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Un kif de survie : face à Newcastle, l'OM a l'occasion de recréer les conditions d'un rêve européen
Avec trois points glanés en quatre journées, l'OM n'a plus beaucoup de marge. Mais la réception (ce mardi soir à 21h) de Newcastle, un bon souvenir européen, est l'occasion de se libérer enfin en C1.
Il est midi, et Roberto De Zerbi se pointe pour sa conférence de presse d'avant match. Il n'a pas le temps de prendre un café, il en a déjà avalé trois ou quatre dans la matinée, et ses sens n'ont pas besoin d'être exacerbés de toute façon. Au Vélodrome, face à Newcastle, l'OM joue sa survie européenne, et lui, le tacticien de la modernité, confronte ses ambitions au révélateur le plus exigeant qui soit.
Ce mardi soir, les résultats clinquants en Ligue 1, les buts marqués à la pelle face aux formations hexagonales et même la victoire lors du Classique (1-0, le 22 septembre) ne pèseront pas lourd, De Zerbi et sa bande doivent recréer les conditions d'un rêve européen, celui des barrages de Ligue des champions en février prochain.
La direction du club marseillais a fixé cet objectif en mai dernier, la qualification en C1 à peine acquise, mais il n'y a même pas à le rappeler à un technicien scruté depuis plusieurs saisons par les plus grandes écuries européennes, où il atterrira un jour.
En attendant, De Zerbi rumine les fins de match face au Real Madrid (1-2), au Sporting (1-2) et à l'Atalanta Bergame (0-1), ces points qui s'échappent malencontreusement, ces scénarios où il estime que son équipe n'a pas été vernie. Ce mardi soir, dans un Vélodrome des grands soirs, qui tâchera de se rapprocher de l'atmosphère incandescente d'une demi-finale de Coupe de l'UEFA en mai 2004, sa troupe devra dompter Newcastle pour s'offrir une fin de campagne dantesque.
« Ce sera un match difficile, mais je ne pense pas que ce soit un match décisif, raconte De Zerbi, en minimisant les enjeux tout en les maîtrisant parfaitement. Si on prend la Ligue des champions de la saison dernière, on voit que ce n'est jamais fini, il y avait des équipes qui semblaient éliminées à deux ou trois journées de la fin et elles se sont pourtant qualifiées. On n'a pas assez de points, on méritait plus, on n'a pas fait un bon match contre l'Atalanta, on a même mal joué, mais trois points, au total, cela ne représente pas ce qu'on a fait sur le terrain depuis le début. Il nous reste quatre matches et, sur ces quatre matches, on peut prendre des points partout. On a une équipe forte, et contre Newcastle, on joue à domicile. »
Il faudra être capables de répondre à l'impact physique de Newcastle
À mi-parcours, en novembre 2024, le PSG avait un petit point de plus que l'OM, et sa cinquième journée, à Munich, avait été ratée (0-1). Cela n'avait pas empêché une rémission spectaculaire. Cette saison, des grands prévisionnistes comme José Mourinho - entraîneur d'un Benfica scotché à la 35e place avec zéro point - assurent qu'il faudra moins de points pour rejoindre les barrages (le seuil était à 11 l'an dernier) et l'espoir réchauffe les foyers marseillais en ces temps frigorifiques.
À l'OM d'entretenir cette flamme d'entrée, avec une entame convaincante comme à l'Allianz Riviera vendredi (où l'OM, victorieux 5-1, menait déjà 2-0 à la 33e minute), à l'OM de répondre à la puissance des gaillards d'en face, cette formation qui incarne la Premier League comme nulle autre avec ses défenseurs culminant à 2,01 m (Dan Burn) et son avant-centre de 1,98 m (Nick Woltemade), qui a perdu le talent d'Alexander Isak mais pas ses valeurs. De Zerbi la connaît par coeur, lui qui l'a affrontée trois fois (une victoire, un nul, une défaite) lorsqu'il cornaquait Brighton (2022-2024).
« Ils ont énormément de joueurs à un haut niveau d'expertise et, de toute façon, pour être en haut du classement en Premier League (*), il faut ce type de joueurs, physiques et techniques à la fois. Mais ne nous concentrons pas uniquement sur l'adversaire, on risquerait de s'oublier. »
S'oublier ? S'effacer dans les profondeurs du classement, glisser dans les méandres d'une compétition trop prestigieuse pour l'OM ? On n'y croit pas une seconde, De Zerbi a trop de caractère pour cela, Mason Greenwood a trop de talent pour cela, Pierre-Emerick Aubameyang a trop d'intelligence pour cela, Benjamin Pavard a trop d'expérience pour cela, Geronimo Rulli a trop de détente pour cela.
À eux de donner le « la » et l'envie aux autres, comme ce petit blondinet belge qui ne paie pas de mine mais est souvent épatant, de se mettre à leur hauteur, au public de convoquer le souvenir des exploits de Didier Drogba et, enfin, l'Europe leur sourira.