Petite ode à Michel

Au milieu d’une saison bien morose, il est parfois des événements qui effacent le football, des instants où finalement cette petite balle ronde n’a plus vraiment d’importance. La disparition de Michel Scotto Di Rinaldi fut de ceux-là. Mais plutôt que de revenir sur les circonstances douloureuses de son décès, l’équipe de MassaliaLive à choisi de célébrer sa vie…

Tout d’abord, comment ne pas évoquer le bel élan de solidarité initié et porté haut par Thierry Mode et Philippe. Une voix offerte à Michel par beaucoup d’entre vous, une voix qui a porté suffisamment pour atteindre le club, et pousser ce dernier à participer de manière significative à la tenue prochaine d’obsèques dignes de ce nom pour un fidèle parmi les fidèles du Stade Vélodrome et surtout de ses pensionnaires.

Ah Michel, sacré Maître Gobi de Twitter… tout un poème ! En échangeant avec vous au moment de préparer cet hommage, j’ai eu le plaisir de confirmer une sensation que j’avais eu en le suivant sur l’oiseau bleu : le bonhomme était adorable, et il réussissait, de manière presque légendaire sur ce réseau qui ressemble plus souvent à une jungle qu’à un lieu de débat apaisé, à ne jamais se fâcher avec qui que ce soit, à toujours s’exprimer de manière à susciter l’attention et la détente, bref, l’exemple même du gentil.

Sandrine se souvient de sa première rencontre avec lui : c’était en Août 2017, avec Mika et Audrey, « l’Olympe » était fermé ! Du coup, nous étions allés manger un morceau dans un Snack, à côté du Rond Point du Prado. Je n’ai jamais autant rigolé que ce jour-là ! Toujours une connerie à dire le Michel ! Un personnage drôle qui a aussi marqué Mika qui en parle encore au présent, signe qu’on a du mal à s’imaginer qu’il n’est plus : il a un très bon sens de l’humour et le sang chaud ! Comme une carapace pour cacher ses difficultés à parler de lui, de ses problèmes et de ses douleurs ce qui ne l’empêchait d’être  un bon gars, très attachant,  et d’une très grande générosité. Une générosité qui l’avait poussé à héberger chez lui Mika et Audrey, couple de Twittos qui habitait en Charente et qui voulait déménager sur Marseille mais ne trouvait pas d’appartement. Sans chercher à comprendre, il leur avait dit de venir habiter chez lui en attendant de trouver un appartement, voilà qui était Michel confie Thierry.

Un grand cœur, mais aussi un amoureux de la bonne chair, un super cuistot qui avec les restes te faisait des bons petits plats, insiste Mika, toujours partant pour retrouver les copains en toutes occasions comme s’en souvient Benoit, qui fêtait son anniversaire autour d’un couscous chez Wahid, lui aussi bien connu de la communauté Olympienne : un gars adorable, toujours de bonne humeur, et toujours partant pour s’amuser. Manon précise : après le repas, la pause clope s’impose, je me retrouve avec Michel dehors. Il perd un peu l’équilibre, je le rattrape et il me dit « je voulais justement tomber dans les bras d’une jolie fille ». J’ai éclaté de rire en lui disant qu’il suffisait de demander…

Grand passionné de cuisine, de pêche, et notamment du Gobi, à qui il avait emprunté son surnom, il avait aussi le goût des belles mécaniques Italiennes, en écho à ses racines. Mais dés qu’il s’agissait de lui trouver un sujet de prédilection, rien ne pouvait détrôner l’OM. Récemment, et en dépit des résultats, le club lui avait offert un beau cadeau en faisant venir Mario Balotelli dont il était un grand fan comme nous le dit Alex, qui se souvient également qu’il avait surnommé  Mario le Gremlins, à cause de sa coiffure, ce qui m’a marqué et fait rire. Avant chaque match c’était toujours le même rituel renchérit Manon : rendez-vous obligatoire à « l’Olympe » avec toute l’équipe, apéro party, et toujours le même sujet : l’OM !!! Intarissable sur le club, toujours au plus près du Virage Sud qu’il affectionnait tant, malgré des ennuis de santé dont il ne faisait jamais cas. Michel c’était cet émigré italien devenu plus Marseillais que les Marseillais. Il avait d’ailleurs sa carte d’identité Marseillaise qu’il n’hésitait pas à montrer fièrement se souvient Sandrine.

Mais si la gouaille et la bonhomie du personnage en public étaient indéniables, tous, comme Manon, gardent le souvenir de quelqu’un de discret. De sa vie de tous les jours on savait peu, si ce n’est qu’il était éperdument amoureux de ses chiens,  insiste Fred, qu’il appelait les fauves ! Fred se souvient d’ailleurs avoir fait quelques montages photos en posant la tête des fauves sur le corps de joueurs de l’OM, ce qui avait beaucoup faire rire Michel. Ses chiens, qui étaient finalement les seuls à partager sa vie de tous les jours, et à qui il accordait une attention sans bornes, et trois promenades par jour, comme un rituel, tout comme celui qui consistait à partager ses meilleures recettes de poissons le vendredi. Petite habitude sympathique mais finalement révélatrice de sa générosité, comme un signe que les bonnes choses n’ont de valeur que si on les partage.

Ainsi, quel que soit l’angle sous lequel on le connaissait, on s’aperçoit que sa tendresse et sa bienveillance dissimulaient bien plus : un homme discret, peu bavard, et surtout, qui ne voulait partager que le meilleur, laissant les vicissitudes de sa vie loin de ceux qui le côtoyaient, préférant de loin le rire aux larmes. Finalement, les larmes, c’est un peu nous qui les avons aux coins des yeux, tous un peu orphelins. Ainsi, c’est Manon qui aura la bonne formule pour conclure : j‘aurais aimé le connaître plus, mais j’ai déjà la chance d’avoir pu partager ces moments avec lui ! Il sera à jamais dans mon cœur.


Michel Scotto Di Rinaldi (1957-2019)

Merci à Sandrine, Manon, Mika et Audrey, Thierry, Benoit, Alex, Fred, Ludovic, et Philippe qui ont accepté de me parler de lui, de prendre le temps de me rapporter ces anecdotes, ces moments de vie, ces instants qui font qu’au delà de sa disparition, il continuera à vivre dans nos mémoires. Merci également à tous ceux qui ont contribué à la cagnotte qui lui permettra, prochainement, de reposer dignement dans la ville qui l’a accueilli et qu’il avait adopté.

 

NB : pour tous ceux qui n’ont pas encore participé à la cagnotte et souhaiteraient le faire, en voici le lien.

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A propos de Ragnarok


Juriste de raison, confiseur de métier, ancien habitant du bassin parisien repenti en Marseillais pur sucre qui n'a toujours vibré que pour l'OM. Joueur occasionnel au Z5 (option « pieds carrés et contrôles aléatoires » incluse), et désormais fier rédacteur de MassaliaLive !
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2 Réponses pour Petite ode à Michel

  1. Emouvant même si je ne connaissais pas la personne, toujours les meilleurs qui partent trop tôt …

  2. Un bel hommage …