par fourcroy » 24 Oct 2022, 13:59
Pour en revenir à l'actualité politique, je suis sidéré par l'utilisation de l'article 49 alinéa 3. Non que j'en condamne l'usage par principe, mais par ce qu'en fait le gouvernement. Comme je ne lis pas dans les commentaires médiatisés ce que je ressens sur le sujet, j'en conclus que je n'ai absolument rien compris.
Cet article permet de sortir d'une situation de blocage parlementaire en engageant la responsabilité du gouvernement. Bon. Sur le budget, il y a eu de la part de l'opposition une politique de blocage, puisque plus de 3000 amendements ont été déposés.
1) De ce que j'ai entendu, le 49-3 a été lancé alors que plus de 95% des amendements avaient été débattus. Du coup, on ne peut avancer sérieusement que la situation était bloquée ; il suffisait de terminer d'examiner les amendements, fussent-ils ineptes dans leur majorité.
2) Le texte adopté, sans concertation, donc, n'est pas le texte en l'état du débat. Le gouvernement a fait son marché parmi les amendements légalement adoptés, en gardant quelques uns, en écartant d'autres. C'est ce qui me sidère le plus. Pourquoi, s'il y a blocage (ce qui est déjà un mensonge), ne pas en rester au texte tel qu'il a été présenté et débattu en conservant la totalité des amendements dûment votés ?
J'ai bien compris que le scénario était entendu depuis le départ et que certains députés de la majorité en avaient profité pour se faire plaisir en votant des amendements conformes à leurs convictions (ou à celles qu'ils se plaisent à afficher) mais dont ils savaient qu'ils seraient in fine retoqués.
Du coup, qu'a-t-on vu, sinon une sinistre pantalonnade montrant à quel point le parlement ne joue aucun rôle et en est très content ? A mes yeux de débile politique, nous ne sommes pas en république, mais dans une dictature. Avec une immense différence avec la tyrannie, c'est qu'on élit démocratiquement le dictateur pour cinq ans. Mais entretemps, il fait absolument ce qu'il veut sans aucun contrôle, ou plutôt, en chiant ouvertement sur les contrôles prévus constitutionnellement.
"La société de surconsommation, fruit d'un capitalisme dérégulé, relève d'une logique compulsionnelle dénuée de réflexion, qui croit que le maximum est l'optimum et l'addiction, la plénitude." Cynthia Fleury