbaine qui se met en place. « L'ambition est de créer la ville méditerranéenne et littorale de demain, durable et innovante, offrant une dimension internationale à Marseille avec 30.000 habitants et 20.000 emplois supplémentaires », détaille Laure-Agnès Caradec, présidente du conseil d'administration de l'établissement public.

La pièce maîtresse de ce programme est l'écoquartier des Fabriques, imaginé par Bouygues Immobilier et Linkcity sur un territoire de hangars en friche. Après Smarseille, l'îlot d'Eiffage inauguré avant la crise sanitaire, ce programme comprendra 250.000 mètres carrés de planchers, dont 170.000 pour 2.500 logements avec vue sur la mer ou les collines, des bureaux et des espaces de coworking (44.000 mètres carrés), des magasins de proximité (20.000 mètres carrés), mais aussi des écoles, des campus de formation, des résidentes étudiantes, seniors et hôtelières, une médiathèque et des crèches.

De nombreux services et lieux partagés seront également créés : conciergerie, jardins collectifs, accès à internet pour tous, chambres d'invités, véhicules en autopartage, mutualisation des parkings… Coût estimé du projet : entre 600 et 650 millions d'euros. Près de 8.000 habitants et des centaines d'entreprises et de commerces s'installeront sur ce territoire.

Paul Molga

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Re: Made in Marseille (bons plans, idees, news..)

Messagepar Dragan » 11 Déc 2022, 22:49

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L'INTERVIEW EXCLUSIVE D'EMMANUEL MACRON; "Il faut qu'on fasse ce grand port de Marseille à Lyon"

De l'hydrogène vert va donc circuler entre l'Espagne et Marseille...

Avec ce projet, Marseille va devenir l'un des grands centres de l'hydrogène en Europe. Face à la crise énergétique que nous traversons, nous devons être solidaires entre Européens et développer nos interconnexions, qui nous permettent d'échanger de l'énergie. Nous avons sept interconnections électriques avec l'Espagne. Une huitième passera par le golfe de Gascogne. Nous avions aussi un ancien projet de gazoduc "MidCat" qui reliait l'Espagne et la France et qui a conduit à de nombreux désaccords. Il n'était plus prioritaire, car il visait à transporter du gaz fossile, donc pas compatible avec l'objectif que j'ai fixé de sortir des énergies fossiles pour protéger notre climat. Il posait aussi de nombreux problèmes environnementaux avec la traversée de Pyrénées. Ce que nous avons acté avec le Portugal et l'Espagne, de remplacer ce projet par un projet de connexion appelé "H2Med", qui est beaucoup plus intéressant. Il s'agit du premier corridor d'hydrogène vert en Europe. Il interconnectera nos trois pays, passera par la mer Méditerranée et arrivera à Marseille. le projet devrait être finalisée d'ici 2030.

En quoi ce pipeline va-t-il accélérer notre stratégie bas carbone ?

L'objectif de l'Europe est de produire, à l'horizon 2030, dix millions de tonnes d'hydrogène. En France, nous y contribuerons avec les énergies renouvelables et le nucléaire. Et nous allons aussi en importer la même quantité. À lui seul, ce pipeline qui convoiera deux millions de tonnes représentera 10 % de l'intégralité de cette ressource. Il est donc essentiel dans notre stratégie bas carbone. Tout cela est très cohérent dans la perspective d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050, puisque l'hydrogène renouvelable ou nucléaire n'émet pas de CO², et permettra d'offrir à notre industrie, par exemple aux sites de Fos-sur-Mer qui en ont besoin pour réduire leurs émissions, mais aussi à nos transports une énergie propre. Nous ne sommes plus sur le modèle du gaz naturel, mais dans les technologies d'avenir.

Marseille était une évidence pour vous ?

Ce que nous faisons aujourd'hui c'est une des mises en oeuvre concrète du discours que j'avais prononcé il y a un peu plus d'un au Pharo sur la planification écologique et sur le plan "Marseille en grand". Marseille est une porte d'entrée naturelle, par sa position géographique et par la présence de ses industries tournées vers l'avenir. Il faut aussi qu'on fasse, là encore pour des questions de cohérence énergétique et industrielle, ce Grand Port qui aille de Marseille à Lyon. Il remontera le sillon rhodanien pour acheminer les énergies, les marchandises vers la vallée de la chimie, au sud de Lyon, et permettra aussi de connecter l'Allemagne et son coeur de production. Il faut qu'on fasse sur Marseille-Lyon ce qu'on a fait sur Le Havre-Paris avec Haropa. L'idée est d'intégrer le transport de marchandises et d'énergies, le tourisme et le développement industriel.

On comprend mieux pourquoi vous avez insisté pour que Christophe Castaner apporte son poids politique au conseil d'administration du Port de Marseille...

Oui, parce qu'il faut une gouvernance intégrée pour le développement de Grand port Marseille-Fos. Son potentiel est immense en termes d'industries et de technologies d'avenir, les deux étant intimement liées. Le port est aussi la porte d'entrée d'un bassin d'emploi amené à se déployer autour de ces technologies. Il s'agit aussi d'évoquer l'emprise foncière inestimable de ce port situé à côté du centre de Marseille. On parle de réaménagement des quais, d'ouvertures afin de permettre aux Marseillais, notamment ceux qui habitent les quartiers nord, d'accéder au port. La question est celle du désenclavement. C'est pour cela que notre stratégie d'investissements avec Marseille en Grand se décline aussi sur le port, sur son développement. Et le projet H2Med en fait partie.

Il est donc temps de revenir...

Je viendrai à Marseille en prenant le temps, comme je l'ai déjà fait, en janvier ou en février. À la fois pour faire le point sur les projets, ceux qui avancent et ceux qui n'avancent pas. Mais aussi pour lancer de nouveaux projets pour cette ville qui me tient à coeur, pour ses quartiers, mais aussi son environnement, ses industries et son rayonnement.

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Re: Made in Marseille (bons plans, idees, news..)

Messagepar Dragan » 17 Déc 2022, 15:53

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" Marseille est de retour"; Après les conseillers métropolitains jeudi, les élus municipaux ont approuvé hier les délibérations relatives à la réforme métropolitaine, qui offre une place désormais centrale à la première ville du territoire...

C'est historique." Dans son bureau de l'hôtel de ville, Benoît Payan exulte. Le maire DVG de Marseille donne une conférence de presse à l'issue de la séance du conseil municipal d'hier, qui a vu la représentation marseillaise adopter sa part de la réforme métropolitaine. Concrètement, la Ville va "enfin" bénéficier de la solidarité territoriale via une dotation qui lui attribue 15 millions d'euros pour 2023, 30 M€ pour 2024 et 45 M € en 2025. Sur le terrain des compétences, les conseillers municipaux ont validé la convention pour une "gestion concertée" de la voirie et de la propreté : bientôt, deux élus métropolitains issus de la majorité marseillaise de gauche seront désignés par l'édile pour prendre en charge ces sujets à la Métropole. Mieux, 200 millions d'euros vont être investis sur quatre ans par l'Établissement public de coopération intercommunale (EPCI) pour la voirie marseillaise.

"Marseille est de retour", a martelé, dans l'hémicycle de Bargemon, Benoît Payan. "Il faut se souvenir d'où l'on vient pour savoir où l'on arrive. Et on part de loin", a observé le premier magistrat, retraçant le parcours de cette Métropole "née au forceps" en 2016, où régnait "une dichotomie extrêmement forte entre sa ville centre et les autres communes". "Marseille, grande comme cinq fois Lyon, qui représente la moitié de ce territoire était ramenée à 1/92e (le nombre de communes membres de la Métropole Ndlr) et ne bénéficiait pas de la solidarité de la Métropole", a rappelé le maire. "Nous arrivons ce matin à un point qui est à double titre important pour nous, habitants de la ville et de la métropole. Enfin, Marseille est de retour", répétait-il, partageant le satisfecit de la présidente DVD de l'EPCI soucieuse, expliquait Martine Vassal quelques minutes plus tôt, "de donner le choix aux communes". "Et je comprends les inquiétudes au sein de votre majorité et cette crainte d'avoir des élus fantoches (pour gérer la voirie au sein de la Métropole, Ndlr). Mais si ces élus travaillent, il n'y a aucune raison que ça ne fonctionne pas".

Entre deux échanges de remerciements entre les chefs des deux exécutifs, Martine Vassal n'a pas manqué de relever les nuances livrées par certains conseillers municipaux de gauche. Dont l'EELV Lydia Frentzel. "Avons-nous été pleinement entendus ?, a interrogé l'élue du groupe Écologiste et pluriels. La Ville de Marseille réclamait, par la voix de son maire, le retour des compétences sur la voirie et l'espace public, elle obtient une participation à la gouvernance dans ces domaines (...) Cet accord à mi-chemin entre ce que la Ville demandait et ce que la Métropole concède ne sera pas une révolution mais un changement qui dépendra de la capacité de nos collectivités à s'entendre". Avant elle, c'est Lionel Royer-Perreaut qui se demandait : "Les élus (marseillais, Ndlr) auront-ils la hiérarchie fonctionnelle sur les agents métropolitains ?"

Retour dans le bureau du maire où Benoît Payan a finalement réagi devant cette interrogation : "Je choisirai deux élus qui auront pour mission de réussir et qui devront relever le défi", a-t-il indiqué, rappelant le caractère "inédit" de l'accord Ville - Métropole. "J'attends de la présidente de la Métropole et je suis persuadé qu'elle le fera, qu'elle donne les instructions à ses services pour que ces deux élus aient accès à l'intégralité du spectre." À la question "In fine, qui tranchera ?", le maire répond sans détour : "C'est ici, dans ce bureau et dans cet hémicycle qu'on décidera de ce qu'on fait. Ça ne peut pas être ailleurs. Et si ça devait être le cas, ça ne fonctionnera pas."

Hier, si les élus marseillais ont conclu une séquence longue de 15 mois depuis le lancement de Marseille en grand par Emmanuel Macron, une autre doit lui succéder dès janvier, avec le vote du budget métropolitain. Et cette épineuse question du financement de la solidarité pour les années 2024 et 2025...

La Provence
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Re: Made in Marseille (bons plans, idees, news..)

Messagepar Dragan » 18 Déc 2022, 10:45

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CMA CGM : les Saadé ont encaissé plus de 2 milliards d'euros de dividendes en 2022

Les Saadé ont encaissé cette année plus de 2 milliards d'euros de dividendes via CMA CGM, selon les calculs de La Lettre de l'Expansion. Jusqu'ici, la famille s'était limitée à un train annuel de 50 millions d'euros. Mais les résultats nets en 2022 sont rayonnants.

Jusqu'où ira la famille Saadé? Après avoir vu sa fortune faire un bond de plus de 30 milliards d'euros au classement 2022 des 500 plus grandes fortunes de France de Challenges, grimpant de la 19ème à la cinquième place, la famille à la tête du leader mondial du transport maritime a encaissé en 2022 plus de 2 milliards d'euros de dividendes, selon les calculs de La Lettre de l'Expansion. Un chiffre fou qui s'explique par les recettes au beau fixe de l'armateur.

Dans le détail, la compagnie a distribué un acompte sur dividende à ses actionnaires de 1,5 milliards de dollars au troisième trimestre 2022. Un choix permis par ses excellents résultats sur cette période. CMA CGM a en effet réalisé un chiffre d'affaires de 19,9 milliards de dollars , un record historique, et surtout 7 milliards de dollars de recettes - cela malgré la hausse du prix de l'énergie. Le groupe s'est ainsi totalement désendetté. Cet acompte vient s'ajouter à une première salve de dividendes complémentaires, là aussi à hauteur de 1,5 milliards de dollars, distribuée en mars.

Des profits sous le feu des critiques

La famille Saadé, qui détient 73% du groupe, a donc collecté plus de 2 milliards de dollars. D'autant plus qu'en mars prochain, un dividende additionnel compris entre 1,5 et 2 milliards de dollars pourrait être décidé, toujours selon La Lettre de l'Expansion. Un sacré bond pour la famille, qui pour l'instant se contentait de 50 millions d'euros de dividendes annuels.

CMA CGM a été au centre des controverses sur les superprofits ces derniers mois, après ses excellents chiffres en 2021. Michel-Edouard Leclerc avait même demandé à l'automne 2021 une enquête parlementaire sur les chiffres de l'armateur. Cette année-là, l'armateur a été l'entreprise française à engranger le plus de profits, avec 17,9 milliards de dollars. En 2019, elle était déficitaire. Mais portée par la hausse du prix du transport, doublé par une stratégie de diversification dans l'aérien tout comme dans la livraison du dernier kilomètre, l'entreprise a su tirer son épingle du jeu. Et cherche désormais à redorer son image sulfureuse : en septembre, elle a annoncé la création d'un fonds d'1,5 milliard d'euros pour sa décarbonation. Pas sûr que cela suffise à calmer les critiques.

Challenges
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Re: Made in Marseille (bons plans, idees, news..)

Messagepar Dragan » 09 Jan 2023, 22:56

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Les quartiers marseillais en deuil

Le meurtre d’Adel Santana Mendy, vendredi dans sa cité de la Méditerranée, bouleverse tous les acteurs locaux. L’attaquant d’Aubagne, 22 ans, était une figure appréciée et rêvait de percer enfin chez les pros. DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL PERMANENT

MATHIEU GRéGOIRE MARSEILLE – Vendredi, vers 23 heures, Halim Belghazi, ancien éducateur au Sporting Club d’Air Bel, discute au téléphone avec son ami Daoud, qui étend son linge sur le balcon de son appartement du 14e arrondissement de Marseille. Il fait doux, ça rigole au bout du fil, quand des détonations au loin interrompent la conversation. « Des coups de feu, à proximité de chez Daoud, et on connaît la suite : on va aller sur le site de la Provence dans une heure ou deux pour voir le bilan macabre, souffle Halim. Sauf que là, c’était notre Adel Santana. »

Adel Santana Mendy, un jeune homme de 22 ans fauché par une rafale au pied d’une tour de la cité HLM Méditerranée, le trente-deuxième homicide par balle recensé dans les Bouches-du-Rhône cette année, souvent sur « fond de trafic de drogue », selon la formule consacrée.

Un minot de Marseille, surtout, choyé pendant des années à Air Bel par Halim, Daoud et tous les autres. « Il est arrivé chez nous en 2011, en provenance de la J.O. Saint-Gabriel, se souvient Halim. Un bon vivant, la joie de vivre incarnée, jamais un jour sans le sourire. Un débrouillard aussi, indépendant, qui traversait la ville seul pour venir jouer au ballon. »

Passé par les équipes de jeunes de l’OM

Hier, les formateurs se sont appelés ou vus pour se remémorer leur Adel Santana, ce rayon de soleil aux origines sénégalaise et algérienne. Sur les réseaux, Wesley Fofana, de sa génération, Yusuf Sari, Christopher Rocchia, Yanis Hamache et tant de talents passés par Air Bel ont rendu hommage à leur camarade.

Vendredi soir, le foot des quartiers marseillais, qui mêle des pros ronflants et des amateurs hâbleurs, a perdu l’un des siens. Après cinq années à Air Bel, Adel Santana Mendy, attaquant puissant et dur au mal, a rejoint les équipes de jeunes de l’OM. Deux saisons, de 2016 à 2018, et une fin en eau de boudin. Alors qu’il est convoqué pour un stage avec la réserve, il dissimule une blessure à un bras, qu’il s’est fait en chutant lors d’un cortège pour un mariage, et se fait épingler.

Il est un peu tête en l’air et la suite s’avère chaotique : des aventures en Angleterre, un essai à Bastia qui vise la montée en L2, entrecoupés d’une saison en Andorre. « Il m’avait demandé si ça valait le coup, raconte Halim. Je lui ai répondu que le plus important était de jouer au ballon. »

À partir de 2020, il remet sa carrière en ordre et commence à conquérir de bons clubs locaux, de N2 ou N3 : le FC Côte-Bleue, les voisins de Marignane-Gignac, puis Aubagne depuis l’été dernier, où il a suivi l’entraîneur Mohamed Sadani. « Il avait marqué un triplé contre la réserve de l’OM, la saison dernière. Et cette année, malgré des résultats décevants, il était l’une de nos grandes satisfactions, dit Djamel Dahmani, le coach adjoint aubagnais. Un avant-centre athlétique d’1,90m, bon de la tête, qui cale le ballon, dévie quand il faut, finit bien des deux pieds. Avec le staff, on lui voyait vite un avenir en L2. » Les jours de match, les supporters chantent « Santana, Santana » sur l’air de Susanna.

Tous les matins, Adel Santana Mendy se pointe à l’entraînement à Aubagne, affûté et radieux. Son hygiène de vie est enfin digne d’un pro, son contrat fédéral a été revalorisé après le récent décès de son paternel. « Il s’occupait de sa maman, une figure respectée de la cité Méditerranée, confie Dahmani. On avait une réflexion avec le club et lui pour le changer de cadre, le sortir un peu du quartier. Attention, Adel ne trempait dans rien, ses copains aussi d’ailleurs, mais il fallait couper le cordon. Filer dans un endroit pavillonnaire n’est pas chose facile, cela coûte de l’argent, mais on voulait l’accompagner. »

Prendre son envol comme le petit frère de la Méditerranée, Naouirou Ahamada, qui fait le bonheur du VfB Stuttgart aujourd’hui. Des tueurs en ont décidé autrement, et Adel Santana Mendy est mort au pied de sa tour, sous les yeux de sa maman.

Dans tous les clubs amateurs de la région, les staffs vont veiller des joueurs choqués. Comme Sofiane, un coéquipier de l’époque de Marignane, dont l’oncle a prodigué le massage cardiaque vendredi, en attendant les secours. Ou comme Gaby, le copain du club aubagnais lui aussi passé par l’OM, et qui s’étonnait des textos à Adel Santana restés sans réponse, le soir du drame.

L'Equipe
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Re: Made in Marseille (bons plans, idees, news..)

Messagepar Dragan » 11 Jan 2023, 16:00

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Marseille Le trafic comme un cancer qui métastase; Dans les cités, les premières victimes du narcotrafic sont les habitants : face aux check points, aux pressions, à la violence extrême du réseau, ils tentent de s'organiser et en appellent à l'État

Sous une casquette noire, celle que portait autrefois son fils, et qu'elle ne quitte plus, "Dedou" (1) scrolle lentement les photos de son téléphone. "Regardez, celle-là c'est la dernière où on les voit ensemble." En rangs, comme à l'école, les copains du quartier posent, hilares, en djellaba. Deux, aujourd'hui, sont décédés. Mais là, c'était encore le début juillet 2022, l'Aïd, la fête. Dedou pose son doigt sur l'écran : "Cinq mois plus tard, deux sont morts."Le 25 juillet, c'est Ziad (1), son fils unique, 21 ans, qui était fauché par une rafale d'arme automatique près de chez lui. Elle l'a vu à terre, baignant dans son sang. "Cette image, elle reste là."

Quatre jours après le meurtre, Dedou quittait Marseille pour enterrer son fils en Algérie. Elle n'était revenue en France que depuis quatre jours, quand Hakim (1) le "meilleur ami" de son fils ("Il vivait au 4e étage, nous au 1er, il était comme mon second enfant") était abattu à son tour. De source policière, il passait seulement devant un point de deal quand il a été attaqué. Dedou referme son téléphone.

Rongée par le chagrin mais aussi "la peur", elle s'est installée chez une cousine, loin du quartier. "Je paye encore mon loyer là-bas, mais je ne pourrai plus jamais y revenir, il faut que je déménage." Cette petite cité, Hida, la vingtaine, y a elle aussi grandi, "sans crainte, jamais.Mais aujourd'hui, quand je vais y voir ma grand-mère j'ai peur de prendre une balle perdue."

Autour des cousines, serrées à la terrasse de ce petit snack du centre-ville de Marseille ce soir de janvier, il y a d'autres femmes : elles ont toutes perdu un frère, un fils, un neveu, le plus souvent sous les balles d'une Kalachnikov. En dix ans, les règlements de comptes ont fait plus de 300 morts à Marseille. Dans les journaux, leur histoire tient généralement en quelques lignes factuelles ; dans l'attente d'une réponse pénale, ces proches de victimes, elles, ont l'impression d'avoir "pris perpèt". Réunies au sein du collectif Alehan, elles ont organisé en juin une marche blanche jusqu'au tribunal de Marseille, afin de réclamer davantage de moyens "pour la police, la justice". "Ça fait dix ans que j'attends, quatre que je n'ai plus de nouvelles de mon dossier", déplore Bahia, mère d'un jeune que "le quartier (lui) a volé". "Nos fils, on a l'impression que ce sont des sacs à main perdus, ils n'intéressent personne", avait protesté Anita (1) en juin. Un sentiment contesté par les autorités policières et judiciaires, qui rappellent le "taux de résolution d'homicides élevé" et "les moyens colossaux" consacrés à la lutte contre les réseaux.

Depuis l'été, le collectif a été reçu par la procureure de Marseille, Dominique Laurens. Au gré de nouveaux assassinats, d'autres parents dévastés l'ont rejoint. "En ce moment,six ou sept familles nous supplient de les aider à déménager. Des parents qui craignent pour la vie de leur enfant de 13, 14 ans !" Soutien psychologique, relogement des habitants sous pression du réseau, Alehan, qui organise une réunion publique sur le sujet le 19 janvier, appelle à"une véritable prise de conscience de l'État", des élus locaux de la détresse de ces quartiers.

"60 % des Marseillais sont exposés à une situation de très grande insécurité", dénonçait déjà, en 2016, le Pr Christophe Lançon, chef du service de psychiatrie de l'hôpital Sainte-Marguerite. "Le plus grave, c'est que ces évènements, qui devraient relever du fait divers, de l'exceptionnel, puissent être banalisés", alerte pour sa part Céline NGuyen, à la Cellule d'urgence médico-psychologique de l'AP-HM. Des tirs, un corps criblé de balles sur le trottoir : cela vous confronte au "réel de la mort" et peut, comme le fait un attentat, produire un stress post-traumatique durable chez les personnes qui y sont confrontées. Mais l'attentat, aussi terrible soit-il, a une fin ; quel est l'impact physiologique de scènes de guerre répétées dans leur environnement familier ?

Check points transformant les cités en forteresses, pression de dealers désormais recrutés à l'extérieur : en sept ans, malgré les incessants coups de boutoir portés par la police, ses réels résultats, les narcotrafiquants n'ont pas desserré leur étau sur la ville. Ils étendent même désormais leur influence à des quartiers jusqu'ici plus épargnés, tels la Belle-de-Mai, ou des communes comme Arles, Salon ou Avignon. La Provence révélait l'année précédente que les seules Bouches-du-Rhône comptaient 220 points stups... deux fois le nombre de bureaux de Poste du département !

La comparaison n'est pas innocente : "La nature a horreur du vide, quand les pouvoirs publics désertent, le trafic prend toute la place", résume Anne-Marie Tagawa. Durant 45 ans, celle qui fut éducatrice dans de grandes cités (Busserine, Flamants, Iris, Picon...), oeuvre encore, bénévolement, au sein du Groupe de veille, un collectif d'habitants et d'acteurs sociaux unique à Marseille. Face au trafic, à "l'intégration de sa puissance" par la population, impuissante, il oppose "des réflexes de solidarité".

En lien avec les collectivités, les bailleurs, l'État, le groupe, agit sur plusieurs fronts : aménagement, sécurité, soutien psychologique, détection de jeunes à la dérive... Il se réjouit d'inaugurer bientôt une crèche pour laquelle il s'est battu : la précédente avait plié bagage en 2018 après la fusillade spectaculaire, à la Busserine - en plein jour, ses images avaient fait le tour du monde et traumatisé la cité. À 5 km du Marseille instagrammable des restos branchés et des Airbnb, un autre monde tente de résister.

La Provence
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Re: Made in Marseille (bons plans, idees, news..)

Messagepar Dragan » 14 Jan 2023, 13:17

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Rodolphe Saadé , l'empereur des mers

L'héritier de l'homme d'affaires Jacques Saadé a fait de la CMA CGM le groupe le plus rentable de France. Rencontre exclusive à Marseille.

Nul besoin, depuis la gare Saint-Charles de Marseille, d'indiquer l'adresse précise au taxi : boulevard Jacques-Saadé, 4, quai d'Arenc. « Vous allez à la CMA CGM ? Allez, c'est parti ! » lance le chauffeur. Ici, on ne présente plus l'ex-Compagnie maritime d'affrètement, premier employeur privé de la ville et troisième transporteur maritime mondial derrière l'italo-suisse MSC et le danois Maersk. Ni son tout-puissant PDG, âgé de 52 ans, Rodolphe Saadé. Depuis qu'il est devenu, en novembre, le sponsor maillot de l'Olympique de Marseille après avoir raflé, deux mois plus tôt, le quotidien La Provence au nez et à la barbe du milliardaire Xavier Niel moyennant 81 millions d'euros, il fait partie du panthéon local, au même titre que Zinédine Zidane ou Bernard Tapie.

La voiture se gare au pied de la tour la plus élevée de la cité phocéenne - 145 mètres, deux de moins que Notre-Dame-de-la-Garde, la limite fixée par l'ancien maire Jean-Claude Gaudin. « Vous allez voir M. Saadé et vous êtes journaliste ? » s'enquiert un malabar méfiant. « M. Saadé », ce vigile le sait, refuse la plupart des entretiens avec la presse. Alors il se renseigne. C'est bon, on peut monter. Nerveux, un conseiller de la famille la plus aisée de Provence-Alpes-Côte d'Azur (36 milliards d'euros selon Challenges) délivre toutefois une dernière consigne à notre photographe. « Interdiction de prendre le bureau de Rodolphe en photo. Personne ne doit voir où se situent les entrées et les sorties. »

À nous deux l'Amérique ! En décembre 2022, CMA CGM a repris deux des six terminaux du port de New York, après avoir acquis il y a un an un terminal à Los Angeles.

Puissance. Direction donc le fleet center pour la prise de vue. Ce centre de commande ultramoderne, relié à ceux de Miami et de Singapour, permet de surveiller presque en temps réel les 584 bateaux de l'entreprise. Ces derniers sont indiqués par des points bleus sur une immense mappemonde. Force du vent, hauteur des vagues, météo, tangage, dérive, vitesse... Des dizaines de paramètres s'affichent en surimpression comme dans un jeu vidéo. Si un navire est à la traîne, on téléphone au commandant pour lui dire d'accélérer. S'il va trop vite, on lui intime de ralentir. Soudain, toute l'équipe se met au garde-à-vous. Le maître des lieux débarque. Il paraît très pressé. Clic-clac. Il repart.

On s'attarde. Difficile de trouver meilleur endroit pour illustrer la puissance du premier armateur de France. « Le soleil ne se couche jamais sur la CMA CGM », vante l'un des responsables du site, paraphrasant une expression que l'on utilisait naguère à propos de l'Empire colonial britannique. Il n'exagère pas. Fruits frais, baskets, automobiles, lave-linge... Les plus gros porte-conteneurs de la société, qui valent chacun entre 150 et 250 millions d'euros, peuvent embarquer jusqu'à 23 000 « boîtes », comme on dit dans le jargon. Au total, le groupe en a transporté 16,6 millions sur les neuf premiers mois de 2022, date du dernier comptage officiel. Autant de marchandises Carrefour, Zara ou Alibaba.

Vient l'heure de l'entretien. « Rodolphe est prêt à vous recevoir », avise son directeur de cabinet, qui nous conduit au 30 e étage. Là, une porte invisible s'ouvre, actionnée à distance par une assistante. Le patron nous attend. Il est de bonne humeur. « Nous venons de remporter, il y a quelques minutes, la concession de deux terminaux à New York, qui est le port le plus important pour relier l'Europe et les États-Unis », se réjouit-il. Cet investissement de « plusieurs milliards » - Saadé refuse d'en dévoiler le montant précis - complète l'acquisition, en janvier 2022, d'un autre terminal à Los Angeles, principal point d'entrée vers l'Amérique des marchandises en provenance d'Asie. « Ça a de la gueule, non ? »

SOUS RODOLPHE SAADÉ, LE GROUPE A BIEN GRANDI

« Superprofits ». Ces trois dernières années, la compagnie, fondée en 1978 à Marseille par Jacques Saadé, le père de Rodolphe, a surfé sur une formidable vague. Sous l'effet de la crise liée au Covid, les taux de fret se sont envolés. « Le tarif spot pour un conteneur standard entre l'Europe et la Chine est passé de 2 000 dollars début 2020 à 14 000 dollars au plus haut, un an et demi après », décrypte Jérôme de Ricqlès, expert maritime chez le logisticien Upply. Ce qui a permis à la CMA CGM d'engranger un bénéfice record de 17,9 milliards de dollars en 2021, puis de 21,8 milliards sur les neuf premiers mois de 2022. Même TotalEnergies n'a pas fait mieux. « J'en suis très fier », se félicite le PDG, rappelant que pendant la pandémie ses 150 000 collaborateurs n'ont « pas chômé », approvisionnant notamment le pays en masques et en médicaments.

Cette prospérité lui a toutefois valu une vive polémique sur ses « superprofits » et une convocation à l'Assemblée nationale pour discuter d'une taxe exceptionnelle - le projet a fait plouf. Il faut dire que son secteur, très cyclique et concurrentiel, bénéficie d'un régime fiscal avantageux. La CMA CGM n'a payé que 2 % d'impôts sur ses bénéfices en 2021, soit 370 millions d'euros. Le sujet a le don d'agacer le magnat marseillais. « Il y a eu des périodes où on a perdu beaucoup d'argent. Maintenant, on réalise des résultats exceptionnels. Mais je les ai réinvestis dans le groupe. Citez-moi un seul concurrent qui en fait autant. » Contrairement aux dirigeants du rival Maersk qui ont, il est vrai, distribué 40 % des profits aux actionnaires, la famille Saadé, détentrice de 72,6 % des parts, a réinjecté 90 % des bénéfices dans le groupe. Elle l'a désendetté (voir l'infographie ci-dessus), a investi dans des terminaux, agrandi la flotte, accéléré la transition de celle-ci vers le gaz naturel liquéfié, créé une compagnie aérienne de cargos, racheté 10 % d'Air France-KLM, mis la main sur le transporteur routier Gefco, le logisticien américain Ingram Micro, ou encore le spécialiste du « dernier kilomètre » Colis privé. De quoi proposer à ses clients une palette de services complète et sur mesure.

Cyclique. De quoi, surtout, contrebalancer le caractère cyclique de son secteur, que nous décrit l'expert maritime Yann Alix, délégué général de la fondation Sefacil : « On oublie un peu vite que l'euphorie récente est intervenue après dix années de disette. En 2019, la CMA CGM était en perte. Et, comme la consommation mondiale diminue, elle devrait à nouveau vivre une année difficile en 2023. » De fait, le prix d'un conteneur standard pour un trajet Asie-Europe est retombé dans une fourchette comprise entre 1 500 et 2 000 dollars. Très loin des records. Et proche du seuil - environ 1 200 dollars -au-dessous duquel les armateurs ne gagnent pas d'argent.

Le pilier principal de la CMA CGM, en plus du maritime, c'est la logistique. Un métier dans lequel le groupe a fait une percée en 2019, en rachetant le suisse Ceva pour 1,5 milliard d'euros. « Quand on l'a reprise, cette société était hautement déficitaire, fait remarquer son directeur général, Mathieu Friedberg. Mais nous l'avons redressée. » Rodolphe Saadé, qui a fait déménager à Marseille tous les cadres helvétiques de Ceva, a fait de son développement l'une de ses priorités. « Pour le moment, la logistique représente 20 milliards de dollars de chiffre d'affaires sur un total de 75 milliards, mais sa part va augmenter. »

Son obsession ? Solidifier son empire contre les grosses vagues. « L'argent, ça va, ça vient », relativise celui qui a vu son père manquer de se faire déposséder de l'oeuvre de sa vie. Rembobinons. En 2008, Jacques Saadé sous-estime l'ampleur du choc de la crise financière. Le commerce mondial se contracte violemment. Or celui qu'on surnomme alors le « lion des mers » en raison de sa crinière blanche et de son tempérament volcanique a acheté une ribambelle de navires à crédit. Il ne peut plus rembourser. Panique à bord. Les banques de l'entreprise, Société générale et BNP Paribas en tête, le forcent à négocier.

Le self-made-man franco-libanais se sent humilié. Il sauve sa firme en faisant entrer l'investisseur turc Robert Yildirim ainsi que la Banque publique d'investissement. Contraint et forcé, il consent à nommer un directeur général venu de l'extérieur, Philippe Soulié, qu'il réussira à évincer au bout de deux ans. « Rodolphe, qui occupait déjà de hautes fonctions dans la maison, n'a jamais oublié cet épisode, rapporte son ami Renaud Muselier, président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. La totalité des banquiers parisiens voulait démanteler la CMA CGM. Et, à Marseille, personne ne soutenait les Saadé. »

Dynastie. Jacques Saadé entouré de ses deux aînés, Tanya, directrice générale déléguée du groupe, et Rodolphe, à Marseille, en 2004.

Multitraumatisé. En vérité, Rodolphe Saadé est un multitraumatisé. Car il n'a pas oublié non plus la guerre du Liban, le pays de son enfance. « Avant qu'on s'installe en France, en 1981, je me rappelle m'être réfugié plusieurs heures dans les toilettes avec ma mère, ma soeur et mon frère, parce que le quartier chrétien de Beyrouth, dans lequel nous habitions, était bombardé par les orgues de Staline [surnom donné à un lance-roquettes soviétique alors utilisé par l'armée syrienne, NDLR]. » Il en a retenu que, « dans la vie, rien n'est jamais acquis ». « Ma mère nous a dit : "Je vais laisser une valise dans l'entrée de la maison, on la récupérera quand on reviendra, dans quelques semaines". Et finalement on est là, à Marseille, depuis plus de quarante ans. »

À l'époque, Jacques Saadé, disparu en 2018, est loin d'être le seigneur qu'il est devenu par la suite. Son futur empire est encore une PME avec, en tout et pour tout, deux bateaux en location et quatre salariés. Ses enfants n'ont pas les codes. Rodolphe Saadé se souvient : « On était vêtus à la libanaise, donc en bermuda, tee-shirt et sandales, et il y avait des camarades de classe qui me demandaient : "Mais tu viens d'où habillé comme ça ?" » Jamais le pays du Cèdre n'a quitté ses pensées. Après l'explosion qui a défiguré Beyrouth en août 2020, il a monté de nombreux projets pour venir en aide à la population. Puis il a repris la concession du terminal portuaire, dans lequel il prévoit d'investir 33 millions d'euros.

« Homme de fer ». Un temps, le cadet se serait bien vu à la tête de son propre négoce. Étudiant à Montréal au début des années 1990, il avait trouvé un petit filon. « J'exportais des refroidisseurs d'eau vers le Liban, raconte-t-il. J'avais noué un partenariat avec un distributeur local d'eau minérale pour remplir les gallons [des bouteilles de 3,8 litres, NDLR], et ça marchait pas mal : j'en ai vendu une vingtaine de milliers. » Mais le paterfamilias a d'autres plans pour lui. « Il voulait que je prenne la suite. Au Liban, c'est toujours le plus âgé des fils qui succède au père. » Le benjamin, Jacques Junior, et l'aînée, Tanya, directrice générale déléguée chargée de la communication et de la responsabilité sociale et environnementale du groupe, doivent s'effacer. « Aujourd'hui, ce serait différent. Mais, à l'époque, ça se passait comme ça. C'était la culture orientale. »

Dans la tour de verre et d'acier conçue par l'architecte irakienne Zaha Hadid, les anciens tremblent encore des terribles colères de Jacques Saadé. « Derrière sa jovialité, c'était un homme de fer », témoigne l'ex-ministre des Transports Dominique Bussereau, qui siège depuis onze ans au conseil d'administration de la CMA CGM. Être son fils, et qui plus est son successeur désigné à partir de 1997, n'était pas une sinécure. Cela dit, c'était formateur. « Mon père m'a transmis le sens de l'action. Ce n'était pas son style de faire de grands discours, alors il m'a simplement dit : "Suis-moi sur le terrain et tu apprendras." »

SES RELAIS DANS L'ESTABLISHMENT

Son trio de choix pour les dossiers chauds

Jean-Marie Messier. Banquier d'affaires chez Messier Partners
Antoine Gosset-Grainville. Avocat chez BDGS, président d'Axa
Daniel Hurstel. Avocat chez Willkie Farr & Gallagher
Jean-Laurent Bonnafé. Directeur général de BNP Paribas

Ses amis politiques

Renaud Muselier. Président de la région Paca
Benoît Payan. Maire de Marseille
Dominique Bussereau. Ancien secrétaire d'État chargé des Transports, membre du conseil de CMA CGM

Sa prise de guerre

Ramon Fernandez Directeur financier de CMA CGM, ex-directeur général du Trésor

Bons coups. Feu Jacques Saadé a eu des idées de génie. D'abord, celle de miser sur les conteneurs. Il avait repéré durant la guerre du Vietnam que les GI américains se faisaient livrer leur matériel dans ces grandes boîtes en fer. Ensuite, celle de mettre le cap sur l'Asie, notamment sur la Chine communiste, avant ses compétiteurs. « J'avais 22 ans lors de notre premier voyage à Shanghai, en 1992, relate Rodolphe Saadé. Quand on est arrivés, on a vu un homme qui se brossait les dents dans le caniveau juste à côté d'un concessionnaire Ferrari. Ça m'a marqué. » Enfin, celle de racheter à l'État la Compagnie générale maritime (CGM) en 1996, puis le groupe Delmas à Vincent Bolloré en 2005, pour que sa société se développe.

S'il paraît, à première vue, plus effacé que son géniteur, Rodolphe n'en a pas moins gardé son intuition pour les bons coups. Et sa gestion familiale du business. Sa soeur, Tanya, est la gardienne du temple. Son frère, Jacques Junior, est chargé de l'immobilier. Son épouse, Véronique, veille sur l'académie Tangram, un projet de centre de formation à la Pointe-Rouge, à Marseille, que le tycoon des mers a confié à l'architecte Jean-Michel Wilmotte. Quant à ses nombreux deals, Rodolphe Saadé les boucle toujours avec le même trio : le banquier d'affaires Jean-Marie Messier, les avocats Daniel Hurstel et Antoine Gosset-Grainville.

Citizen Saadé. « Quand j'ai monté mon cabinet d'avocats à la suite de mon départ de la Caisse des dépôts et consignations, il y a dix ans, Rodolphe a été parmi mes tout premiers clients, salue ce dernier, ex-directeur de cabinet de François Fillon. C'est quelqu'un qui marche à la confiance. » Cela n'empêche pas le patron de CMA CGM de solliciter des intellectuels, explorateurs ou scientifiques pour s'aérer l'esprit. Comme dernièrement l'académicien François Sureau, la navigatrice Isabelle Autissier ou le psychiatre Boris Cyrulnik. Le premier employeur de Marseille a par ailleurs la réputation de bien rémunérer ses troupes. En 2022, il leur a accordé une gratification de dix semaines de salaire et une augmentation générale de 6 %. À quoi se sont ajoutés une enveloppe de 30 millions d'euros au titre de l'intéressement et 4 500 euros de prime Macron

Mais tout cela a un prix. Il faut bosser dur et ne jamais compter ses heures. « J'ai fini par partir parce que je voulais avoir une vie », confesse un ancien cadre supérieur de la maison. Dans la tour, le costume est obligatoire pour les hommes. Et, quand le chef inspecte ses filiales à l'étranger - le groupe ne réalise que 6 % de son chiffre d'affaires en France -, personne ne moufte car il n'hésite pas à congédier quiconque lui déplaît en un claquement de doigts. Sans oublier sa manie du micromanagement. On ne compte plus les fois où nos entretiens avec des personnes clés du système Saadé se sont terminés par : « Attendez, je dois vous laisser, Rodolphe m'appelle. »

Le chef assume son côté strict. « C'est vrai, quand j'arrive dans une pièce, la température peut baisser d'un coup, reconnaît-il. Mais elle peut monter aussi. Vous savez, un grand patron n'est pas là pour faire un concours de beauté. » Rares sont les moments où il lâche le gouvernail. Pour se vider la tête, il court le week-end ou visionne des films, comme récemment la comédie Love Actually. Depuis peu, il vient aussi à Paris pour assister à des dîners sélects, tel, en décembre, celui de la French American Foundation, avec le PDG de la banque JP Morgan, Jamie Dimon.

SOS. Grâce au concours de Rodolphe Saadé, du GIGN, du Raid et de Nicolas Sarkozy (au fond, au centre), les otages du voilier « Le Ponant », retenus une semaine par des pirates somaliens, ont été libérés, puis rapatriés en France le 14 avril 2008.

Nasa. De patron invisible, Citizen Saadé est devenu par la grâce de ses résultats historiques un homme que l'on convie partout. Emmanuel Macron, dont il est un soutien public, l'a invité à le suivre en voyage d'État à Beyrouth, à Alger et à Washington. Et, bluffés par sa frénésie d'achats, les banquiers d'affaires qui le snobaient jadis lui font maintenant la cour. Il n'est pas dupe, cette agitation l'amuse même. « Quelqu'un m'a demandé : "Au bout de la cinquantième acquisition, tu vas faire quoi ? "Eh bien, j'ai répondu : "La cinquante et unième ! " » plaisante celui qui s'est offert l'ancienne villa du réalisateur Gérard Oury sur la presqu'île du Capon, l'endroit le plus chic de Saint-Tropez.

Après avoir jeté son dévolu sur La Provence, il vient de monter au capital de M6. Qu'importe si le secteur des médias est en perte de vitesse. « Ce sont de petits investissements comparés à ceux que je fais habituellement, minimise le PDG. Quand un pool d'investisseurs est venu me chercher avec pour projet de racheter M6 au groupe allemand Bertelsmann, j'ai trouvé ça sympa. Je regarde la télé, je lis les journaux, le secteur m'intéresse. »

Dominique Bussereau précise : « Rodolphe a compris l'importance des médias pour les grands industriels français : il fait comme Francis Bouygues ou Vincent Bolloré avant lui. M6, c'est une bonne affaire, et La Provence, c'est pour l'ancrage marseillais. » Au niveau local, c'est sûr, on peut dire que le pari est réussi. Rodolphe Saadé a changé de dimension. En mars, lors de la pose de la première pierre de son académie Tangram, il fallait entendre le maire socialiste de Marseille, Benoît Payan, chanter ses louanges. « Mon cher Rodolphe, construire une école, c'est toujours un geste fort. Votre famille a un destin extraordinaire. Je crois comprendre que vous voulez vous tourner vers l'espace [CMA CGM, qui utilise de nombreux satellites pour guider ses navires, a noué un partenariat avec le Cnes et investi dans Eutelsat, NDLR]. Cher Rodolphe, la Nasa peut trembler ! » En attendant, le patron, qui a un fils de 17 ans et une fille de 15 ans, entretient un rêve plus terre à terre. « Je souhaite qu'un des enfants de la famille me succède. Il y aura de la place pour tous. » Et, promis juré, il ne fera pas de différence entre les sexes

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Re: Made in Marseille (bons plans, idees, news..)

Messagepar fourcroy » 14 Jan 2023, 15:24

"Rodolphe Saadé, qui a fait déménager à Marseille tous les cadres helvétiques de Ceva". Un vrai changement de cadre de vie...
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Re: Made in Marseille (bons plans, idees, news..)

Messagepar Dragan » 22 Jan 2023, 18:11

Information
Benoît Payan, l’habile édile de Marseille

Accusé d’illégitimité au moment de son arrivée, fin 2020, à la tête de la cité phocéenne, Benoît Payan a réussi pourtant un parfait numéro d’équilibriste en mobilisant Emmanuel Macron, la présidente de droite de la métropole et sa remuante majorité de gauche pour le redressement de sa ville. Un cas d’école pour le PS, son ancienne famille politique, qui tiendra son congrès national, du 27 au 29 janvier, sur ses terres.

La photo est presque parfaite. Ce samedi 14 janvier, c’est au bras d’une Michèle Rubirola souriante que Benoît Payan sort de sa mairie et fend la foule. L’ancienne maire et l’actuel. Celle qui a été élue en juin 2020 à la tête du Printemps marseillais, cette union inédite regroupant toutes les sensibilités de gauche, et celui qui a pris sa succession six mois plus tard. En cette année post-Covid-19, Benoît Payan a tenu à faire ses vœux à la population en plein air. Une première.

Un gros millier de Marseillais se pressent au Vieux-Port pour l’occasion. Il y a aussi une fanfare, une girafe sur des échasses et le député (La France insoumise, LFI) de la circonscription, Manuel Bompard, nouveau chef des « insoumis », qui dit apprécier l’édile avec qui il « peut avoir de vrais échanges politiques ».

Au moment du discours, élus communistes, socialistes, Verts, citoyens ­devenus adjoints, s’alignent derrière leur leader. Comme pour démontrer que cette majorité hétéroclite surmonte le temps et son inexpérience pour rester unie.

L’ancienne sénatrice socialiste Samia Ghali, qui a affronté le Printemps marseillais aux deux tours des municipales de 2020, tient son rang à la droite du maire. Pour cette alliée éruptive, il a inventé le titre de maire adjointe et lui a confié des délégations d’importance.

Ce samedi matin, Benoît Payan savoure : « Vous avez devant vous une équipe qui ne lâche rien… Marseille est de retour. » Il y a deux ans, le 21 décembre 2020, quand les conseillers municipaux valident son élection, tous les ingrédients semblent pourtant réunis pour que cet improbable attelage politique explose. L’écologiste Michèle Rubirola, 64 ans alors, vient de jeter l’éponge. Pour « raisons de santé », elle échange sa place avec son premier adjoint. L’opposition, Rassemblement national et Les Républicains (LR) à l’unisson, hurle au « hold-up démocratique ».

En juin, Marseille avait surpris le pays en propulsant à sa tête une revigorante coalition de gauche, citoyenne et écologiste. Six mois plus tard, elle le choque par ce « switch » inopiné. Les électeurs du Printemps ont voté pour une femme, une écologiste au sourire bienveillant. Ils se retrouvent avec un homme, un quadragénaire, socialiste, ayant fait de la politique son travail. Pire, Benoît Payan est accusé d’avoir orchestré ce mouvement ou, au mieux, de n’avoir rien fait pour l’éviter. Beaucoup se sentent floués.

« La clé de voûte du Printemps marseillais »

Vingt-quatre mois plus tard, la question sur sa légitimité de maire « non élu » est de celles qui l’agacent encore. « Vous êtes le premier à me la poser depuis un an », grince-t-il, comme si le sujet n’avait plus lieu d’être. Une blessure originelle qui ne cicatrise pas. Pourtant, rares sont ceux qui, aujourd’hui, ne voient pas en Benoît Payan, 45 ans le 31 janvier, un maire de Marseille ­parfaitement dans son rôle.

« Personne dans la majorité ne peut dire qu’il n’est pas à sa place », constate l’adjoint délégué aux finances Joël Canicave, vieux complice rencontré au PS. La maire du 1er secteur, Sophie Camard, ancienne suppléante du député (LFI) Jean-Luc Mélenchon, renchérit : « On avait besoin de quelqu’un pour tenir le cheval. Le poste est un enfer, mais Benoît l’assume. La clé de voûte du Printemps marseillais, c’est lui. »

Même les turbulents écologistes, qui ont créé un groupe indépendant afin d’être « un aiguillon sur les questions environnementales » et déclenchent régulièrement ses colères, reconnaissent son leadership. « Benoît s’est coulé dans les habits du maire. Il en a toujours eu l’envie et a toutes les qualités pour ça », analyse Sébastien Barles, adjoint (EELV) délégué à la transition écologique. « C’est un séducteur et il sait faire attention aux équilibres de sa majorité », complimente l’avocat Michel Pezet, figure historique du PS local, que le fauteuil de maire a longtemps fait rêver.

Cet art de l’équilibre des alliances, Benoît Payan va en parler devant un PS qui s’arrime, entre le 27 et le 29 janvier, à Marseille pour son congrès national et débattra de la pertinence de la Nouvelle Union populaire, écologique et sociale (Nupes). Lui a quitté sa famille politique historique sans bruit, au détour de la dernière élection présidentielle, parce qu’elle s’entêtait à porter en solitaire la candidature d’Anne Hidalgo. « Ce qu’on a fait avec le Printemps marseillais est un symbole de ce que raconte [le premier secrétaire du PS] Olivier Faure quand il parle de dépassement et de rassemblement avec la Nupes. Benoît reste philosophiquement socialiste, mais il est surtout attaché à l’union à gauche », témoigne Anthony Krehmeier, le maire (PS) des 2e et 3e arrondissements et un de ses plus proches complices politiques.

La droite marseillaise semble atone

Les deux hommes se sont rencontrés en 2005 au Mouvement des jeunes socialistes (MJS). Benoît Payan y est déjà reconnu, Anthony Krehmeier débarque. Comme Arnaud Drouot, l’actuel directeur de cabinet du maire, ou Christophe Pierrel, ex-chef de cabinet adjoint du président Hollande désormais chargé du Plan Ecoles à la mairie, ils ont fait partie de la bande de jeunes collaborateurs de Marie-Arlette Carlotti, la ministre déléguée aux personnes handicapées au sein du gouvernement Ayrault (2012-2014). « Elle nous appelait les petits cons », se marre Krehmeier.

L’époque est aussi à la guerre contre Jean-Noël Guérini, le tout-puissant patron de la fédération PS des Bouches-du-Rhône, qui sombre dans les affaires. A l’occasion des municipales de 2008, pourtant, Benoît Payan avait décroché son premier mandat de conseiller communautaire sur les listes de l’indéboulonnable sénateur, avant de rompre. Un épisode que ses adversaires ne manquent jamais de lui rappeler.

Même Jean-Claude Gaudin n’a que des mots positifs sur son successeur. « Ne m’en faites pas trop dire, cela pourrait lui nuire. Benoît Payan a une attitude très républicaine et d’une grande courtoisie avec moi, ce qui n’est pas le cas de tous mes amis politiques. »

Douze ans plus tard, le temps des « petits cons » laisse place à d’autres responsabilités. A son arrivée aux manettes, le nouveau maire dit avoir découvert une situation « qu’aucune imagination n’aurait pu prévoir ». Des finances exsangues, une administration sclérosée, « machine malade, abîmée, fatiguée… Avec une organisation adaptée à 1953, pas à 2020 ».

Comment dans ces conditions rénover une partie des 440 écoles de la ville dont l’état d’insalubrité avait fait scandale au cours du mandat précédent, éviter un nouveau drame comme celui des huit morts de l’immeuble de la rue d’Aubagne, en novembre 2018, en résorbant l’habitat indigne, développer les transports et les équipements publics ou encore réduire les fractures sociales ?

Les promesses électorales du Printemps marseillais semblent intenables quand une grande partie des compétences sont dans les mains de la Métropole Aix-Marseille-Provence, pilotée par son adversaire aux municipales 2020, la candidate LR Martine Vassal.

D’une ennemie, il faut faire sinon une alliée, au moins une partenaire. Après plusieurs mois de bras de fer, la situation s’est finalement apaisée. « Nous avons trouvé un terrain d’entente », assure la présidente de la métropole. Désormais divers droite et soutien d’Emmanuel Macron, elle s’est engagée, fin 2022, à accorder 200 millions d’euros sur quatre ans aux projets municipaux.

Toute la droite marseillaise semble atone. Depuis sa villa de Saint-Zacharie (Var), où il coule une retraite tranquille n’était un genou douloureux qui gêne sa marche, même Jean-Claude Gaudin n’a que des mots positifs sur son successeur. « Ne m’en faites pas trop dire, cela pourrait lui nuire », s’inquiète l’ancien vice-président (LR) du Sénat. Il croise régulièrement Benoît Payan « dans les événements des milieux catholiques » que l’édile n’oublie pas d’honorer. Lui-même catholique, il a annoncé mardi 17 janvier la venue du pape François dans sa ville en octobre. Et Jean-Claude Gaudin, qui a tenu Marseille pendant vingt-cinq ans, de poursuivre sur sa lancée : « Il a une attitude très républicaine et d’une grande courtoisie avec moi, ce qui n’est pas le cas de tous mes amis politiques. »

Une vie privée bien gardée

Comme son prédécesseur, Benoît Payan adore autant l’histoire de sa ville que le décorum républicain. Ses discours officiels commencent souvent de la même façon. Lentement, il énumère les noms et fonctions des personnalités présentes, marque des pauses, savoure chaque pedigree comme on le ferait d’un bon vin. « Il y a une filiation dans l’art oratoire et dans cette relation charnelle avec Marseille qu’avaient Jean-Claude Gaudin ou Gaston Defferre. Cela place Benoît dans une continuité douce, même si, sur d’autres points, il incarne la rupture », constate l’écologiste Sébastien Barles.

Benoît Payan adore « mettre en récit » ce qu’il sait de sa ville, mais parle peu de lui. Il dit « détester l’exercice de la fausse catharsis auprès des journalistes ». De son intimité, il livre sur les réseaux sociaux quelques photos de Léonidas, son teckel à poil ras. Sa compagne, elle, échappe aux radars. « Elle ne veut pas être mise en avant et je n’ai pas envie qu’on la dérange. Qu’est-ce que cela changerait ? », interroge-t-il. Le couple peut être aperçu au Stade-Vélodrome ou dans les tribunes de la patinoire municipale.

Mère cadre à l’Urssaf, père menuisier, Benoît Payan vient « d’une classe moyenne pour qui tout allait bien et n’avait pas besoin que les pouvoirs publics s’occupent d’elle ». Lui a bouclé des études de clerc de notaire. Ses goûts forment un curieux mélange de classicisme et de modernité. Il aime l’opéra, la danse contemporaine du collectif (La) Horde, qui dirige le Ballet national de Marseille, et peut fermer les portes de son bureau pour lire à un visiteur le poème de Blaise Cendrars Les Pâques à New York.

Pour qu’il se livre plus avant, il faut l’interroger sur les objets qui l’entourent. Comme ces dix-huit flacons d’encres japonaises, parfaitement alignés sur le bord de sa table de travail. « J’écris beaucoup, et en fonction des interlocuteurs et de mon humeur, je change la couleur. Il y a une encre de l’énervement, une de la tristesse, une de l’enthousiasme… », énumère-t-il. Une gamme de sentiments pouvant rythmer une même journée. Et dont collaborateurs, adjoints et même journalistes essuient parfois les excès.

Racines et pâtes italiennes

Dans ce bureau réaménagé à son image, ni ordinateur ni écran télé. Juste une tablette numérique. Lui qui, pendant six ans, a bâti sa réputation d’opposant en diffusant les vidéos de ses interventions sur les réseaux sociaux, a supprimé de son mobile l’application Twitter. « Je ne la consulte qu’à la maison. Et je ne m’en porte pas plus mal. »

Au mur, il y a aussi Les Lazzaroni, ce grand format de François Reynaud, peintre oublié du XIXe siècle, qu’il a extirpé des réserves des musées municipaux. Chez cet arrière-arrière-petit-fils d’immigrés venus du Piémont et de l’île d’Ischia, ces mendiants peints sur fond du golfe de Naples font vibrer une corde profonde. « Ce sont mes ancêtres, ceux des Marseillais d’aujourd’hui… A l’époque, l’Italie ne va pas très bien, la France s’industrialise et devient un rêve, un eldorado pour de nombreux migrants. » De cette histoire familiale, l’homme a hérité d’une passion pour les pâtes. « Les pâtes, c’est l’essentiel et le tout. Quand les Italiens sont partis de chez eux, c’est ce qu’ils ont mis dans leur sac », s’enflamme-t-il.

Trois mois après son élection, on a vu le maire de Marseille essuyer des larmes en inaugurant la plaque qui donnait à l’avenue des Aygalades (14e et 15e) le nom d’Ibrahim Ali, cet adolescent abattu là par des colleurs d’affiches du Front national en 1995. Un combat que la famille et les proches du jeune Marseillais menaient, en vain, depuis vingt-cinq ans. Il a aussi fait rebaptiser l’école Bugeaud, colonisateur sanglant de l’Algérie, au nom ­d’Ahmed Litim, un tirailleur algérien venu mourir en libérant Notre-Dame-de-la-Garde de ses occupants nazis en août 1944. Il s’est porté au soutien de L’Après M, cet ancien McDonald’s transformé par ses ex-salariés en fast-food associatif et en plate-forme solidaire, faisant racheter les murs par la municipalité.

Fondatrice de L’Ecole au présent, une association qui scolarise les enfants roms des bidonvilles, Jane Bouvier se souvient de l’avoir rencontré pour la première fois en plein hiver 2018, élu d’opposition, devant un squat en cours d’évacuation. « Benoît Payan était là, dans le froid, pour s’opposer à cette inhumanité. Depuis, son engagement n’a pas varié », témoigne-t-elle. « Mon job, c’est de recoudre Marseille, martèle-t-il. Il faut rassembler, gagner la bataille culturelle sur les questions de discrimination, se concentrer sur les invisibles. Marseille ne m’appartient pas plus qu’aux autres, mais cette ville, c’est moi. Et j’essaie de la ressentir dans toutes ses différences. »

Un Marseille addict

Le soleil est chaud en ce mois de janvier aux températures détraquées. Sur le pont d’A Galeotta, le nouveau ferry de la compagnie Corsica Linea qui inaugure officiellement sa liaison entre Marseille et la Corse, Benoît Payan a enlevé sa cravate, déboutonné son col de chemise et s’est assis sur un banc. Un sérieux coup de mou. Ce n’est pas la première fois que l’entourage de l’édile constate sa fatigue. A l’été 2021, déjà, quelques élus proches étaient venus en délégation lui demander de lever le pied.

« Nous étions inquiets et nous lui avons dit qu’il lui fallait un vrai break, loin de Marseille. Il a acquiescé. Deux jours plus tard, il était dans son bureau », se rappelle l’adjoint Joël Canicave. « Les vacances, pour lui, c’est de mettre un jeans pour venir à la mairie », tente d’en plaisanter son ami Anthony Krehmeier. Depuis vingt-quatre mois, Benoît Payan voit sa fonction comme « une centrifugeuse ». « Il n’y a rien à apprécier, juste à faire », tranche-t-il.

« Emmanuel Macron est la seule personnalité politique nationale, droite et gauche confondues, qui m’a posé des questions profondes sur Marseille et qui aime cette ville. » Benoît Payan, maire de Marseille

Ce contemplatif autoproclamé est désormais un homme pressé et sous pression. Durant les fêtes de fin d’année, il n’a pas trouvé l’occasion de souffler. « Je n’arrive pas à m’éloigner de Marseille. J’ai besoin d’être là », constate-t-il, lucide. Alors, sur le pont d’A Galeotta, on s’active. Une collaboratrice apporte un verre d’eau, une autre une assiette de morceaux de fromage insulaire.

Il faut vite grignoter avant de passer à la séquence de l’après-midi : une visite du chantier du tramway, à quelques kilomètres de là, dans les quartiers Nord, avec le ministre des transports, Clément Beaune, et la présidente de la Métropole Aix-Marseille-Provence, Martine Vassal. Pas question de fléchir. Pour mener à bien la vaste transformation de sa ville, Benoît Payan a un impérieux besoin de l’aide financière de l’Etat et donc du soutien du gouvernement.

Une alliance d’intérêts avec Emmanuel Macron

Le 10 mars 2021, quand il répond à l’invitation d’Emmanuel Macron pour un repas à l’Elysée, le maire fraîchement nommé sait qu’il doit, au minimum, séduire. Au menu, pas de pâtes mais une blanquette de veau. Les deux hommes font connaissance. A un mois près, ils ont le même âge. Surpris, Benoît Payan découvre que le président de la République vibre presque autant que lui pour sa ville. La faute, en partie, à cette victoire en Ligue des champions de l’Olympique de Marseille, le 26 mai 1993. « On avait 15 ans à l’époque, cela nous a marqués pareillement », reconnaît Benoît Payan.

« Emmanuel Macron est la seule personnalité politique nationale, droite et gauche confondues, qui m’a posé des questions profondes sur Marseille et qui aime cette ville. J’ai tout mis sur la table : la situation des écoles, des transports, les blocages de la gouvernance politique avec la métropole… »

De cette rencontre germent les contours du plan « Marseille en grand » que le chef de l’Etat présente six mois plus tard dans les jardins du Pharo. Un investissement sans précédent de l’Etat sur le territoire. Cinq milliards d’euros fléchés pour la rénovation des écoles, les transports, la rénovation urbaine, la lutte contre l’habitat insalubre, mais aussi pour la sécurité ou la culture. En contrepartie, Emmanuel Macron demande aux politiques locaux de cesser leurs « chicayas » et annonce lancer une expérience « d’écoles-pilotes » à l’aspect très libéral qui fait grincer des dents la gauche.

Une forme d’alliance d’intérêts bien compris entre les deux hommes est née. Ce 2 septembre 2021, Benoît Payan est le seul autorisé à s’exprimer avant Emmanuel Macron. « Ils ont des traits communs… Cette volonté de renverser la table, de dire que rien n’est impossible, de casser les cadres. Benoît est un socialiste qui est allé demander l’aide d’un président social-libéral. Ils ne sont pas faits pour travailler ensemble et pourtant ils le font », résume Anthony Krehmeier.

« Au début, le regard était très positif. Benoît est jeune, cultivé, intéressant et c’est un animal politique. Il coche toutes les cases qui peuvent intéresser Emmanuel Macron », confirme Sabrina Agresti-Roubache, députée (Renaissance) des Bouches-du-Rhône et amie du couple présidentiel. Lancé dans sa seconde campagne, le président de la République espère-t-il rallier à son camp le maire de Marseille comme, avant lui, les deux locomotives LR locales, le président de la région, Renaud Muselier, et la présidente de la métropole, Martine Vassal ?

La Macronie n’en a pas eu pour son argent

Le 16 avril 2022, alors que le président-candidat se prépare à revenir au Pharo pour son grand meeting de second tour, une rumeur court. Benoît Payan, qui a appelé à voter pour lui une fois Marine Le Pen qualifiée, serait présent. L’intéressé dément, mais, même au Printemps marseillais, le doute plane. « J’étais inquiète, je pensais qu’il allait être obligé d’y aller », se souvient Sophie Camard, l’élue des 1er et 7e arrondissements. « Moi, j’avais dit au président : “Je mange un rat vivant si Benoît vient s’asseoir à côté [du maire de Nice] Christian Estrosi.” C’était faire exploser sa majorité », sourit la députée Sabrina Agresti-Roubache. Jusqu’à l’arrivée sur le Tarmac de l’aéroport de Marignane, l’entourage d’Emmanuel Macron s’active pour convaincre.

Sciemment, Benoît Payan s’est un peu éloigné de sa ville. Autour du chef de l’Etat, on ne comprend pas cette absence. « Le plan “Marseille en grand” a contribué à faire de Benoît Payan le maire de Marseille. Pour le président, le retour sur investissement est faible », cingle un haut cadre de la Macronie. « Benoît aurait pu prévoir un accueil républicain avant le meeting ou au moins envoyer un tweet. Leur relation s’est abîmée à ce moment-là », confirme Sabrina Agresti-Roubache.

« Je crois en Benoît Payan, mais, pour l’instant, je suis déçu. Il est malin, intelligent, habile… avec un talent pareil, il faut qu’il fasse tout péter. J’aimerais revoir la fougue du premier opposant qu’il a été. On croyait voir un tribun, on a un Hollande. » Mathieu Rozières, entrepreneur proche du Printemps marseillais

Récemment, un autre épisode a agacé au plus haut niveau. Une phrase lâchée le 14 novembre 2022, dans le dos de la première ministre Elisabeth Borne, qui quitte à peine l’hôtel de ville de Marseille après un entretien informel. Face aux journalistes, Benoît Payan se lâche : « On attendait des réponses spécifiques à des questions précises et nous n’avons pas eu grand-chose. (…) Si j’étais elle, je me serai passée de ce déplacement. »

La saillie résonne jusqu’à Paris. « C’était très prétentieux de dire “Si j’étais premier ministre”. Non, mon pote, tu ne l’es pas », cogne un cadre Renaissance. Benoît Payan jure pourtant qu’il n’a que peu d’intérêt pour les jeux de la politique nationale. « Je ne suis pas chef de parti, je ne suis pas élu à l’Assemblée nationale et je n’ai pas l’ambition de devenir ministre ou chef du gouvernement. Mon seul sujet, c’est Marseille. »

Une nouvelle dyarchie marseillaise

Les avancées obtenues par le Printemps marseillais n’empêchent pas les critiques. La hausse de la taxe foncière de 14 % passe mal. La relance de l’installation des caméras de vidéosurveillance, concession aux volontés sécuritaires de l’Etat, est une « trahison » pour le groupe écologiste. La réforme de la haute administration municipale (qui s’est traduite par une réduction drastique des directions générales), jugée trop brutale, enflamme des syndicats qui, deux ans plus tôt, soutenaient l’union de la gauche.

Mais les reproches les plus fréquents portent sur un pouvoir jugé trop centralisé. Ce cabinet fortement peuplé d’anciens du MJS ou ce duo étroit que Benoît Payan forme avec son directeur de cabinet, Arnaud Drouot. Cet ancien secrétaire général du groupe d’opposition PS a préféré abandonner son mandat de conseiller municipal pour s’installer dans le bureau qui jouxte celui du maire. Malgré leurs dix ans d’écart, les deux amis affichent un mimétisme troublant. Belles gueules, costumes bien taillés sur chemises à col italien ou cols roulés près du corps, on voit rarement l’un sans l’autre. Quand le premier répond aux entretiens, le second s’assoit tout près, silencieux. « C’est le binôme-clé. Arnaud est un vrai stratège politique », convient l’adjoint aux finances, Joël Canicave.

Ceux qui connaissent l’histoire municipale récente y voient un écho plus inquiétant. Celui d’un autre duo, formé par Jean-Claude Gaudin et son éternel directeur de cabinet, Claude Bertrand, qui a régné pendant vingt-cinq ans sur Marseille.

Proche du collectif Mad Mars, investi dans la communication du Printemps marseillais pendant la campagne 2020, l’entrepreneur Mathieu Rozières pousse les feux : « Où est la composante citoyenne qui a permis au Printemps marseillais de gagner ? Cette énergie qui nourrissait la campagne ? Je crois en Benoît Payan, mais, pour l’instant, je suis déçu. Il est malin, intelligent, habile… Avec un talent pareil, il faut qu’il fasse tout péter. J’aimerais revoir la fougue du premier opposant qu’il a été. On croyait voir un tribun, on a un Hollande. »

Dans son bureau avec vue sur le Vieux-Port, le maire assure ne pas être là « pour satisfaire les insatisfaits professionnels ». « En deux ans, on a lancé des choses qui n’avaient pas été faites depuis des décennies. Ce qu’on a réussi est inédit. Est-ce que les gens s’en rendent bien compte ? » Pour lui et le Printemps marseillais, 2023 sera une année charnière, celle de la mi-mandat. Et déjà une nouvelle visite d’Emmanuel Macron, la cinquième depuis le lancement de « Marseille en grand », est annoncée pour début février.

Le Monde
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Re: Made in Marseille (bons plans, idees, news..)

Messagepar Dragan » 24 Jan 2023, 11:10

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A Marseille, l'explosion des data centers fait débat
Agence France Presse ECOFI

En quelques années, la ville de Marseille est devenue le septième "hub" internet mondial, attirant les géants mondiaux des "data centers" (centres de données). Mais le développement futur de cette place-forte numérique est aujourd'hui l'objet d'âpres débats.

Tirant profit de sa position géographique en bord de Méditerranée, qui lui a déjà offert un statut de grand port commercial, la deuxième ville de France est au carrefour des flux de données numériques dans un monde toujours plus connecté.

Pas moins de 17 câbles sous-marins y atterrissent aujourd'hui, hissant en moins de 10 ans Marseille de la 44e à la 7e place mondiale en capacité de données, selon le cabinet spécialisé Telegeography. Et la cité phocéenne ambitionne d'être bientôt cinquième, se rapprochant du trio de tête Francfort (Allemagne), Londres, Amsterdam (Pays-Bas).

Conséquence: les centres de données s'y multiplient. Cinq sont déjà installés, dont quatre du leader mondial Digital Realty (via sa filiale Interxion). Leurs clients, comme les plateformes de vidéos à la demande, sont en effet avides des connexions hyper rapides qu'offrent la proximité des câbles.

Mais ces infrastructures sont grosses consommatrices d'énergie et de mètres carrés et la majorité municipale marseillaise (gauche et écologistes) affiche ses préoccupations.

"Le marché veut aller extrêmement vite, c'est un secteur avec une croissance et des marges à deux chiffres", analyse Laurent Lhardit, adjoint socialiste au maire, délégué à l'économie et au numérique, qui a dénombré "11 projets" sur la ville. "Et des nouveaux arrivent".

- Base de sous-marins -

Or, "nous avons un gros déficit de foncier économique, il faut faire des arbitrages", souligne l'élu. Mais les data centers ont des moyens financiers contre lesquels "personne de peut lutter". Résultat, "une cinquantaine d'entreprises du secteur productif" voulant s'implanter ou s'agrandir sur Marseille, avec "environ 3.000 emplois" à la clé, n'auraient pu le faire, affirme l'élu, citant le cas de cette société de maintenance, notamment navale, qui cherche toujours une solution.

Autre point d'inquiétude, la gourmandise en énergie pour alimenter et refroidir ces mastodontes: "Ca fait peser l'incertitude sur l'électrification des navires à quai", cheval de bataille de la ville, notamment pour les ferries et les navires en réparation qui pour l'instant font tourner leurs moteurs, causant de la pollution, craint un autre adjoint au maire, l'écologiste Sébastien Barles.

Assumant une position "un peu plus radicale", il a demandé, avec l'eurodéputé écologiste David Cormand, un moratoire sur l'installation de nouveaux data centers, pour réfléchir à l'échelle communautaire sur des "éco-conditionnalités", voire une taxation.

La municipalité ne va pas aussi loin, mais demande un "schéma directeur" de la métropole Aix-Marseille-Provence sur les implantations futures.

Fabrice Coquio, président de Digital Realty France, réfute les inquiétudes. Le foncier ? "Nous n'avons pas consommé un mètre carré, au contraire nous avons réhabilité un endroit inutilisé depuis 75 ans", dit-il, en référence à l'ancienne base allemande de sous-marins, qui accueille un de leurs data centers, deux autres se trouvant aussi sur le port.

Côté énergie, il relève leur refroidissement par récupération de l'eau de ruissellement d'une ex-mine de charbon.

- "Aucune réflexion sur la sobriété" -

Et de vanter la création de "près de 500 emplois", dont 85 directs. Sans compter ceux attendus de ses "clients", dont il estime les investissements à deux milliards d'euros, en plus des 500 millions investis par Digital Realty.

Pour M. Coquio, poursuivre le développement du hub marseillais est une évidence: "La croissance de la donnée, c'est +140% par an, il faut quand-même s'organiser un peu. (...) Mais si a un moment donné on se dit que, faute de vision, il vaut mieux investir à Barcelone, on le fera. Ce serait dommage pour la France".

Sébastien Barles, lui, regrette cette "extension sans frein du numérique": "Il n'y a aucune réflexion sur la sobriété. A nous d'y réfléchir".

En 2019, "près de 4% des émissions carbonées mondiales étaient dues à la production et à l'utilisation du système numérique", contre 2% pour le trafic aérien civil, selon le centre de réflexion Shift Project.

"C'est l'attractivité du territoire qui est en jeu", assure au contraire Martine Vassal, présidente LR de la métropole et candidate malheureuse à la mairie de Marseille en 2020. Pour elle, en développant le hub "on va pouvoir faire venir des groupes, des sièges" d'entreprises.

Attentifs à l'avenir du dossier, les services de l'Etat ont déjà organisé plusieurs réunions avec les différents acteurs. Une nouvelle est attendue dans les prochains mois.
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Re: Made in Marseille (bons plans, idees, news..)

Messagepar Lo Provençau » 24 Jan 2023, 19:42

Les centres de données en question se trouvent dans l'enceinte du GPMM. La mairie n'a pas son mot à dire sur le foncier de ce dernier aux dernières nouvelles.
Dire qu'il manque du foncier à Marseille, c'est un peu fort de café quand on voit l'état du périmètre d'Euromed 2. Il y a de vastes friches industrielles semi abandonnés qui n'attendent que d'être requalifiées.
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Re: Made in Marseille (bons plans, idees, news..)

Messagepar Dragan » 25 Jan 2023, 16:11

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Les lourds enjeux du projet de grand port Marseille -Lyon

Le Rhône ne reçoit aujourd'hui que 5 % des marchandises débarquées dans la cité phocéenne.

Dans le sillage de la promesse d'Emmanuel Macron, les acteurs veulent relancer le fret fluvial.

Marseille tête de pont de l'axe Rhône-Saône ? Après la promesse d'Emmanuel Macron, formulée en décembre, de faire de la cité phocéenne « un grand port fluvio-maritime le reliant à Lyon », les professionnels du secteur veulent y croire. Et ce d'autant plus que l'Etat s'apprête à nommer un « préfigurateur » pour encadrer cet immense projet. En deux ans, il aura pour mission de déterminer les investissements nécessaires, d'élaborer un modèle économique et de créer une structure de coordination.

Plusieurs pistes sont évoquées : le modèle du groupement d'intérêt économique choisi par Haropa Port (regroupant les ports de Paris, de Rouen et du Havre), inadapté selon une grande majorité de professionnels du secteur ; la constitution d'une société anonyme associant les acteurs publics et privés ; l'adossement à un fonds d'investissement de l'association Medlink Ports déjà existante. Cette association créée en 2015 regroupe les ports fluviaux et trois ports maritimes (Marseille, Sète et Toulon) ainsi que l'établissement public Voies Navigables de France (VNF, qui gère la traversée de Marseille jusqu'à Fos), SNCF Réseau et la Compagnie nationale du Rhône (CNR), détenue par l'Etat et Engie (et concessionnaire jusqu'en 2041 de l'exploitation du fleuve Rhône et de ses 19 ports, dont ceux d'Arles, Avignon, Valence, Vienne et Lyon). Au-delà, il s'agit de mieux connecter Marseille, Toulon et Sète jusqu'au dernier port intérieur de grand gabarit : Pagny-le-Château (Côte-d'Or), au sud de Dijon.

L'idée qui vise à basculer le transport de conteneurs de l'autoroute vers le fleuve n'est pas nouvelle. Mais la relance du fret fluvial intervient dans un contexte bouleversé : le prix du carburant incite les transporteurs logisticiens à revoir leur modèle ; en instaurant des zones à faibles émissions, les villes ne veulent plus de camions polluants dans leurs rues. Dans le même temps, l'épidémie de Covid a rempli les caisses de quelques grands acteurs, à l'instar de l'armateur de porte-conteneurs CMA CGM, à Marseille. Et la CNR cherche à diversifier ses revenus, de plus de 1,2 milliard d'euros en 2022, tirés à 95 % de ses barrages hydroélectriques. Le Rhône a transporté l'an passé 3 millions de tonnes de vrac et 66.000 conteneurs. Seulement 5 % du fret débarqué à Marseille, alors que ses concurrents Anvers et Rotterdam approchent les 35 %. Et sa part baisse (-0,3%), au profit du ferroviaire (16 % du trafic en 2022) et surtout de la route (80 %).

« Nous avons eu des pics à 5 millions de tonnes en 2015 et 2019, mais on est sur un palier », admet Thomas San Marco, délégué général de la CNR et président de Medlink. « Le trafic pourrait être quadruplé, voire quintuplé, sans investissement supplémentaire », insiste Mathieu Gleizes, délégué général de l'association. « Ce sera un élément majeur de la feuille de route 2023 du port de Marseille-Fos. Notre ambition est de tracer une continuité territoriale avec la cinquantaine de sites impliqués sur l'axe fluvial », a confirmé mardi l'ancien ministre Christophe Castaner, récemment élu à la présidence de son conseil de surveillance.

Ecluses majeures

Pour cela, la CNR exploite déjà un centre de gestion du trafic 24 heures sur 24 à Châteauneuf-sur-Rhône (Drôme), qui emploie une vingtaine de techniciens. Les ports existent et sont suffisants, affirment de concert les acteurs. « Nous allons renouveler les appels d'offres des ports principaux en 2023, dont celui de Lyon en fin d'année », précise Thomas San Marco. « C'est l'occasion de professionnaliser notre approche », admet l'un des gestionnaires exploitants.

La CNR prévoit en revanche de sécuriser les hautes écluses de Bollène (Vaucluse) et Châteauneuf-sur-Rhône (Drôme). Les portes seront doublées d'ici à 2030 pour pallier une éventuelle rupture en cas de crue. Le chantier est estimé à 30 millions d'euros. « Pour attirer les grands transporteurs, nous devons fiabiliser le trafic. Cela passe, par exemple, par une navette fluviale régulière », ajoute Thomas San Marco.

A Lyon, le sujet est déjà pris très au sérieux. Kem One vient de se doter d'« Alcor », une péniche hybride diesel électrique pour acheminer du chlorure de vinyle, matière première du PVC, vers son usine dans la vallée de la chimie ​depuis le port de Fos-Lavéra. « Le transport fluvial reste le plus adapté pour couvrir nos besoins logistiques », compare Pierre Fauvarque, directeur des achats et de la chaîne logistique de Kem One​, qui veut ouvrir la voie de la décarbonation du transport fluvial à d'autres industriels de la région.

D'autre part, un hôtel logistique urbain ouvrira en juin sur le port Edouard-Herriot, à Lyon. Cet investissement de 40 millions est porté par un consortium local, composé de la société des parkings Lyon Parc Auto ​et de la Société d'équipement de la région lyonnaise, accompagnées par La Poste et la Caisse des Dépôts. C'est la CNR qui a initié ce dossier avec la métropole, afin d'attirer en pleine ville le fret des colis et contribuer à rapprocher les marchandises des consommateurs, en utilisant des véhicules décarbonés. Deux bâtiments, d'une surface totale de 29.000 m2, seront livrés dans quelques semaines.

Plus globalement, la CNR dispose de 928 hectares le long du fleuve, dont 688 commercialisables. A Lyon, elle s'apprête à désigner les candidats pour six parcelles sur une surface totale de 7 ha. « Nous sommes en discussion avec les candidats finalistes. Le choix de la CNR interviendra avant l'été », confie Pierre Meffre, son directeur de la valorisation portuaire. Parmi les autres appels d'offres en cours, une activité conteneurs sera renforcée sur le port embranché fer de Loire-sur-Rhône (Rhône), à proximité du noeud autoroutier du sud de Lyon. Ainsi que sur le port de Saint-Romain-en-Gal, plus au sud.

La CNR, le port de Marseille, VNF et les autres acteurs de Medlink misent sur la relance de la péniche. Bien que plus onéreuse et plus lente, elle pourrait séduire les chargeurs : comparée à la route, ce navire d'eau douce peut transporter jusqu'à 200 conteneurs.

Paul Molga (à Marseille) et Stéphane Frachet (à Lyon)

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Re: Made in Marseille (bons plans, idees, news..)

Messagepar Lo Provençau » 29 Jan 2023, 09:53

Le plan stups pas loin de chez moi référencé sur Google.
https://maps.app.goo.gl/D9rRXPFyBmpbUTFS6

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