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OM : Barthez et Di Meco dévoilent leur calvaire au quotidien
Dans L’Équipe, Fabien Barthez et Éric Di Meco livrent des témoignages bouleversants sur l’état physique des anciens footballeurs professionnels. Entre douleurs chroniques, séquelles irréversibles et handicaps moteurs, les deux anciens joueurs de l’OM racontent comment leur passion les a usés jusqu’à l’os. Un regard lucide, sans filtre, sur le coût réel d'une carrière au sommet.
Les cris de joie, les trophées soulevés, les soirs de gloire... et les matins de douleur. Fabien Barthez et Éric Di Meco, figures emblématiques de l’OM et de l’équipe de France, ont accepté de témoigner dans L’Équipe de ce que le grand public voit rarement : les séquelles physiques d’une carrière de footballeur de haut niveau. Un témoignage à deux voix, empreint de franchise et de lucidité, qui bouscule l’image idéalisée du sportif à la retraite.
« On est tous pétés », lâche Barthez, 53 ans, depuis son domicile à Toulouse. L’ancien gardien champion du monde 1998 confie vivre avec des douleurs quotidiennes. Sa pommette fracturée à Monaco, jamais totalement ressoudée, en est l’un des stigmates les plus visibles. D’autres blessures sont moins spectaculaires, mais bien plus insidieuses : « Tous les matins, il me faut dix minutes pour me déverrouiller », raconte-t-il, usé par des années de plongeons et de chocs répétés. Ses disques lombaires ? « Il n’y a plus rien », dit-il, fataliste mais sans amertume. Barthez, comme beaucoup de ses contemporains, a continué à jouer malgré les alertes, les douleurs, parfois même le bon sens médical. L’époque n’était pas à la précaution, encore moins à l’écoute du corps. « À l’époque, on ne te protégeait pas. Moi, j’étais toujours chaud pour jouer », admet-il, assumant ses choix, même s’ils l’ont mené à souffrir durablement.
Même constat pour Eric Di Meco
Ce constat, Éric Di Meco le partage pleinement. À 61 ans, l’ancien latéral gauche de l’OM vit toujours à fond, entre ses concerts avec son groupe Osiris, ses activités de consultant et la rénovation de sa maison dans le Vaucluse. Mais son corps, lui, crie régulièrement grâce. La scène de Toulon, où il se produit avec sa basse, en est un exemple saisissant : après une heure et demie de concert, le chemin vers les loges devient un supplice. « Je suis obligé de souffrir pour passer de bons moments », lâche-t-il, dans une phrase à double tranchant.
L’ancien international français revient aussi sur un épisode marquant : la finale de Coupe d’Europe 1991, disputée avec une rupture du ligament croisé antérieur du genou droit. Deux semaines après sa blessure à la Beaujoire, Di Meco est titularisé à Bari contre l’Étoile Rouge de Belgrade. « On me faisait des bandages pour que je puisse courir tout droit… » Une folie, reconnue a posteriori, mais dans le feu de l’action, l’enjeu prenait toujours le pas sur la santé. Après le match, son genou violet et enflé le ramène à la réalité : les conséquences sont irréversibles. Cartilage abîmé, opération compliquée, carrière écourtée. Et malgré tout, pas de regrets apparents : « C’est comme ça. On ne te parle pas des risques. »
Mais aujourd’hui, l’impact de cette imprudence pèse lourd. Di Meco a arrêté les commentaires de matchs pour une raison restée longtemps secrète : son corps ne tenait plus. Marcher, rester debout, se déplacer dans les stades était devenu un calvaire. « Je suis à la limite du handicap moteur », confie-t-il désormais, sans détour. « Je prends des anti-inflammatoires si je sais que je vais marcher, je calcule quand je peux rester debout. »
Le témoignage devient bouleversant lorsqu’il évoque son petit-fils. « S’il court trop vite vers la piscine ou la route, est-ce que je serai capable de le rattraper ? » La question, posée avec une sincérité désarmante, résume toute la violence invisible du sport de haut niveau. Derrière les carrières dorées, les corps brisés.
Barthez et Di Meco ne demandent ni pitié, ni reconnaissance. Ils racontent, tout simplement, pour que l’on comprenne ce que coûte, physiquement, une carrière à ce niveau. Pour que les jeunes générations sachent. Et pour que le public mesure enfin le prix réel d’un match de légende.
Le Phocéen