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Football : David Sommeil remporte son nouveau combat
Publié le vendredi 10 avril 2009 à 10H57
Le 20 août 2008, la vie de David Sommeil a basculé. Ce jour-là, le défenseur d'origine guadeloupéenne de 34 ans s'entraîne normalement avec son équipe de Valenciennes. Tout à coup, le joueur passé par l'OM en 2005 est victime d'un malaise cardiaque.
S'ensuivent quinze longs jours passés dans le coma, avant que ne débute un pénible combat entre la famille du joueur et la Caisse primaire d'assurance maladie de Tourcoing qui refuse de considérer ce drame comme un accident du travail et donc de verser une quelconque indemnité.
L'objet du litige
Le 24 août, le docteur Dominique Mollet, médecin-conseil de la CPAM de Tourcoing, refuse de considérer qu'il s'agit d'un accident de travail. Les arguments avancés se révèlent fallacieux, tandis que l'expertise se déroule dans un contexte guère favorable à Sommeil et ses proches.
La CPAM estime que cet accident aurait pu survenir n'importe quand et que la pratique du football n'a eu aucune incidence. Elle met également en exergue les antécédents familiaux du joueur, dont le père est décédé d'une crise cardiaque.
Enfin, l'expertise est diligentée, alors que Clarisse Sommeil, l'épouse de David qui assure sa défense elle-même, n'a pas eu le temps de confectionner un dossier solide.
L'intervention décisive
Clarisse Sommeil décide alors de s'adjoindre les conseils d'un avocat, afin de tenter d'obtenir réparation et d'inverser une décision qui a surpris le monde du football. Elle fait appel à Me Christophe Garcia, avocat marseillais de 38 ans. À force de persuasion, de coups de téléphone et grâce à l'intervention de l'UNFP, le syndicat des joueurs, et de certains clubs professionnels comme Bordeaux où a évolué Sommeil, une nouvelle expertise est effectuée.
Le 16 février 2009, le docteur Pascal Barbeau rend un avis favorable. L'accident de travail est enfin reconnu et Sommeil peut percevoir les indemnités que la CPAM refusait jusqu'alors de lui verser. "Il s'agit d'un retour à la normale", estime René Charrier, vice-président de l'UNFP. À ce jour, la CPAM n'a toujours pas régularisé la situation, ni réglé les sommes dues à Sommeil. L'indemnité quotidienne s'élève à 207,14€ nets. Jusqu'ici, Sommeil n'a touché que l'argent des assurances souscrites.
Quelles conséquences ?
Cette décision pourrait avoir des conséquences et, ainsi, faire jurisprudence. Sur le sujet, l'UNFP apparaît pourtant modérée: "Chaque cas est particulier, il ne faut pas tirer de conclusions générales hâtives", estime René Charrier.
Me Christophe Garcia ne l'entend pas ainsi. "Cette décision est équivalente à une décision de justice, explique-t-il. On peut même considérer qu'elle va faire jurisprudence. Car si demain, un joueur de l'OM ou d'une autre formation a une crise cardiaque au stade Vélodrome, la CPAM de Marseille suivra la décision de son homologue de Tourcoing."
Et l'avocat marseillais de conclure : "À l'avenir, cette décision servira à tous les sportifs, même si elle sera forcément contestée."
Cette histoire tragique aura au moins servi à cela. C'est bien l'unique point positif.
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SOUS TUTELLE
David Sommeil n'a pas pu se réjouir du succès remporté par ses proches et ses conseillers contre la CPAM de Tourcoing. L'ancien Olympien se rend dans un centre de rééducation dans la région bordelaise, où il réside depuis le 18 décembre. S'il est autonome physiquement et peut, par exemple, marcher, il n'a pas totalement récupéré au niveau neurologique. Il reconnaît seulement son épouse et ses enfants, et reste dépendant des autres. Son état s'améliore, les perspectives d'évolution existent, mais il ne récupérera jamais à 100 %. Sa famille a d'ailleurs entrepris des démarches pour qu'il soit placé sous tutelle.