OM – TFC : les « pensées » de Pascal

C’est la reprise en L1 ! Emmené par le truculent Pascal Dupraz, le Toulouse Football Club vient en favori à l’Orange Vélodrome pour en découdre avec l’Olympique de Marseille de Franck Passi. Exsangue, alors que les « maximes » de l’ex-consultant de « J+1 » semblent étrangement dicter son destin, le club phocéen joue désormais sa survie : une saison droit au but… ou en enfer !

Also sprach Pascal Dupraz

Le football moderne fait la part belle aux grandes gueules que les rédactions s’arrachent. Anciennes gloires, entraîneurs charismatiques ou joueurs catalogués comme fortes têtes font ainsi les beaux jours des médias. Ce sont des « consultants ».

DDM Michel VialaPhoto DDM / Michel Viala

Qu’ils apparaissent régulièrement ou de façon sporadique, leurs analyses sont sacrées. Elles constituent même une sorte de nirvana pour journalistes, lesquels, relégués au rang d’animateurs ou de figurants, peuvent alors s’appuyer sur la clairvoyance des pros du ballon rond ou faire étalage de leur incompétence en toute sécurité.

Tout est affaire de circonstances.

En France, le processus est cependant un peu différent, car du fait de la rareté des titres glanés en sélection et surtout en club, les célébrités se renouvellent peu. 
Il a donc fallu trouver une astuce pour prolonger le plaisir : décréter que n’importe qui pouvait devenir consultant !

Enfin, c’est ce qu’on explique aux béotiens* dans mon genre, plutôt rétifs face à de telles manœuvres.

Cela étant, lorsqu’un ancien joueur reconverti en entraîneur assoit sa légitimité sur un palmarès étoffé et pousse l’outrecuidance jusqu’à ériger la verve – ce n’est pas cochon – en art de vivre au détour de la moindre conférence de presse, je me tais et j’écoute. Sachant par ailleurs que le petit monde du football français le considère aujourd’hui, comme un véritable « gourou ».

Face aux sceptiques de tous bords, il incarne même le salut.

Dupraz-Palmarès

Et, de toute évidence, l’homme est un visionnaire.

Auteur de nombreuses sorties fracassantes, il a décrit exactement ce que l’OM était en droit d’espérer cette saison après un été qui, bien qu’exempt d’Isabelle Adjani et d’Alain Souchon, fut encore plus meurtrier que le précédent…

* pardon, aux « footix »

Critique de la saison pure

 « J’ai tremblé tout au long de la partie, c’est pour ça que je porte un slip marron ce soir. »

Outre la veine réaliste de cette observation primesautière nimbée de délicatesse paysanne et de pudeur médiatique, on sent toute l’expérience du bonhomme. Ce vécu qui fait la matière de tout travail de réflexion.

Or, cette sensation désagréable de fuite en avant – là c’est cochon – les supporteurs marseillais les plus motivés, les plus intrépides, voire les plus masochistes l’ont éprouvée tout au long de l’interminable exercice 2015-2016 : solidaire de la nullité des attaquants, la défense olympienne a versé dans l’incontinence au gré d’une frénésie communicative.

Malheureusement, à force de devoir se retenir, les aficionados du club phocéen ont fini par rester prudemment chez eux plutôt que d’aller au stade subir humiliation après humiliation pendant des mois.

Et le bilan est lourd.

À l’issue de la dernière journée de championnat, l’Olympique de Marseille a terminé honteusement treizième à quelques encablures du Toulouse Football Club, et ce en dépit d’un budget respectable (le quatrième en L1 derrière le PSG, l’OL et l’ASM).

Class (final)

Conséquence immédiate, Vincent Labrune et Michel ont enfin dû assumer leurs responsabilités et ne font plus partie de l’organigramme du club. Une évolution saine et logique me direz-vous. Certes, pourtant, l’OM n’a pas rompu avec ses vieux démons, tant s’en faut !

Le discours de la méthode

« Personnellement, prendre des fessées, ça ne me plaît pas trop. Il y a des boîtes spécialisées pour ça et je n’y vais pas. »

Tout est dit !

Au demeurant, c’est un peu le sentiment qui habite le supporteur marseillais en ce début de saison : au regard de l’effectif actuel, il se demande s’il va renouveler son abonnement ou pas. La question est d’autant plus cruciale que les fessées s’annoncent nombreuses et magistrales pour la saison à venir.

Dans l’ensemble, la réponse est cinglante : la campagne d’abonnement 2016-2017 dont le club a récupéré l’intégralité de la commercialisation au détriment des groupes de supporteurs, est un échec historique (environ dix mille abonnements au lieu des trente-deux mille habituels). À ce titre, le départ de Corinne Gensollen, la directrice marketing de l’OM, n’est sans doute pas anodin.

Pourquoi un tel pessimisme ? Eh bien il suffit d’observer attentivement les forces en présence.

Sur le banc, Franck Passi attend son heure, lui qui n’a jamais entraîné la moindre équipe de Ligue 1… D’ailleurs, on ne sait pas très bien qui seront ses adjoints, mais il pourra toujours compter sur les deux anciens compères de Michel, toujours salariés par le club pour de sombres raisons contractuelles (et des économies de bouts de chandelles, bien sûr).

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Du côté des vestiaires, la situation est encore pire.

Les bons joueurs sont partis – libres pour la plupart – et derrière lui, Vincent Labrune n’a laissé que des ruines dans sa mission zélée de remboursement des investissements consentis par l’actionnaire principale de l’OM, Margarita Louis-Dreyfus.

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Pour tout dire, le recrutement 2016 du club phocéen est proprement surréaliste : joueurs en bout de course libres de tout contrat, footballeurs de L2, jeunes qui n’ont jamais fait leurs preuves, retours improbables… sans même évoquer le cas Dória, l’OM a fait les fonds de tiroirs et continue de faire les poubelles !

Le banquet

« Quoi qu’on en dise il y a de l’espoir, quelquefois les mouches changent d’âne. »

Sans doute, mais pas à l’OM a priori…

Alors bien sûr, au milieu de terrain il reste Lassana Diarra fraîchement nommé capitaine par ses pairs. Hélas, pour peu qu’une âme charitable s’acquitte des dix millions d’euros réclamés par son ancien club (le Lokomotiv Moscou), dans le cadre d’un litige contractuel, l’international français prendra à son tour la poudre d’escampette. À moins que l’OM mette la main au portefeuille bien sûr, ce qui paraît tout à fait improbable, mais sait-on jamais…

Sur les côtés, Florian Thauvin a ramené sa fraise et son spleen au gré d’un énième prêt avec option d’achat obligatoire en provenance de Newcastle – relégué en Championship – et où il avait été vendu pour 17 millions d’euros à l’été 2015…

Il y retrouvera Romain Alessandrini, auteur de deux saisons pitoyables sous le maillot olympien et Rémi Cabella, à peine plus fringant depuis son arrivée lors du dernier mercato estival.

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Devant, Bafétimbi Gomis a consenti à baisser son salaire pour intégrer l’effectif olympien et s’éloigner de Swansea l’espace d’une saison . Il croisera la route de son ancien coéquipier à l’OL, Henri Bedimo, recruté pour renforcer le secteur défensif.

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Voilà pour les valeurs sûres – ou supposées telles… – eu égard aux exigences raisonnables de la Ligue 1. Entre-temps, Henri Bedimo s’est déjà blessé. À trente-deux ans, ce sont des choses qui arrivent…

Comment espérer reconstruire quoi que ce soit dans un tel contexte ?

Le fait est qu’aucun club de football professionnel digne de ce nom ne peut fonctionner de la sorte.

Du reste, l’arrivée de Giovanni Ciccolunghi en qualité de président général et la nomination de Gunter Jacob au poste de directeur sportif n’y changent rien : la stratégie est inexistante, les choix incompréhensibles et en dehors d’un processus de vente plus opaque qu’un discours ministériel, l’OM n’intéresse plus que les médias.

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Insensé pensez-vous ? Pas tant que ça si l’on songe un instant que José Anigo jouit encore d’un CDD de complaisance et que Laurent Spinosi vient de faire discrètement son retour au sein du personnel technique…

En réalité, l’OM, n’est plus un club de football professionnel, tout juste un buffet campagnard ouvert à quelques parasites.

L’être et le néant

« Je suis content, parce que l’espace d’un instant, tous les mécréants vont fermer leur gueule. Et ça, ça me plaît. Et j’espère qu’ils vont encore fermer leur gueule un paquet de fois. Jusqu’à la fin de saison. Et qu’en fin de saison, ils ferment leurs gueules jusqu’à la fin de saison prochaine ».

Ces propos revanchards, nous les avons tous en tête. Pascal Dupraz, l’homme du peuple, l’homme de la rue, l’entraîneur qui contre vents et marées s’est fait tout seul à la force du poignet – c’est p’têt cochon – et a réussi à maintenir son « tout petit club familial adoré » dans l’enceinte de la Ligue 1… Ah la belle histoire que voilà !

Il faut dire que le fier Savoyard y met tout son cœur, à commencer par cette foi ardente en sa région. Au point qu’on se demande s’il ne va pas annexer l’Isère au nom de l’élargissement de l’espace vital dans le cadre d’un match de Coupe de France opposant SON Évian Thonon-Gaillard au GF 38 grenoblois…

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Oui, mais ça c’était avant. Avant qu’un sort cruel ne s’acharne sur l’ETG et que Pascal Dupraz, blessé dans sa chair ne soit obligé de s’exiler en terre toulousaine…

Un pari fou, mais un pari gagné.

Depuis, le coach au bonnet de coton et aux pulls vomitifs est un demi-dieu. Canal Plus en a fait une star et la diffusion de sa causerie d’avant-match alors que le TFC était au bord de la relégation a fait le tour des chaumières en émouvant aux larmes la France de profundis. Amen.

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Et plus rien ne l’arrête :

« Le football est un sport de contact, de combat. C’est un combat beaucoup plus loyal que ceux que certains abrutis sanguinaires essaient de nous faire mener. On ferait mieux de les mettre au foot, plutôt que de les voir partir en Syrie ou je ne sais où […] Je suis atterré comme tout le monde, apparemment je ne dois parler que de sport, mais franchement, on arrête quand avec le laxisme? […] Tous les entraîneurs du monde demandent de la discipline, et si on instaurait un peu de discipline dans notre pays ? »

Il ne manque plus qu’une candidature à la présidentielle de 2017 et on aura fait le tour de la question… Auparavant, Pascal Dupraz devra toutefois faire renaître le TFC de ses cendres et respecter l’objectif fixé par le président Sadran : revenir dans le ventre mou du championnat !

Une tâche délicate en L1, car le nivellement s’y fait par le bas et l’homogénéité des forces entre la cinquième et la dix-septième place joue souvent des tours aux prétendants optimistes. De surcroît, le départ de Wissam Ben Yedder pour le FC Séville a changé la donne, même si en contrepartie, Ola Toivonen a rejoint les rangs toulousains.

Cette fois Monsieur Dupraz, il faudra produire autre chose que de virulents discours agrémentés d’un peu de provoc’. Il faudra du talent.

Rendez-vous en mai 2017, car des deux équipes s’affrontant au Vélodrome aujourd’hui, l’OM ne sera peut-être pas la seule au bord de la Domino’s Ligue 2 en fin de saison…

Un Vélodrome bleu comme une orange…

« Maintenant, dégonflons les citrons, remettons le bleu de chauffe et allons au casse-pipe ! J’espère que les joueurs vont donner leur pleine mesure. Sinon il y a la CFA 2. C’est à eux de voir ».

Ça a le mérite de la clarté et l’enjeu est effectivement de cet ordre pour les deux formations.

Orphelin de ses abonnés dans le contexte électrique de sa mise en vente, l’Olympique de Marseille, ne pourra guère compter que sur un miracle pour s’imposer.

Oui, un miracle, n’ayons pas peur des mots.

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De son côté, héritier d’une situation le dépassant largement et d’un groupe aussi faible qu’hétéroclite et inexpérimenté, Franck Passi n’aura pratiquement aucune marge de manœuvre pour faire la différence.

En revanche, un exploit individuel, un coup de chance ou un fait de jeu permettront peut-être de débloquer la situation… Il faudra bien ça face à des Toulousains soudés, n’ayant rien à perdre et sans doute galvanisés par la gouaille du technicien savoyard. Avec des « si », on ne va pas très loin hélas !

Et ensuite ?

En cas de victoire, l’OM ferait un premier pas vers ce qui pourrait ensuite devenir une improbable dynamique positive à laquelle personne ne peut raisonnablement croire aujourd’hui. À l’inverse, et c’est malheureusement l’issue la plus plausible, sa lente agonie se préciserait encore plus…

Bibpanda & Toti

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Article lu 3664 fois, écrit le par bibpanda Cet article a été posté dans Avant-match et taggé , , . Sauvegarder le lien.

3 Réponses pour OM – TFC : les « pensées » de Pascal

  1. Que dire si ce n’est que c’est excellent à nouveau et très à propos. Bravo à Bib et à Toti !

  2. En parlant du discours de Dupraz qui était certes fort, personne ne dit que ça a complètement foiré et son équipe était complètement tétanisée en MT1.
    Sinon excellent résumé de la situation actuelle, quel club de merde… La saison va être longue.

  3. Respect au petit Panda… Un avant-match -p’têt cochon- mais qui est le reflet de la situation actuelle.
    J’ai ramené du Smecta pour la saison à venir, sinon on va se déshydrater avec toutes les purges qui nous attendent.