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Médias : Federico Balzaretti, un Italien à Paris
L'ex-défenseur de la Nazionale décrypte les matches de Ligue des champions sur RMC Sport. Loin d'être un hasard pour cet amoureux de la France et de sa capitale.
À deux pas de l'opéra Garnier, Federico Balzaretti déguste son expresso serré. L'ex-défenseur de la Juventus (2005-2007) et de la Roma (2012-2015) n'est pas un touriste à Paris... Il rentre de Crotone, dans le sud de l'Italie, où il a couvert le choc face à la Juve le 17 octobre (1-1), comme homme de terrain pour DAZN, l'un des diffuseurs de la Serie A. Un rôle offert après son départ de la direction sportive de l'AS Rome, en 2019. Et cette semaine, l'ancien international italien (16 sélections) travaille pour RMC Sport sur la Ligue des champions.
Toujours tiré à quatre épingles, l'Italien de 38 ans à l'accent charmeur est apparu sur la chaîne en août, pour le Final 8 de la Ligue des champions. Un contrat d'un an a suivi. « Il m'avait déjà surpris lors de son intervention dans notre émission Le Vestiaire, en mai 2019, raconte Laurent Salvaudon, le directeur de la rédaction. Il a compris les codes de la télé, il était très expressif, super passionné, pas du tout timide au milieu de nos consultants. Surtout, on avait une rubrique où l'invité devait réaliser sa propre palette tactique. Beaucoup ne se sentaient pas de le faire... Lui n'a eu aucun problème, il a expliqué comment bien défendre comme latéral. C'était hyper clair, avec la tablette à la main. Ce soir-là, j'ai compris qu'il y avait quelque chose à faire. »
D'abord Mediaset, puis la Rai et Fox Sports
Balzaretti a multiplié les expériences médiatiques depuis son retrait des terrains en 2015 : Mediaset, la Rai pendant l'Euro 2016, Fox Sports. Surtout, condition sine qua non pour intervenir sur l'antenne du diffuseur de la C1, « Balza » parle français. « Je l'ai appris pendant ma scolarité, de 11 à 17 ans », sourit le natif de Turin. Des bases qu'il a développées depuis 2010 et la rencontre de sa future épouse.
Lors d'un rendez-vous organisé par un ami commun, à Palerme où il joue alors, il tombe sous le charme d'Eleonora Abbagnato, célèbre danseuse étoile de l'opéra de Paris et native de la capitale sicilienne. « Elle est plus française qu'italienne, elle est arrivée à 13 ans en France pour la danse, sourit Balzaretti. Je ne connaissais pas bien Paris mais, avec elle, j'ai appris à découvrir la ville. On aime tout ici, la culture, la gastronomie, la mode... Et nos enfants sont à l'école française à Rome. C'est notre deuxième chez nous ! »
La danseuse étoile et le footballeur vivent près de l'arc de Triomphe et flânent de Saint-Germain-des-Prés à Montmartre, en passant évidemment par l'opéra. Il assiste pratiquement « à chacune des représentations », même si son épouse, à 42 ans, l'âge de la retraite pour une danseuse, fera bientôt ses adieux à la scène.
« Il y a peu, on est venus débarrasser ses affaires dans sa loge, glisse son époux. C'était très émouvant. » Tout autant que lorsqu'il assiste à un spectacle. « Il m'est déjà arrivé de pleurer en la regardant, confesse-t-il, admiratif d'une discipline qu'il estime plus exigeante que la sienne. Elle est magnifique. »
À l'été 2011, le couple avait versé d'autres larmes après le transfert raté de l'Italien au PSG, malgré l'intérêt de Leonardo. « C'était parfait pour notre vie familiale. Mais en quatre heures, le président de Palerme a changé d'avis. Tout se passait pourtant bien avec Paris, où il avait déjà transféré Sirigu et Pastore... Malheureusement, au dernier moment il m'a dit qu'il n'avait pas assez de temps pour recruter un autre défenseur. »
Dès 2015, l'heureuse reconversion de Balzaretti à la direction sportive de la Roma le rapproche enfin de la France. « J'étais responsable des joueurs en prêt. On en avait près de trente dans le monde entier, dont Ezequiel Ponce à Lille. » À chacun de ses séjours, il en profite pour découvrir la Ligue 1 et la Ligue 2... et il le fait encore aujourd'hui. « Je suis allé voir des matches à Marseille, Bordeaux, Lyon, Rennes, Nice, Nîmes, Angers, Auxerre... Je reste plusieurs jours à chaque fois. » Il réalise aussi un gros travail de visionnage, « jusqu'à dix matches en une journée ». Le week-end, il a les yeux rivés sur ses écrans pour observer les grands Championnats en direct. « Et dès le lundi matin, je revois les matches néerlandais, serbes, croates... grâce à un logiciel destiné aux recruteurs. »
Laurent Salvaudon se souvient de leur rencontre. « Il m'avait soufflé. Il me parlait de joueurs comme Reine-Adelaïde ou Aït-Nouri alors qu'ils évoluaient encore à Angers. Il évoquait les meilleurs espoirs de L1 comme si c'était un suiveur français. C'est très rare ! Souvent, un consultant étranger est bon sur son Championnat mais pas forcément sur les autres... Lui, c'est un animal ! »
Une aubaine pour la chaîne, qui mise sur son consultant italien au-delà de l'image renvoyée à l'écran. « L'Italien aux cheveux longs, classe, beau gosse... Ce genre de profil fascine toujours les Français et ce sont les premiers retours qu'on a eus des abonnés, reconnaît le directeur de la rédaction de RMC Sport. Mais il a du fond, avec un vrai travail sur la tactique et un décryptage sur les individualités. »
S'il a le diplôme d'entraîneur, Balzaretti se sent, lui, plutôt l'âme d'un directeur sportif. « Je suis plus sur la psychologie du joueur. » Ce qui l'alerte sur un point essentiel à améliorer au micro : « Travailler davantage ma lecture tactique de l'équipe pendant le direct. » Tout comme le français, même s'il continue de lire la presse et de regarder les matches en langue locale.
« Ma femme me corrige tout le temps. Je lui envoie des textos quand j'ai un doute sur un mot, y compris pendant un direct. » En parallèle, il poursuit un master de management avec l'UEFA et le CDES de Limoges. Une promo partagée avec Kaka, Drogba, Källström... avant de rebondir dans un club. « Mais je pourrais aussi rester dans le milieu de la télé, j'y prends tellement de plaisir ! »