CDM féminine : ce sera États-Unis contre Pays-Bas en finale

Ce sont donc les joueuses des Pays-Bas, championnes d’Europe en titre, qui défieront dimanche en fin d’après-midi celles des États-Unis, détentrices de la couronne depuis quatre ans. Les Oranje se sont imposées au bout de 120 minutes d’un terrible ennui à des Suédoises qui semblaient pourtant mieux armées (1-0), alors que les E-U ont écarté une Angleterre passée à côté de son match (2-1).

Mercredi 3 juillet  –  Stade de Lyon  –  48 452 spectateurs

 PAYS-BAS   1 – 0 (ap. pr.)  SUÈDE

Voyage au bout de l’ennui… Comment qualifier autrement ce match, indigne d’une demi-finale de coupe du monde opposant les championnes d’Europe en titre aux vice-championnes olympiques ? Le spectacle offert par les 28 participantes ayant foulé la pelouse du stade de Lyon fut réellement à bailler d’ennui pendant plus de deux heures. Déjà, à la pause atteinte sur un score vierge on croisait les doigts pour qu’une équipe fasse vite la décision après la reprise, soit pour lancer enfin la rencontre, soit pour nous éviter une prolongation. Malgré quelques – très rares – occasions résultant la plupart du temps de situations confuses, la sensation que rien, jamais, n’allait se passer envahit les spectateurs les mieux disposés… Pendant longtemps, à vrai dire quasi la totalité du temps réglementaire, la Suède donna l’impression d’être seule à pouvoir faire la décision. Mieux organisée, quadrillant mieux le terrain, récupérant davantage de ballons au milieu, et mettant complètement sous l’éteignoir les attaquantes néerlandaises, elle ne nous faisait certes guère vibrer, mais au moins son jeu était-il cohérent.

Si le premier quart d’heure est plutôt équilibré en termes de possession, le spectateur n’a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Une tentative de Miedema des 18m non cadrée (3e), une incursion de la même dans la surface adverse où elle est bien stoppée par une défenseure adverse (10’), et une bonne récupération de balle de Jakobsson qui sert idéalement Blackstenius qui bute sur Van Veenendaal bien sortie, mais de toute façon un hors-jeu est signalé (13’)… La suite n’est pas plus folichonne. Une frappe de Beerensteyn (préférée au coup d’envoi à Van de Sanden, à côté de la plaque depuis le début du tournoi) trop écrasée et sans souci pour Lindhal (17’)… Un coup franc d’Eriksson que Van Veenendaal dévie en corner par sûreté (19’)… Miedema encore parfaitement reprise par Fischer dans la surface suédoise (26’)… La première véritable occasion arrive un peu moins de dix minutes avant la pause, lorsque Van Veenendaal repousse du pied sur sa ligne une reprise des 5,50m de Hurtig (37’)… Et c’est tout pour une première période sous anesthésie où les habituelles créatrices de jeu, Kosovare Asllani d’un côté, et surtout Danielle Van de Donk de l’autre pointent aux abonnées absentes…

On pense (on l’espère tellement !) que le match va enfin démarrer lorsqu’un tir de Nilla Fischer suite à un corner trouve le bas du montant opposé des cages de Van Veenendaal (56’)… Mais il faut attendre près de dix minutes pour une autre action intéressante, une tête de Miedema, isolée au deuxième poteau et là aussi sur corner, que Hedvig Lindahl dévie magistralement sur sa transversale (64’)…  À la 73e minute de jeu, les spectateurs lyonnais peuvent se joindre aux Néerlandais pour accueillir la régionale de l’étape, Shanice Van de Sanden, qui remplace Beerensteyn. Mais ce n’est pas la Van de Sanden de l’Euro 2017, juste une très, très mauvaise imitation… La fin du match approche, et il ne se passe toujours rien de très substantiel. Une reprise d’Asllani qui s’envole (84’), un coup franc d’Eriksson au-dessus (87’), une percée de Blackstenius bien arrêtée par un tacle de Van der Gragt (88’), une frappe de Van de Sanden que Lindahl dévie avec un calme olympien d’une simple main en corner (90+3’)… Personne, ni les joueuses, ni les spectateurs n’y coupent donc : prolongation…

Alors que l’ombre des tirs au but commence à se profiler, les Pays-Bas vont prendre l’avantage. Jackie Groenen profite d’un ballon récupéré devant la surface suédoise et, profitant de la passivité de la défense adverse, frappe des 16m. Son tir à ras de terre va se loger au ras du poteau opposé malgré le plongeon de Lindahl (99’, 1-0).

Cette frappe de la future joueuse de Manchester United Jackie Groenen envoie les championnes d’Europe en finale de coupe du monde.

Si aucune équipe ne « mérite » de l’emporter à cet instant du match (mais qu’est-ce que le mérite a à avoir avec le football ?), les Néerlandaises le méritent sans doute encore moins que les Suédoises. Mais celles-ci piquent physiquement du nez pendant la prolongation. On devine leur volonté de ne pas rendre les armes, de réagir, mais elles en sont incapables. On croit même que Van de Sanden va leur porter le coup de grâce à l’entame du temps additionnel, mais alors qu’elle se trouve en excellente position la joueuse lyonnaise fait n’importe quoi… Un incident va gâcher non pas une fête qui n’a jamais existée, mais simplement une demi-finale de coupe du monde qui ne restera pas dans les mémoires. Kosovare Asllani reçoit violemment le ballon dans la tempe et s’écroule. Une équipe de cinq soigneurs afférés autour d’elle mettront près de 7 minutes à parvenir à l’évacuer sur une civière, laissant un gros sentiment de malaise… Le match se terminera peu après la reprise du jeu et avec les inévitables conséquences d’une demi-finale de coupe du monde : des larmes. De joie d’un côté, de désespoir de l’autre…

La très triste sortie sur civière de Kosovare Asllani.

Les championnes d’Europe néerlandaises réussissent donc l’exploit de se hisser au dernier stade d’une coupe du monde pour leur deuxième participation seulement à une phase finale. Une victoire serait plus que retentissante. Mais face aux tenantes du titre états-uniennes, et même si je persiste à penser que cette équipe US n’a été que très moyenne jusqu’ici, comment imaginer que les Pays-Bas de ce mercredi soir puissent l’emporter ?

La Suède, elle, devra surmonter sa déception et refaire le plein d’énergie si elle veut faire aussi bien qu’en 2011 et décrocher une 3e place plus honorifique qu’autre chose, et que leurs adversaires seront certainement décidées à conserver d’une édition à l’autre.

Résumé vidéo du match

La seule chose vraiment agréable à regarder ce mercredi soir à Lyon…

Joueuse FIFA du match : Jackie Groenen (Pays-Bas)

Meilleure joueuse sur le terrain : …
Meilleure joueuse néerlandaise : Stefanie van der Gragt
Note pour les Pays-Bas : 4
Meilleure joueuse suédoise : Magdalena Eriksson
Note pour la Suède : 4,5
Note du match : 4

Qualifiée pour la finale : PAYS-BAS qui affronteront les États-Unis dimanche 7 juillet (17h, Lyon).

 La Suède jouera le match pour la 3e place contre l’Angleterre samedi 6 juillet (17h, Nice).

 

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Stade de Lyon  –  53 512 spectateurs

ANGLETERRE  1 – 2  USA

 Surprises dans les compositions des deux équipes. Côté USA, Megan Rapinoe, auteure des 4 buts de sa sélection en 1/4 et 1/2 F est sur le banc, remplacée par Press. Horan, elle, est préférée à Mewis. Pour l’Angleterre, la gardienne Bardsley a dû laisser sa place à Carly Telford, tandis que Fran Kirby et Toni Duggan sont remplacées par Rachel Daly et Beth Mead.

Comme toujours, les USA démarrent leur match pied au plancher. La défense anglaise se montre plutôt passive et attentiste, laissant une situation très chaude arriver devant son but. Telford doit sortir une belle parade pour repousser le danger à bout portant, avant de voir le ballon passer au-dessus de sa cage (4’)… Puis un coup franc tiré de la droite par Press s’avère un peu trop haut pour la tête de Morgan (6’)… Les USA ouvrent néanmoins le score très vite comme à leur habitude dans ce tournoi : O’Hara centre au deuxième poteau où Christen Press profite d’une grosse erreur de marquage de Bronze pour ajuster Telford de la tête (10’, 0-1)…

Press (en rouge, à gauche) a repris un centre de O’Hara de la tête et ouvre le score.

Les USA dominent nettement ce début de match face à une équipe d’Angleterre assez fébrile derrière. Pourtant, après une tentative de Lavelle des 18m dans l’axe au-dessus, l’Angleterre va égaliser : une longue transversale de la droite vers la gauche trouve Mead qui centre rapidement devant le but où surgit Ellen White qui ouvre parfaitement son pied droit, prolongeant la course du ballon au ras intérieur du second poteau (19’, 1-1).
Avec son 6e but dans le tournoi, White prend la tête au classement des buteuses.

Ellen White (en… blanc, n°18) reprend parfaitement un cente de Mead venu de la gauche et égalise.

Dans la foulée de l’égalisation, le jeu a tendance à s’équilibrer. Telford gratifie le public d’un magnifique arrêt sur une reprise de volée du gauche des 16m de Lavelle (24’)…  De l’autre côté, Bronze percute et sert idéalement Mead dans la surface, mais la joueuse d’Arsenal glisse au moment de frapper (28’)… Une minute plus tard, Sauerbrunn est à deux doigts de marquer contre son camp en dévissant complètement son dégagement (28’)… Puis les USA reprennent l’avantage : Horan centre sur la tête d’Alex Morgan passée devant Stokes. L’attaquante d’Orlando Pride ne laisse aucune chance à Telford (31’, 1-2).

Alex Morgan reprend de la tête le centre de Horan, survolant Stokes. Ce sera le but de la victoire…

L’Angleterre réagit avec une frappe de Walsh de 30m qui oblige Naeher à une magnifique parade pour sortir le ballon de sa lucarne (33’) ! Mais les USA font peser la menace d’un 3e but sur le but anglais avec une bonne action de Heath conclue par un tir raté de Hertz des 16m au-dessus (35’). Après que Bright ait pris un jaune pour une faute  non intentionnelle (main dans le visage de Morgan, 40’), Horan reprend un coup franc de la tête, mais ne cadre pas (40’)… La dernière occasion est anglaise avec Jill Scott qui croise trop sa tête sur corner (45’)…

À la pause, les deux équipes sont à égalité  1-1.

À la reprise, Horan qui avait fini la première période avec un coup de coude non sanctionné au visage de Scott, en remet un sur Bronze et prend cette fois un jaune (46’)… Sur un coup franc tiré de la droite pour l’Angleterre, Bright au deuxième poteau remise de la tête, Wight dos au but ne peut conclure (48’)…  Les États-Unis ont à leur tour une très belle occasion. Telford rate sa passe et donne directement le ballon à Press qui préfère tirer (et rater le cadre) alors que Morgan était démarquée à sa gauche à quelques mètres des cages (60’)… Le premier tournant du match survient quelques minutes plus tard. Jill Scott – auteure d’un match remarquable – donne un caviar à White dans le dos des défenseures centrales adverses, et la future joueuse de Manchester United fusille Naeher, mais l’arrive refuse le but pour un apparent hors-jeu que le ralenti (vu une seule dois) ne montre pas évident. La VAR n’est pas consultée (67’)… À un quart d’heure de la fin, et comme contre la France, les USA passent à cinq derrière et commencent à gagner un peu de temps. Puis survient le deuxième tournant de la rencontre : White est bousculée dans la surface par Sauerbrunn au moment de battre Naeher à bout portant ! Dans un premier temps, l’arbitre ne siffle rien. Puis, alertée par la VAR, elle consulte les images et accorde logiquement le pénalty (plus un jaune pour Sauerbrunn qui ne proteste pas). La capitaine des Three Lionesses  Steph Houghton se charge de sa transformation, mais rate complètement sa frappe, écrasée et trop molle. Naeher, partie du bon côté, n’a aucun mal à bloquer le ballon (83’) ! C’est le 3e pénalty raté sur 4 tentés par l’Angleterre dans ce tournoi !

Alyssa Naeher se couche du bon côté et bloque le pénalty (mal tiré) de Steph Houghton.

Quelques minutes plus tard, Bright tacle Morgan trop durement et prend un deuxième jaune, synonyme d’expulsion (86’)… Tout va désormais de travers pour les Anglaises qui, devant le refus de jouer de leurs adversaires et quelques simulations de leur part (Morgan, par exemple, qui méritait un jaune pour ça, mais bénéficie au contraire du coup franc), commencent à s’énerver. Les sept minutes de  temps additionnel ne changeront rien, les États-Uniennes privilégiant les protections de balle près des poteaux de corner anglais…

Les USA l’emportent  2-1  et se qualifient pour leur 3e finale consécutive (la 4e au total) avec certes une victoire logique sur l’ensemble du match, mais encore une fois sans vraiment convaincre, avec un jeu de qualité très moyenne et une chance non négligeable toujours de leur côté.

L’Angleterre a trop souvent déjoué, et n’a jamais réussi à reproduire la qualité de ses rencontres précédentes. Avec une défense centrale anormalement fébrile, et un axe Bronze-Parris très inopérant, due à des performances respectives très en dessous de leurs habitudes, les Three Lionesses peuvent avoir des regrets…

Résumé vidéo du match

Joueuse FIFA du match : Alex Morgan (États-Unis)

Meilleure joueuse sur le terrain : Jill Scott (Angleterre)
Meilleure joueuse anglaise : Jill Scott
Note pour l’Angleterre : 5
Meilleure joueuse états-unienne : Alyssa Naeher
Note pour les États-Unis : 6
Note du match : 5,5

Qualifiée pour la finale : ÉTATS-UNIS.

 L’Angleterre jouera le match pour la 3e place (samedi 6 juillet, 17h, à Nice).

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A propos de Philippe Serve


Supporter de l'OM depuis sa finale victorieuse en Coupe de France en 1969. Tombé amoureux du foot féminin, un peu d'abord en 2007 et 2008, définitivement en 2011. Ai suivi pendant 4 ans au plus près l'OM féminin via mon site Olympiennes et Marseillaises. Assume complètement d'être supporter à la fois de l'OM ET de l'OGCN, club de ma ville natale ! Informe au quotidien sur tout le foot féminin, mais aussi sur l'actualité la plus diverse via mon compte perso Twitter @Olympiennes
Article lu 1971 fois, écrit le par Philippe Serve Cet article a été posté dans Compte-rendu et taggé , , , , , , , . Sauvegarder le lien.

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