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Stade Rennais. Comment Loïc Désiré imprime peu à peu son style à la direction sportive
Depuis son arrivée il y a trois mois, Loïc Désiré fait bonne impression en interne. Le travail du nouveau directeur sportif du Stade Rennais, personnalité placide et naturelle, assez hermétique aux perturbations extérieures, est aussi jugé positivement au sein du milieu du foot. Notamment sur les sorties de joueurs.
Avant la reprise de L1 contre l’OM vendredi au Roazhon Park (20 h 45), le directeur sportif Loïc Désiré s’est confié à Ouest-France sur ses premiers mois à Rennes et sa méthodologie.
Entretien
Loïc Désiré (50 ans) a reçu Ouest-France durant près d’une heure en ce début de semaine. Naturel et posé, il a pris le temps de répondre aux nombreuses questions ou interrogations qui occupent le paysage avant la reprise de la Ligue 1 contre Marseille, vendredi (20 h 45) au Roazhon Park.
Ses premiers mois à Rennes, les relations internes
Comment jugez-vous vos trois premiers mois à Rennes où vous êtes arrivé avec l’obligation de fortement dégraisser l’effectif ?
À Strasbourg, sur deux mercatos, on avait fait jusqu’à douze entrées et trois ou quatre sorties. Là, c’est plutôt l’inverse mais le travail de fond est le même. Ceux qui sont dans le milieu du foot savent très bien que je n’avais pas le titre de directeur sportif à Strasbourg mais que je faisais le même travail, y compris sur les sorties de joueurs. À la fin du mercato d’été, on arrivera à 22 mouvements minimum, je pense. Ça, je ne l’ai jamais fait. C’est une situation qui arrive une fois dans un club, après une saison ou deux qui ne fonctionnent pas très bien, avec aussi des changements de dirigeants en interne.
Être directeur sportif de Rennes et de Strasbourg sont deux métiers différents ?
Non. C’est une situation passée qui nous amène à tous ces mouvements. Je communiquais moins à Strasbourg, j’étais plus protégé avec le président Keller qui incarnait le club. Là, c’est un peu nouveau mais je le vis très bien. La différence est plus là que sur les choix que je vais faire. Et depuis mon arrivée, je peux vous dire qu’on est très bien aligné à tous les niveaux du club. Que ce soit les propriétaires, le président, le directeur sportif et le coach. Par rapport à la surcharge d’effectif notamment, il n’y a pas eu de conflit. Les choses ont été claires pour les joueurs amenés à partir, j’ai passé beaucoup de temps au téléphone avec leurs agents. On a été transparent.
La synergie aux postes stratégiques, de la direction au sportif, sera nécessaire pour que Rennes retrouve le chemin du succès.
Depuis que je suis arrivé, elle est là. Je suis venu en tant que personne neutre, mon rôle a aussi été de discuter, d’observer, de créer du lien. Fédérer fait aussi partie du rôle de directeur sportif.
La méthode pour recruter et céder des joueurs
Avez-vous trouvé au SRFC ce que vous étiez venu chercher ?
Complètement, à tous les niveaux. C’est un club très bien structuré. On parle beaucoup de ma fonction pour les sorties de joueurs mais je ne suis pas tout seul. Il y a aussi les personnes du service juridique qui sont précieuses, tout un accompagnement dont j’ai besoin… Une organisation globale a été mise en place, et le mérite en revient au président.
Quelle est la méthode pour sortir autant de joueurs en un peu plus de deux mois de mercato ?
J’ai mon réseau, cela fait 25 ans que je suis dans le milieu, donc j’ai appelé ici et là, notamment des agents qui ont des références dans chaque pays pour m’aider à diffuser certaines infos. Quand on est droit avec les agents des joueurs et qu’on leur dit la vérité dès le mois de mai, ils travaillent pour leur trouver un nouveau projet.
Et pour les arrivées ?
Déjà, on reçoit beaucoup d’appels pour nous proposer des joueurs (rire). Mais arrivé à mon âge, je n’ai presque plus besoin de ça. Quand on est organisé, on a un coup d’avance sur ce qu’on veut faire après. Si, sur les dossiers « coup d’avance », cela ne passe pas, il faut activer un deuxième réseau où l’on est beaucoup plus à l’écoute sur ce qu’on va nous proposer. Et puis, il y a un effet domino avec les gros clubs, notamment sur les attaquants. Sesko vient de signer à Manchester United, donc Leipzig va vouloir le remplacer par un joueur qui va libérer une place ailleurs, et ainsi de suite… À l’avenir, on anticipera toujours aussi les départs un an avant. Là, le club a établi un constat de ce qui avait été fait et voulait revenir à une base de joueurs connaissant mieux le championnat français. Donc il y a des profils qui reviennent naturellement. On voulait repartir sur un socle qui va nous faire gagner du temps.
C’est une réaction directe au mercato estival 2024 sans aucune recrue ayant joué en Ligue 1 ?
L’ambition du Stade Rennais est de retrouver la Coupe d’Europe. On ne peut pas dire chaque année qu’on ne prendra que des Merlin, Frankowski ou Rongier. Il y aura une jonction à faire. Est-ce que le club était prêt à accueillir autant de joueurs étrangers dans l’accompagnement hors football ? Il l’est un peu plus aujourd’hui, depuis l’arrivée de Laurent (Bessière, directeur de la cellule performance) qui a notamment fait venir un player care (personne chargée de gérer l’intégration des nouveaux joueurs et de leurs familles) pour trouver des maisons ou des écoles plus rapidement. Tout ça se prépare. Donc on va se préparer pour tenter des bons coups à l’étranger, comme cela a été fait auparavant avec Raphinha ou Majer. On fait trop le parallèle avec la saison passée mais il y a aussi eu beaucoup de bonnes choses de faites ces dix dernières années. On a des ambitions importantes, et le talent ne se trouve pas qu’en France.