Cyclisme

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Re: Cyclisme

Messagepar gaby » 09 Oct 2020, 10:48

Ha, cool ! Je teste à midi. Il va pas m'en manquer beaucoup je pense.
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Re: Cyclisme

Messagepar gaby » 09 Oct 2020, 12:02

Bon, j'ai pas su écrire Janssen. Je pense que j'avais Roger Pingeon en creusant un peu. Pas les 2 derniers (Charly Gaul et Higo Koblet) :
Spoiler: montrer
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Re: Cyclisme

Messagepar superolive » 09 Oct 2020, 12:05

Paris - Roubaix annulé. :wink:
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Re: Cyclisme

Messagepar jarlandine » 09 Oct 2020, 14:47

Zut, pas de pavés au dessert, commence à bien gonfler :vioc:

Bon DEMARE a pris quelques points important au sprint intermédiaire sur Sagan :wink:
" L’équité, c’est une certaine logique, du bon sens, alors que l’égalité est impossible, dans le football." Pape Diouf :diouf:
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Re: Cyclisme

Messagepar Kenshi » 09 Oct 2020, 15:59

Il va rien leur laisser :ptdr:

Ça a frotté de partout dans le final, c'était le bordel
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Re: Cyclisme

Messagepar jarlandine » 09 Oct 2020, 16:01

Troisième succès pour DEMARE malgré le sprint musclé de certains =D> =D>
Le maillot cyclamen lui va si bien \:D/
" L’équité, c’est une certaine logique, du bon sens, alors que l’égalité est impossible, dans le football." Pape Diouf :diouf:
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Re: Cyclisme

Messagepar gaby » 09 Oct 2020, 18:07

Bon, il n'y a pas énormément de concurrence, mais encore faut-il aller les chercher ces victoires !
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Re: Cyclisme

Messagepar negrOM » 10 Oct 2020, 09:18

Ça fait combien d'années qu'un sprinter français a remporté 3 étapes sur un même grand Tour ?
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Re: Cyclisme

Messagepar gaby » 10 Oct 2020, 09:31

Bouanni, en 2014, sur le Giro aussi. Il y avait eu Jaja, de même, en 1999.
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Re: Cyclisme

Messagepar negrOM » 10 Oct 2020, 09:36

gaby, ouaip j'avais zappé Bouhanni. Jalabert j'avais pas l'année mais il me semblait bien
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Re: Cyclisme

Messagepar guts64 » 10 Oct 2020, 13:41

Excellente inteview de Guillaume Martin dans l´Equipe Magazine. C´est vraiment un coureur très intéressant à lire et écouter. Il sera au départ sur la Vuelta en espérant un top 10 au général pour lui.

Spoiler: montrer
Il faut accepter de s’égarer pour rencontrer Guillaume
Martin. Les sortilèges des vallons de la Suisse normande
ont même perdu les médecins contrôleurs.
«ADAMS (le protocole de localisation des sportifs), vous
connaissez ? Jedois leur écrireun roman pour les guider
pour êtresûr qu’ils arrivent àmetrouver !»
« Guillaume est arrivé ici, il avait trois semaines »,
raconte Daniel, son père. La famille s’est établie en 1993
dans ce fief rural de La Boderie, à Sainte-Honorine-la-Chardonne,
dans l’Orne.
Quelques bâtisses relevées pierre après pierre. Le théâtre de
Marie Guyonnet, la mère de Guillaume, comédienne et directrice
de sa compagnie, à qui on avait dit : votre projet est irréaliste.
Le dojo d’aïkido pour les stages de Daniel, maître dans
cet art martial qu’il a transmis à ses fils, Guillaume et Pierre,
et un gîte touristique. Dans une grange atelier, un Gitane jaune,
«mon premier vélo de compétition», raconte Guillaume,
toujours licencié au Condé-sur-Noireau, non loin.
Marie a préparé une tarte aux pommes, Guillaume offre une
tisane de thym. Dans une cheminée monumentale, un feu
chauffe les pierres de la salle.Au-dessus d’un bar, entre bouteilles
et verres (« C’est la décoration de mon père »), un
cadre parmi d’autres : Guillaume, les bras levés sur le vélodrome
d’Ans-Alleur, à l’arrivée de Liège-Bastogne-Liège
Espoirs, en 2015.
Entre le Tour de France, terminé 11e et premier Français, et le
départ pour Liège (14e, à 14“ de Roglic) puis la Vuelta (le
20 octobre), il prend le temps de développer sa pensée sur
sonmétier de coureur.«Pour que ça aille plus vite, plaisante t-
il, il ne faudrait faire que les questions ! » Depuis que ses
résultats parlent mieux que son livre, Socrate à vélo, le grimpeur
de la Cofidis, 27 ans, s’irrite de moins en moins de l’étiquette
de coureur philosophe qu’on lui a collée.
Mais quand il parle de la course, de la chance à saisir pour
lancer une attaque, il évoque en souriant le kairos d’Aristote.
Ce dieu grec personnifiant le moment opportun, qu’il faut
attraper par les cheveux quand il passe près de vous. Ce qui
est en soi un bon condensé du cyclisme.
Guillaume Martin parle, et dehors, les cochons vietnamiens
Pic et Poc s’impatientent de ne pas recevoir leur dîner.
Meilleur Français du Tour de France, acteur du triomphe
de Julian Alaphilippe au Championnat du monde, GUILLAUME
MARTIN, qu’on aurait tort de réduire au « coureur philosophe »,
parle du cyclisme d’aujourd’hui, du French bashing qui a suivi
le Tour, et de son prochain ouvrage.

Quelle part avez-vous dans le titre de champion du
monde de Julian Alaphilippe ?

C’est dur à quantifier. Je suis toujours gêné avec les «si» : si
je n’avais pas été là, comment ça se serait passé ? Ça s’est
passé comme ça et ça s’est très bien passé. Chacun a rempli
son rôle, déterminé à l’avance, sachant qu’il y a toujours une
part d’improvisation et une nécessité de s’adapter aux circonstances.
Et on a bien su le faire.

Racontez-nous la course comme elle s’est déroulée de
votre point de vue.

D’autres coureurs étaient préposés à accélérer, à 70 km de
l’arrivée, pour durcir la course.Monrôle était d’être là dans le
dernier tour, commedernier étage de la fusée et, sur ce dernier
tour, d’accompagner les tentatives d’échappée. Si elles
prenaient, je pouvais jouer ma carte personnelle et, le cas
échéant, neutraliser de potentiels dangers de sorte que
Julian puisse se retrouver au pied de la dernière montée avec
les meilleurs. Pendant la course, on a senti qu’il était bien,
serein. On savait qu’il était capable de mettre l’attaque qu’il a
mise pour s’isoler à l’avant.

Un plan télé vous montre dans ce dernier tour de
circuit en train de parler avec Alaphilippe. Que vous
êtes-vous dit ?

C’était à l’entrée du dernier tour. On a discuté rapidement. Je
lui ai demandé s’il était bien, il m’a dit oui. Il m’a demandé si
j’étais bien, je lui ai dit oui aussi. On s’est dit qu’on restait sur
les plans. Il m’a dit : «Tu peux accompagner les coups et tu
peux aussi être champion du monde».

Que vous soyez champion du monde était une
hypothèse ?

Il m’a dit ça parce que j’avais des bonnes jambes et si un coup
s’était détaché, j’aurais pu faire quelque chose à titre personnel.
Mais c’était lui notre carte numéro 1 et dans la montée
finale, il a ce punch, un effort dans lequel il est le meilleur au
monde.

Quelle différence entre vous, un
grimpeur pur adapté aux efforts longs
et lui, un puncheur, meilleur dans les
efforts brefs et intenses ?

Moi, l’attaque qu’il a mise à la fin, même
en restant dans les roues, je n’aurais pas
pu la mettre parce que je n’ai pas ses qualités
physiologiques. C’est une question
de fibres musculaires à la naissance. En
revanche, dans des circonstances de
course différentes, si cette montée avait
été plus longue, l’issue aurait pu être différente.
Lui a pu arriver au pied de la dernière
bosse sans avoir eu d’efforts à
fournir et, précisément, sans avoir eu à
solliciter ces fibres-là. C’est un effort
qu’on ne peut produire qu’une seule fois
en course. Le but était qu’il arrive le plus
frais possible à ce moment-là et on l’a
bien fait.

En tant qu’équipier, qu’avez-vous ressenti à l’arrivée ?
Je ne savais pas qu’il avait gagné. On n’a pas d’oreillette (lors
des Championnats du monde). J’étais encore dansmacourse,
j’avais fait une belle dernière montée et j’arrivais dans le
groupe pour la 7e place. Je l’ai appris pendant que je sprintais.
J’ai entendu le speaker annoncer «Julian Alaphilippe,
champion du monde !» et mon sprint est devenu accessoire.

Cette image renvoie à une idée développée dans votre
livre, « Socrate à vélo ». Vous y parlez de l’hypocrisie
des prétendues valeurs du sport, comme l’entraide.
Là, vous avez donné une illustration du sacrifice d’un
équipier qui travaille pour mettre un autre dans la
lumière.

(Souriant) Vous faites une objection à mes théories ?

Pourquoi pas ? C’est l’intérêt des théories.
Mais j’y ai réfléchi, depuis ! Pour moi, il y a aussi une part
d’intérêt, en tout cas de calcul, dans la manière dont j’ai agi.
Je savais que je n’aurais pas pu fournir l’attaque qu’il a donnée
et que, si j’avais joué ma carte personnelle, je serais arrivé
au mieux dans un groupe pour la deuxième place. Et
comme je n’ai pas les qualités pour sprinter, j’aurais terminé
au mieux 5e ou 6e.À titre personnel, ça ne m’aurait pas apporté
grand-chose de mieux que de faire 13e et on n’aurait pas
gagné la course pour l’équipe. Je n’ai pas gagné le titre individuel
mais il rejaillit sur moi. Il y a donc bien une part d’égoïsme,
je l’avoue, dans cet acte altruiste.

Avec ce succès des Français, avez-vous eu
l’impression de remplacer par une certaine euphorie
un sentiment d’amertume qui planait depuis la fin du
Tour, sept jours plus tôt ?

Oui mais ça m’a assez amusé. Je me suis fait d’ailleurs un
plaisir de le rappeler aux journalistes à l’arrivée du Championnat
du monde. À la suite du Tour, j’ai eu pas mal à répondre
sur le niveau des Français, en retrait sur l’épreuve.
J’avais l’impression que ça y est, le cyclisme français était
mort. Il faut savoir garder les pieds sur terre et rester dans la
mesure. Ce n’est pas parce qu’à un moment T la situation
pour les Français est compliquée qu’il faut en tirer des conclusions
définitives. On a vu que c’était conjoncturel. Il y a eu
des chutes (Pinot, Bardet, lui-même). Mais Julian a porté le
maillot jaune, on a gagné deux étapes (Alaphilippe, Nans
Peters), moi j’ai longtempsété sur le podium. Je n’ai pas attaché
d’importance à ce French bashing. Et je garde aussi mes
distances sur le fait qu’on nous encense maintenant. Je sais
comment ça fonctionne. C’est le sport. On s’enflamme très
vite et on se désespère aussi très vite.

Pouvez-vous décrypter l’écart qui existe entre le
vainqueur du Tour, le Slovène Tadej Pogacar, et vous ?
Entre le 1er et celui qui s’est classé 11e du Tour de
France ?

D’abord, l’an dernier, j’avais terminé 12e du Tour. Il n’y a
qu’une seule place de différence mais dans le ressenti, j’ai
l’impression cette année d’être beaucoup plus proche du
premier.

Pourquoi ?
Parce que j’ai toujours eu la sensation de pouvoir lutter, de ne
pas subir la course, d’être acteur tout au long des trois
semaines – en tout cas les dix premiers jours, où je n’avais
pas grand-chose à envier à Pogacar.

À Orcières-Merlette (4e étape), vous êtes près
d’enfiler le maillot jaune...

Je suis dans le jeu dans les Pyrénées. À chaque fois, ça se
joue à quelques secondes. J’ai un peu de frustration sur le
résultat brut de ce Tour parce que j’ai chuté (10e étape, Île
d’Oléron-Île de Ré), il y a eu un problème mécanique important
au Grand-Colombier (14e étape), j’ai cassé le dérailleur
au pire moment. Ensuite dans les étapes des Alpes, j’avais
ma tige de selle qui descendait ; ce sont des petits riens qui
s’accumulent en minutes perdues ici et là. Je n’ai pas la prétention
de dire que j’auraispufinir dans le top 5 mais le top 10,
je l’avais dans les jambes.

Et par rapport à Pogacar ?
Je n’ai plus l’impression qu’il y a un écart insurmontable. Ça
ne semble pas de l’ordre de l’impossible. D’ailleurs, au Dauphiné
j’ai terminé au général devant Pogacar (3e, 15” devant le
Slovène 4e) et pas sur des faits de course, mais à la pédale.
Sur le Tour, ça s’explique par des états de forme qui évoluent
dans des dynamiques différentes. Et au-delà des qualités
physiques naturelles qui sont déterminantes, il reste plein de
facteurs qui influencent la performance, comme l’équipe par
exemple.

Justement, comment transformer votre équipe Cofidis
en Jumbo-Visma ?

Pas en un claquement de doigts, c’est un processus à long
terme. Il y a un manque de grimpeurs dans l’effectif, on en est
à peu près tous conscients. Et il y a un degré d’implication, de
professionnalisme, de minutie et une culture de ce sens du
détail qu’on n’a pas encore. Justement pour des raisons culturelles.
C’est peut-être même général en France. Ce sont
des équipes anciennes qui ont des routines, qui ont appris à
fonctionner avec des manières déjà en place dans les années
1990 et qu’il faut changer. Ça prend un peu de temps.

Le cyclisme d’aujourd’hui est très scientifique,
mesuré, rationalisé. À quel point vous investissez vous
dans cet aspect ?

Il y a toujours dans le sport de haut niveau une part de contrôle,
de maîtrise, de science. Mais il y a toujours une part, 10%,
5%, peut-être 1%de folie, d’incontrôlé. Je pense que s’il n’y a
pas ce petit grain de folie, on reste un coureur moyen, dans la
norme. On n’est jamais celui qui va attaquer, celui qui va produire
le mouvement décisif pour aller gagner.

Suivre un coureur qui part, placer une attaque, c’est à
l’instinct ?

Oui, il faut laisser parler cet instinct. Quand on est coureur, il
faut écouter ses directeurs sportifs mais aussi savoir retirer
l’oreillette, au sens imagé, savoir sentir le moment, le kairos
comme dirait Aristote (le bon moment, l’opportunité à saisir
quand elle passe).

Qu’est-ce qu’un coureur intelligent ?
L’intelligence du coureur ne se mesure pas avec un QCMou
un contrôle comme à l’école. C’est une autre forme d’intelligence
tout aussi louable, c’est cet instinct, la capacité à
s’adapter aux circonstances, et une intelligence corporelle.
On a toujours un plan, un tableau noir, mais jamais ça ne se
passe comme on l’imaginait. Il y a tellement de paramètres
circonstanciels qu’il faut savoir adapter le plan et c’est ça,
l’intelligence.

Avez-vous un exemple dans votre carrière où vous
retournez la situation à votre avantage par instinct ?

Ce qui me revient, c’est ma victoire à Liège-Bastogne-Liège
en Espoirs (2015). Généralement ça se joue dans la côte de
Saint-Nicolas, la dernière côte. J’étais le leader de mon équipe
(CC Étupes). Mais un peu avant, j’ai vu une ouverture sur le
plat, où la course était un peu décousue. J’y suis allé, je suis
entré dans une échappée qui s’est lancée d’assez loin. Il y a
eu tout un faisceau de paramètres qui m’ont été favorables,
un passage à niveau qui a un peu retardé le peloton. Et dans
Saint-Nicolas, j’ai réussi à me détacher. Si j’avais attendu
dans le peloton, j’aurais été avec les favoris et peut-être que
je serais sur cette photo (il se retourne vers la photo au-dessus
du bar) avec les deux autres, derrière, 3 ou 4e. Ce petit instinct
a fait la différence.

La science de l’entraînement n’est pas accessible au
grand public. Pendant le confinement, vous avez, on
cite «Vélo Magazine», «travaillé la filière qui stimule
le système neuro musculaire et permet d’améliorer la
coordination entre les différents groupes musculaires
(force, force sous max, hyper-vélocité). » C’est une
langue que vous parlez couramment ?

C’est avant tout celle de mon entraîneur (Samuel Bellenoue).
À force de travailler avec lui, depuis sept ans, j’ai intégré les
codes. Mais pour autant, certains peuvent être surpris que
parfois, les coureurs ne soient pas plus concernés par les
watts, la puissance, etc, et qu’on laisse la place à l’envie, au
plaisir. Pour l’entraînement, je me repose sur cet entraîneur
qui a des compétences que je n’ai pas. C’est son affaire. C’est
une forme d’intelligence que de savoir s’entourer. Moi, je
reçois les plans et je les applique, avec de la distance aussi,
parce que je commence à me connaître. Mais j’ai confiance en
lui. L’entraînement reste une science qui s’appuie sur la
recherche universitaire. Mon entraîneur fait de la veille sur
les nouvelles méthodes. C’est intéressant aussi d’explorer
de nouvelles notions, dans une carrière c’est ce qui fait qu’on
ne se lasse pas.

Comment voyez-vous ce contraste entre l’atmosphère
de votre environnement ici dans l’Orne, les animaux, le
potager, tout ce qu’a pu être votre jeunesse, libre et
ouverte, et votre vie de professionnel qu’on imagine
plus rigoureuse, cadrée ?

C’est vrai que le confinement que j’ai passé ici, par exemple, a
été une respiration énorme dans ma carrière. Mais je pense
que l’un n’empêche pas l’autre.Même l’hiver, ça me fait plaisir
de revenir ici et de travailler de mes mains, sur des vrais
chantiers – parce qu’il y a toujours des chantiers, de la
maçonnerie. J’aime bien utiliser la mini pelle ou creuser un
chemin dans la forêt. Ça n’est pas incompatible avec une vie
de coureur. Soulever des pierres, pour moi, c’est une forme
de musculation. Je préfère, et ça me semble plus utile que de
soulever des poids dans le vide.

À quel moment l’idée d’en faire un métier vous
est-elle venue ? Était-elle déjà présente au lycée,
au sport-études de Flers ?

Il n’y a pas eu de révélation soudaine. Ce n’est pas ma nature.
Ç’a été progressif et j’ai toujours fait ça sérieusement,même
quand j’ai commencé le vélo. Il n’y pas eu un jour où je me suis
dit : tiens, c’est mon objectif. J’ai mené un cursus universitaire
(en philosophie) sans avoir un métier en tête. Inconsciemment,
je devais vouloir devenir pro mais je ne l’ai jamais
formulé. Je faisais tout ça par goût. C’est le paradoxe : je le
faisais par plaisir et en même temps avec sérieux. Même
cadet, je notais mes sorties, les distances, la vitesse... C’est
ma nature : ce que j’ai fait, je ne l’ai jamais fait en dilettante.

Vous n’avez pas rêvé de courir le Tour de France ?
Je n’y pensais même pas. C’était de l’ordre de l’inatteignable.
Je faisais tout pour atteindre ce niveau mais je me disais que
c’était pour les autres, impossible. Et un jour je suis passé
pro (en 2016) dans une équipe qui ne participait pas au Tour
(Wanty Groupe Gobert). C’était encore un rêve. L’année
d’après, on a été invité sur le Tour (2017), j’étais leader de
l’équipe. Je me disais que jouer les premiers rôles
était impossible, mais j’ai fini 3e d’une des premières
étapes de montagne (23e au final). Ensuite 21e en
2018, 12e et maintenant 11e. Et même en arrivant
chez les pros, lutter en montagne avec les meilleurs
me semblait impossible. Finalement, ça ne l’était
pas. Ça signifie qu’aujourd’hui, faire beaucoup
mieux pourrait mes embler irréaliste. Mais en réalité,
je sais que c’est possible, et j’y travaille. Même
quand je gagne, je me dis que je peux faire mieux.

C’est-à-dire ?
Que j’aurais pu mieux gagner, dans la manière.

Faire mieux, pour vous, c’est quoi aujourd’hui ?
Je suis à la porte (il s’interrompt)... plusieurs fois je suis passé
pas loin de très gros succès et c’est ça, l’étape suivante. J’ai
gagné des courses, mais pas de très grandes courses. Je ne
suis pas loin l’an dernier d’être champion de France (7e).
D’une étape du Tour cette année (Orcières-Merlette), une étape
au Dauphiné l’an dernier (2e à Craponne-sur-Arzon)... Je
sens que je l’ai dans les jambes et j’ai envie de franchir ce cap.
Pour y parvenir, je dois axer mon travail sur les qualités
d’explosivité pour être meilleur là où il faut faire la différence.
Là, je travaille plutôt des efforts qui s’apparentent à des montées
de col pour être performant sur un grand Tour. Mais en
travaillant ça, je perds un peu de qualités d’explosivité, des
efforts d’une ou deux minutes, qui font gagner une course.

Pensez-vous que si on expliquait mieux tout ce qu’il y
autour de la construction d’un coureur et de son
résultat, on n’opposerait pas systématiquement la
suspicion du dopage à toute performance cycliste ?

C’est une réflexion en cours. On voit les watts et les fréquences
cardiaques à la télé... Est-ce que ça intéresse les gens ?
Les watts, c’est super important dans le milieu. Mais demandez
à un spectateur moyen du Tour de France combien de
watts Pogacar a développé dans la Planche des Belles-Filles,
il ne sait pas... Il faudrait un travail pédagogique à côté. Les
journalistes ont du boulot. Venir avec nous dans les stages en
altitude, voir comment on travaille. Dans le football, où il y a
plus de médias, l’aspect tactique est hyper-analysé et une
large part du public connaît bien ça.

Et associer au dopage un footballeur qui joue
70 matches par an estmoins fréquent qu’en cyclisme...

Oui, il ne faut pas pointer toujours le cyclismedès qu’on parle
de dopage. Et il y a des éléments objectifs au-delà des principes.
Les chiffres du MPCC (Mouvement pour un cyclisme crédible,
qui recense les procédures) sont éloquents : avant le
cyclisme (32 cas en 2019), il y a plus de cas en football américain
(42) ou en baseball (61 ; 78 en haltérophilie et 91 en athlétisme).
Avec la corruption, on est même derrière le football.

La triche, et donc le dopage, ne font-ils pas partie du
sport de façon congénitale ?

Je ne pense pas. La triche fait partie de la vie. Donc, le sport
faisant partie de la vie, la triche fait partie du sport. Mais la
triche n’est pas intrinsèque au sport. Et au contraire, en vérité.
Au moment où on commence à tricher, le sport perd son
sens. Il n’y a plus de règle du jeu. J’ai une approche presque
métaphysique du sport. C’est une question que je me suis
posée : pourquoi fait-on du sport ? C’est absurde de se
retrouver à 180 sur une ligne de départ et de devoir être le
premier arrivé sur une autre ligne 180km plus loin. C’est
totalement trivial. Et ça n’a du sens que par le sens qu’on y
met. Et on ne peut mettre du sens que parce qu’il y a un cadre,
des règles, des institutions qui veillent au contrôle de ces
règles, des arbitres. Fondamentalement, ça ne tient sur rien.
C’est une bulle qui tient d’elle-même par convention. Si on
triche, on perce la bulle et tout perd son sens. On tombe dans
un nihilisme absolu et déprimant.

Encore faut-il que la définition de la triche soit
clairement définie et acceptée de tous.

Oui, la justification de beaucoup de tricheurs est de dire : tout
le monde le fait, donc on reste dans la convention. On est
encore dans les règles puisque tout le monde le fait. Mais
c’est un biais psychologique fallacieux.

Ceux qui ne se dopent pas ne sont-ils pas abandonnés
par les instances, les équipes, les organisateurs ?

Je ne crois pas. On aurait pu peut-être tenir ce discours dans
une période que je connais mal, les années 1990. Je n’ai pas
envie de tomber dans un complotisme. Je pense que le dopage
est l’exception et que la norme est de faire sainement son
métier de cycliste. Je pars du principe que tous les coureurs
sont propres. C’est la différence avec autrefois où même le
coureur propre se disait : tous les coureurs sont dopés. En
faisant mon métier sainement, je rivalise avec les meilleurs.
C’est une facilité de penser que d’autres sont meilleurs parce
qu’ils sont dopés. Moi, parfois, quand je ne suis pas bien et
que je termine 50e, je me dis : comment ils font pour être dans
le top 10 ? Et quand je suis dans le top 10, ça me semble naturel,
normal, facile. Et je n’ai pas envie que le 50e pense ça de
moi, parce que je me rends bien compte que c’est possible.

Un communiqué de votre équipe dit : «Guillaume
déploie une très belle image, c'est un garçon
intelligent, humble, et cela a des répercussions en
termes d'image sur Cofidis. » Vous sentez-vous obligé
de formater votre image ?

Ce serait mentir qu’on n’est pas, à un moment donné, dans le
contrôle de ce qu’on dit. On a toujours un masque. À des
degrés différents. Dans une interview, on a une manière de
parler un peu formatée, j’espère le moins possible et ça
dépend aussi de l’interlocuteur. Là, j’ai l’impression d’avoir
une conversation agréable et naturelle même s’il y a forcément
une part de masque. Mais il est moindre qu’au matin
d’une étape où on m’interroge sur les objectifs et la stratégie
de course et que je donne un discours automatisé.

Travaillez-vous sur un nouveau livre ?
Oui, c’est en cours. Il n’est pas près de sortir mais j’ai bien
avancé dessus,même pendant le Tour. Le titre provisoire est
La Société du peloton. Ce sera une comparaison entre la
société que constitue un peloton et la société au sens général.
Le peloton est un univers que je connais bien, et une loupe
sur la société. Le peloton fonctionne avec ses leaders, ses
équipiers. Comment le leader doit-il se comporter, par
exemple, des notions qui résonnent avec le monde de l’entreprise
et le système capitaliste. Il y a des choses à dire... Le
sport est-il essentiellement capitaliste ou pas ?

Vous répondez quoi ?
Je pense que non. Le sport est à part. Il est en dehors des
considérations économiques et politiques. Il peut être récupéré
par elles mais c’est une bulle qui s’autoalimente, en
interaction avec la société capitaliste. C’est pour ça que
l’argent est important dans le sport, mais pas par essence.
Comment notre société regarde-t-elle cette société du
peloton ? Les coureurs doivent-ils nous inspirer ?
Doit-elle regarder le sport comme école de la vie ?
Ce sont des stratégies de récupération de l’extérieur. Je
m’érige contre ça. Ce n’est pas l’essence du sport. Le sport
ne doit pas valoir pour ses vertus éducatives. Ce n’est pas le
sport que je défends.

Pour vous, c’est ... ?
Un sport pour le sport. Qui n’a besoin de rien d’autre. De la
même façon qu’il y a un art pour l’art, il y a un sport pour le
sport. Un sport où le corps reprend toute sa place. Parce qu’il
existe un culte du corps mais il y a aussi une honte du corps. Il
faut reconnaître que le corps est central, mais c’est une évidence.
Et que la volonté de gagner est centrale.
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Re: Cyclisme

Messagepar jarlandine » 10 Oct 2020, 14:31

Dix minutes d' avance pour le groupe d' échappés, ça devrait suffire.
L' occasion pour DEMARE de reprendre du souffle dans le peloton.
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Re: Cyclisme

Messagepar randoulou » 10 Oct 2020, 15:39

Merci guts. Hyper intéressant ! Faisait longtemps que j'avais pas lu une itw aussi intéressante dans le sport
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Re: Cyclisme

Messagepar jarlandine » 10 Oct 2020, 15:46

Yates n' a pas pris le départ, testé positif au Covid 19, le reste de l' équipe est négatif !
Abandon hier soir de Gallopin, fracture du poignet lors de sa chute de hier.
Je retourne à la sieste :D
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Re: Cyclisme

Messagepar negrOM » 10 Oct 2020, 18:28

A noter les titres de champions du monde en relais mixte VTT et de Pauline Ferrand-Prevot et de Jordan Sarrou toujours en VTT.
Mis a part le cyclisme français va mal 8)
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Re: Cyclisme

Messagepar jarlandine » 11 Oct 2020, 14:02

Sortez les doudounes pour cyclistes , pluie froide et températures hivernales sur le Giro :x

Demare en queue de peloton pour récupérer un imper et une casquette!
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Re: Cyclisme

Messagepar gaby » 11 Oct 2020, 14:59

Cosnefroy encore chat-bite.
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Re: Cyclisme

Messagepar aristote2 » 11 Oct 2020, 15:09

J'avais oublié le Paris-Tours jusqu'à ce que j'entende les hélicos voler au-dessus de chez moi. :mrgreen:
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Re: Cyclisme

Messagepar Kenshi » 11 Oct 2020, 16:20

C'était mou cette étape du Giro.

Sinon Florian Sénéchal 2e de Gand Wevelgem
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Re: Cyclisme

Messagepar Kenshi » 13 Oct 2020, 10:05

Information
Positif, Kruijswijk abandonne, la Michelton-Scott aussi

Qui dit journée de repos, dit journée de tests Covid sur le Giro. Ils étaient très attendus après l'abandon de Simon Yates la semaine dernière. Le résultat est implacable. Deux coureurs positifs, dont Steven Kruijswijk, qui faisait partie des favoris, et six membres de staff. L'équipe Michelton-Scott, celle de Yates, particulièrement touchée, abandonne le Giro aussi.
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