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« Il déstabilise, mais il faut que ce soit un peu plus répété » : les anciennes gloires offensives de l'OM jugent le potentiel de Mason Greenwood
De ses premiers pas au Parc des Princes, avec Manchester United, jusqu'à son déplacement au Bernabeu, avec l'OM, mardi soir, l'ailier anglais Mason Greenwood a vécu une brève histoire en Ligue des champions jusque-là. Il y est attendu pour renouer avec les promesses de ses débuts.
Les grands matches appartiennent aux grands joueurs, paraît-il. Et c'est le moment idéal pour Mason Greenwood de justifier cette expression prophétique dans ces soirées de milieu de semaine où les projecteurs sont braqués sur eux. L'OM se déplace à Santiago-Bernabeu, mardi soir, pour affronter l'armada du Real Madrid, et l'équipe olympienne comptera sur son ailier anglais, son meilleur buteur et son joueur le plus talentueux, probablement.
« C'est celui que j'attends le plus sur ce choc, avec Benjamin Pavard derrière. Il a été recruté pour ce genre d'événements », approuve Mamadou Niang, ancien capitaine aux trois campagnes de C1 et 100 buts toutes compétitions confondues avec l'OM.
Greenwood n'a pas encore ce statut ou cette expérience mais il a déjà un certain vécu dans cette Ligue des champions. À 17 ans tout juste, il avait effectué ses débuts en pro un soir de huitième de finale retour et d'exploit face au Paris-SG (3-1, le 6 mars 2019 ; aller : 0-2). Convoqué dans le groupe aux côtés de quelques gamins de l'academy de Manchester United, dont un certain Angel Gomes, Greenwood avait plongé dans le grand bain même s'il n'était pas resté longtemps sur le terrain.
L'essentiel était ailleurs : il avait soudain pris date. La suite n'a pas été celle escomptée malgré dix matches et deux buts, étalés sur deux saisons de C1, la faute à son exil forcé - en raison de son affaire de violences conjugales (*) - et aux inconstances de son équipe, aussi.
(*) Il a été accusé par sa compagne - photos et vidéo à l'appui - puis inculpé en 2022 pour « tentative de viol » et « coups et blessures volontaires ». Les charges avaient finalement été abandonnées en début d'année 2023 après le « retrait de témoins clés et de nouveaux éléments ».
Cette irrégularité est justement une scorie qui le poursuit depuis ses débuts, et même sa première saison réussie sous le maillot de l'OM a été marquée par des fulgurances et des absences. « La marge de progression de Greenwood, c'est d'être plus consistant, d'être beaucoup plus influent et impactant dans le jeu, pense d'ailleurs Djibril Cissé, ancien buteur olympien (37 buts entre 2006 et 2008). On l'a vu, il a cette qualité technique hors du commun, il provoque, dribble un coup à droite, un coup à gauche, sans qu'on puisse savoir où il va partir. Il déstabilise, mais il faut que ce soit un peu plus répété. »
Mathieu Valbuena, 37 matches de C1 (3 buts) avec l'OM, tempère : « Il a eu des hauts et des bas, bien évidemment, mais c'était sa première saison dans un club où la pression est énorme. Malgré tout, il a été décisif tout au long de la saison, il était souvent à la conclusion ou à l'origine des actions. C'est lui qui débloque les matches. »
Co-meilleur buteur de Ligue 1 avec Ousmane Dembélé la saison passée (21 buts), Greenwood ne s'est jamais défait de cette dualité : un attaquant terriblement efficace avec le ballon et désintéressé quand il n'est pas dans ses pieds. « J'ai évolué à son poste, je connais cela, on peut comprendre qu'il soit fatigué, le repli défensif est usant, cela te demande beaucoup d'énergie, reconnaît Niang. Mais tu dois travailler plus en termes de répétition des efforts. Certains grands joueurs peuvent se permettre de ne pas faire la course, mais pas à l'OM. »
L'intéressé n'ignore rien de ces critiques, et il a eu cette confidence dans le dernier épisode de la série tournée par le club la saison passée et diffusé dimanche : « Certains pensent que j'ai un langage corporel nonchalant mais je suis comme ça depuis tout petit. On peut penser que je ne suis pas intéressé par le match, parfois, mais tout ce dont j'ai besoin c'est d'une demi-seconde pour montrer que je suis toujours prêt. J'en joue parfois avec les défenseurs adverses. »
Avec lui, Roberto De Zerbi reste toujours sur le qui-vive, oscillant entre un management paternaliste ou punitif. Au fil d'une saison dernière mouvementée, le technicien italien n'a pas hésité à sanctionner son joueur comme lors du premier Classique, perdu contre le PSG (0-3, le 27 octobre 2024), où il l'avait remplacé dès la mi-temps, une méthode encore utilisée à Lyon (0-1, le 31 août), dernièrement. Publiquement, De Zerbi n'a jamais vraiment tancé son attaquant tout en martelant qu'il devait en faire plus pour « maintenir (s)es attentes de champion ».
Greenwood a probablement entendu le message quand il s'est présenté à la reprise, cet été, dans une forme qui a même surpris son entraîneur, toujours en ligne directe avec le paternel, Andrew, présent au quotidien aux côtés de son fils. S'il n'a pas gommé tous ses défauts, Greenwood a bien repris son rythme de croisière en Ligue 1, avec deux buts et trois passes décisives, déjà. Il lui faudra monter encore d'un cran en C1.
Après le Real, le PSG
« Il a le potentiel pour y exister parce qu'il a le bagage technique, les deux pieds, la justesse sur coups de pied arrêtés et même la vitesse, en sachant que dans cette compétition, tu as parfois plus de liberté », assure encore Valbuena. « Il est bourré de qualités, de talent pur, confirme Cissé. L'enjeu pour lui, c'est de reproduire ça, j'ai confiance en sa capacité à faire ça en Ligue des champions, même si on a pu moins le voir sur des gros matches. » Passé à côté des deux Classiques, la saison dernière, il s'avance vers une semaine en très haute altitude avec ce déplacement à Madrid et la réception du PSG, dimanche. Un nouveau test pour prouver qu'il est taillé pour ces rendez-vous.