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EXCLUSIF. OM : "Il faut être positif, on va jouer au Bernabeu, à Madrid !", notre interview de Pablo Longoria
Le président olympien a accordé un long entretien à La Provence dans lequel il fixe le cap pour la Ligue des champions. Alors que l'OM défiera le Real Madrid à Santiago Bernarbeu ce mardi, il a détaillé les ambitions de son club dans la compétition et se veut très prudent.
Pablo Longoria reste mesuré et ne veut surtout pas mettre de pression sur l'équipe de Roberto De Zerbi, qui se rendra à Madrid ce mardi (20h45). Dans l'interview long format qui paraîtra ce lundi dans le supplément spécial Ligue des champions de La Provence, il a insisté sur un point : "Il faut être positif et enthousiaste".
Quel est l'objectif de l'OM en Ligue des champions ? Et est-ce que le nouveau format est une aubaine pour vous ?
Je ne veux pas donner d'objectif trop précis pour des raisons très claires. Il y a plusieurs motifs. Le premier, c'est que notre objectif fondamental est une deuxième qualification consécutive en Ligue des champions. Ça changerait complètement notre dynamique. Je veux que tous les joueurs soient focalisés sur cet objectif. Ça nous permettrait de faire un pas supplémentaire. Le deuxième, c'est qu'il y a une adaptation nécessaire à la compétition quand tu ne l'as pas jouée. Tu peux être la surprise, ou le pire. On parle des surprises, comme Brest l'an dernier, mais on ne regarde jamais les équipes qui n'ont pas su s'adapter. Le Real Madrid ou le PSG ont passé la phase de ligue de justesse. On veut profiter de la compétition, être compétitif, mais je ne veux pas mettre ce type de pression sur l'équipe.
Le troisième argument est extra-football. Si on voit la Ligue des champions de façon émotionnelle, on se dit "Waouh", j'ai un bon effectif, Marseille rime avec C1, le stade sera plein, il y aura de très bons matches... Mais si tu analyses tout ça de façon rationnelle, tu te dis qu'on prend les matches à domicile les plus difficiles, et tu vois que les projections de certains simulateurs (comme Opta, ndlr) te placent entre la 29e position et la 31e, même si je n'y crois pas. Il faut donc appréhender cette situation sans se mettre trop de pression car il y a beaucoup de choses qu'on ne peut pas contrôler. Dans notre effectif, hormis les jeunes issus du centre de formation, tous nos joueurs ont une expérience en Ligue des champions. Mais c'est la première fois qu'on dispute ce nouveau format avec toutes ces composantes.
C'est votre troisième participation en C1 avec l'OM depuis votre arrivée au club, après celle avec André Villas-Boas (en tant que directeur du football) et celle avec Igor Tudor (en tant que président). Avez-vous des regrets par rapport à ces campagnes ou en avez-vous tiré des leçons ?
Le format n'est plus le même. Normalement, ici, quand tu te qualifies en Ligue des champions, tu t'attends à ce que l'équipe donne tout, mais quand la compétition approche, j'ai pu avoir la sensation par le passé que tout le monde se relâchait. ce qu'on veut changer. On a essayé de mettre de la discipline et de la rigueur pour que l'ensemble soit plus stable. Avec le temps, tu dois aussi apprendre à vivre moins sur les émotions pour ne pas créer de frustration. L'année d'Igor Tudor, quand tu vois le déroulement de la compétition, tu ne penses jamais faire ce résultat avec l'Eintracht. On perd contre Francfort (2-1), puis on fait match nul contre Strasbourg (2-2). Après ce match à Strasbourg, on aurait dit des funérailles ! Avec le recul, c'est ce que je me disais encore l'autre jour, tu te demandes pourquoi tu étais en dépression... C'est curieux. Il faut mieux canaliser les émotions, car trois ans plus tard tu te dis que tu étais ridicule après Strasbourg.
"On doit être positif, on va jouer au Bernabeu !'
Il y avait une frustration énorme sur le dernier match face à Tottenham cette année-là...
Oui mais ça, c'est la compétition. Tu te souviens de la dernière touche... Je me souviens encore du but de Pierre-Emile Hojbjerg... (sourire) On pouvait être qualifié, aller en Ligue Europa, et on s'est retrouvé sans rien. Mais ça, c'est le football.
Comment jugez-vous le tirage au sort réservé à l'OM ?
On va commencer par le Real. C'est pour aller au Bernabeu et jouer ce type de matches que tu veux disputer cette compétition. Il faut l'avoir à l'esprit, garder de l'enthousiasme. C'est ce que je dis à tout le monde. On doit être positif, on va jouer au Bernabeu, à Madrid ! L'an dernier, on regardait la Ligue des champions à la télé... Pour moi, le Real Madrid, c'est l'enthousiasme. Il y a Liverpool aussi et ses 500M€ sur le marché des transferts, champion de Premier League, etc... (rire), un top club européen. Avec l'Atalanta Bergame, ce sera intéressant de voir la transition de (Gian Piero) Gasperini à (Ivan) Juric, même si ils ont des styles similaires. L'Atalanta est toujours un adversaire difficile à jouer. Ce type de football est toujours compliqué, tu es souvent en difficulté. Le Sporting Lisbonne, comme toutes les équipes portugaises, est toujours très compétitif en coupe d'Europe. Notamment grâce aux aménagements de calendrier de la ligue portugaise, qui favorise la compétitivité de ses clubs. C'est un truc en plus dans la mentalité.
Il y a Bruges, une équipe toujours présente en Ligue des champions, qui a l'habitude de la compétition et s'est bien adaptée au nouveau format. Jouer le dernier match là-bas, alors que tout peut encore changer à tout moment, ce sera intéressant. Avec l'Ajax Amsterdam, à domicile, je suis curieux de voir la typologie de football et le match que cela va produire, entre deux équipes similaires sur certains principes. Ce sera très ouvert à mon avis. Newcastle, c'est toujours difficile d'affronter une équipe de Premier League. L'Union Saint-Gilloise est championne de Belgique, le club a mis en difficulté beaucoup d'équipes sur le plan européen. Il faudra bien analyser et ne surtout pas penser que ce sera un match facile.
"Il ne faut pas toujours vouloir vivre dans le souvenir et la nostalgie"
Vous évoquez souvent la victoire de 1993 et l'excès de nostalgie autour. La victoire du PSG en mai dernier est-elle un mal pour un bien ?
Je n'ai jamais considéré la victoire de 1993 comme un poids, c'est tout le contraire, tu dois en être fier, très content de l'avoir gagnée. Mais il ne faut pas toujours vouloir vivre dans le souvenir et la nostalgie, il ne faut pas chercher à comparer deux époques complètement différentes. C'est le message que je cherche à délivrer. En 32 ans, le football a bien changé... On doit travailler de la meilleure façon au quotidien, avec ambition et en regardant l'avenir, mais tout en respectant ton passé. Si tu es ici aujourd'hui, c'est grâce au passé. Et puis, pour moi, tu dois toujours être dans la rivalité, c'est le principe même du football. Aucun supporter de l'OM ne peut être content de la victoire du PSG en Ligue des champions. C'est basique.
En parlant de 1993, il y a un vainqueur de la Ligue des champions, Eric Di Meco, qui a déclaré sur RMC que vous étiez "là pour les transferts, pas pour faire progresser l'équipe". Que lui répondez-vous ?
J'ai entendu. Ça ne me fait pas de mal. Sincèrement, chacun a son opinion. Mais insinuer qu'il y a des délits, je trouve ça grave et je ne le tolère pas.