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FC Nantes - Auxerre. « Très fort et imprévisible » : Yassine Benhattab, l’éclair offensif des Jaunes
Arrivé cet été sur les bords de l’Erdre, Yassine Benhattab est une des révélations du début de saison des Canaris. Élu meilleur joueur de National, le Marseillais s’est imposé comme l’éclair offensif du FC Nantes, capable de faire frissonner la Beaujoire. Face à Auxerre, ce samedi 30 août (19 h), les Jaunes auront besoin de ses dribbles déroutants et de son audace.
Il lui a fallu d’un contrôle pour semer Lucas Hernandez, une touche seulement pour enrhumer le champion du monde. Sur une longue ouverture de Johann Lepenant, Yassine Benhattab s’est emmené le ballon du pied gauche, en pleine course, pour s’ouvrir le chemin du but. Devant son poste de télévision, à un millier de kilomètres de la Beaujoire, Mohamed Nehari a revu en accéléré le film de deux saisons et demie passées aux côtés du Canari virevoltant. « Ce geste-là, il n’arrêtait pas de le répéter à l’entraînement pour le maîtriser en match, se souvient le capitaine d’Aubagne (National). Il s’en servait pour dissuader l’adversaire de le coller. Avec lui, on a pris cher lors des séances. »
« La foule, ça le galvanise »
À bientôt 23 ans, « Zino », comme on le surnomme à Marseille, n’a pas raté son baptême du feu en Ligue 1. Titulaire lors des deux premières rencontres, il s’est déjà imposé comme le principal détonateur du jeu nantais, l’un des rares éclairs d’un secteur offensif encore balbutiant. Ses prises de balle ont épaté la Beaujoire, ses dribbles ont fait lever la foule, dont le souffle appuie ses chevauchées fantastiques. « À chaque fois qu’il prend la balle, il va vers l’avant. C’est exceptionnel de le voir jouer », s’est épaté Javier Pastore, au micro de Ligue 1 +.
Yassine Benhattab a du feu dans les jambes, des étincelles dans les pieds, tout ce qu’il faut pour électriser un stade. « Quand il entre sur un terrain, il ne calcule pas ce qu’il y a autour, poursuit Mohamed Nehari, le défenseur central d’Aubagne. Certains sont inhibés, pas lui. Ça le galvanise. À Sochaux, la saison dernière, il avait reçu l’ovation des 11 000 personnes. Je n’avais jamais vu ça. Pour Zino, ça reste un kiff et il joue avec son insouciance. »
À Nantes, le meilleur joueur de National du dernier exercice a trouvé le coach idéal pour accompagner sa progression. Luis Castro lui a apporté la discipline dont il avait besoin tout en lui laissant une totale liberté dans les trente derniers mètres. « Il est techniquement très fort et surtout imprévisible, analyse l’entraîneur portugais. Il doit encore être plus rapide dans la prise de décision, travailler son placement. En Ligue 1, tout va plus vite. Et quand on ne voit pas la première passe, ça se referme. »
Arrivé sur la pointe des pieds, Yassine Benhattab apprend vite. Sur le banc au début de la préparation, dans le onze pour lancer la saison, l’ailier est monté en régime au fil des matches. C’est le paradoxe : avec lui, tout paraît simple alors que rien n’a été facile dans son parcours.
À l’OM, avant de filer aux Chamois Niortais, il avait même arrêté le football pendant huit mois, après le décès de Nabil Hannachi, son premier éducateur à Septèmes, un « deuxième » père. Le meilleur ami d’Isaac Lihadji, ancien espoir de la Commanderie aujourd’hui au Qatar, a longtemps déboussolé ses formateurs avant de retrouver une seconde chance dans le Sud, effaçant aussi des clichés tenaces.
« Dans un vestiaire, il est timide, a besoin d’être en confiance, développe son ancien coéquipier à Aubagne. Il pose beaucoup de questions car il cherche à comprendre le jeu. Et il travaille. » À la Jonelière, il est arrivé en tête aux tests d’effort. Son été, il l’a façonné en allant transpirer pendant trois semaines au Maroc, avec un préparateur physique. Le National lui a démontré qu’il pouvait effectuer les replis défensifs sans altérer son rendement offensif. « Un déclic. Il a intégré qu’il ne devait pas se mettre de limites. »
Des matches de five avec Nasri
Au troisième échelon, il a aussi appris à esquiver les coups et à élargir sa palette. Malgré son mètre 70 et un physique de grimpeur, celui qui donnait la réplique à Samir Nasri lors de parties de five, a fait tourner la tête des défenses adverses, inscrivant sept buts et délivrant dix passes décisives la saison dernière. « Ce championnat a développé son sens de l’anticipation, l’a aidé à éviter le duel par le dribble ou par la passe. Mais dans les duels défensifs, il ne va pas se cacher. » Sur un terrain non plus.
À Aubagne, où le FCN l’a repéré en N2, « Zino » a aimanté les ballons, sans se soucier du nombre de joueurs autour de lui, ni de leur pedigree. « C’était notre échappatoire, sourit Mohamed Nehari, abonné à Ligue 1 + uniquement pour voir ses prestations. Quand on ne savait plus quoi faire, on lui donnait le ballon et on avait juste à regarder. Il nous faisait respirer. » C’est aussi une bouffée d’air frais à la Beaujoire. Ce samedi soir, face à Auxerre, il est attendu pour dynamiter l’arrière-garde bourguignonne, sans non plus s’affoler. À Marseille, les copains de la Bricarde, ce quartier proche de la Castellane, l’ont déjà sollicité pour récupérer des places et le supporter lors du Nice - Nantes programmé après la trêve internationale. « Il leur a répondu qu’il fallait déjà qu’il soit dans le groupe, raconte son entourage. Il n’a fait que deux matches et a encore tout à prouver. Il en a conscience. Il est arrivé à Nantes dans la peau d’un jeune issu du monde amateur qui a une revanche à prendre. » Et des lendemains qui chantent à écrire.
Yassine Benhattab a découvert la Ligue 1 face au PSG. À 22 ans, le nouveau Canari a fait preuve d’audace et de justesse technique. Franck Dubray, Ouest France
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