Information
Zaccharie Risacher, une star en herbe au All-Star Game LNB
L'ailier français, remplaçant au All-Star Game samedi soir, se trouve désormais à mi-chemin d'une draft NBA prometteuse, qui doit concrétiser sa montée en gamme dans un environnement protecteur.
La séquence clin d'oeil ne s'est pas éternisée. « Heureusement que c'était avant un match (contre Paris, victoire 83-81), si ça avait duré dix minutes il y aurait eu la petite larme », glisse Stéphane Risacher (51 ans). Fraîchement nommé « légende LNB », le père a eu le plaisir, il y a deux semaines, de remettre en mains propres à son fils Zaccharie son maillot de participant au All-Star Game, disputé samedi soir à l'Accor Arena de Bercy (20 h 45). Il y a vingt-six ans (1997), le vice-champion olympique avec l'équipe de France aux Jeux de Sydney (2000) était désigné MVP du match des étoiles.
Pour le fiston, ce festin de mi-saison - une première pour lui, en tant que remplaçant dans l'équipe française - se veut pointage intermédiaire au coeur d'un exercice qui l'enverra, sauf surprise, sur les bancs de la NBA la saison prochaine. À six mois de la sacro-sainte draft (le 27 juin), l'ailier filiforme (2,06m) figure, le plus souvent, sur le podium des premiers choix, en compagnie d'un autre « Frenchy », Alexandre Sarr.
Un an après le phénomène Victor Wembanyama, sélectionné en première position par les San Antonio Spurs, l'effervescence autour du potentiel de Risacher, 18 ans, n'a logiquement rien de comparable. Notamment parce que l'ancien pensionnaire de l'Asvel a choisi de quitter Lyon - comme Wembanyama l'année dernière pour Boulogne-Levallois - et de rallier Bourg-en-Bresse cette saison, afin d'y vivre une sorte d'ascension maîtrisée. Sans subir le même battage médiatique que « Wemby ». Dès lors, juger la valeur de l'ailier est devenu difficile pour les moins observateurs. « Il y a toujours ce paradoxe dans les commentaires qu'on fait sur les jeunes talents, reprend son paternel. On voudrait imaginer qu'ils sont capables de tout faire. Alors qu'ils sont encore en train de grandir et que leur jeu est en constante évolution. »
Sous l'oeil bienveillant de sa famille - « mon père me conseille beaucoup, avec des temps importants notamment quand il faut faire des choix de carrière », confirmait Risacher vendredi -, le natif de Malaga a vécu une première partie de saison des plus satisfaisantes à la JLB. Car il y a bien un aspect que ses statistiques individuelles (10,8 points par match en Championnat, 12,3 en Eurocoupe) ne reflètent pas : une grande qualité de restitution des apprentissages.
« Je ne saurais pas expliquer comment mon évolution se traduit exactement au quotidien, ajoutait le vice-champion du monde avec les moins de19 ans cet été. Mais tout le monde voit bien que je ne suis pas le même que l'année dernière, où avec l'Asvel je naviguais entre l'équipe pro et les espoirs. Aujourd'hui, je contribue aux victoires de mon équipe (Bourg est deuxième du Championnat). Je grandis. » Timide sourire en coin, le protégé de Frédéric Fauthoux finissait par livrer un amusant témoignage du passage à la vie de jeune adulte : « J'ai un logement où j'habite tout seul... »
Son entraîneur validait, après la victoire à Nancy la semaine dernière (85-59), une éclosion de plus en plus visible : « Zac'a passé un cap. Il a gagné ses galons vis-à-vis de ses coéquipiers plus expérimentés. Il s'affirme humainement aussi, prend confiance. » Des propos étayés par deux éléments : un joli 60 % de réussite au tir à 3 points sur la scène européenne (meilleur pourcentage de la compétition, 2,9 tentatives en moyenne par rencontre), et surtout une justesse de choix qui explique en grande partie les projections américaines.
« C'est l'avantage qu'il a sur les autres, convient Stéphane Risacher en observateur privilégié mais absent des tribunes de Bercy samedi soir. L'avantage de son projet, c'est qu'il arrive à prendre le temps dans une période où les jeunes n'en ont pas. C'est dans sa nature. Il n'a pas commencé la saison en se disant ''je veux être all-star''. C'est venu par la qualité de son travail. J'espère qu'il en est fier comme moi. Ce All-Star Game vient ponctuer plusieurs étapes. Mais même sans ça, il n'aurait rien changé à son attitude et ses projections. » La voie de 2024, entre de fortes ambitions en club et l'accessit au graal NBA, est toute tracée.
