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Gomes à l'épreuve du feu
La Provence
Première recrue de l’été, le milieu de terrain anglais a du mal à exister sous le maillot de l’OM, alors qu’il retrouve Lille, ce vendredi. Explications.
Angel Gomes s’apprête une nouvelle fois à remonter le temps. Dix jours après avoir retrouvé sur sa route une écurie anglaise avec Newcastle, le natif de Londres formé sur les bancs de l’académie de Manchester United (25 ans) va de nouveau fouler l’un de ses terrains de jeu favoris. Vendredi, il remet le cap sur Lille où il a passé quatre saisons, disputé 134 matches, marqué 10 buts et délivré 19 passes décisives.
Une période nordiste où il n’a pas fait l’unanimité, pour des raisons aussi bien sportives que stratégiques. Recruté à l’été 2020 par Luis Campos lorsque celui-ci officiait comme dirigeant des Dogues et pas par Olivier Létang, il incarnait "l’un des plus grands talents d’Europe… si tout se passe bien", selon le Portugais, désormais à la tête des destinées sportives du PSG.
"Plutôt un profil pour le jeu de l'an dernier"
Sauf que le plan a comporté quelques accrocs, et que son aventure dans le Nord a seulement été réussie dans la durée lorsque Paulo Fonseca s’est posé sur le banc. Jocelyn Gourvennec, qui a précédé le Lusitanien, a pourtant été séduit par l’ex-Red Devil et refusé qu’il soit de nouveau prêté après une première parenthèse à Boavista, tout juste après avoir paraphé un contrat de cinq ans. "Dès qu’il touchait le ballon, il éclairait le jeu, nous confiait l’ancien Olympien au moment de la signature du lutin anglais. Un vrai meneur de jeu comme je les aime." Son temps de jeu s’est révélé limité. Jusqu’à l’arrivée de Fonseca.
"Il a pris une autre dimension sous Fonseca, relève un proche du club lillois. Il l’a aidé à étoffer son jeu." "Angel est peut-être l’un des meilleurs joueurs au niveau de la première touche, il est très fort dans les petits espaces et la définition du jeu, qu’il joue court ou long ; il est tout de suite porté vers l’avant. Avec son petit gabarit, le ballon reste caché entre ses jambes. Il a quelque chose de brésilien dans ses dribbles, même s’il manque de puissance", prolonge l’un de ses anciens entraîneurs.
Bruno Génésio aurait aimé se laisser charmer. Jamais le technicien lillois n’a pu offrir de la continuité à un Gomes freiné par les blessures avant de se trouver dans une impasse à cause de sa prochaine liberté contractuelle et de son envie de changer d’air, manifestée lors de la seconde partie du précédent exercice. "Génésio ne l’a alors utilisé que quand il n’avait pas le choix", reprend-on dans l’entourage du club. C’est là que l’OM entre en jeu et érige Gomes en première recrue de l’intersaison 2025, un contrat de trois ans à la clé.
"Il a besoin de beaucoup d'affect"
Depuis son arrivée sous le soleil de Provence, il n’a jamais vraiment convaincu ni réussi à trouver sa place, passant souvent à côté de son sujet. Dernier exemple en date, sa prestation une nouvelle fois ratée contre Toulouse et sa sortie à la pause, confirmant ses difficultés à influer sur le jeu olympien en dépit de stats honnêtes (3 buts en 884 minutes de championnat).
"Je suis toujours en phase d’adaptation à une nouvelle équipe, à un nouvel environnement", plaidait-il à la veille de se frotter aux Magpies. Le jeu prôné par Roberto De Zerbi et la position occupée, souvent en soutien de l’attaquant, lui conviennent-ils réellement ? Ceux qui l’ont côtoyé n’en sont pas totalement convaincus. "Il avait plutôt le profil pour le jeu développé la saison dernière, pas pour celui de cette saison qui est plus direct, le ballon voyage plus vite. Quand ça va vite, il a du mal à être un vrai box to box. Il a les qualités pour jouer en meneur, mais on perd sa relance. Il est très fort sous pression. En France, peu de milieux sont aussi à l’aise que lui", insiste un de ses ex-coaches.
Gomes se frotte à une concurrence féroce, déjà apprivoisée à Lille, et à un contexte olympien extrêmement exigeant, sans commune mesure avec tout ce qu’il a connu. "Il a grandi à Manchester United, Boavista est un club particulier mais qui n’a pas la dimension de l’OM, alors qu’il était dans le confort à Lille. Il a faim, a tout pour réussir, mais l’univers marseillais est un vrai test pour montrer sa résilience. Il doit être plus costaud mentalement, montrer qu’il en est capable. Angel a besoin de beaucoup d’affect, que les gens lui parlent, le soutiennent. Dans ce sens-là, c’est un enfant, insiste encore ce technicien. Peut-il y arriver sans l’empathie des autres ? Il se protège toujours, ne s’expose pas trop. Passer par un moment de moins bien peut le faire grandir."
Deux proches peuvent l’aider à surmonter ces écueils : Mason Greenwood et Timothy Weah. Gomes connaît le premier depuis toujours, ou presque, et a noué une relation quasi fraternelle avec le second depuis leurs deux saisons communes au LOSC où il va retrouver d’autres vieilles connaissances.