Haro sur la footixerie !

Emblème du Mondial 98 organisé en France, Footix était à l’origine une mascotte ridicule, cliché à souhait et destinée aux enfants pour remplir les caisses des magasins spécialisés comme celles de l’État français. Puis les choses évoluèrent…

My footix is rich

L’ivresse de la victoire passée, le symbole fut détourné à des fins humoristiques afin de qualifier les spectateurs présents au stade, accoutrés de la tenue complète du petit supporteur : chaussettes, short, maillot, écharpe, perruque et peinture sur les joues…

Le footix était alors plutôt synonyme de « mastre » comme on dit chez nous (c’est-à-dire, d’empoté ou de crétin pour être poli) !

D’abord sympathique, car imprégné des valeurs de l’OM – respect des couleurs, ferveur et soutien inconditionnel – le phénomène footix est devenu au fil du temps une honte pour tous les véritables amateurs de foot, et notamment à Marseille !

Le footix polygame  

Ferveur mise à part, la qualité principale des supporteurs marseillais est leur amour du football. Les spécialistes sont unanimes pour dire que l’OM possède un vrai public de connaisseurs, capable d’identifier un joueur talentueux ou prometteur au premier coup d’œil.

Comme tout amoureux du football, le Marseillais suit aussi les autres championnats européens et s’intéresse à ce qui ce fait de mieux.

Comment ne pas être en admiration devant les exploits hebdomadaires de Messi, CR7, Modric, Rooney et leurs homologues ? Qui n’a jamais rêvé en regardant jouer le Barça de Cruyff, le Milan de Sacchi ou le Manchester de Ferguson ?

Pourtant depuis quelques années, une nouvelle tendance est apparue chez les footix : être supporteur de plusieurs équipes à la fois !

 

Il est donc courant de les croiser avec des survêtements du Real, des écharpes du Barça et un maillot du Bayern (souvent ils portent les trois simultanément).

Précisons toutefois que nous distinguons ceux qui collectionnent les maillots ou apprécient à l’occasion une autre équipe que celle du cœur de ceux qui font n’importe quoi.

En effet, le footix, se prend de passion pour TOUS les clubs qu’il supporte avec cette phrase magique, maintes fois entendue : « l’OM a perdu, mais heureusement toutes mes autres équipes ont gagné ce week-end »…

Chacun est libre de faire ce que bon lui semble, mais rappelons qu’être supporteur signifie défendre les couleurs d’un club, ses valeurs et adhérer à sa philosophie. Dans le cas contraire, on est un simple spectateur !

Or, supporter un club, c’est être symboliquement uni à lui et nous rappelons que la polygamie est interdite en France !

Une maladie contagieuse

Comme tout virus, la « footixerie » se propage aussi vite qu’une traînée de poudre et la multiplicité des sites spécialisés, ainsi que des émissions télévisées ou radiophoniques y contribue. Aujourd’hui, chacun y va de son analyse parce qu’il a lu ou entendu un terme technique.

C’est ainsi que le footix peut affirmer que tel ou tel joueur est le plus fort « de tous les temps », alors que sa culture footballistique date de 2012…

Il peut aussi essayer de déterminer qui, d’un milieu relayeur ou d’un ailier droit est le plus doué, bien que posée de la sorte la question n’ait aucun sens…

Enfin, le footix est un spécialiste des schémas tactiques, travaillés sur… FIFA17 et FootballManager.

Cependant, il n’a jamais entendu parler des fondamentaux historiques du coaching. Ils échappent totalement au footix critiquant un joueur pour son manque d’efficacité, alors que celui-ci vient, par une course, de libérer un espace pour un coéquipier…

Que nos propos ne soient pas déformés : on peut être jeune et très bien connaître le football ! Mais cela nécessite de se pencher sur l’histoire de ce sport et d’analyser des réalités qui vont bien au-delà du terrain.

Malheureusement, le footix se contente d’une culture de façade et généralement, fuit à la moindre question dont il n’a pas la réponse.

Essayez par exemple de demander à un footix d’où vient la rivalité historique entre le Barça et le Real sans qu’il puisse s’aider d’Internet et vous serez surpris…

Le Vélodrome, succursale d’Intersport !

D’un point de vue strictement scientifique, chanter « nos couleurs sont bleu et blanc » avec le survêtement de Dortmund jaune et noir relève de la déficience mentale !

Le footix suit simplement la tendance, allant au gré du vent et supportant les équipes à la mode. De fait, il n’est pas rare, par exemple, de voir d’ex-supporteurs lyonnais soutenir le PSG depuis l’arrivée du Qatar…

La confusion club/équipe étant une des marques de fabrique du footix, il n’est pas étonnant que le stade lui-même soit touché par l’épidémie :

« Tu viens au  Vél’ avec le maillot du Milan, le jogging du Barça et l’écharpe du Real ?

– Bé quoi, c’pas grave ! »

Et dire qu’il n’y a guère, pénétrer un local de supporteurs avec un vêtement d’une couleur rappelant un maillot adverse pouvait déclencher des réactions épidermiques… Sans parler du temps où se balader en ville avec un maillot du PSG pouvait valoir quelques sueurs froides à l’inconscient qui s’y risquait !

À ce propos, félicitons-nous qu’il y ait moins de violence gratuite aujourd’hui, car on ne parle que de sport, trop d’incidents malheureux on déjà eu lieu, et trop de gens se comportent encore comme des barbares.

Néanmoins, le stade est un sanctuaire et les associations de supporteurs l’ont compris. Saluons leur campagne de sensibilisation et l’instauration d’une « zone anti-footix » dans le virage nord.

Le footix, un ingrat amnésique ?

Nous vous parlons d’un temps que les moins de trente ans n’ont pas connu. Une époque où l’OM faisait trembler le Real ou le Milan et régnait sur la France.

Les supporteurs les plus jeunes ont dû se référer à l’histoire pour comprendre ce qu’est réellement le club, et pour beaucoup, ont fièrement repris le flambeau.

Le footix, lui, pense qu’il suffit de crier « allez l’OM ! » trois fois par an au stade contre Paris, Lyon et Monaco pour être Marseillais. Il est aussi persuadé qu’il faut habiter Marseille pour être un vrai supporter.
Des sections en Bourgone, à Paris ? L’idée ne l’a probablement jamais effleuré. Des fans aux États-Unis et en Afrique ? C’est une plaisanterie pense-t-il !

Hélas, la période Labrune a été un déchirement pour tous ceux qui aiment l’OM. En trente-cinq ans, on n’avait même jamais vu un stade aussi vide, alors qu’en Deuxième Division, l’Olympique de Marseille remplissait le Vélodrome à ras bord !

Voilà qui est symptomatique du malaise actuel et contribue fortement à la propagation du virus.

Le footix lui n’en a cure. Il consomme l’OM tel un sandwich au fast-food. Il n’a pas vu jouer Papin, Waddle, Mozer, Sauzée, Boksic, Völler et consorts.

Il se fiche de savoir qui de Zatelli, Aznar, Andersson, Jairzinho, Skoblar, Magnuson ou Trésor a affronté l’Ajax de Cruyff à une époque où le PSG existait à peine.

Quand Marseille recrute De Ceglie, Rolando ou Lucas Silva, pour lui c’est normal, tandis que les vrais supporteurs de l’OM sont sur le point de s’ouvrir les veines !

Quand le club a été racheté cet été, le footix a sauté de joie, pensant que Messi et Neymar signeraient peut-être. Habituée aux « engàmbis » (embrouilles), la majorité des Marseillais a, quant à elle, préféré attendre prudemment avant de s’enthousiasmer.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les nouveaux dirigeants n’ont pas attendu pour rompre avec l’ère Margarita Louis-Dreyfus.

Sérieux, communication impeccable et rapidité d’action ont succédé à l’amateurisme affligeant qui gangrénait le club depuis 1996.

En deux mois et demi, ils ont refondu un organigramme, nommé Rudi Garcia entraîneur, Andoni Zubizaretta directeur sportif, recruté un spécialiste de la sécurité en la personne de Thierry Aldebert et posé les jalons d’un mercato hivernal réussi avec Morgan Sanson, Patrice Evra, Grégory Sertic et surtout Dimitri Payet comme recrue phare !

De quoi satisfaire les amoureux du club, mais un goût de trop peu à entendre certains footix qui s’attendaient à mieux – ou plus – pour la trêve des confiseurs…

Le sommet du ridicule

L’Europe du Football a suivi le feuilleton Payet jusqu’à son épilogue de dimanche dernier, mais c’est du microcosme olympien qu’est venue la polémique.

À peine le pied en France, Dimitri il s’est vu assailli par des footix voulant lui crier leur amour en survêt’ de Manchester United ou du Real, sans que l’on voie un seul maillot de l’OM dans les parages !

Notre direction fait revenir un joueur de classe mondiale, qui clame son amour du maillot depuis plusieurs mois, et il est accueilli par des footix qui ne portent même pas nos couleurs ? N’ayons pas peur des mots, c’est une honte !

Par conséquent, nous le demandons solennellement aux associations de supporteurs, la direction ainsi qu’à tous ceux qui respectent notre institution : il faut généraliser les zones anti-footix et INTERDIRE l’entrée au stade à toute personne qui porte une étoffe aux couleurs d’autres clubs.

NOS COULEURS SONT BLEU ET BLANC !

Pour finir, chantons ensemble l’hymne anti-footix :

« Toutes les semaines, au stade on vient chanter,
car c’est pour l’OM qu’il faut se défoncer,
si tu ne chantes pas, alors reste chez toi,
tu n’es pas Marseillais,  jamais tu le seras !
Footix, footix, on t’en****. »

Un chant symbolique s’il en est, et qui prouve que la passion pour l’Olympique de Marseille ne s’improvise pas. Elle se transmet.

 

 

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A propos de fayçaldinho


Manchot- analphabète - susceptible. Le spécialiste de l'aigreur et de la mauvaise foi. Supporter de l'OM de 1986 à 1999 et depuis je subissais, jusqu'à ce que JHE m'achève, puis soit éjecté du poste de président.
Article lu 13910 fois, écrit le par fayçaldinho Cet article a été posté dans Edito et taggé , , . Sauvegarder le lien.

3 Réponses pour Haro sur la footixerie !

  1. Merci au Massilia Socios Club qui a épinglé cet article sur son profil FB et qui nous donne de la force ! À charge de revanche !

  2. Un bel édito pertinent, cinglant et drôle ! Well done. 😉