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Action par action, le débriefing des polémiques d'OL-PSG : la Direction de l'arbitrage n'a constaté aucune erreur manifeste
Trois décisions arbitrales ont suscité la colère des Lyonnais après leur défaite face au PSG (2-3), dimanche soir. Si la Direction de l'arbitrage estime que le deuxième but parisien aurait éventuellement pu être refusé, elle comprend que le VAR, assuré par Jérôme Brisard, n'ait pas interpellé l'arbitre, Benoît Bastien.
L'arbitrage de Lyon-PSG (2-3), assuré dimanche soir par Benoît Bastien, notamment assisté par Jérôme Brisard au VAR, a suscité de vives polémiques et même la colère des Lyonnais, exprimée, entre autres, par le milieu Corentin Tolisso («Il y a des erreurs tous les week-ends ») et l'entraîneur adjoint, Jorge Maciel : « En face, c'est la meilleure équipe d'Europe, ils n'ont pas besoin de jouer à seize, car je compte le VAR aussi ! »
Sachant que le carton rouge adressé à Nicolas Tagliafico (90e+3) juste avant le but de la victoire parisienne inscrit par Joao Neves (90e+5) ne souffre aucune contestation - car les deux avertissements qui l'ont amené, soit un tirage de maillot flagrant (58e) puis une obstruction grossière (90e+3), étaient tout à fait légitimes -, nous revenons ici sur les trois décisions qui prêtent le plus à discussion.
28e minute : la main non sifflée d'Illia Zabarnyi (PSG)
Sur un corner lyonnais tiré par Afonso Moreira, le Parisien Illia Zabarnyi saute avec la main gauche levée devant Ruben Kluivert, qui cherchait à reprendre le ballon de la tête. Le geste du défenseur central ukrainien du PSG est très suspect, mais ses phalanges sont repliées au moment où elles sont très légèrement effleurées par le ballon, dont la trajectoire ne semble pas modifiée.
Selon notre interprétation, ne pas siffler penalty sur cette action ne peut pas être considéré comme une erreur manifeste, donc M. Brisard a sans doute eu raison de ne pas appeler M. Bastien pour aller visionner les images.
Amaury Delerue, manager des arbitres de Ligue 1 à la Direction de l'arbitrage (DA), abonde dans ce sens : « Le VAR a respecté le protocole de l'IFAB en visionnant tous les angles et toutes les images à sa disposition, aucune ne montrant clairement que la décision de ne pas siffler penalty est erronée avec certitude, et donc si Zabarnyi a touché le ballon ou non. »
Saïd Ennjimi, consultant pour la chaîne L'Équipe, explique de son côté : « L'intention est déjà coupable car il veut toucher le ballon de manière délibérée, même s'il retire sa main au dernier moment. Si jamais il l'a, ne serait-ce qu'effleuré, le penalty s'imposait. Si le VAR avait la certitude que c'était le cas, il fallait appeler M. Bastien. » Or justement, cette certitude n'existe pas, comme nous l'explique ici Amaury Delerue.
35e minute : le but de Kvaratskhelia accordé au PSG
Khvitcha Kvaratskhelia inscrit le but du 2-1 pour les Parisiens à la suite d'un ballon chipé par Vitinha au milieu de l'OL Tanner Tessmann, qui s'écroule. Pour parvenir à transmettre le ballon au Géorgien en le touchant du bout du pied droit, le milieu portugais heurte assez nettement avec son genou droit la jambe gauche de l'Américain, précisément à l'arrière de son genou gauche, ce qui le déséquilibre et l'empêche d'intervenir. Ici, on peut, selon notre analyse, bien davantage considérer que l'erreur manifeste est proche et que le VAR aurait dû appeler l'arbitre central pour qu'il visionne les images et refuse ce but.
Après des discussions au sein de la DA, Amaury Delerue résume la position établie : « Il s'agit d'une situation très complexe sur laquelle la DA n'a pas pu déterminer une position unanime à 100 %. Car le ballon est touché par Vitinha après un contact derrière le genou de la jambe d'appui de Tessmann. Ce contact impacte sa capacité à garder la maîtrise du ballon. C'est pourquoi on irait prioritairement vers une faute à la récupération et un but refusé. Mais on est en zone grise, raison pour laquelle la décision du VAR de ne pas interpeller l'arbitre central peut se comprendre. »
Saïd Ennjimi, lui, est catégorique : « La faute est évidente ! L'arbitre aurait dû être interpellé par le VAR afin d'accorder un coup franc aux Lyonnais et donc annuler ce but. On ressent une certaine réticence de la part du VAR quand ce type de faute n'est pas commise dans la surface, alors que lorsqu'elle l'est l'arbitre central est bien appelé pour siffler un penalty. » Sur ce dossier, le protocole VAR préconise bien de ne faire aucune différence selon que ce soit dans la surface ou pas.
42e minute : la faute de Lee sur Tagliafico dans la surface non sifflée
Sur une déviation de la tête de Tessmann, Nicolas Tagliafico trouve le poteau d'une reprise croisée du gauche. Sur la toute fin de son geste, alors que le ballon est déjà parti, le latéral gauche argentin de l'OL est déséquilibré par un mouvement du pied gauche de Lee Kang-in qui touche le haut de son mollet droit.
M. Bastien n'accorde pas de penalty en considérant que ce contact n'avait pas d'influence sur l'action. Selon notre interprétation, cela peut se comprendre et ça ne constitue donc pas une erreur manifeste. Le VAR a donc eu raison de ne pas l'appeler. Amaury Delerue confirme sans hésiter : « Pour la DA, l'intervention de Lee est non sanctionnable au regard des lois du jeu. Il s'agit d'un contact naturel qui n'a pas empêché Tagliafico de jouer le ballon. »
Et Saïd Ennjimi se trouve bien sur la même ligne : « Le joueur lyonnais a eu sa chance de reprendre le ballon et d'ailleurs, il a failli marquer. Il a été touché postérieurement à sa tentative, donc dans l'esprit du jeu, j'approuve cette décision de ne pas accorder de penalty. Mon opinion aurait bien sûr été différente si l'intervention de Lee avait représenté un geste dangereux, ce qui n'est pas le cas ici. »