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Sanson soigne sa transition
Après une intégration idyllique à l’OM en 2017, le milieu vit une saison moins linéaire mais riche en enseignements.
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MARSEILLE – Mais qui est ce jeune homme au milieu du 4-3-3 fétiche de Rudi Garcia, pièce parfaitement ajustée à la mécanique offensive de l’entraîneur de l’OM ? Début 2017, certains observateurs se sont posé la question. Sept passes décisives en quinze titularisations en L 1, des louanges en pagaille de ses coéquipiers : les débuts de Sanson en Provence, de janvier à mai, étaient à rapporter dans tous les manuels de la parfaite adaptation. Son oncle Franck, ancien recruteur pour les Girondins : « Avec son père Stéphane, on l’avait dit à Andoni Zubizarreta (le directeur sportif) lors de notre premier entretien au mercato d’hiver : ‘‘Nous sommes persuadés que Morgan va vous surprendre, c’est un buvard, il absorbe.’’ »
Cette propriété spongieuse aura été essentielle pour l’exercice 2017-2018, première saison pleine de Sanson à l’OM. En manque de rythme à la fin de l’été, principale victime avec Maxime Lopez de la fin du 4-3-3 et de la promotion du 4-2-3-1, ballotté de poste en poste (milieu récupérateur, ailier, numéro 10), inconstant dans ses performances, Sanson s’est accroché pour rentrer dans les plans, in fine. La magnifique soirée face à Leipzig (5-2, en quart de finale retour de la Ligue Europa), passée dans la peau d’un titulaire et avec l’attitude d’un maillon fort, a ressemblé à une lumineuse récompense pour celui qui s’est inspiré de Thauvin et a souvent été épaulé par Germain.
Il a gagné en impact
À vingt-trois ans, il lui a d’abord fallu digérer l’utilisation en 10, au poste du capitaine Payet, pas une mince affaire. « Il y a des matches où “Mo” est en 10 et moi à gauche, dit Payet. On essaie surtout de ne pas se marcher sur les pieds, de bien occuper les espaces. On a des profils différents en 10 : “Mo” aime prendre la profondeur, moi je préfère avoir le ballon dans les pieds. Le coach sait aussi s’adapter à ça. » Ce dernier ne s’en plaint pas, tout en notant les efforts de Sanson : « Cette saison lui aura servi. Il y a eu des moments excellents, comme ceux qu’il vit actuellement, et d’autres plus difficiles. On a changé de système à partir d’Amiens (2-0, le 18 septembre), mais Morgan peut évoluer à l’un des deux postes de milieu axial. Il a la capacité de se projeter vers l’avant grâce à une qualité de contrôle orienté que j’ai rarement observé chez un joueur de haut niveau. »
Cette saison, Sanson en est déjà à huit réalisations en L 1, meilleur bilan de sa carrière, dont certaines valent de l’or (à Lille à l’aller, 1-0, l’égalisation in extremis à Bordeaux, 1-1). Surtout, face à des éléments du niveau de Fabinho (Monaco) ou Naby Keita (Leipzig), il a appris à être plus dense. « Il sait aussi défendre, revenir récupérer des ballons grâce à sa vitesse, poursuit Garcia. Il est devenu accrocheur dans les duels, on l’a vu tacler et repartir de l’avant, ou encore batailler de la tête. Il est en train de franchir des paliers. Je lui ai dit, il doit progresser dans ce registre-là, l’impact. »
L’oncle Franck a noté « cette concentration dans la prise d’infos et cette puissance, au sol et dans le jeu aérien. “Nanou” saute désormais en sachant qu’il va prendre le ballon dans deux tiers des cas, et s’il a une autre lecture, il va être malin et se positionner à la retombée du ballon. » Ne manquerait plus qu’il absorbe la dureté de Luiz Gustavo, mais allez savoir, Sanson est encore un padawan d e vingt-trois printemps.