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Galère d'accès aux stades : les raisons d'un couac dans l'organisation du Mondial
À Bordeaux et surtout à Marseille, des dysfonctionnements dans l'organisation n'ont pas permis aux spectateurs d'être accueillis dans les meilleures dispositions et à temps, lors des rencontres de samedi.
Est-ce que le pire a été évité, samedi soir, aux abords du Stade-Vélodrome qui accueillait la rencontre du groupe D entre l'Angleterre et l'Argentine (27-10) ? La question se pose. Des milliers de spectateurs, ont manqué les hymnes et les premières minutes de la rencontre, ils n'ont donc pas vu la faute de Tom Curry, son carton jaune (3e) qui s'est transformé en carton rouge. Ils étaient encore à l'extérieur du stade, coincés devant les entrées et les tourniquets de la tribune Jean-Bouin, une des deux tribunes latérales.
Les photos prises vers 20 heures par des journalistes ou des fans montrent une impressionnante et statique masse humaine. Que s'est-il donc passé ? Plusieurs raisons pour expliquer ce « chaos », cette « pagaille », deux mots régulièrement utilisés dans les écrits de nos confrères anglais qui ont évidemment rappelé ce qu'il s'était passé, en 2022, au Stade de France, en marge de la finale de la Ligue des champions entre Liverpool et le Real Madrid, où l'organisation avait failli.
Un manque de connaissance des habitudes anglaises
On peut commencer par la manière dont le supporter britannique appréhende sa venue au stade. Il arrive généralement très tôt aux alentours, mais ne se précipite pas à l'intérieur, préférant flâner en périphérie de l'enceinte où il se désaltère et se sustente. En Angleterre, les stades, même à guichets fermés, se remplissent vraiment au dernier moment.
Mais une meilleure perception, et connaissance de l'invité, une meilleure qualité d'accueil et de communication auraient dû éviter cet effet entonnoir et permettre au public de ne pas stresser.
L'organisation du Mondial, qui a publié un communiqué dimanche, a reconnu ces dysfonctionnements sur le site marseillais et livré quelques recommandations : « France 2023 augmentera le nombre de volontaires sur les services spectateurs pour accueillir les fans et diriger les détenteurs de billets vers les accès appropriés... Renforcement du nombre d'annonces dans les transports publics marseillais en français et en anglais pour garantir que les fans soient dirigés vers la bonne station de métro. Des communications directes avec les détenteurs des billets qui réitéreront les informations clés, en particulier sur les moyens de transport, les points d'entrée et les horaires d'ouverture des portes. »
Dimanche, pour le match entre l'Afrique du Sud et l'Écosse (18-3) qui se déroulait également à Marseille, aucun problème ne fut à déplorer, Le tir a donc été rapidement corrigé par les organisateurs.
Mais samedi, ces derniers ont failli et les supporters ont donc eu le sentiment, à raison, d'être livrés à eux-mêmes autour du stade. Oui, les forces de l'ordre étaient omniprésentes mais elles n'avaient pas pour mission de jouer les guides. D'expliquer par exemple aux Anglais et aux Argentins qu'une autre porte existait à l'opposé de la tribune Jean-Bouin, au pied de la tribune Ganay, où, selon nos informations, tout s'est passé normalement.
À 20 heures, un ancien journaliste de L'Équipe qui faisait la queue nous contacta, persuadé que les portes de la tribune Jean-Bouin, étaient closes. Plusieurs témoins ont raconté, sur les réseaux sociaux, que les tourniquets de contrôle ne fonctionnaient plus à cause d'une panne des appareils qui scannent les billets. Quelques vidéos montrent toutefois plusieurs spectateurs, billets en main, passant par-dessus les tourniquets.
Un stade difficilement accessible
Une information que n'a pas confirmée France 2023 et le ministère des Sports qui a évidemment suivi avec une grande attention le déroulé de cette chaude soirée marseillaise. En déplacement, à Toulouse, où elle a assisté à la rencontre entre le Japon et le Chili (42-12), la ministre Amélie Oudéa-Castéra a publié un long tweet dans lequel elle revient sur les incidents de la veille : « Dans chaque site, et a fortiori là où la fluidité n'a pas été suffisante comme à Marseille ou Bordeaux, l'attention des équipes est maximale pour faire et ajuster ce qui doit l'être, en particulier dans l'information et l'accompagnement des spectateurs jusqu'au coeur du stade [..]. »
À Bordeaux qui accueillait le match entre Irlandais et Roumains (82-8), ce sont des problèmes de transport qui ont gâché le début de rencontre des spectateurs. « D'abord, il n'y avait pas assez de rotations de tram, témoigne Amari, chauffeur de taxi. Nous, on a vu le chaos, les gens n'arrivaient pas à se rendre au stade, certains essayaient de prendre des taxis mais on ne nous avait pas autorisés à nous rapprocher du stade... Les Irlandais gardaient le sourire mais honnêtement c'est une honte pour notre région, des mois qu'on attendait cette Coupe du monde... »
De plus, un tramway est tombé en panne, ralentissant le trafic. « Moi j'ai eu de la chance, dit Dave, un fan irlandais, je suis rentré deux minutes avant le coup d'envoi mais je n'ai pas pu entendre les hymnes. Mais cela a été pire encore pour repartir depuis le stade, il n'y avait pas assez de tramways. »
Un stade qui a été construit loin de tout et dont l'accès a toujours été complexe. Les mêmes reproches sont adressés à l'Allianz Riviera, l'enceinte niçoise, qui accueillera dimanche prochain le deuxième match des Anglais face aux Japonais.