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Les secrets de Pauline Ferrand-Prévôt pour réussir son passage du VTT au Tour de France
Perte de poids, volume, et vista dans le peloton : le défi était immense pour redevenir en seulement un an la vainqueure du Tour de France femmes. Pauline Ferrand-Prévôt y est parvenue au prix d'une préparation bien ciblée et exigeante, en partant de ses qualités de vététiste.
Sa chevauchée dans la Madeleine traduit tout l'atypisme de son style : malgré son poids plume et même quand la pente se durcit, Pauline Ferrand-Prévôt refuse d'écraser ses pédales en danseuse, préférant les accompagner avec douceur à une cadence folle, collée à sa selle. En pure vététiste ? Pas tout à fait, la championne olympique et Maillot Jaune est le produit hybride de ses deux disciplines. « On lui a conseillé d'être le plus souvent dans cette position en soulignant l'importance de l'aérodynamisme sur la route », explique son entraîneur chez Visma-Lease a Bike, Jan Boven.
Si elle tire une partie de sa force en position assise du gainage gagné en VTT, Ferrand-Prévôt a dû s'appliquer à la conserver sur environ une heure et demie d'effort en col. Une durée comparable aux courses de cross-country, a souligné elle-même la Française, sauf que les changements de pente en VTT imposent différentes postures sur le vélo. Le pilotage acquis dans les chemins n'est pas non plus synonyme d'une science exacte du placement sur route, où la vie en peloton complique les choses. Et « la plus grosse différence, c'est bien sûr la durée des courses, pointe Boven. La route c'est beaucoup de patience, de longues ascensions à un tempo plus réduit. » D'où l'intérêt d'une grosse cadence, « qui lui permet de conserver de l'énergie », mais aussi la nécessité d'accumuler du volume.
Les classiques pour réapprendre à frotter
La transition de l'un à l'autre n'est donc pas aussi simple qu'elle ne parait. En témoignent le plafond de verre auquel se heurte son homologue olympique masculin, Tom Pidcock (Ineos-Grenadiers), depuis quelques années sur les courses par étapes, et la durée du contrat de Ferrand-Prévôt chez Visma-Lease a Bike. En signant pour trois ans, la Française de 33 ans comptait se servir de sa première saison sur route depuis 2018 comme d'un repère pour les deux prochains Tour de France.
« Ce que je craignais le plus, c'est qu'elle chute », a confié Jeannie Longo, triple vainqueure du Tour (1987, 1988 et 1989). Réapprendre à frotter fut en effet l'une des priorités au retour de Ferrand-Prévôt sur le bitume. Engagée sur l'UAE Tour en février, la Française a repris sur des parcours propices aux bordures où elle s'est tout de suite montrée à l'aise. « Mais elle voulait toujours avoir le contrôle en s'installant au premier rang du peloton », souligne son entraîneur. Plutôt que de l'envoyer en altitude comme prévu, Ferrand-Prévôt a donc participé à la campagne des classiques où la guerre de placement y est redoutable, des Strade Bianche à l'Amstel Gold Race, en passant par le Tour des Flandres et Paris-Roubaix, où elle s'est imposée.
Une sèche au dernier moment
Une fois la technique retrouvée, place à l'affûtage. « Le col de la Madeleine, c'est vingt bornes et chaque kilo que tu as en trop, ce n'est pas l'idéal », admet Ferrand-Prévôt. Sauf que la Française ne peut pas tenir toute une saison en poids plume, au risque de tomber malade.
« Maintenant, j'ai l'habitude de commencer cette diète environ six semaines avant l'objectif », explique-t-elle. La vainqueure du Tour a donc perdu environ 4 kg dans un temps réduit, au moment où elle montait aussi le curseur dans l'entraînement. Après la Vuelta qu'elle a abandonnée au mois de mai, insatisfaite de sa forme, Ferrand-Prévôt est partie en Andorre. « On a mis l'accent sur les longues ascensions », raconte son entraîneur. Comme lors de son dernier stage en altitude à Tignes, début juillet.
Tout ce bloc d'entraînement fut aussi ponctué de nombreuses reconnaissances : à l'instar du VTT, où la connaissance d'un circuit est primordiale, la Française s'est attachée à repérer toutes les étapes bretonnes puis celle de la Madeleine à deux reprises. Une connaissance du terrain qui l'a aidée à déjouer les nombreux pièges tendus par ses adversaires toute la semaine.