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Greenwood, l'incontournable
Le numéro 10 de l’OM ne se contente pas d’être le meilleur buteur de l’équipe. Si le collectif, ses partenaires, ont parfois du mal à exister, lui trouve toujours le chemin, par le tir, la passe ou le dribble. Il assoit aussi sa domination sur la L1.
Mason Greenwood, ou comment banaliser l’exceptionnel. Meilleur joueur du mois en Ligue 1. Le titre ne vaut pas grand-chose, si ce n’est pour flatter l’ego et habiller la cheminée des footballeurs privés de vrais trophées. Il n’empêche, en l’absence de Zlatan Ibrahimovic et Kylian Mbappé, répéter la performance est devenu une anomalie. Plébiscité par les supporters et ses pairs, préféré pour le mois d’octobre aux Strasbourgeois Joaquin Panichelli et Niçois Sofiane Diop, l’enfant terrible de Bradford a récolté cette semaine sa troisième médaille depuis son arrivée à l’OM. Sur la période, ne serait-ce que doubler la mise, personne n’y est arrivé. Pas même le Ballon d’Or, Ousmane Dembélé.
Cet anecdotique exploit remet les projecteurs, s’il le fallait, sur le facteur X de l’OM. Celui qui peut plomber l’équipe dans ses mauvais soirs, plus rares cette saison. Celui qui la sort de la panade, qui la hisse en Ligue des champions et, aujourd’hui, à un petit point du leader parisien. Son mentor provençal, Roberto De Zerbi, en parle le mieux. Quand son protégé en a l’envie, sur le terrain "il y a Greenwood et les autres", reconnaissait le Lombard au printemps. Un sentiment prégnant, six mois plus tard.
"Il a encore une marge de progression"
L’OM a certes renforcé son attaque cet été, pour que l’ex-Red Devil (et Amine Gouiri) s’y sente moins seul. Mais Greenwood demeure le monsieur météo du club. L’homme qui fait la pluie et le beau temps. Olympien le plus décisif cette saison (9 buts, 4 passes décisives, toutes compétitions confondues), devant le doyen Pierre-Emerick Aubameyang (5 réalisations, 5 assists) et son pendant Igor Paixao (4 buts, 2 passes), le numéro 10 est dans tous les bons coups. Il affiche une épatante régularité, qui a ringardisé le bilan (strictement comptable) de ses illustres prédécesseurs. À quelques heures de défier Brest avant la trêve, et de transformer un énième penalty face aux Pirates, l’Anglais, en 50 apparitions sous la tunique immaculée, avait fait trembler 30 fois les filets et délivrer 10 offrandes. Soit mieux que Didier Drogba (32 buts, 7 passes), Mamadou Niang (19 b., 9 p.), Florian Thauvin (12 b., 10 p.) et Dimitri Payet (10 b., 10 p.)…
Mais ses actions décisives ne disent pas tout de son influence sur le jeu marseillais. Si le collectif dessiné par De Zerbi s’avère prévisible, suivant les périodes, Greeenwood, bien que connu sur le bout des doigts par ses vis-à-vis, demeure indomptable. Il est, trivialement, celui à qui l’on passe le ballon, faute d’idées, lorsqu’on s’enfonce dans une impasse. Avec trois bouts de ficelles, il s’accommode. En témoigne sa partition face à l’Atalanta, durant laquelle l’ailier ambidextre a surgi du néant, au milieu de trois-quatre Italiens, pour servir du caviar aux siens. Mais cette nuit-là, Hojbjerg a par exemple gaspillé, privant son jeune partenaire (24 ans) d’une nouvelle ligne sur son tableau de chasse.
L’éphémère Three Lion ne domine pas seulement ses camarades marseillais. En l’absence des stars parisiennes, régulièrement convoquées à l’infirmerie, Mason Greenwood a assis son règne en Ligue 1. Non content d’en être l’élément le plus prolifique (11 actions décisives, en cumulé), il est l’attaquant le plus régulier du championnat de France (0,99 but attendu par match*), et l’un de ses meilleurs créateurs (22 occasions créées après 12 journées).
L’ancien de Getafe a également élargi sa palette en se pliant davantage aux tâches défensives… son grand défaut de ses douze premiers mois au pied de la Bonne Mère. À Madrid et Strasbourg, lors du Clasico, Greenwood a enfin accepté de se faire mal. Mais pas trop quand même… "C’est déjà un top joueur face au but, mais il peut devenir l’un des meilleurs joueurs du monde, car il en a la capacité, il peut s’améliorer dans le fait d’aider l’équipe quand elle souffre, relevait De Zerbi à la mi-octobre, après son retentissant quadruplé face au Havre. Il a encore une marge de progression."
La Provence